La réponse de Meili me surprit plus que je ne l’aurais pensé. Elle avait vraiment quitté? Pourtant, la dernière fois que je l’avais vue, tout semblait bien aller. « Tu y pensais depuis longtemps? » J’espère surtout qu’elle n’a pas pris cette décision sur un coup de tête. J’avais peur qu’elle le regrette. Parce qu’on ne pouvait jamais revenir en arrière sur une décision comme celle-ci. Je la vois se rapprocher et moi, je reste tout simplement assit bien confortablement, le dos posé sur ma banquette. Je n’ai aucune gêne à expliquer pourquoi je suis parti. « Tu te souviens de Naoji…? » Ma voix se fait un peu plus basse, un infime sourire se logeant sur mes lèvres. « Il s’est éteint au creux de mes bras, dans la nuit du tremblement de terre. » Mes yeux se fichent dans les siens alors que je tente de garder mon self control. Même après tout ce temps, j’en suis toujours autant affecté. « Passer du temps au dortoir ne faisait que raviver la douleur. Je ne me sentais plus à ma place. J’ai décidé de vivre à temps plein dans mon appartement, c’était plus simple… » J’omets de parler des guéguerres. Je crois qu’elle sait que c’était la même chose pour moi.

Je ne lui en veux aucunement de me faire remémorer ce moment. J’y pense un peu à tous les jours, que ce soit volontaire ou non. Jamais, auparavant, je n’aurais pensé être apte à passer ma vie sans lui. Il n’était pas mon copain, nous n’étions pas amoureux, nous n'aurions jamais pu être en couple. Mais il avait une place de choix dans ma vie et, longtemps, je lui en avais voulu de l’avoir quittée si rapidement. De m’avoir laissé. De m'avoir laissé seul sans confident, sans ma deuxième moitié. J’ai fait la paix avec le passé, depuis. Mais il y a toujours ces moments de solitude où je me replonge dans les souvenirs jusqu’à sentir les larmes couler sur mes joues. Je bats doucement des cils, la voix de l’ancienne Wonsungi me parvenant. « Du nouveau… » Je secoue doucement la tête, tendant une main pour la poser contre la sienne, comme pour la consoler sans trop savoir la vraie raison derrière ce sanglot étouffé. « Pas des tonnes, en vrai… À part les devoirs de pharmaco, le boulot et la vie à la maison, je n’ai pas vraiment le temps de faire quoi que ce soit d’autre… » Le bout de mon nez se fronce, comme pour vraiment démontrer que ce manque de temps ne me plaisait pas forcément. « Il faudrait sortir, bientôt. Je crois que ça nous ferait du bien. »