Quoi de mieux quand on a un petit coup de déprime que de débarquer chez son meilleur ami à l'improviste ? Rien. Pas pour moi du moins. Aujourd'hui, je ne suis pas au meilleur de ma forme et je n'ai qu'une envie c'est de sortir de chez moi pour éviter de broyer du noir. Je n'ai pas bougé de mon lit de toute la matinée en vrai. Il est déjà 14h et je pense que si je ne fais rien, je vais finir par péter un câble. Sur un coup de tête, je décide d'éteindre ma console et de me lever, filant à la salle de bain pour prendre une douche rapidement. J'enfile les premières fringues qui me tombent sous la main et prend un gros pull et une casquette. Je sors finalement avant de changer d'avis.

Je n'ai pas loin à marcher jusqu'à chez Noah mais je ne m'en retrouve quand même pas moins à laisser mes pensées vagabonder vers ce même sujet qui me met dans des états pas possibles en ce moment : Loann. Heureusement que Noah est là pour moi. Je fais la larve et je me morfonds chez moi mais en vérité, je ne montre rien de ce qu'il se passe vraiment. Noah est bien le seul au courant de toute l'histoire et qui comprend que ce n'est définitivement pas la forme en ce moment.

Lorsque j'arrive chez lui, je toque doucement. J'essaie la poignée et vois la porte s'ouvrir devant moi. Cool. « .. Noah ? » Je me rappelle que ses parents ne sont pas là pendant quelques jours et je rentre en refermant derrière moi. Je checke d'abord le salon pour ne voir personne : il est sûrement dans sa chambre si la porte était ouverte, à moins qu'il ne soit aux toilettes. Je souris vaguement et m'avance dans l'appartement. J'entends alors un bruit venir de la pièce vers laquelle je me dirige. Ah ben voilà c'est bien ce que j'avais dit, dans sa chambre. Chiller à deux, c'est mieux.  

Je m'étais opposé au départ de mes parents pour le weekend. Je les avais supplié de rester, ou au moins de m’amener, mais en vain. La maison était désormais sous ma responsabilité, et mon partenaire allait passer les prochaines nuits en ma compagnie : un deal passé entre mes parents et le dit homme pour me surveiller. Tel un môme incapable. Je savais déjà ce que cela signifiait, et pourtant, je ne pouvais fuir la situation. J'aurais bien pu me réfugier chez Dylan pour la durée nécessaire, mais ça n'aurait fait qu'empirer la chose. Alors je laisse le quotidien se répéter d'une manière malsaine. Je laisse mon partenaire m'entrainer toujours plus profond, me faire du mal pour acheter mon pardon, sa pitié. Cette fois-ci n'est pas une exception. Il y a toujours ce même schéma de tentative de dissuasion, de menaces, d'emploi de la force, de lute, d'exhibition, de rabais, de maitrise. Et ce schéma se conclu toujours par la même chose : la douleur. Je tente tant bien que mal à rester silencieux, mais la tâche est impossible. Je tente également d’échapper aux griffes de l'homme que je pensais aimer, mais là aussi, la tâche m'est impossible. Son poids contre mon dos, contre mes hanches, est pesant, suffoquant, et rapidement, ma vision se retrouve brouillée par les larmes. Mes muscles tirent, fatigués d'être gardé derrière mon dos, d'être agenouillés, mais cet inconfort m'échappe pendant un instant pour se retrouver remplacé par un autre. Quelqu'un est à la maison. Quelqu'un n'est qu'à quelques pas de cette chambre. Quelqu'un ouvre la porte. Et tout semble s’écrouler au ralentit, à la réalisation du porteur de cette voix, à la réalisation de qui se trouvait face à ce tableau. Je ne peux lui faire face. Ma tête s'enfonce dans l’oreiller, en espérant que celui-ci puisse m’engouffrer loin de tout ça. Je ne lute plus contre un agresseur, je lute contre moi même. M'empêchant d'être vu, entendu. Et même si j'aimerais être aussi inconsistant et absent qu'un fantôme, je sais que je suis bien loin de la réalité.

