La pluie tombe brutalement sur le toit de la maison. La lumière est éteinte et seule celle de la lune éclaire le lit à moitié fait de la chambre. Les draps sont dans tous les sens, mais personne n'est dedans, à croire qu'il s'en ait passé des choses dans cette pièce. Dans les ténèbres de la maison, on peut distinguer une lueur, un point rouge : un peu comme le bout d'une clope. Attends... Ah ! Mais c'est une clope, je suis con. Bref, je reprends ma description. Quelqu'un fume donc dans la maison. Cette personne, c'est bien moi. La fumée s'évapore dans l'air et se voit à peine dans la pénombre. Une taffe, deux, puis trois. Un cendrier se tient juste à côté de moi qui suis à moitié nu, je suis juste avec un caleçon. Il soupire toutes les deux secondes...

À vrai dire, quand je fume chez moi comme ça sans faire attention à l'odeur, c'est quand je ne vais pas bien. J'ai des crises de blues, des crises où j'ai besoin d'être dans le noir à réfléchir à tout et à rien en fumant un paquet entier en une heure. J'enchaîne les cigarettes. D'ailleurs si vous faites bien attention, on remarque bien que je laisse des paquets un peu partout dans la maison. Le sol est jonché de chaussures, de papier. Je fais attention à la baraque de mon père, à mon hygiène de vie, mais là, à part avoir la tête dans mes bras et être dans le noir à déchirer mes poumons, je ne fais rien. Putain, et surtout je ne sais pas quoi faire pour sortir de ces passes. En général ça passe, si si. Je reste trois heures contre mon mur à cogiter à fermer les yeux, à ressasser ce qu'il faut ressasser puis la vie suit son chemin. Mais aujourd'hui, c'était depuis le levé que j'avais cette sensation de vide. Normalement ça m'arrive tout cuit dans le bec, là maintenant, c'est un poids de plus en plus lourd. Vraiment, ce sentiment me donne l'impression d'avoir un poids sur le coeur, un poids énorme... Comme impossible à s'en débarrasser. D'un coup, je sursaute puisqu'il y a quelqu'un qui toque à ma porte. Je n'attends personne, c'est bizarre de recevoir de la visite. Su Nah, Su Wun et mon père n'étaient pas là. J'ouvre la porte et je vois une demoiselle complètement trempée. « Rentrez, rentrez ! Comment puis-je vous aider ? »

Je n'ai pas beaucoup de congé. En fait, j'en prenais même le moins que je pouvais. Parce que ça signifiait que je ne bosse pas, et sans bosser, on n'est pas payé. Ça peut paraître comique, c'est vrai, mais c'était comme ça. Une stripteaseuse avait le droit à son jour de repos comme un fonctionnaire qui a son dimanche. Bon, ce n'était peut-être pas applicable à toutes les stripteaseuses non plus, mais en tout cas, je le faisais. Je m'autorise quatre jours par mois à ne rien foutre. Simplement dormir, manger et glander dans le dortoir, histoire de me reposer. J'use habituellement ces jours de repos un par un, semaine par semaine, histoire de me faire un break si mes nerfs étaient à bout. Je choisis le jour au début de la semaine, prévenant ainsi mes employeurs que je ne serais pas opérationnel à ce moment-là.
Voilà donc quel jour on était. Le merveilleux jour de repos auquel j'allais goûter avec bonheur. J'étais sortie avec des amies et comme il pleuvait, je devais rentrer à pied puisque ma copine ne pouvait pas me ramener au dortoir. Mon jour de repos est devenu foireux. J'étais trempée, je ne savais pas où j'étais. Je m'approche et je toque à une maison puis un homme m'ouvre la porte et m'accueil chez lui. Merci... Le pauvre homme, il était en caleçon, il devait dormir.Auriez-vous une serviette pour que je me sèche et m'emmener devant le bâtiment de ma fraternité ? Si, il accepte, je vais lui faire un strip-tease gratuit.

Je jette un oeil rapide sur ma montre. Oh... Il est trois heures du matin ! Quand je prends conscience de ça, je fais un tour sur lui même en me tapant la tête. Merde putain quel con ! Je fais une grimace. Je vais chercher une serviette pour la demoiselle, qui allait sûrement la crève. Si ça se trouve, je vais l'attraper aussi... Finalement je monte les quelques marches qui conduit à ma chambre pour pouvoir m'habiller et emmener la jeune femme à sa fraternité. Je retourne près de la jeune demoiselle puis je la regarde en me questionnant. Je lui fais un sourire gêné... « Vous voulez un chocolat chaud ? Un café ou bien un thé pour vous réchauffer ? » demandai-je en souriant, mais j'y pense, j'ai des affaires de ma soeur, alors je vais en chercher une jupe qu'elle ne met plus depuis longtemps et je reviens vers elle. « Mettez ça, c'est à ma soeur, au moins vous ne serez pas dans des affaires mouillées. » dis-je en souriant et en lui montrant la salle de bain du bout des doigts. En attendant, je vais lui préparer un petit café pour qu'elle se réchauffe au maximum. J'espère que Su Nah n'a pas ce même problème ni même Su Wun parce que s'ils sont dehors et qu'il fait ce temps de chien, j'attrape les deux et je leur mets une féssée.

Je lui lance mon plus beau sourire, en rigolant. Il est très gentil de m'avoir ramené des vêtements de sa soeur et j'espère qu'il n'aura aucun problème avec elle. Je veux bien un café, merci Il me montre du doigt la salle de bain et je pars me changer et me sécher. Il est gentil de m'avoir ouvert sa porte et de s'occuper de moi, il y a peu de personnes qui font ça. Je sors de la salle de bain et je me dirige vers lui. Je vois qu'il m'a préparé le café que je lui ai demandée. Merci beaucoup... Je m'installe à une chaise et je bois le café en baissant les yeux. Il est très intimidant et pourtant, il avait l'air d'être gentil. Je ne sais même pas où je suis, je dois être sûrement être un peu ivre pourtant j'avais les idées claires grâce à la pluie. Je ne sais pas, c'est peut-être à cause de la fatigue et je ne me sens pas de rentrer à pied et j'espère que cet homme va pouvoir me raccompagner chez les Sango. Vous pouvez me ramener ? Je ne sais pas où je suis et je suis trop fatiguée pour marcher... Je finis le café puis je regarde l'homme dans les yeux.