Saera se baladait gaiment dans le dortoir, passant du salon à la cuisine en sautillant comme une gamine, quand un mouvement dans le jardin attira son attention. Elle arqua les sourcils, se pencha à la fenêtre, pour voir plus attentivement et… se figea. Puis elle cria. « UN LAPIN Y A UN LAPIN ! » Comme une folle, la gamine surexcitée se précipita dans le jardin à la poursuite du lapin qui mâchonnait tranquillement quelques morceaux d’herbes. S’arrêtant à une certaine distance, elle s’approcha ensuite lentement, un pas après l’autre, comme un prédateur, désireuse d’attraper l’animal sans lui faire peur. Il ne manquerait plus qu’il en profite pour fuir. Et qu’il se fasse écraser par une voiture aussi, tiens ! Ce scénario d’horreur pénétra dans le cerveau de Saera, et elle se promit de ne pas le laisser filer. Ou de ne le faire qu’une fois qu’elle le saurait en sécurité. Peut-être même pouvait-elle l’adopter et le laisser à ses parents ?

La vice présidente avait acceptée de passer deux heures en compagnie de Malee pour préparer un goûter super chouette aux wonsungis en l'honneur de pâques, et c'est de derrière le comptoir de la cuisine qu'elle surveille sans pouvoir s'en empêcher sa filleule qui sautille devant elle. Tout en retournant à son mélange de farine et de sucre, elle discute tranquillement avec son amie avant de faire une presque crise cardiaque quand Saera se met à beugler dans tout les sens. mais ça va pas de - ... ouais ok elle est déjà partie.. La japonaise soupira avant de finalement rire en la voyant gambader dans le jardin, et, intriguée par son comportement (elle s'est arrêtée, avouez que c'est bizarre), laissa son plat sur la table, attrapa un torchon et s'avança vers la grande porte vitrée, s'y accoudant en pouffant de rire tu vas l'attraper? laissa t-elle échapper peu-être un peu trop fort pour la frousse du lapin. enfin quoi que, avec une Saera sauvage devant le nez, il devait déjà être mort de peur.

Quand Moeko prit la parole, Saera fit une chose… une chose qu’elle n’aurait jamais pensé faire vis-à-vis de sa marraine. Elle se tourna vers cette dernière en plaquant un doigt sur ses lèvres, lui intimant le silence. Sauf que la miss n’avait pas vraiment l’autorité dans le sang, elle n’impressionnait personne en réalité. Alors elle finit par laisser tomber son bras, la mine piteuse, scandalisée par ce qu’elle venait de faire. Finalement, elle répondit : « Oui… Le pauvre on peut pas le laisser là tout seul… » Une petite pause, pendant qu’elle regardait ses pieds, comme un enfant prit en flagrant délit. Puis elle leva timidement les yeux vers la vice-présidente. « Tu m’aides ? J’y arriverai pas toute seule… » Regard de chien battu, air mignon collé sur le visage, c’était clair comme de l’eau de roche qu’elle essayait d’amadouer sa vice-présidente. Et c’était assez malhonnête également. Mais elle voulait le sauver, ce lapin !

Moeko regarda sa filleule en arquant un sourcil, franchement étonnée que la jeune puisse lever le ton, et pouffa de rire en la voyant bien vite culpabiliser. Elle savoura discrètement l'instant pendant que la coréenne ne regardait pas en sa direction, et s'avança vers elle sur la pointe des pieds, s'accroupissant à côté d'elle. Moeko pencha la tête vers la rouquine avec un petit air malicieux, comme si elle s'adressait à une enfant, et chuchota et comment on va faire au juste ? Elle tourna le regard vers l'immense jardin qui s'étendait devant elles et scruta l'herbe et les jeunes buisson en soupirant je le vois même pas ton lapin, t'as pas halluciner? Elle passa une main dans ses cheveux et jeta son torchon sur son épaule avant de se redresser et de s'étirer un peu tu sais, la chasse aux oeufs, on en fait pas cette année sweety...

Saera cligna plusieurs fois des yeux, fixant le visage de Moeko, avant de se tourner brusquement. Le lapin ! Il était où le lapin ? Il avait disparu ! « Mais… mais il était là, » gémit-elle d’une petite voix plaintive. Bah oui il était là, elle avait pas rêvé, comment aurait-elle put rêver de ça. Elle regarda à nouveau sa marraine, en se mordillant la lèvre. « J’te jure que y avait un lapin ! » s’exclama-t-elle vivement, alors qu’une partie des paroles de la vice-présidente lui revenait en mémoire. « Et pourquoi on fait pas de chasse aux œufs d’ailleurs ? » demanda-t-elle, sourcils froncés. Oui elle changeait brusquement de sujet – quoiqu’elle n’avait pas oublié son petit animal – parce qu’elle n’était pas au courant pour cette chose si choquante. Un pâque sans œufs en chocolat ? Scandalisant ! C’est qu’elle voulait se goinfrer, la demoiselle. Et puis débusquer les friandises c'était rigolo, également.