 

made by jo

Le sourire me revient quand j'entends à nouveau un bruit provenir de sa chambre. Celui dont la présence m'appaise n'est plus qu'à quelques mètres et j'espère pour lui qu'il est prêt à m'avoir sur le dos toute l'après-midi parce que je n'ai pas prévu de décoller de si tôt. « Noaaah, c'est Dylan, je suis.. venu .. » J'ouvre la porte avec de l'élan et le grand sourire que j'affichais se mue en une expression perplexe. « Oh ! Pardon.. ! » Alors là, si je m'attendais à ça .. Je reconnais Meilan et mes sourcils se froncent automatiquement : je ne peux définitivement pas l'encadrer celui-là. Je devrais filer sans attendre et les laisser continuer mais quelque chose ne semble pas tourner rond. Noah n'avait-il pas dit qu'il n'était pas prêt à âsser le pas ? Meilan est tellement dedans qu'il n'a pas l'air d'avoir remarqué mon arrivé : ce gars est une véritable brute si j'en juge par ses mouvements.

Mon cerveau fonctionne à toute vitesse, essayant d'analyser la situation. C'est à ce moment là que j'entends un sanglot arriver à mes oreilles et je sais que c'est mon Noah. « Noah ?.. » Mon sang se glace aussitôt et je réagis au quart de tour, lâchant la porte et me précipitant vers le lit. J'attrape Meilan par l'épaule et le tire brusement pour le détacher de mon Noah. « Qu'est-ce que t'es en train de faire ?! » Ni une ni deux, je lui envoie mon point dans le visage avec une force que je n'utilise pas souvent. « T'es malade, faut te faire soigner ! » Je le cogne encore et encore, dans une colère noire et jubile en voyant son nez et ses lèvres éclatés. Ca ne semble pas assez cependant : j'ai envie de lui refaire le portrait complètement à ce bâtard. « Dégage .. DÉGAGE JE TE DIS !!! » Je vais faire un meurtre s'il ne se barre pas tout de suite, et il a l'air de comprendre. Il ramasse ses affaire et juste aavnt qu'il ne sorte je lui attrape les cheveux violemment et me rapproche de son oreille. « Si je te recroise ne serait-ce qu'une seule fois, je t'arrache les couilles et je te tue, tu m'entends ? Je. Te. Tue. » Il file sans demander son reste et je tremble, rarement dans un tel état de rage. Je me retourne alors et change du tout au tout de comportement. « Noah .. » Je me rapproche du lit et n'ose même pas le toucher de peur de l'effrayer. Mon cœur se serre de le voir ainsi et je tends finalement une main vers la sienne que j'effleure du bout des doigts pour un premier contact, même si je n'ai qu'une envie c'est le prendre dans mes bras et lui dire que c'est fini. 

Dylan ne devrait pas être là. Dylan devrait être à l'extérieur, à profiter de la vie, s'enjailler, penser à autre chose qu'un individu problématique et envahissant. Même si j'ai honte de m'exposer ainsi devant l'ami que je chéri tant, je me sens d'autant plus mal sachant qu'il n'avait pas prévenu avant de venir. Ceci ne pouvant signifier qu'une chose. Je me sens horriblement gêné, pour mettre Dylan dans cette situation. Mais surtout pour être d'un support inutile. Au lieu de l'apaiser, de le prendre dans mes bras pour lui dire que tout ira bien, je ne fais qu'accentuer sa douleur. Et la rage dont il fait usage vis à vis de l'indésirable est en tout similaire à celle que je ressens intérieurement. Dylan est quelqu'un de précieux, d'adorable, et il mérite probablement bien mieux que... ça. Pitoyablement, je me laisse retomber contre les draps et tente du mieux que je peux pour me glisser sous ces derniers. C'est quelque chose de compliqué sous l’emprise des restrictions, mais j'arrive tout de même à dissimuler le strict nécessaire de la vue de mon meilleur ami. De mon côté, j'admire silencieusement la scène. Malgré les larmes qui continuent de faire leur chemin le long de mes joues, j'apprécie la correction et toute la violence portée vers l'être répugnant. J'aurais à remercier Dylan quand je serais plus calme. Les doigts frôlant ma peau me font sortir de mes pensées et je me raidis naturellement, ne réalisant que quelques instant plus tard que ces délicats doigts ne comptaient pas me faire du mal. Je tente de me décontracter mais c'est compliqué. Maintenant qu'il n'y a que lui et moi, je ressens d'autant plus ce sentiment de honte et c'est presque par dégout que je ne voudrais pas que Dylan me touche. Malgré l'instabilité et la fatigue de ma voix, je tente de lui formuler quelques mots. Probablement pas ceux auxquels il se serait attendu. « Je suis désolé Dy... » Je prends une profonde inspiration pour tenter de faire cesser ces larmes et pour ressaisir mes esprits. « Tu devrais partir... »

