J'avais mon cœur qui battait à cent à l’heure, à tout rompre. Je crus un instant qu’il allait sortir de ma poitrine. J’attendais ce moment depuis tant d’années sans vraiment m’en être vraiment rendu compte. Je ne pensais pas que ca se passerait ainsi, ni aussi vite. Je pensais encore avoir un peu de temps avant de rendre ma liberté. Jamais je n’aurais osé imaginer que l’amour me tomberait ainsi dessus du jour au lendemain, moi qui fuyais ce sentiment depuis des années. Jamais, je n’aurais pensé me retrouver ici, face à elle, à jouer les parfaits petit ami. Chose que je suis loin d’être. J’étais sur mon 31. Je portais mon plus beau costume noir. J’avais même mis une cravate, c’était pour dire. Je la regardais, les yeux brillant d’admiration. Elle était sublime dans sa robe blanche. Je savais que j’avais vu en elle un vrai potentiel, et je ne m’étais pas trompé. A croire que j’avais un don pour choisir les femmes les plus belles et les plus talentueuses. Je l’aurais bien croqué comme le fruit défendu qu’elle fût. Le cadre était parfait pour ce grand jour. Je lui avais demandé de monter sur le toit de l’immeuble, où je l’avais attendu avec une petite surprise. J’avais préparé une table avec de la nourriture et du champagne. Et la vue que la ville nous offrait avec ses lumières était juste magnifique. Je voulais que tout soit parfait pour ce moment, et je ne laissais aucun détail au hasard.  Ca allait bientôt être à moi, et mon anxiété augmentait au fur et à mesure. C’était mon grand moment, il ne fallait pas que je me loupe. Je caressais l’écrin qui se cachait dans la poche de ma veste des bouts des doigts pour me donner du courage. Puis, je finis par me lancer. Je me levais de ma chaise, attrapa la petite boite dans ma poche et posais un genou sur le sol. J’ouvris l’écrin pour laisser apparaitre une bague à diamant. Je n’avais pas lésiné sur les moyens. D’un regard le plus amoureux dont j’étais capable, je voulu commencé ma tyrade, mais les mots restèrent callé dans ma gorge. Je n’avais que trois  petits mots à dire. Veux-tu m’épouser. Et je n’étais même pas capable de le faire. Je me redressais secouant la tête. « Je suis désolé, j’y arrive pas…. » Murmurais-je tristement.

« Coupé » entendais-je crié en arrière plan. La première prise était une calamité et on ne faisait que commencer. J’étais sur le point de faire ma demande, et je ne savais même pas comment j’en étais arrivé là.

Tenue

J'étais tremblante, à gravir les marches de cet immeuble. J’étais nerveuse, une sensation de déjà vu oppressante. J’avais peur, mais j’étais aussi terriblement impatiente. Cette robe si douce et si belle épousait mon corps avec une certaine justesse qui me semblait impossible. Comment pouvait-elle tomber aussi bien sur mon corps qui n’avait rien de bien attirant. Les quelques mèches qui encadrait mon  visage me chatouillaient les épaules et m’arrachaient des frissons. La porte s’ouvrit et la lumière m’aveugla un instant avant que me regard ne tombe sur lui.  Une vague de soulagement me submergea et mon cœur rata un battement alors que j’accourais vers lui un sourire resplendissant aux lèvres. J’étais heureuse de l’avoir près de moi. Jamais je n’aurais cru pouvoir avoir assez de chance pour qu’un homme comme lui pose son regard sur moi. Il est si beau dans son costume que j’en rougis. Je suis face à lui et je n’ai pas encore réalisé la chance que j’avais. Il semble nerveux, j’aimerais pouvoir l’apaiser mais je ne sais pas quoi lui dire. Je crois que j’étais aussi nerveuse que lui. De quoi avions-nous l’air tous les deux … ? Si ce n’est de deux collégiens timide devant leurs émois. Je lui souris tendrement en passant une main délicate dans mes cheveux. Les bracelets à mes poignets tintèrent légèrement. Est-ce qu’il me trouvait belle ? J’avais ajusté mon maquillage, j’avais soigneusement manucuré mes ongles. J’étais prête, et n’avait pas la moindre idée de ce que cette surprise pouvait être … Quand il s’approcha de moi pour poser un genou au sol j’eu un mouvement de recul malgré moi. « Oh m… » Ma voix mourut dans ma gorge alors que l’émotion me serra. La bague qu’il me présentait m’éblouissait, tellement que je me trouvais soudain indigne pour elle … Mes doigts étaient abimées à force de bosser au Kurss. Je serrais mes poings discrètement attendant le moment propice pour tendre la main. Je suis figée. Incertaine. Je le fixe et il semble aussi perdu que moi. Il essaye, mais je le vois à son regard, il ne pourra pas parler. Il ne pourra pas faire … enfin, il ne … « Coupé ! » Je me sens mal à l’aise et je lui lance un regard désolée en reculant doucement, serrant mon bras contre mon corps. Je fixais Min Ho, j’avais l’impression que c’était de ma faute et toutes ces paires d’yeux qui me fixaient me donnaient la nausée. J’avançais vers le jeune homme qui me faisait mal au cœur à être ainsi posté devant tout le monde. Je m’accroupis à sa hauteur en lui caressant la joue doucement « Ne soit pas nerveux Min Ho … » lui murmurais-je en ancrant mon regard anxieux dans le sien malgré mon sourire encourageant. Me lâche pas maintenant, parce que moi sans toi je n’y arriverais pas …  Des larmes de stress brouillent légèrement ma vue mais je garde contenance. J’affiche un air sûr en laissant mon regard se perdre dans le sien. « Fais de moi ta femme … » lui susurrais-je si bas qu’il été le seul capable de m’entendre. Ma main tremblait légèrement sur sa joue mais j’espérais pouvoir l’aider … un peu ?

