Ce que je foutais dans un cours de littérature anglaise du moyen-âge ? Je vous le demandais. Les USA n'existaient même à l'époque, nos terres n'étaient peuplé que de petits être excentriques qui se baladaient libres et gai, sûrement la quenelle à l'air. Enfin, j'extrapole. La vérité était qu'une amie m'avait supplié de l'accompagner - comme si je n'avais pas suffisamment de cours ... - afin qu'elle puisse tenir ses deux heures de cours. Oui, mais voilà. Tandis que le professeur s'était lancé dans un explication des plus épique concernant la Légende du Roi Arthur (rappelez-moi de briser les rêves de Shanna quand elle sera en âge), ma pote avait jugé bon de fuir à la pause. Je m'étais alors retrouvée prise entre ma soif de connaissance, et la perspective d'un après-midi à travailler sur mon mémoire. Alors qu'on m'explique ce que je foutais encore là, assise, à écouter curieuse ce prof que je n'avais jamais vu ?! Toujours était-il que le cours toucha finalement à sa fin. J'étais sur le point de partir lorsque tout à coup (comme si une force extérieur me tenait éloignée loin de mon sujet de mémoire) un jeune-homme, ou plutôt mes gribouillis, attirèrent mon attention " Hey, salut ! Tu dessines quoi ? " demandai-je sans hésiter, désignant son papier du regard.

Littérature anglaise du moyen-âge. Pas que ce cours était totalement inintéressant, mais les aventures du Roi Arthur, très peu pour moi. Puis, c'était un peu prêt comme pour tous les cours. J'avais surtout repris les études pour avoir une excuse auprès de mon père adoptif de pouvoir rester en Corée sans éveiller ses soupçons au sujet de Bo Bae. Alors j'étais présent, mais mon esprit vagabondait à d'autres choses. Comme cette petite idée de projet qui avait germée dans ma tête depuis un petit moment maintenant. Le projet de monter ma propre boite de mannequina. Je ne savais pas encore exactement comme m'y prendre, mais j'en connaissais un rayon dans le domaine et j'avais quelques relations bien placées. J'étais certains que je pourrais en faire bon usage. Et justement, j'élaborais mes plans par de petits schémas sur mes feuilles vierges de cours. Une voie me sortit de mes pensées. Je répondis machinalement, cachant le bloc note de mon bras. "Rien du tout." Je relevais la tête et vis une jeune femme penchée vers moi. Je connaissais ce visage. "Tient, tient! Ne serait-ce pas Miss Vogue Korea ? Que me vaut cet honneur ?"

J'haussai un sourcil, détaillant mon interlocuteur du regard. Les gens de l'université n'avaient pas pour habitude de m'associer directement au magasine. Oh, a plupart me connaissait, certes, mais en temps que garce-fille-à-papa-insupportable, pas en tant que PDG. Cela aurait pu jouer en faveur de l'inconnu s'il ne m'avait pas appelé "Miss Vogue Korea". Pas que j'étais susceptible, mais je trouvais l'appellation péjorative. Quoiqu'il en était, j'avais appris à passer au delà : dans l'univers de la finance, les hommes d'une cinquantaine d'années sont majoritaires, il faut donc apprendre à prendre sur soi. J'ai passée maître dans cette art. " Kang Soo Ah. Je préfère à Miss Vogue Korea. Et tu es ? " J'avais repris son temps professionnel dont j'avais de plus en plus de mal à me défaire en présence d'inconnus. Finalement, je reposai mon regard sur le carnet du jeune homme " Si tu permets, je réitère ma question : qu'est-ce que c'est ? Je n'ai pas eu le temps de voir, mais ça m'avait l'air intéressant. " Espérons que mon statut me confère un quelconque pouvoir, du style attractif pour quelqu'un nourrissant des ambitions.