 

made by jo

Tout se mélange dans ma tête. Je ne comprends pas vraiment, je réallise peu à peu ce qu'il vient de se passer, ce par quoi mon Noah est passé. Je ne veux pas le brusquer, surtout pas mais d'un autre côté il est hors de question que je ne fasse rien. Un million de questions me traversent l'esprit mais ce n'est certaienment pas le moment de les poser. Mes yeux son sur lui, sur son corps dénudé et je laisse échapper une faible plainte. Ca n'aurait jamais dû arriver, à personne, amis encore moins à lui. Je remarque alors qu'il est attaché et réagis aussitôt. D'une voix plus douce que jamais, de peur encore une fois de perturber le silence que seuls ses sanglots viennent perturber, je murmure son prénom. « Noah .. Je te détache, okay ? C'est moi, c'est Dylan, je t'enlève tout ça .. » Je ne sais pas dans quel état il est. Je n'ai pas encore entendu sa voix et ça m'inquiète. Je tends les mais vers les siennes et défait les liens qui l'entravent avec difficultés tant ils sont serrés. Ils ont laissé de sacrées marques sur ses membres et rien que ça, ça me colle une nausée. Ce n'était clairement pas des paroles en l'air pour cette raclure et si je le recroire un jour, je le tue. Vraiment. Qu'est-ce qu'il a fait à mon Noah ?

Ses sanglots me serrent le cœur encore plus. Il ne se tourne pas vers moi et pourtant j'entends sa voix à moitié dans l'oreiller. Je secoue la tête de droite à gauche en silence sans qu'il puisse me voir. « Noah.. Regarde-moi .. » Il n'est pas question que je parte, pas question que je l'abandonne dans cet état. Il me connaît mal s'il pense sincèrement  que je vais quitter les lieux. Je pose ma main sur sa tête. « C'est moi qui suis désolé .. » Je ne le sentais pas ce Meilan, depuis le début, et pourtant je n'avais pas réussi à convaincre Noah de le quitter. Voilà ce qui en avait résulté .. Je remonte le drap sur son corps pour éviter qu'il ne se sente mal à l'aise vis à vis de moi. « Hey .. Tu veux que je te fasse couler un bain ? » Je suis en panique intérieurement. Je veux faire quelque chose pour lui mais d'un autre côté, je ne sais pas si je m'y prends comme il faut ou comment seront perçues mes attentions. Je me dis simplement qu'un bain pourrait lui faire le plus grand bien pour retrouver son corps propre et peut-être tenter de se calmer un peu.
 

Mes idées sont incohérentes. Même si le schéma habituel de la perpétuation du crime par mon partenaire s'est déroulé différemment cette fois-ci, mes ressentis restent les mêmes à chaque fois. Ne faisant de ce jour qu'un jour comme un autre. Je me sens vide, et incroyablement fatigué. Mon attention qui devrait être portée vers ce cher Dylan semble fade et je m'en veux pour ne pas lui rendre la tâche plus facile. Néanmoins, je ne peux que hocher lentement de la tête à sa mise en garde. C'est un sincère soulagement lorsque je retrouve possession de mon propre corps. Une grimace apparaît cependant sur mon visage tandis que je tente de relaxer mes muscles, une de mes mains allant masser vigoureusement les tensions se nouant à la base du cou jusqu'aux épaules. J'en profite également pour murmurer un merci à ce pauvre Dylan, qui semblait tout aussi perdu et troublé par les événements. Je ne me serais naturellement pas opposé à le prendre dans mes bras mais je sais qu'on aurait tout le temps pour ça, et que présentement n'était peut être pas le meilleur moment pour. D'autant plus que je l'interdirais de trop me toucher en étant si dépravé. Lorsqu'il me demande de le regarder, c'est presque comme si tout s'écroulait fictivement à nouveau et je ne sais pas pourquoi. Je n'éprouve pas un quelconque sentiment à ça, si ce n'est la pêne de ne même pas pouvoir regarder mon meilleur ami en face. Néanmoins je lui dois ça, et réaliser son souhait se trouve être plus compliqué qu'il n'en paraîtrait. Mon regard croise timidement le sien pendant quelques secondes, puis dérive de nouveau vers l'espace ouvert se trouvant au seuil de l'entrée. Un fin sourire se dessine sur mon visage au contact de sa main contre mes cheveux, et je profite de ce geste affectif pour le lui retourner en allant caresser la peau de sa main de mes doigts. « Ce n'est pas ta faute » Je continue ainsi pendant de longues secondes puis hoche la tête à sa proposition. Cela ne pourrait que me faire du bien. Je retire ma main pour la déposer contre le matelas et tente me redresse lentement. J'arpente du regard la pièce à la recherche de quelque chose. « Je pourrais... avoir de quoi m'habiller ? » Un pyjama, un peignoir, peu importe réellement et je sais pertinemment que je n'ai pas besoin de le préciser à Dylan qui me connait mieux que n'importe qui et qui connait également la maison de fond en comble. « Je voudrais aussi... te remercier » Ma tête s'abaisse de nouveau, mon regard se posant sur mes mains. « Je te dois tout »