Ce sentiment de déception qui m’envahit en entendant le coupé était atroce. J’avais beau être habitué à ne pas avoir de bonne note à l’école à l’adolescence, le sentiment de non réussite me faisait flipper. Tout m’avait toujours réussi. Je n’avais qu’à claquer des doigts et ca tombait du ciel. Mes moindres désirs étaient comblés quand je le voulais et où je le voulais. En même temps, quoi que de plus normal quand on naissait au sein de la famille Kang, héritier de naissance d’un énorme empire. J’avais toujours connu la luxure. Bien que mon comportement ne le projetait pas comparé à mes deux sœurs, c’était tout de même ancré dans mon sang et je ne pouvais vivre sans. Alors la défaite de ne pas avoir assuré au tournage de cette pub pour bague de fiançailles me tuait. J’étais déçu de moi. Je pestais intérieurement envers moi de ne pas être capable de prononcer deux petits mots. Epouse-moi. ce n’était pas si difficile que cela tout de même. Peut etre prenais-je ces mots trop au sérieux. Jamais je ne m’imaginais devoir les dire en dehors de mon grand jour, pas pour la tv. J’aurais pu dire non, mais pour Bo Bae… Pour Bo bae, je voulais le faire. Elle avait le rôle si j’acceptais. On faisait un parfait couple d’après le réalisateur. Je n’allais pas le nier, c’était une jolie femme et si elle n’était déjà pas prise, j’aurais sans doute tenté ma chance. Mais si elle était là aujourd’hui, ca n’avait rien avoir avec cela. C’était purement par talent. Elle avait du potentiel, et je croyais en elle. Sauf qu’elle avait un cruel manque de confiance en soi. Et les autres mannequins ne se cachaient pas pour la critiquer. Elles se faisaient plus discrète, allant jusqu’à faire bébelle quand j’étais dans le coin. C’était plus vivable pour ma protégée. Enfin, je crois. D’ailleurs, Bo Bae s’agenouilla devant moi, me rassurant. Je pris sa main dans la mienne, celle qui touchait ma joue et, je plantais mon regard dans le sien, lui souriant. Je sentis l’air s’électriser, comme si une alchimie se mettait en route. « Je fais ma demande en mariage, c’est normal que je sois nerveux… » Essayais-je de plaisanter pour me redonner une contenance. Mon cœur ratait un battement quand elle me dit te faire d’elle sa femme. Instinctivement, je ressortis l’ecrin que j’ouvris pour laisser apercevoir la bague brillant de mille feux sous les projecteurs. « Veux-tu être ma femme ? » Dis-je dans un souffle, le plus sérieusement du monde. Ces mots m’avaient toujours fait peur, car ils me priveraient de ma liberté. Pourtant, avec elle, avec Bobae, je me sentais capable de les prononcer et de les assumer. Oui, aujourd’hui, j’allais faire d’elle ma femme. Clairement, j’avais oublié qu’on tournait une fiction.

