Le souffle court, des perles du sueur sur la peau, je peinais à reprendre un rythme cardiaque acceptable malgré le fait que je sois appuyé contre l’une des parois de ma douche. Par manque de temps je n’avais pas fait de sport depuis plusieurs jours et m’étais mis en tête d’aller courir quelques kilomètres à la sortie des cours histoire de me remettre gentiment en forme après toutes ces soirées passées à boire. Si j’avais choisi de relâcher la pression en allant courir ce n’était pas seulement pour garder la forme mais également pour prévenir les écarts de conduite que je risquerais d’avoir lorsque le plus jeune allait débarquer dans ma piaule pour prendre ses cours de langue. A force de le voir toutes les semaines j’avais compris qu’il ne me lâcherait pas tant que je ne lui céderais pas et malgré tous mes efforts, mes nerfs commençaient à être à bout. Je n’avais donc rien trouvé de mieux que de défouler avec un peu de sport avant sa venue. Exténué, je profitais à présent d’une douche bien méritée, soupirant d’aise en sentant mes muscles se détendre petit à petit au contact de l’eau chaude sur ma peau avant de grogner en entendant quelqu’un frapper à la porte de ma chambre. Déjà là ? Légèrement peiné de devoir mettre un terme à ce moment de pur plaisir, je m’extirpais de la douche pour rejoindre ma chambre, attrapant un jogging que j’enfilais en quatrième vitesse avant de déverrouiller la porte pour accueillir dans mon élève. « Pas de commentaire sur la tenue. J’ai pas eu le temps de m’habiller » Après lui avoir pointé mon bureau du doigt, je me dirigeais vers mon armoire histoire de pouvoir attraper quelques vêtements que j’enfilais sans me presser et le rejoignais là où je l’avais forcé à se rendre avant d’attraper la deuxième chaise pour m’y asseoir. « T’as bossé le cours de la semaine passée ? »

Bago n'avait pas demandé des cours à Inguk pour le simple fait qu'il était nul en langue. En vérité, il se débrouillait plutôt bien. Mais, il enviait tellement les bilingues qu'il s'était dit que quelques heures par soir, ça ne pourrait pas lui faire de mal. Alors, c'est courageux et surtout après la matière d'histoire de la philosophie que le garçon se rendit droit vers les dortoirs des Gumihos. À vrai dire, il connaissait plutôt bien le chemin. Cela allait faire trois semaines déjà qu'il voyait Inguk, mais il allait surtout rendre visite à son père et à sa mère adoptifs naturellement. Donc sur le chemin, étant donné que c'était une habitude de se rendre là bas et ainsi qu'un automatisme s'eut installé, l'enfant était disponible à faire autre chose. Il se mit alors à réfléchir. Il n'avait pas vraiment soigné sa tenue aujourd'hui, en vérité il était habillé d'un débardeur un peu trop grand pour lui qu'il avait volé à Aidan, et d'un pantalon de sport. Il s'était tout de même contraint à enfiler un boxer, on ne sait jamais s'il prend une envie à Inguk de lui sauter dessus, il pourrait le juger de ne pas porter de sous vêtements. Depuis le premier cours jusqu'au dernier, Bago s'était lancé le défis, qui était devenu de plus en plus désirable, de séduire son Hyung pour qu'il s'occupe de lui bien comme il faut histoire de rendre ses cours un peu plus attractif. Pour le moment, le blondinet n'avait essuyé que des échecs, mais aujourd'hui il avait une petite surprise pour lui. Il avait être plus engagé dans sa tâche, nous verrons bien s'il comptera craquer ou non. Et il va sans dire qu'il espérait repartir discret mais victorieux aujourd'hui. Donc, il entra dans le dortoir et frappa à la porte attendant sagement que son aîné lui ouvre, ce qu'il fit quelques secondes plus tard. Bago remarqua sa tenue, ou plutôt sa moitié de tenue et il lui lança un regard taquin entrant presque en le bousculant pour faire sa diva "Hyung te mettre à moitié nu n'arrange en rien la situation, ne fait pas les choses à moitié" Il lança un petit rire enfantin avant de pousser un soupir de déception en s'asseyant. "Mouais j'ai vu ça vite fait, j'avais pas trop le temps mais c'est pas grave on peut voir ça ensemble non ?" Il posa son menton dans les paumes de ses mains appuyé sur le bureau et dévora l'homme des yeux. "T'étais pas obligé de te rhabiller tu sais." fit-il remarquer comme si Inguk en avait quelque chose à faire de ses envies.