 

made by jo

Je n'en reviens toujours pas. Ce sentiment d'impuissance qui m'envahit face à la situation est difficile à gérer. Coupable. Je me sens coupable, même si je ne suis pas celui qui a agit. Ne pas avoir chercher plus loin, l'avoir laissé abuser ainsi de Noah .. Il est au plus mal et bien que je sache qu'il faudrait que je me concentre sur lui et lui uniquement, je n'arrive pas à m'empêcher de penser à ce que je ferais à Meilan si je le recroisais un jour. Je ne sais pas si ma présence lui est utile mais je ne peux me résoudre à le laisser seul, et cela même s'il me demandait de partir je crois. Il me laisse entendre sa voix finalement, bien que faiblement et cela me serre un peu plus le cœur. Lui entre tous, pourquoi ? Je crois sincèrement qu'il était difficile de trouver quelqu'un de plus innocent ; il m'avait donné depuis le début cette envie de le prendre sous mon aile, de le faire sourire et d'en prendre soin. Qu'est-ce qui avait poussé son connard de 'mec' à faire ça bon sang ?!

Noah évite mon regard mais je veux pouvoir lui faire comprendre que je suis là pour lui et que je ne le juge pas : les mots me manquent mais j'espère qu'il pourra le voir sur mon visage, le comprendre d'un simple regard. Il finit par lever les yeux vers moi et ma gorge se serre. Le contact visuel est bref mais suffisant j'espère pour que le message passe. Sa main se pose sur la mienne et je le vois finalement se redresser après avoir aquiescé. Je prends une de ses mains entre les miennes et caresse de mon pouce la marque laissée sur son poignet. Ca me retourne l'estomac de savoir qu'elles vont rester là encore quelques jours. J'aimerais pouvoir effacer toutes les horreurs de sa mémoire et le revoir sourire comme avant.

Lorsqu'il me demande de quoi s'habiller, je me relève d'un seul coup et réfléchit à une solution dans la seconde. Je pense d'abord à lui passer le drap autour pour le couvrir mais vu ce qui vient de se passer dans son lit, cette idée me laisse un goût amer dans la bouche. « Bouge pas, je reviens .. » Je me retourne et file chercher une autre couverture avant de revenir et de la passer sur ses épaules pour l'enrouler dedans comme un petit rouleau de printemps. « Tiens, garde ça pour le moment. Je veux pas que tu attrapes la mort en plus ! » Je pose mes mains sur ses épaules couvertes et le guide vers le bord du lit. « Viens avec moi à la salle de bain pendant que je fais couler l'eau .. Tu peux marcher ? » La question était peut-être exagérée mais cela partait vraiment d'un bon sentiment et d'une inquiétude bien réelle.
 

