es cours de sport, c'est ma hantise. En fait, je comprends pas trop pourquoi on nous oblige à en avoir alors que c'est même pas notre majeur ou notre mineure. Tout ça pour soit disant garder la forme et tout, genre manger-bouger tout ça, tout ça. Mais je suis vraiment naze pour ça moi, faudrait comprendre que certains préfèrent les livres. Vous savez, si y a un ballon qui sort du terrain il est forcément destiné à arriver dans ma tête. A votre avis, pourquoi je change toujours de lunettes, hein ? Alors bon, je viens quand même parce que je suis sûre que ces vicieux dans l'administration seraient capable de me faire enlever des points en Histoire tout ça parce que je suis pas venu en cours. J'ai beau être allé voir le médecin hein, mais vous croyez quoi, mon père a insisté pour que je ne sois pas dispensé. Pfff, moi j'appelle pas ça un papa, j'appelle ça un dictateur.

Aujourd'hui, y a justement cours de sport. Comme d'habitude, je prends mon temps pour y aller. Rien ne presse, personne ne m'attend réellement de toute manière, à chaque fois que je suis dans une équipe, je la fais perdre. Alors bon... Faut pas forcer, je vous le dis. D'ailleurs, on a passé un pacte avec les autres. Je reste sur le banc, si on insiste pour que je joue, je fais rapidement semblant de me tordre la cheville et de retourner sur le banc. Ou alors je me désigne d'office pour le rôle du porteur d'eau et j'insiste pour y rester. Moi ça me convient hein, je suis pas trop exigeant, tant que j'ai pas à courir après la balle.

Sauf que le professeur, lui, c'est un acharné. Je suis sûr qu'il ne s'est même pas préoccupé de savoir qui a quoi comme maladie. Ou alors c'est un sadique. Je le sais, j'en suis sûr. Il est un peu comme Joffrey Baratheon... La chevelure blonde en moins. Il ne veut pas que je sois sur le banc, les gens ont beau insister, il me maltraite, je suis un pauvre martyr. Mais c'est un combat que je gagnerai, les gentils finissent toujours par gagner, hein ?

J'arrive sur le terrain, aujourd'hui c'est de la course, c'est pire que tout parce que c'est individuel donc je suis obligé de passer. J'arrive vers le prof, vêtu de mon jean et de sandales. La guerre est déclarée, je vous le dis. « Bonjour monsieur ! Quel dommage, je n'ai pas de vêtements appropriés pour courir, je vais devoir rester sur le banc. C'est ballot hein ? » Je lui donne mon plus beau sourire. Je vous le dis, les gentils finissent toujours par gagner.

es jours se suivent et se ressemblent. Les élèves affluent en groupe dans chacune de mes classes et en fonction du jour et du programme à suivre, je les oblige à enchaîner les activités. Soit ils me détestent, soient ils m'adorent. Il n'y a pas de juste milieu avec le sport et ma façon d'enseigner. Certains m'admirent, certains se contentent de répondre à mes ordres et d'autres tentent de les déjouer. Je ne suis pas un professeur sympathique, ce n'est pas ainsi que ça marche. Je cherche à les motiver, c'est pour leurs biens que je les fais transpirer. Il faut avoir un bon rapport avec son corps, une bonne santé et aucune douleur. Comment peuvent-ils apprendre s'ils ont mal au dos parce qu'ils n'ont pas assez de muscles ? C'est un problème qui me concerne et que je compte bien régler, même si je dois me faire haïr au passage. Je ne suis de toute façon pas là pour me faire des amis, j'ai abandonné ce rôle lorsque j'ai quitté les bancs de la fac pour m'occuper de mon fils.

J'attends sur la piste de course que mon dernier groupe de la journée fasse son entrée sur le terrain. Les élèves n'arrivent jamais tous en même temps, c'est un mystère que je ne pourrais jamais élucidé. Après cinq minutes, ils sont tous là. Tous sauf un. Je n'ai pas besoin de faire l'appel pour savoir qui est le dernier, il est toujours le dernier.

« Faites-moi trois tour d'échauffement pendant que l'on attends Monsieur Lee. » Dis-je d'un ton sévère.

Je m'installe à côté de la piste, à côté de l'entrée et j'observe les coureurs. Les mêmes visages sont en tête, les mêmes sont en queue. Mon but n'est pas d'améliorer les forts et de laisser tomber les faibles, il est de leur apprendre à travailler en groupe, à adapter ces capacités physiques. Ils ne doivent pas en faire trop, ils doivent aller à leurs rythme. Je note déjà quelques remarques lorsque je vois une silhouette m'approcher et c'est lorsque je lève les yeux que j'ai la surprise de voir l'élève le plus fainéant de cette classe devant moi, dans une tenue des plus appropriés qu'il ne tarde d'ailleurs pas à me faire remarquer avec un air sarcastique qui me déplaît au plus haut point.

