Il n’était certes que 11 heures légèrement passées, mais elle s’ennuyait déjà. Ayant toujours été matinale, faute de ses séances de danse sui débutaient très tôt à Paris, la demoiselle avait toujours du mal à trouver une occupation matinale depuis qu’elle avait emménagé ici, à Séoul. Surtout ces derniers temps. En un peu plus d’un an, elle avait déjà fait le tour des quartiers, grosso modo. Et puis elle ne se sentait pas l’envie d’aller errer dans les rues de la capitale, à faire du lève vitrine ou quoi. Non, elle voulait voir du monde. Et malheureusement pour elle, son amour de petit frère avait cours. Quelle idée aussi d’avoir 18 ans ! Remuant sur son lit de frustration, à la recherche d’un éclair de génie, Lila fit la moue en entendant ce bruit si reconnaissable d’un ventre affamé. Quittant alors son lit dans le but d’aller trouver de quoi se rassasier, l’illumination lui vint en voyant sa boîte de pansement sortie sur le bar de sa cuisine. Mais bien sûr !! Min Hyun ! Travaillant à l’hôpital pour son stage, la cantine là-bas ne devait pas être géniale… Alors la danseuse se mit à lui concocter un bon petit bentô, avec à la fois des plats canadiens tels que les fameux pancakes et des typiquement coréens comme des kimbap. Adorant cuisiner, mais surtout soucieuse de faire plaisir à son cadet, Lila termina aux alentours de midi. Elle s’empressa de revêtir une robe courte légère et d’arranger ses cheveux avant de chausser des bottes montantes à talons aiguilles. Une fois prête, le sac à main dans une main et la poche avec le bentô dans l’autre, elle quitta son loft, direction le métro.

Arrivant à la station desservant l’hôpital, la métisse vérifia de nouveau l’heure. Presque 12h30. Il devait bientôt être en pause, non ? Entrant dans le bâtiment, non sans regards sur elle, elle se dirigea vers les fauteuils et s’y installa, de façon à pouvoir guetter l’accueil et les deux grands couloirs du hall. Ainsi, elle ne pourrait pas manquer son protégé. Et comme si le destin avait décidé de lui sourire, la frimousse de ce dernier ne tarda pas à se faire voir. Alors, sans hésiter, Lila se leva rapidement et courut malgré ses talons aiguilles en sa direction, lâchant un long « Minniiii(…)iiie ♥ ». Et une fois arrivée à lui, elle ignora son expression de surprise pour se pendre à son cou et le serrer contre lui,  malgré ses mains prises. Elle savait qu’ici, les contacts physiques, ce n’était pas bien vus, mais que voulez-vous, on ne peut pas chasser 23 ans d’habitudes câlines si facilement. Toute souriante, elle finit par le lâcher et se reculer, lui tendant le bras qui tenait la poche à bentô. « J’espère que tu as faim mon chat, car moi j’ai un appétit d’ogre ! Et il faut touuuuut finir !! ». Riant légèrement, elle lui prit le bras et marcha à ses côtés, tout en commençant, comme à son habitude, à le harceler de questions. « Ca va tu n’es pas trop fatigué ? Tu as combien de temps de pause déjeuné ? Il y a un balcon où on peut manger tranquillement ? C’est dommage de travailler par un si beau temps !! Tu as ton week-end de libre ? »

Travaillant depuis le petit matin, la fatigue commençait à se sentir. Entre aller gérer l'administration, ainsi que rédiger les rapports de certain patients de l'hôpital, je n'avais eu pour l'instant aucun moment à me consacrer. Néanmoins et heureusement, l'un des médecins m'interpella avant de me signaler que je pouvais prendre une pause afin de manger. Bâillant, et observant mes cernes dans le reflet de l'écran de mon portable, je me diriger vers le hall d'entré afin d'aller récupérer mes affaires pour manger quelque part, ou tout simplement à la cantine. La deuxième option était évidemment la plus rapide, mais aussi celle ou j'aurai le moins plaisir à manger. Mais que faire, il valait mieux que je puisse manger rapidement pour ensuite pouvoir me poser tranquillement dans un coin. Arrivé devant le hall, je le traversais alors rapidement jusqu'à ce qu'un bruit de pas se dirigea vers moi. Levant les yeux afin de voir d'où et de qui ils provenaient « L-Lila ? » . A peine eus-je réaliser qu'il s'agissait d'elle que celle-ci bondissait sur moi tout en s'agrippant à mon cou. « Qu'est-ce qui t'amène à cette heure pareille ? » Disais-je en arborant une expression ahurie. Légèrement suspicieux, j'étais surtout surpris par son apparition, mais surtout je venais à me demander ce quelle faisait ici, pourquoi était-elle venue. Confus par la situation, mais aussi un peu par la personnalité tactile de la demoiselle, je restais muet jusqu'à ce qu'elle me donna la réponse à toutes mes interrogation. Sous mes yeux, elle me celle-ci me tendit une poche à bentô avant de rire. Lila ayant des origines japonaises, il était évident qu'elle devait être un as en la confection de ce genre de d'en-cas. « Merci, c'est gentil de ta part » Disais-je tout en rougissant. J'étais un peu gêné de devenir le centre d'attention soudainement. Cependant j'étais vraiment content qu'elle ait eu une attention aussi bienveillante à mon égard, il fallait un jour que je lui rende la pareille...Malheureusement je suis mauvais cuisinier. Saisissant ce qu'elle me tendait, c'est à dire mon futur repas, elle en profita, une fois mes mains occupés pour me saisir le bras, ne faisant alors que croître mon embarras. Puis, en guise d'achèvement, elle commença alors à me poser plusieurs questions à la suite, auxquelles je n'ai eu le temps de répondre individuellement... J'avais eu du mal à tout enregistrer, mais j'avais compris plus ou moins ce qu'elle m'avait demandé. « Oh... J'ai une heure et demi je crois enfin.... J'ai du temps libre jusqu'à ce qu'on me rappelle à l'ordre je pense » puis je poursuivais après une brève pause « Sinon, mis à part le toit, il n'y a rien d'autre à ciel ouvert ici » puis, je réfléchissais au reste des questions qu'elles m'avait posé avant de répondre à la dernière que je jugeais importante « Euh....Ce week-end j'ai rien de prévu, mais pourquoi tu me demandes cela ? » Lui demandais-je, l'expression équivoque. Cela pouvait paraître stupide, mais je ne savais vraiment pas où elle voulait en venir ; faute de ne pas avoir énormément d'amis proches, certaines subtilités de l'amitié m'étaient difficile à comprendre.