Pourquoi fallait-il que ce soit Dylan parmi tant d'autres. Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui franchisse cette porte. En y réfléchissant bien, dans tous les cas j'aurais blessé l’intrus puisque nous sommes chez moi, mais à la grande différence, c'est que Dylan n'est pas n'importe qui à mes yeux. Certes la situation aurait été extrêmement douloureuse et tendue si par exemple ma mère ou ma sœur avait été là à la place de mon meilleur ami, mais d'un côté justement, ils sont de ma famille. Dylan, bien que je le considère presque comme tel, pourrait réagir d'une manière tout aussi différente. Et c'est ça qui m’effraie quelque part : Et si le fait qu'il ait été là aujourd'hui allait tout changer dans notre amitié ? Est-ce qu'il arriverait même encore à me faire face sans avoir à grimacer ou à repenser à aujourd'hui ? Tant de questions se bousculent dans ma tête et j'ai sincèrement peur de le perdre. Si bien que malgré la situation, malgré mon mal être et ce dégout extrême que je peux ressentir vis à vis de ma propre personne, je ne peux cesser de le rassurer et de le dégager de tout remord. Ce sentiment, je peux le voir dans ses yeux lorsqu'il dessine du bout des doigts les nouvelles marquent imprégnées dans ma peau. Le geste en lui même pousse mon cœur a se serrer d'avantage, et pourtant, ce n'est pas la première fois qu'elles se retrouvent là. Doucement, je retire ma main et la glisse hors de vue pour lui épargner de se faire d'avantage de mal. Je le remercie doucement lorsqu'il revient quelques instants plus tard avec de quoi me réchauffer et me donner un peu d'intimité. Par expérience, je sais que ça ne sert à rien de précipiter les choses et de vouloir faire le brave, ce pourquoi j'accepte volontiers son aide lorsqu'il me guide jusqu'au bord du lit. Mes doigts viennent réajuster les extrémités de la couverture autour de mon corps pour éviter une quelconque chute en cours de route. Lentement avec l'aide de ma main libre, je me redresse pour retrouver appui sur mes deux pieds.  « Ça devrait aller je pense » Ma voix est encore fébrile mais je suis certain qu'il a compris. Avant même de faire un pas vers le couloir, je porte mon attention vers sa silhouette, sans pour autant réellement lui faire face. « Une douche, suffira... sinon tu vas t'ennuyer » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que cette fois-ci je me dirige en boitant vers la salle de bain. Je prends également soin de prendre un pyjama propre sur ma route, histoire de ne pas faire courir ce pauvre Dylan partout.

 

made by jo

Remonter le temps, voilà ce que je voudrais être capable de faire. Non seulement effacer tout ce qu'il s'est passé ce soir mais avant aussi, effacer jusqu'à leur rencontre et pouvoir voir Noah s'épanouir plutôt que de se faire tirer par le bas par quelqu'un comme Meilan. Mon Noah tout mou tout doux .. Toucher à un seul de ses cheveux, c'est m'avoir sur le dos pour toute une vie, sérieusement. J'espère qu'il arrivera à passer outre cela, qu'il arrivera à être lui-même à nouveau sans se fermer au monde extérieur. J'aurais dû appeler les flics tout de suite mais cette envie de lui faire la peau moi-même est bien trop forte. Je ne sors pas facilement de mes gonds mais là, c'était plus fort que moi. La scène rejoue dans ma tête quand je laisse mes pensées vagabonder. Je n'ai pas pitié de lui bien loin de là, je regrette seulement de n'avoir ien pu faire. Je veux juste lui faire avoir que je suis là pour lui, même si je doute de pouvoir lui être d'une grande aide autre qu'en étant là comme soutien moral, à mon grand désespoir.

Sa main m'échappe et je relève les yeux vers lui pour lui adresser un sourire doux. Je veux qu'il voit que c'est moi, c'est Dylan, que je l'aime toujours quoi qu'il arrive. Et quoiqu'il fasse ou qu'il le veuille ou non, il ne sera pas tout seul. Il tente de se redresser seul et je me demande s'il ma présence ne le met pas encore plus mal à l'aise vu comment il se refuse à s'appuyer sur moi. Il est debout devant moi et enroulé dans son drap, il ne m'a jamais semblé plus fragile. Ca devrait aller ? Lui et moi savons parfaitement que non, ça ne va pas. Je ne vais pas le contredire pourtant mais je ne sais pas pourquoi il veut tant se replier sur lui même. « Hey Noah .. Tu sais que je suis là pour toi hein ? » Ma voix est plus douce qu'à l'accoutumée et je lui murmure ces mots de peur de parler trop fort dans le silence ambiant. Il va checher un pyjama et je me redresse pour le rejoindre et lui prendre la main pour l'accompagner à la salle de bain avec moi. « Je ne m'ennuierai pas, arrête de t'inquiéter pour moi. Je veux ce qui est le mieux pour toi et l'eau chaude pourrait aider à te détendre tu sais ? » Je suis peut-être un poil têtu mais je ne veux pas qu'il joue les durs devant moi. S'il préfère vraiment prendre une douche, soit. Si ce n'est que parce qu'il pense à moi, c'est hors de question. « Ne te préoccupe pas de moi. Je veux juste savoir ce qui pourrait te faire te sentir mieux mais si tu ne me dis rien Noah, je risque de faire les choses de travers malgré mes bonnes intentions. Je t'aime tu sais ? Je veux juste t'aider .. »
 