« Et bien Monsieur Lee, c'est dommage pour vous, vous ne serez pas très à l'aise pour courir ainsi. Vous avez fait votre choix cependant et je ne peux pas refuser votre envie de vous faire remarquer par votre style vestimentaire. Allez, je ne vous fait pas perdre plus de temps, rattrapez vos camarades avant que je ne vous retire quelques points de manière inutile. »

Je ne suis pas aimable, je suis même joueur et moqueur sur les bords. Ce n'est pas dans mes habitudes mais cet élève à la caractéristique d'être un véritable trou noir. Avec tous les sports que je lui ai présenté, il n'a toujours pas réussit à trouver un domaine pour lequel il soit doué. Il faut dire qu'il ne fait aucun effort et c'est d'ailleurs cela qui m'agace. .

es gens me sous-estiment, c'est pas cool hein parce que bon je suis capable de réfléchir et trouver des solutions pour éviter de faire ce que je ne veux pas faire. Et là, j'allais réussir mon coup, c'était certain. Venir avec un jean et des sandales au cours de sport, la hantise des profs, je le sais bien, ça avait marché une fois au collège. Ben ouais, c'est pas évident d'être un mec, les filles une fois par mois elles peuvent utiliser l'excuse du cadeau de mère nature, mais pas nous. Je trouve que c'est vraiment injuste. Mais il reste des solutions, parfois ça marche, parfois non. Mais aujourd'hui je suis allé au cours avec détermination.

En arrivant auprès du professeur je lui expose avec fierté la composition de ma tenue vestimentaire. Je suis quasiment certain de réussir mon coup, généralement c'est infaillible, on ne peut pas me laisser faire du sport dans cette tenue. Alors je garde mon super sourire, pour être sûr qu'il ne prenne pas le dessus. Mais sa réponse me surprend quelque peu. « Excusez-moi professeur mais... qu'est-ce que vous entendez par rattraper mes camarades ? Je veux dire... Avec ma tenue, je ne peux pas courir. Non, c'est formellement pas possible. En fait, je pense que je peux très bien m'en sortir assis sur le banc. » Je tente de garder mon sourire qui est ma meilleure arme. Mais je dois avouer qu'il m'a déstabilisé le bougre. Comment ose-t-il me prendre par surprise comme ça ? Logiquement il aurait dû prendre son air énervé - qui ne me fait pas peur pff - et me dire M. Lee, sur le banc, tout de suite. Mais non, il ne semble pas fâché. Par contre il m'a eu. Lui aussi c'est un stratège en fait, j'aurais dû prévoir que mon adversaire était redoutable.

« Je vais être sincère avec vous professeur, et je veux que vous soyez sincère avec moi. C'est quand même pas pour me ridiculiser que vous me dites ça, hein ? Non parce que le premier du groupe va facilement me rattraper d'au moins deux tours. Il est hors de question que je cours, en plus mes sandales vont me faire des ampoules. » Il était bien le premier professeur aussi acharné. D'habitude ils préfèrent même pas essayer de me faire faire quoique ce soit. Ils me demandent dès mon arrivée d'aller sur le banc. Ils n'ont d'ailleurs jamais compris pourquoi j'étais soudainement intéressé quand on faisait de l'ultimate. Le frisbee c'est quand même vachement cool.

e ne cherche pas à ridiculiser mes élèves, non, loin de là. Je veux ce qu'il y a de mieux pour eux et cela passe par une bonne santé physique. Je tente de m'adapter à eux, s'ils font des efforts du moins. S'il y a une chose qui m'agace au-dessus de tout, c'est lorsqu'ils n'essayent même pas. Lorsqu'ils se catégorisent eux-mêmes et refusent tout efforts. Tae Ho est un de ceux-là. Il n'est pas doué, dans aucun sport que ce soit. Je dirais même qu'il porte avec lui la bête noire qui attire tous les malheurs en matières d'activités physiques. Seulement il pourrait la combattre avec un peu de volonté, ce dont il manque cruellement. J'ai tenté, d'abord, de m'adapter à ce qu'il pouvait faire mais ça a échoué et je n'ai eu d'autres choix que de sévir.