Malgré mes difficultés à comprendre les gens et leurs sentiments, à me comporter correctement en société, je me débrouillais plutôt bien avec les études. J’étais même très studieux. Au premier coup d’oeil il était difficile de dire que j’étais le genre de personne à passer des heures à réviser dans ma chambre mais en s’y penchant un peu plus, ce n’était pas si étonnant. A force d’être seul il avait fallu trouver de quoi occuper mon esprit torturé histoire de ne pas partir dans des délires parfois dangereux pour ma santé et celle des autres. Tout comme les études, le sport était une façon de me défouler et de me faire garder la forme. J’en avais bien besoin compte tenu des soirées agitées que je passais hors de chez moi le 99% du temps, à coucher avec tout ceux et toutes celles qui me tapaient dans l’oeil…Il fallait dire que je n’étais pas particulièrement compliqué lorsqu’il s’agissait de choisir ceux qui partageaient mon lit. Dans ce cas là, il était logique de se demander pourquoi je repoussais les avances de l’étudiant à qui je donnais des cours de soutien depuis quelques semaines alors qu’il s’offrait à moi de son plein gré. Son physique n’était pas un frein à mes refus puisqu’il me plaisait mais son âge et ce petit côté enfant gâté me poussait à revoir mes limites dans la mesure du possible. Le fait qu’il voit ça comme un défi me donnait envie de ne pas lui donner raison pour qu’il redescende sur terre.

Ce fut donc dans un état d’extrême fatigue que je me hâtais de lui ouvrir la porte malgré mon accoutrement peu adéquat. Par manque de temps je n’avais pas pu enfiler une tenue décente, ce qui me valait quelques commentaires auxquels je m’étais préparé. Une fois encore, j’avais décidé d’ignorer ses mots pour aller terminer de me rhabiller avant de le rejoindre devant mon bureau où il ne semblait pas très réjouit à l’idée de travailler. Ce n’était pas étonnant maintenant que je commençais à le connaître. Après un bref soupir, je sortais le cahier que j’utilisais pour écrire ses exercices et le posais sur la table pour qu’il puisse s’y pencher. « Lis ces mots et essaie de les traduire sur la feuille, on va commencer avec quelque chose de simple histoire de pas trop te froisser » Légèrement moqueur, je tapotais la feuille pour qu’il cesse de me regarder, ignorant par la même occasion ses remarques qui n’apportaient rien au cours. Puis je me penchais pour attraper une cigarette que je glissais entre mes lèvres alors que mon regard restait posé sur le plus jeune. « Tu m’as pas payé la dernière fois et j’ai besoin de fric, ça m’arrangerait que tu me le donnes après »

Bago haussa les sourcils. Il détestait plus que tout quand son entourage l'ignorait ou ne prêtait pas assez attention à sa petite personne. Autant, l'idée de se faire remballer ne le dérangeait pas, au contraire. À chaque fois que le jeune homme ouvrait la bouche son but était avant tout de susciter une réaction. De préférence, la bonne réaction. Mais il ne pouvait pas tout avoir et souvent des claques se perdaient dans le vent au lieu d'atterrir sur ses joues rouges. Une vraie description de Blanche-Neige qui s'est faite une teinture celui-là. Le garçon s'avança à pas lents vers le bureau et attrapa péniblement le cahier de son maître d'éducation pour ne pas dire maître à penser. Inguk n'était pas le genre de personne que Bago était en proie d'admirer. Il était plus branché Moonkyu, celui qui l'avait frappé alors qu'il était en train de l'ausculter d'un œil indiscret et joueur. Il tentait toujours de comprendre ce qui avait vraiment poussé son geste, ses gestes qui avaient fait pleurer le petit blond. Il était si fragile en apparence que personne n'avait jamais osé lever la main sur lui même si souvent ce genre d'envies était pressante. Son agresseur avait tiré une drôle de tête quand son poing avait heurter ses os pointus et si près de sa peau. C'était comme si rien ne séparait les deux états. Pas de chair. Pas de graisse. Seulement sa peau intérieur qui pourrissait et bientôt qui allait se décoller. On verrait plus tard la blancheur poussiéreuse de ses os transpercer le fin tissus beige. Bago se demandait la tête que ferait Inguk s'il voyait son corps nu devant lui. Comme les autres à part Insook, il tirerait une tête de dégoût rien qu'une voyant son torse maladif et semblable à celui d'un cadavre. L'anorexie du petit était comme le sida de Luke. Il le rongeait et atomisait son être. Bientôt, sa carcasse serait vide. Voilà peut être aussi pourquoi il désirait tant se faire aimer et toucher par Inguk. Tous les plaisirs refoulés en lui se manifestaient après des années de chasteté et de privation inutile. En Angleterre, Bago avait regardé droit dans les yeux son futur époux baiser un garçon en l'incitant à ne pas broncher. Il était ensuite parti avec lui. L'étudiant connaissait la réputation de Inguk et il avait du respect pour lui. Il le savait sage, mais une fois qu'il aurait son membre dans la bouche, le brun se laissera faire. Du moins jusqu'à ce qu'il aperçoive son corps. "Come on Hyung ! Je connais déjà ce texte ! On ne peut pas faire autre chose aujourd'hui ? Prendre du bon temps et comme ça, je pourrais te réciter ma leçon pendant que toi tu t'occupes de moi ?" Idée farfelue bonjour. Mais pourquoi pas. L'idée n'était pas à exclure au contraire. L'enfant pourrait gémir ses mots d'anglais pour lui. Le jeune homme se leva, attrapa sa veste et sortit à son tour une cigarette. Inguk lui avait donné envie de fumer aussi, il s'installa non pas sur sa chaise mais sur ses genoux pressant le bout de son bâton magique contre le sien pour allumer sa clope et lui souffler dans la figure un air taquin au visage. Il resta sur ses genoux. "Je te paierai. J'ai les sous sur moi, mais à une condition, et tu la connais."

