Moeko tournait en rond dans sa chambre. Depuis qu'elle avait pris la décision la plus importante de sa vie inter-dortoir, elle n'arrivait simplement pas à se calmer. Bien qu'elle savait qu'elle faisait ça pour la bonne cause, elle n'arrivais simplement pas à tenir en place. La soirée n'étais pas encore franchement entamé mais elle voyait le soleil décliner à l'horizon par la fenêtre. Passant ses deux mains dans ses cheveux, elle soupira longuement, quitta sa chambre vide et longea le couloir jusqu'aux chambres du fond, son regard prouvant à quiconque la regardait qu'elle avait quelque chose de sérieux en tête. Moeko n'avait annoncée la nouvelle à personne encore et honnêtement, elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle toqua distraitement à la porte avant de l'ouvrir et se glisser dans la chambre des plus jeunes. Seule Saera s'y trouvait ce qui rassura un peu la japonaise. « Dis, saera, je peux te parler ? T'as le temps ? J'ai un truc important à te dire. »

Saera était tranquillement dans sa chambre, assise par terre, des feuilles sous les yeux. Elle chantonnait gaiement ce qui était écrit devant elle. C’était la meilleure méthode qu’elle avait trouvé pour apprendre au mieux ses leçons. C’était comme ça qu’elle mémorisait le mieux. Elle sursauta donc quand quelqu’un toqua à la porte. « ENTREEEEEZ ! » s’empressa-t-elle de crier, ce que la personne n’avait visiblement pas attendu parce qu’elle était déjà en train de se glisser à l’intérieur. Prenant le premier prétexte pour arrêter de bosser, Saera hocha vivement la tête. « Oui je suis libre ! » dit-elle tout d’abord avant de pencher légèrement la tête sur le côté, en fixant sa marraine. « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu veux me dire ? » demanda-t-elle tout d’abord. « Y a plus de chocolats c’est ça ? » ajouta-t-elle avec une petite mine, mi-paniquée mi terriblement inquiète. Eh oui Saera dans toutes sa splendeur.

La vice présidente s'en voulu l'espace de trois secondes de la faire arrêter de bosser mais ne pu s'empêcher de sourire en la voyant tout sourire, avant que son expression ne change à nouveau. Elle ria simplement en venant s'asseoir en tailleur en face de sa filleule et regarda ses mains (et ses pieds) avant de relever la tête « si, si y'as toujours du chocolat, toujours pour toi tu le sais bien ! » elle s'empressa de tourner la tête pour regarder la décoration de la chambre avant de revenir fixer son regard sur la petite moue de Saera « en fait... » elle inspira longuement avant de lâcher, n'ayant pas pour habitude de tourner autour du pot pendant des lustres. « je compte quitter le dortoir Saera... C'est assez compliqué mais, je crois que c'est la meilleure chose à faire pour moi pour l'instant. » Elle redoutait déjà la crise de la coréenne en face d'elle mais avait besoin de tâter le terrain chez quelqu'un.

Saera suivait la vice-présidente des yeux, tandis que cette dernière s’asseyait en face d’elle. « ouf » ne put-elle s’empêcher d’ajouter quand cette dernière la rassura vis-à-vis du chocolat. On voit bien ses priorités hein. Mais elle se figea directement quand elle entendit la suite, les yeux grandes ouvertes – et la bouche également. Se reprenant ensuite légèrement elle secoua vivement la tête. « QUOI ? » Petite pause avant d’ajouter : « C’est une blague hein ? Un poisson d’avril ? C’est pas drôle Moeko ! » Elle ne prenait absolument pas conscience de la situation. Elle tendit les bras pour s’accrocher à sa marraine, le premier visage amical qu’elle avait vu en intégrant la fraternité, la première personne a l’avoir accueillie ici. Elle ne pouvait tout simplement pas partir, pas comme ça. « S’il te plaît moe dis-moi que c’est une blague… m’abandonne pas… » Petite voix geignarde, le regard fixé sur Moeko.

Moeko se mordilla la lèvre en la regardant ouvrir grand les yeux et la bouche et accepta avec plaisir de la prendre contre elle quand elle s'accrocha à ses bras. « non c'est pas une blague petit cœur, je déconne pas... » Elle soupira doucement et ne pu s'empêcher d'embrasser son front d'un geste tendre. «  Tu sais, j'ai été embauchée à vogue korea, hein ? Ça me prend beaucoup de temps et j'ai vraiment du mal à me concentrer sur mes cours en plus de ça, parce que je passe beaucoup de temps à m'occuper de vous.. » Elle recula doucement la tête pour pouvoir regarder Saera dans les yeux, la mine désolée. « tu sais, ça me plait pas plus que ça mais je doit penser à mon avenir... tu comprend hein ? C'est important pour moi d'y arriver. » Elle glissa ses doigts sur la joue de sa filleule pour virer une mèche rebelle.