Je connaissais bien le visage de la jeune femme sans jamais l'avoir rencontré directement. Je m’intéressais à elle principalement, car elle avait su prendre tout à ses parents qui lui avaient fait du mal, de façon légal. Et pour, cela, je l'admirais secrètement. Je n'allais surement pas l'avouer à une première rencontre. J'avais une réputation à tenir. De plus, mon père était un des investisseurs de sa société. Il ne pouvait que se connaitre. Sans doute passais-je encore inaperçu, car je préférais suivre le "papounet" et observer. Observer avant attaquer. Je haussais les épaules quand elle m’annonçait qu'elle préférait Kang Soo Ah à Miss Vogue Korea. "Kwon Shin, mon père est un investisseur de Vogue." Dis-je simplement, tout en l'observant. J'hésitais une seconde face à sa demande insistante. Je soulevais mon bras poussant mon carnet vers elle. "C'est un projet que j'ai en tête que j'essaye de mettre en place. J'aimerais monter une agence de mannequins." Elle était la première à qui je le disais. Même Bobae n'était pas au courant, surtout depuis son entrée à Vogue en tant que mannequin, je ne voulais pas lui donner de faux espoirs sur mon agence. A tous les coups, elle aurait insiste pour tout lâcher et venir m'aider. Et si je m'étais confié à Soo Ah, c'était uniquement, car je pensais sincèrement qu'elle pouvait m'aider dans ma vengeance et mes plans d'avenir. Mieux fallait avoir un plan de secours si tout foirait.

J'offris un signe de tête en guise d' "enchanté" au jeune homme. Kwon... Cela me disait bien quelque chose, mais en vérité, nous avions de nombreux investisseurs, et généralement je retenais le nom de l'entreprise plutôt que celui du boss. Toujours était-il que cela expliquait pourquoi il m'avait directement associé au magazine. La suite me décontenança légèrement " Une agence de mannequin ? " demandai-je en prenant le carnet pour y jeter un regard plus attentif. Il n'y avait pas à dire, son projet avait un sacré potentiel. Enfin, selon moi. J'arquai néanmoins un sourcils, avant de poursuivre " Les héritiers qui lancent leur propre affaire se font rares " tout en lui rendant ses croquis, arborant un sourire un coin " à moins qu'ils n'aient quelque chose à prouver " et j'étais plutôt bien placée pour le savoir. Après tout, je m'étais vengée de mes parents, bien qu'à présent, je visais d'autres horizons. J'aimais le magazine plus que tout au monde, et je ne pourrais jamais me résoudre à le quitter. Mais j'avais besoin de quelque chose de neuf sur le côté " Et de quels moyens disposes-tu ? Je parle en terme humain bien sûr, pas financier. " L'argent, ça se trouvait, ce n'était pas le premier des problèmes.

Je hochais la tête pour affirmer. Oui, une agence de mannequina. Je n’étais pas un abruti, je me rendais bien compte qu’il me fallait un plan B si je faisais couler l’entreprise de mon père. L’argent n’allait pas me tomber du ciel. Ca serait cool, mais ce n’était le cas. Alors il fallait bien que je trouve un moyen de gagner ma vie. Je ne comptais pas laisser Bobae se tuer à la tâche pour subvenir à nos besoins. Elle avait assez souffert par ma faute pour cela. Surtout si je comptais l’épouser. Je la laissais prendre mon cahier pour y jeter un coup d’œil. Je n’y avais marqué que les grandes lignes, mais j’avais déjà trouvé des investisseurs prêts à me suivre. Je n’avais pas attendu que la guerre se fasse pour m’apprêter à toutes éventualités. Quelque chose à prouver ? Elle ne croyait pas si bien dire. « Disons que j’ai des projets et que mon père n’en fait pas partie. » Répliquais-je, un sourire un peu sadique en coin. Je levais un sourcil surpris par sa question. « Alors comme ca, ca t’intéresse ? » Mon sourire s’élargit à la pensée de cette éventualité. « Tu pourrais peut-être m’aider, qui sait ? » lancais-je un peu méfiant, la jaugeant du regard. Elle s’était vengé de ses parents, mais était-elle prête à faire de même avec les miens ? Apres tout, c’était un de ses investitures, qui me disait qu’elle n’irait pas tout balancer ou s’en servir comme pression sur moi ?