Désormais je ne fais plus de cadeaux et me contente de lever les yeux au ciel lorsqu'il me dit qu'il serait bien sur le banc de touche. Évidemment. Il finit toujours pas s'y asseoir de lui-même de toute façon, que je l'y invite ou non. Il faut dire que les autres élèves ne sont pas toujours tendre avec lui et d'un côté, si je compare cela à la façon dont les autres parents me traitent lorsque je suis avec mon fils, je peux comprendre qu'il préfère se mettre de côté et simplement attendre que ça passe.

Seulement j'en ai assez de ses caprices et aujourd'hui, je ne laisserais rien passer. Je décide pourtant de lui laisser une chance, encore une fois et bien que je soupire, je vais être clément.

« Monsieur Lee, je ne suis absolument pas là pour vous ridiculiser, c'est vous qui le prenez ainsi. Alors vous allez courir, dans cette tenue puisque vous l'avez choisit. Faites-moi un tour de piste pour vous échauffer, je suppose que cela suffira et vous aurez même le loisir de terminer premier si vous ne vous attardez pas plus à mes côtés. »

J'hésite un instant à terminer sur une petite plaisanterie comme quoi ma présence est charmante mais peu nécessaire, seulement je ne suis pas certain qu'il apprécierait. Alors je me contente de pointer la piste où ses camarades entament leurs troisième tour.

« Vous pouvez le faire, j'en suis certain. Allez. » Dis-je en tapotant son épaule pour l'inciter à commencer, lui aussi, son cours.

'étais quasiment certain que le professeur voulait me ridiculiser. En fait, c'est un des passe-temps favoris des gens depuis que je suis gamin, tout ça parce que je suis un peu différent. Ils pensent que je suis débile mais je trouve vraiment pas ça cool d'agir de manière aussi mauvaise avec les gens comme moi. Et alors ? Et si j'étais autiste ou un peu débile mental ? Est-ce que ça justifie de tourner les gens au ridicule ? Mais il m'assure que ce n'est pas son intention. Et il insiste vraiment pour que j'aille faire un tour de piste. Bon, déjà c'est pas trois tours mais quand même. « Vous êtes vraiment pas cool, Professeur. Si je tombe vous serez responsable. » Je ne prétends pas être assez maladroit pour me prendre les pieds dans mes propres jambes - quoiqu'avec des sandales... - mais dès que je fais une crise d'asthme, c'est chaud un peu.

Je m'éloigne du professeur, je tente de courir avec mes sandales mais ça me fait trop mal. En plus un des gars vient de passer devant moi en rigolant. Pff, aucun respect. Si je rigolais à chaque fois qu'il avait un zéro dans une dissertation, il se sentirait mal l'enfant. Bref, je m'arrête pour enlever mes chaussures, ce sera déjà moins dangereux que de prendre le risque de me tordre la cheville. Et je reprends ma course, j'essaye de ne pas y aller trop lentement parce que je vois les autres me rattraper. Je veux pas qu'on se moque de moi encore, déjà que c'est humiliant de courir pieds nus. J'essaye de taper mon meilleur sprint, mais j'ai à peine fait quarante mètres que ma respiration commence à me jouer des tours. Je m'arrête au milieu de la piste et me met à genoux. J'essaye de me calmer. Putain mais pourquoi je me suis levé ce matin ? En plus ma ventoline est dans mon sac qui est sur le banc. Je pourrai pas arriver jusqu'au banc indemne. J'interpelle alors quelqu'un qui me dépasse pour qu'il me rende service. « Hey .. s'il.. » Même pas un regard. Connard. Je reste au sol un moment le temps de reprendre une respiration à peu près normal et le temps d'avoir la force de me lever. Je ressemble à quoi moi, ne même pas pouvoir courir quarante mètres sans faire une crise. Et je suis censé être un héros ?  

es dossiers physiques des élèves sont une chose à laquelle je fais particulièrement attention. Je ne fais jamais courir quelqu'un qui n'en a pas la capacité, je ne fais pas soulever de poids à quelqu'un qui a des problèmes de dos, je ne fais pas non plus grimper les gens qui ont le vertige, si c'est assez fort pour être stipulé sur leurs dossiers. Je ne suis pas un tortionnaire, j'aime simplement que l'on aille contre les limites que notre esprit fixe. J'observe donc mes élèves avec attention, plus particulièrement Taeho qui vient de partir à la tâche. Certain élève sont cérébraux, d'autres sont physiques. C'est une loi qui s'applique depuis des générations et visiblement les temps de changent pas vraiment en cette matière. Taeho s'arrête et je commence déjà à courir à petites foulées pour le rejoindre mais à ma grande surprise il ne fait qu'enlever ses chaussures pour partir de plus belle. Il est donc plus endurant que ce qu'il veut bien faire croire.