Saera se serra contre Moeko, la tête dans son cou, reniflant son odeur. Elle écouta sagement les paroles de sa marraine, mais refusait d’y croire. Et puis finalement quand cette dernière eut fini, la Go se recula, s’éloignant de la main de la vice-présidente. Son regard était fixé sur le sol. Elle sentait qu’elle allait se mettre à pleurer. Oh la sensible Saera, qui pleure pour un rien. « Je… » commença-t-elle avant d s’interrompre tout aussi sec. « Je suppose que t’as pas le choix », reprit-elle sans pour autant penser ne serait-ce qu’un mot de ce qu’elle disait – ou peut-être seulement un, qui sait. « Mais… » Petite pause, elle leva la tête, regarda sa marraine puis baissa à nouveau les yeux. « Mais t’es sûre que… t’es sûre ? On a besoin de toi nous. » Et dire qu’elle l’admirait, et dire que c’était son modèle. Elle ne voyait pas son modèle abandonner comme ça.

Quand la jeune femme se recula, moeko passa ses deux mains dans ses cheveux, signe nerveux chez elle, et fixait sa filleule essayer de parler, et surtout essayer de se retenir de pleurer. Elle s'en voulait de le lui dire à elle en premier, mais elle savait aussi que si elle ne l'avait pas fait, Saera aurait eu encore plus de mal à l'accepter. « J'ai vraiment pas le choix... y'as une autre raison aussi. Mon père veut que je retourne au japon pour reprendre l'entreprise familiale, c'est vraiment très compliqué en ce moment pour moi. » La japonaise regarda ses pieds en inspirant longuement avant de regarder Saera avec un sourire qui se voulait convainquant et rassurant « vous allez très bien y arriver sans moi, je suis sur de ça. Et puis je serais toujours la pour toi, tu le sais ? » Elle esquissa un nouveau sourire en penchant un peu la tête vers Saera.

Saera remonta ses genoux sous son menton, serrant ses jambes dans ses bras. Elle n’arrivait toujours pas à affronter le regard de sa marraine. Et elle secoua en suite la tête. « Non on y arrivera pas sans toi… » laissa-t-elle échapper dans un murmure, un murmure peut-être même trop bas pour que la vice-présidente puisse l’entendre. Pouvait-elle encore l’appeler vice-présidente d’ailleurs ? « Je sais même pas à quoi peut bien ressembler la fraternité sans toi… » ajouta-t-elle, toujours en chuchotant. Elle relâcha ses jambes, les bras tremblant légèrement. Et puis elle se releva brusquement, forçant un pauvre sourire sur ses lèvres. « Mais je suppose que ça va aller hein ? Après tout il me reste Aera… et Taeji… et Inha. » Oui il lui restait tant de gens. Mais pas Moeko. Et elle était tout de même une des plus importantes ici – pour Saera, mais pas que d’ailleurs. Pour tout le monde.

Moeko ne pouvait s'empêcher de couver la coréenne du regard, la regarder faire sans que celle-ci n'ose lever les yeux sur elle. La japonaise resta en tailleurs et joua avec ses mains, baissant à nouveau la tête en l'écoutant parler. Elle avait le cœur serré mais ne pouvait plus reculer maintenant. Quand Saera se releva tout d'un coup d'un seul, la vice présidente sursauta et la suivis du regard, relevant la tête vers elle. Elle ne pu s'empêcher de sourire par rapport à tout les efforts que faisait sa filleule pour cacher sa peine. Elle voulu reprendre la parole mais son téléphone sonna et elle regarda qui l'appelait, qui n'était autre que son père, et elle se releva avant de décrocher. « je doit vraiment le prendre... je repasse tout à l'heure dans ta chambre d'accord ? » Elle sourit, embrassa rapidement le front de sa filleule, décrocha, salua son père tout en quittant la pièce, et referma la porte.

Alors que Moeko allait partir, à cause de cet appel, Saera l’attrapa par la manche, la retenant un instant. Elle avait entendu les paroles de sa marraine. Oui elle les avait entendus, mais elle voulait s’en assurer. « Tu… tu resteras hein ? » demanda-t-elle tout d’abord, avant de se rendre compte que ce qu’elle disait pouvait être interprété de plusieurs manières. Alors elle recommença : « Enfin tu retourneras pas au Japon… hein ? » mais elle se demandait même si la vice-présidente avait seulement entendu sa question, cette dernière étant trop pressée de décrocher. Alors la Go la regarda partir, fermer la porte. Et elle courut sauter dans son lit, y restant quelques secondes avant de se redresser brusquement. Et son téléphone ? Il était où ? Elle le chercha un instant, avant de le trouver sous une pile de vêtements. Et elle appela directement Jihae. La plus à même de gérer cette situation. Et de la consoler.