Le fait que Dylan sache maintenant est embêtant. Si son apparition a pu me sauver des griffes de mon dit conjoint, j'ai néanmoins peur pour les quelques jours qui vont suivre. L'autre doit être dans une colère noire, et je ne peux  m'empêcher de me raidir à l'idée qu'il revienne. Après tout ce n'est pas dans sa nature d'abandonner l'affaire, pire, de me laisser, moi, avoir le dernier mot. Voyons ce serait ridicule et rabaissant. C'est un peu le même problème qu'il risque d'y avoir avec Dylan... Il ne lâchera pas l'affaire et je suis persuadé qu'il me demandera d'aller le poursuivre en justice et/ou d'aller passer des examens. En apparence on ne peut dire que ce soit mal, vraiment, bien au contraire, ce serait une réaction digne d'un ami qui s'inquiète et qui voudrait rendre justice, cependant, je ne veux pas porter plainte contre lui. C'est typique, mais j'aurais peur que ma déposition finirait par me causer des répercutions un jour. D'autant plus, un détail échappe à Dylan qui est pourtant crucial si jamais je décide (seulement maintenant) de faire des démarches. Et je ne sais pas comment le lui avouer, sachant que ça le mettrait probablement hors de lui. Peut être devrais-je arrêter de penser sans arrêt à son bien, et dire ce qui doit être dit, et ce, malgré que ce ne soit pas agréable à entendre. Mais c'est dans ma nature de tout céder pour valoir son bien être, parfois même au détriment du mien. Je n'y vois pas d’inconvénient, au contraire, le voir heureux me rend naturellement heureux, et savoir que je pourrais également être une source de tristesse, de mal-être pour lui m'horripile. Son concernement me touche, et je me sens presque désolé de le rejeter, ou du moins d'avoir l'air de l'exclure. Mon regard se focalise sur le planché, tandis que j'écoute avec remord ses propos. Mes doigts tentent de me distraire en jouant les uns avec les autres, mais je sais que je dois faire quelque chose pour le rassurer, seulement, je ne sais pas quoi. « Je sais Dy... et je t'en remercie » Je sais que ce n'est pas assez, mais quoi lui dire d'autre ? Je sursaute presque lorsque sa main rentre en contact avec la mienne. Une partie de moi a envie de la retirer, d'aller presque nettoyer celle de Dylan au karcher pour m'avoir touché encore une fois, mais je sais que ça le blesserait. J'accepte son aide tandis que nous nous dirigeons lentement vers la salle de bain, mon bras reposant autour de son cou. Une fois la porte passée, je prends cependant une pause pour écouter ce qui a l'air de lui peser sur la conscience, ce qui me permet par la même occasion de m'assurer de sa décision. « Je t'aime aussi tu sais bien, mais tu n'es pas obligé de faire ça... je comprendrais que ce soit repoussant malgré le fait que tu veuilles mon bien. » Même si Dylan a décidé d'être présent pour moi, il n'est en rien obligé de s'impliquer autant.  « Je suis désolé de réagir comme ça Dy, sincèrement, c'est juste... que j'ai pris l'habitude, de m'en occuper moi-même. » J'espère qu'il saura comprendre vers où je veux en venir, et que ça ne le mettra pas d'avantage en colère - bien que le contraire serait également compréhensible. Je prends les devants pour ne pas avoir à faire face à sa réaction, et pose mes affaires sur la chaise de la salle de bain. J'aurais pu d'ores et déjà m'occuper d'attraper les crèmes habituelles et les cachets dans la pharmacie, mais je ne le fais pas. Après tout, ils pourront toujours servir de prétexte pour rassurer ce pauvre Dylan dans sa position de meilleur ami, et lui prouver que je suis prêt à faire des efforts pour le laisser m'aider.

 

made by jo