Soudain, il accélère et cela me fait froncer les sourcils. Cherche-t-il a s'épuiser dès les premières minutes ? Je soupire, le perdant du regard un instant pour me reporter sur les autres. Un sourire satisfait se place sur mon visage lorsqu'ils passent tous devant moi pour la troisième fois et puis je ne vois pas le dernier élève derrière eux, je le cherche à nouveau. C'est là que je le vois au sol, déjà dépassé par ses camarades qui ne ralentissent même pas devant lui. Je crois d'abord qu'il fait une pause mais c'est bien trop étrange, bien trop inquiétant. Sans réfléchir plus longtemps je me mets à courir dans sa direction et m’accroupis devant lui, posant mes mains sur ses épaules alors qu'il se redresse.

«  Hey, tout va bien ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu t'es fais mal ? »

Je suis perdu et inquiet. Il a visiblement quelque chose qui ne va pas et je ne peux m'empêcher de penser que j'ai raté quelque chose, que je l'ai fais courir alors que je n'aurais pas dû. Je ne suis pas un monstre et je ne pense pas qu'il joue la comédie alors j'ai forcément raté quelque chose.

e forcer à courir, c'était vraiment l'idée la plus stupide que ce professeur avait bien pu avoir dans sa vie. Sérieusement, parfois je me demande vraiment pourquoi cette séance de sport est obligatoire. Gnagnagna manger bouger tout ça. Moi juste manger ça me va hein. Si c'est pour mourir en bougeant, c'est bon je passe mon tour. Mais bon, comme je suis un rebelle de pacotille et que ma technique du jean et des tongs n'avait visiblement pas fonctionné, ben j'avais plus trop le choix, je devais courir. Je veux pas me prendre un avertissement ou quoi.

Ce qui devait arriver, arriva. J'ai voulu faire le beau parce que je suis un gars, et un gars c'est fier. Me faire dépasser c'est grave la honte alors bon, j'ai tenté d'aller vite, genre très vite quoi. Et si Hwayoung était là ? Elle aurait jamais voulu me reparler si elle avait vu que je me faisais doubler par tout le monde. Mais c'était couru d'avance - sans mauvais jeu de mot - que j'allais faire une crise d'asthme. Des fois je me demande pourquoi je suis comme ça. Je veux dire, déjà j'aime pas le sport mais pourquoi en plus me mettre ce fardeau super désagréable ? Celui qui a inventé l'asthme est un sadique qui s'est dit qu'à chaque fois qu'un prof nous forcerait du sport ou à chaque fois qu'on angoisserait ou pire à chaque fois qu'on voudrait dormir, bim, impossible de respirer. Est-ce que même c'est autorisé par les lois de la vie ça ?

Je restai là, à genoux au sol sans savoir quoi faire vu que personne ne semblait prêter attention à mes appels, trop occupés à courir après la gloire. Voilà pourquoi je déteste le sport, en partie, parce que ça rend les gens prétentieux ou pire, à la recherche de la prétention. Puis finalement, quelqu'un vient se poser devant moi. C'est le professeur. Bon, au moins il est moins inconscient que les autres. Il me demande si ça va, si je me suis fait mal. Donc il ne sait vraiment pas ? Pourtant je pensais que c'était juste un mec super sadique qui voulait me voir souffrir... « Je... Je vais bien... C'est j.. uste la rou...tine. » Je tente de calmer ma respiration, je marque une pause. « Je suis... asthmatique... Et ma ventoline.. est dans mon... sac. »

e connais bien la réputation du professeur de sport à l'université. Dragueur, tortionnaire, imbus de lui-même. Ce sont du moins les qualificatifs que les élèves employaient du temps où j'en étais un. Je suis très loin de tout ça, du moins j'ose espérer que la vision qu'ont les autres de moi s'approche de celle que j'ai de moi-même et donc, différente de ce que les rumeurs racontent. Pourtant il semblerait qu'auprès de certains élèves, je sois également tortionnaire puisque dès que j'arrive aux côtés de Tae Ho, sa première réaction et de me dire que tout va bien ce qui, visiblement, est loin d'être le cas. Un instant je m'en veux de l'avoir forcé à courir, de ne pas lui avoir posé de questions mais je continue à persister sur le fait qu'il aurait dû me parler plus franchement au lieu de simplement venir revêtue de vêtements civils.