Tenue

Je ris à sa remarque et tente de chasser mon propre stress. Il fait sa demande en mariage … Ces mots sonnent étrangement à mes oreilles. Peut-être parce qu’ils me sont adressés. Parce que je n’aurais jamais cru que je pourrais les entendre un jour … Je rougis, comme si c’était la première fois qu’il me regardait. Je ne sais pas comment je suis censée réagir, je ne sais plus, j’ai oublié le script. Je crois que je dois sourire, émue, verser une larme, rire, me jeter à son cou … Quelque chose qui exprimerais ce que je ressentirais le jour où un homme me demandera de l’épouser … Mais quand les mots sortent de ses lèvres, ça m’électrise … Plus que je ne voudrais l’admettre. Je frissonne en le fixant, lui, cette bague, lui à nouveau. Je devrais parler mais l’émotion me submerge. Lâchant un rire gêné et émue j’acquiesce en murmurant un faible «  Oui … » Je tends la main vers lui pour qu’il glisse la bague à mon doigt et dans un éclair de lucidité je me souviens qu’il faut que je parle de façon clair et à haute voix intelligible. « Oui je le veux … » répétais-je avec plus d’assurance en plongeant mon regard dans le sien … Je flotte entre deux mondes. J’ai conscience sans avoir conscience qu’il s’agit d’une fiction, mais le regard de Min Ho est si sûr … Je me sens presque ridicule de me sentir aussi touchée. C’est pour de faux Bo Bae … mais j’ai beau me répéter ça, il y a quelque chose dans son regard qui me prouve le contraire. Je l’aide à se mettre debout, j’en oubliais presque qu’il était aussi grand. Je fixais la bague en balbutiant un … « T’es sûr de toi … ? » Je relevais mon visage vers lui, visage que je caressais doucement, laissant le soin au réalisateur de faire un gros plan sur la bague près de son visage … Mais j’oubliais les autres, j’oubliais le texte, j’oubliais les paires de yeux braquer sur nous et je me contentais de lui sourire timidement. « Elle est magnifique … » soufflais-je alors que mon regard se porta à nouveau sur la bague. Je me sentie si petite contre lui, et je du faire un effort pour ne pas venir l’embrasser … prends ton temps Bae … ce rêve se terminera bien plus vite que tu ne le voudrais.

Si on m'avait dis un jour que je mettrais un genou par terre pour demander une femme en mariage, je vous aurais ris au nez. Moi, Kang Min Ho, un don juan briseur de coeur invétéré qui était sur le point de passer la bague au doigt de Bo Bae. Même pour une publicité, cela me paraissait si irréelle, à des kilomètres lumières de cet instant. Et pourtant, j'étais bel et bien passé à l'acte. Les mots étaient sorti presque naturellement de ma bouche, comme si Bo Bae était la femme de ma vie, mon âme soeur. Peut être dans une autre vie ? Je me sentais si bien quand elle était à mes côtés. Je pouvais être moi. J'en avais oublié le scripte, on la jouait à la totale impro. Alors que quelques instants auparavant, j'étais envahis par le stress et complètement nerveux, tout s'évanouit quand elle prononçait le seul mot que je voulais entendre : oui. Même si tout était pour du faux, je me sentis comme l'homme le plus comblé du monde, comme un gamin qui avait eu le cadeau qu'il désirait tant à Noel. Mes yeux se mirent à briller. Vous pouviez me traiter de chochotte si vous le souhaitiez, j'étais submergé par l'émotion comme une fille le serait. Pourquoi ? Parce que le mariage pour moi, voulait dire beaucoup de chose. J'étais sur le point de me résigner et de dire adieu à ma vie de libertin, et pour la première fois, je m'en fichais royalement. J'attrapais doucement la main qu'elle me tendait, et avec la plus grande des tendresses dont j'étais capable, j’enlevais la bague de l'écrin pour l'insérer à son doigt délicat. Je l'aidais à me redresser, venant enlacer mes doigts au sien. Etais-je sur de vouloir l'épouser ? Il n'y avait pas grand chose de quoi j'étais sur, mais cela, c'était certain. Je lui souris, la regardant amoureusement."Tu es la femme que j'aime. Pourquoi ne serais-je pas sur de vouloir t"épouser?" Wait ! Minho, viens-tu de lui dire que tu l'aimais? Bo Bae ? ... Ca aussi, c'était une première. Je n'avais plus prononcé ces mots depuis ... depuis presque cinq ans. Ca me faisait tout drole, mais si ils sortaient naturellement, c'était que je l'aimais vraiment au fond, non ? Je ne mentirais jamais sur cela. J'attrapais soudain par la taille, voulant l'approcher plus contre moi. Je laissais ma tête se fondre dans son cou où je murmurais contre son oreille, avant de déposer un baiser sur son épaule nue. "Je t'aime, tu sais ?" Ils sortaient si facilement de ma bouche comme si ils avaient attendu cela tant d'années. Pourquoi les rejeter? Autant en profitant tant qu'ils étaient là. Pas besoin de préciser que j'avais complètement oublier que nous étions entourés des paires d'yeux nous observant et de caméras...