La moto. Dieu que j’aime ça. C’est plus qu’une passion, c’est une drogue. J’adore ça, non j’adorais ça. Depuis mon accident j’ai la hantise de remonter dessus. Pourtant je le sais, j’aurais du combattre ma peur plus tôt. Prétextant toujours un mal de jambe pour me donner une excuse pour ne pas avoir à monter dessus. Mais je mens. A mes proches, à moi-même. Ce n’est pas tant la moto qui m’effraie, c’est la chute, c’est de perdre le contrôle. C’est de terminer coincée sous cette foutue moto et la douleur …. Putain la douleur …. J’ai encore la sensation de mon jean qui fond sur ma peau à se frotter sur l’asphalte … je grimace en montant sur la moto de mon frère. Je suis paniquée. J’ai le cœur qui palpite avec la désagréable sensation que je vais vomir. Je m’accroche à Su Wun en cherchant à caler mon souffle sur un rythme régulier pendant qu’il roule. Les sensations familières dans mon ventre que j’appréciais tant deviennent une torture. Je m’accroche à mon frère de peur de tomber. Je dois être un poids pour lui … Je me dégoute moi-même de ne pas être capable de surmonter ça. Ca arrive à tout le monde les accidents, pourquoi faut-il que ca me bouffe à ce point ? Ca ne fait que quelques semaines mais c’est assez pour avoir le temps de prendre sur moi. si je suis sur cette moto c’est vraiment pour lui faire plaisir, parce que j’ai pas envie de passer le reste de ma vie à fuir un deux roues. Parce que c’était juste un malheureux accident, que je vais mieux même si je boite encore un peu, que ma jambe n’est pas cassé, juste abîmée et que je retrouverais ma mobilité d’antan. Faut que je me reprenne et je remercie Su Wun de prendre soin de moi comme il le fait. Il le sait, qu’à me forcer un peu c’est la meilleure solution pour moi. Il me connait comme personne. Sur cette terre je crois même qu’il est celui qui me connait le mieux. Il comprend  mes silences, et peut lire dans mon regard. J’ai jamais su lui mentir, même quand je voulais absolument lui cacher quelques choses. Mais je crois que ca fait du bien d’avoir quelqu’un qui puisse même me comprendre avant même que je ne sache le faire avec moi-même. Et si ca peut être effrayant, seulement parce que c’est lui, je trouve ca rassurant. C’est mon grand frère et on a beau nous prendre pour des jumeaux, je vénère mon statut de petite sœur. Autant qu’il m’agace je dois l’avouer. Su Wun a toujours un mot à dire sur mes tenues que je tente de plus en plus sexy. Il garde sur moi un œil protecteur, et parfois un brin étouffant mais je ne le changerais pour rien au monde. Ni lui, ni Su Jin. Je tente de prendre sur moi et une fois arrivée au lieu de rendez vous je descends rapidement de la moto en retirant le casque. J’ai l’impression d’étouffer. Je tente d’offrir un sourire rassurant à mon frère mais il est crispé. Je passe une main dans mes cheveux en retenant un soupir et acquiesce. « Ca va oui. » un peu disons. « Les Cho ! Ca fait un moment qu’on vous a pas vu tous les deux ! » S’écrie un habitué des lieux. Un ami aussi, on pourrait le dire. Il sourit en me prenant dans ses bras et va checker mon frère. « D’ici 20 minutes ça sera bon mec ! Tu participes ce soir ? » Demande-t-il à mon frère. Et si j’ai toujours été la première à encourager mon frère fièrement, je lui jette un regard paniqué par-dessus l’épaule du jeune homme. J’ai envie de lui dire de ne pas le faire, de rester avec moi, de ne pas aller à cette course dangereuse … mais je n’ai pas le droit de laisser mes craintes lui pourrir sa vie à lui aussi. Alors je me contente de détourner le regard en serrant mes bras autour de ma poitrine en cachant mon visage dépité derrière mes cheveux. Plusieurs personnes me salut et de cet endroit qui m’était si familier, j’ai soudain l’impression de ne pas être là où je devrais être. Oppa … ne me laisse pas fuir.