La japonaise se rendit compte qu'elle n'avait peut-être pas opter pour la bonne solution pour faire abandonner son petit animal à Saera, mais elle ne perdit pas contenance quand la rouquine se tourna vers elle pour lui assurer qu'elle disait la vérité. Moeko haussa les épaules et passa ses doigts sur la joue de Saera avant d'embrasser son front, beaucoup trop protectrice au final, avec la jeune fille. j'te crois, mais il est partis, mh? Mais elle savait bien que la jeune n'allait pas rester sur le sujet très longtemps. quand le chocolat fut aborder, Moeko ne pu s'empêcher de rire et d'entraîner Saera à l'intérieur, vers la cuisine. elle referma la porte derrières elles et lui montra le comptoirs Parce que cette année c'est Malee qui cuisine, et qu'elle fait pleeeeeins de trucs aux chocolats. Moeko ne pu s'empêcher de murmurer ... y'as des œufs dans notre chambre si tu veux avant de sourire innocemment.

Saera se laissa – avec toute sa naïveté – conduire à l’intérieur de la cuisine, tandis que Moeko fermait la porte derrière elles. La miss trottina en direction de Malee et huma le parfum tant adoré du chocolat, qui régnait dans la pièce. « Ça sent trop bon ! J’ai trop hâte d’en manger ! » Et puis elle se tourna, sourcils froncés, quand elle entendit les murmures de sa marraine. Tête légèrement penchée sur le côté, la jeune Go mit un instant avant de comprendre le sens des paroles de l’aînée. « Du chocolat dans la chambre ? C’est vrai ? C’est pour moi ? Dis dis dis dis dis c’est pour moi ? » demanda-t-elle tout excitée. Elle se tourna violemment en direction du couloir, avant de s’arrêter tout aussi brusquement. Son regard alla se perdre dans le jardin, sourcils froncés, tandis qu’elle réfléchissait à sa meilleure perspective. Lapin ou chocolat ? « Mais le lapin… » tenta-t-elle, la mine perdue.

Moeko prenait parfois un malin plaisir à faire tourner sa filleule en bourrique. elle avait vraiment l'impression de parler à une enfant dans certaines circonstances (comme aujourd'hui), et non sans vouloir la faire grandir, elle adorait sa petite bouille perturbée qui changeait en une seconde d'un sentiment à l'autre. Moeko retourna a son mélange alors que Saera embêtait a thaïlandaise, en faisant mine de ne rien entendre. Quand Saera fila vers le couloir, la japonaise ne pu s'empêcher de rire, et en la voyant s'arrêter, elle releva la tête et lui lança un regard étonné tu veux pas de chocolats ? réussi t-elle à articuler, jouant la comédie de la fille étonnée avec brio. t'es malade? lâcha t-elle avant de sourire malicieusement, baissant à nouveau la tête pour se concentrer.

Ca y est, ç’en était trop, voilà que Saera commençait à chouiner. Elle retourna lentement vers sa marraine, la mine tout attristée d’un gamin de cinq ans fiché sur le visage. « Mais le lapiiiiin. Chocolat. Lapin. Chocolat. Je veux les deux ! » s’exclama-t-elle. Elle était proche du claquage de cerveau à cet instant précis, tant les deux désirs étaient puissant chez elle. Elle fit la moue, la tête basse, pleurnichant légèrement tout en se postant à côté de sa vice-présidente, tout près d’elle, comme pour l’amadouer. Dommage que cette dernière ne se laissait généralement pas avoir aussi facilement que ça. C’est qu’elle avait déjà testé, la Go, et plus d’une fois même. « Je peux pas avoir le chocolat plus tard ? » demanda-t-elle en levant la tête. « Le pauvre lapin ! Il risque de se faire écraser ! Ou kidnapper et manger. C’est pas horrible ça dis ? Tu veux pas le sauver ? Tu veux pas être une héroïne ? »

Moeko suivit sa filleule du regard quand celle-ci tenta une approche de je-suis-très-triste-console-moi vers sa marraine, elle arqua un sourcil et retourna bien vite à sa mixture pour éviter de la regarder, l'entendre étant déjà une assez grosse épreuve. Elle la laissa parler, parler et parler avant de répondre, d'un ton étrangement calme. mh... mais comment tu vas l'attraper ? Essaye, vas dans le jardin ? Peut-être qu'il a laisser des pistes... Tu sais pister? lança t-elle, avec beaucoup de sérieux. saera, ton lapin il doit déjà être loin... marmonna t-elle pour elle-même avant d'enfin relever les yeux vers sa filleule, ce qu'elle n'aurais jamais du faire. ....ok admit-elle en soupirant. mais si on le trouve pas dans les dix minutes ont arrête de chercher! ajouta t-elle en brandissant sa spatule vers sa filleule.