Finalement, Tae Ho m'avoue qu'il est asthmatique et c'est un peu comme si une bombe venait de me heurter. Je reste silencieux un instant que je ne saurais quantifier. Comment peut-il avoir ce genre de maladie sans que je n'en sois informer ? Peut-être suis-je un tortionnaire au fond mais.. N'aurait-il pas pu me le dire alors que j'insistais bêtement à le faire se dépenser. Sans un mot de plus, je me relève et part au pas de course vers son sac pour trouver la ventoline. Évidemment, trouver son sac ne se fait pas rapidement et j'ouvre presque tous les autres, me fichant bien de leurs contenus et de l'interdiction de fouiller dans les affaires d'autrui. Le petit objet enfin en main, je me remets à courir dans la direction de mon élève et lui tends immédiatement la ventoline, le regard visiblement inquiet.

« Tu aurais dû me le dire... Je suis désolé d'avoir demandé un effort aussi conséquent, je ne  l'aurais jamais fait si j'avais su. »

Je m'en veux terriblement, je crois que si je le pouvais j'hausserais la voix sur toute la classe pour ne pas m'avoir prévenu mais au fond, n'est-ce pas sensé être noté sur le dossier de l'élève ? Au fond, n'est-ce pas ma propre erreur que je cherche à mettre sur le dos d'un autre ? Un soupir passe la barrière de mes lèvres et je me redresse avant de m'adresser à nouveau à mon élève.

« Je suis réellement désolé Monsieur Lee. Avez-vous besoin d'aide pour regagner le banc ? Souhaitez-vous vous rendez à l'infirmerie ? »

J'effectue un virage à 180° dans ma manière de m'adresser à lui mais je ne le contrôle pas, je me sens redevable, coupable et terriblement stupide.

eureusement que le professeur a fini par venir me demander ce qui m'arrivait. J'ai bien cru que j'allais mourir là sur la piste sans que personne ne vienne me voir. Bon, je serais peut-être pas mort hein mais bon, ça me fait de la peine de voir que tous sans exception pense à leur classement plutôt qu'à donner un coup de main à un camarade. Nous n'en sommes visiblement pas, des camarades. Tant pis pour eux. Mais bon, quand le professeur a fini par arriver, même si pour moi c'est un méchant prof, je me suis senti sauvé. C'est un peu comme quand finalement Dark Vador décide de sauver la vie de Luke dans Star Wars, finalement il est pas si méchant, il est humain quoi.

Je lui fis donc part de ma maladie vu qu'il demandait ce qui se passait. Et j'en profitais pour lui indiquer que ma ventoline était dans mon sac, comme ça s'il avait un peu envie de se racheter ou juste de m'aider il pouvait aller me la chercher. Je le regarde s'éloigner en courant et se mettre à fouiller tous les sacs. J'essaie de le guider au loin genre « Nan pas celui là, c'est le sac rouge là ! » mais visiblement il m'entend pas. Quand il revient et qu'il me tend ma ventoline je me sens un peu comme Popeye à qui on donne une boîte d'épinards t'sais. J'en prends direct une bouffée, puis une deuxième, on n'est jamais trop prudent. Je ferme les yeux histoire de tenter de calmer ma respiration et j'espère que ça fasse effet rapidement.

Le professeur s'excuse. Je le regarde interloqué. Je pensais qu'il savait, j'ai cru qu'il faisait exprès de me faire souffrir et qu'au final il avait pitié de moi. « Mais je pensais que vous saviez moi. Je pensais que vous étiez méchant et que vous faisiez exprès de me faire courir tout en me sachant asthmatique... C'est censé être marqué sur mon dossier non ? Bon ça veut dire que vous êtes plus gentil que mes anciens profs alors, ça me rassure ! » Il me propose ensuite de l'aide pour retourner au banc et me propose même d'aller à l'infirmerie si je le souhaite. « Nan maintenant que je peux respirer, je devrais pouvoir retourner moi-même au banc. Je sais que j'ai pas été cool à venir en tenue de ville, mais comme à chaque fois c'est pareil, je pensais que vous m'interdiriez de courir... » Je me relève et remets mes sandales parce que mes pieds commencent à brûler. « Non mais en plus ces sandales sont vraiment moches quoi... et elles font mal aux pieds... Mais euh vous savez pourquoi c'était pas marqué dans mon dossier mon asthme ? Vous croyez que c'est pour ça que j'ai été martyrisé toute ma jeunesse au cours de sport ? » NON. Je n'exagère pas...