Même si je côtoyais le jeune étudiant depuis quelques semaines, je ne savais strictement rien de lui en dehors du fait qu’il cherchait à me faire craquer. Jamais je ne m’y étais réellement intéressé, bien trop égoïste pour me soucier de ce qu’il pouvait bien endurer lorsque je ne le voyais pas. Si je me doutais de quelque chose à son sujet ? Non. Pour moi, ce gosse était aussi banal que tous les autres. Jamais il ne m’était venu à l’esprit qu’il ait enduré des moments difficiles et encore moins qu’il était malade. Il fallait dire que ma propre folie occupait déjà mes pensées, je ne pouvais donc pas remarquer les problèmes des autres.

Une fois encore, j’avais décidé de ne pas céder à ses caprices de gamin pourri gâté. Les yeux rivés sur la copie, j’ignorais ses nombreuses remarques toutes plus déplacées les unes aux autres avant de soupirer à l’entente de ses propos. Pour changer, Ba Go ne voulait pas travailler les cours que je m’étais fait chier à lui préparer pendant la semaine. S’il y avait une chose que j’avais du mal à supporter, c’était bien de devoir travailler pour rien. D’apparence calme, je serrais mes poings alors qu’il refusait une fois de plus d’y mettre du sien avant d’être distrait par le plus jeune qui se levait pour aller chercher une cigarette. Pour éviter tout débordement, je tentais de calmer mon impatience avant de froncer les sourcils lorsque le plus jeune venait s’asseoir sur mes genoux. Il n’était gêné celui là, dis donc… « Tiens donc. Tu veux que je te saute contre de l’argent maintenant ? » Un sourcil arqué, je continuais à le fixer avec sérieux avant de finalement glisser mes doigts sous son t-shirt sans le quitter des yeux. Même si cela pouvait paraître bizarre, je n’agissais en aucun cas dans le but de lui céder. Oh non, disons plutôt que je jouais avec ses nerfs comme il le faisait avec moi. Joueur, je me décrispais un peu et rapprochais mes lèvres de son cou pour aller murmurer à son oreille. « T’en crève d’envie pas vrai…? Que je te cède. » Je marquais une pause pour déposer mes lèvres contre sa peau laiteuse alors que mes doigts se dirigeaient vers l’intérieur de sa cuisse. « ça doit très certainement marcher avec tous les autres, j’ai aucun doute là dessus mais…Moi je suis pas aussi faible » Je redressais finalement la tête pour le fixer avant d’afficher un léger sourire. « Je t’assure, t’as pas envie de coucher avec moi. Tu le regretterais »

Bago hocha tête. Oui c'était complètement ça, le cœur serré de devoir payer une partie de jambes en l'air parce qu'il avait l'impression de prendre Inguk pour une prostitué mais s'il devait le faire, il le ferait. Le garçon savait qu'il plaisait à son aîné au fond même si lui se persuadait du contraire. On lui avait déjà résisté et il l'avait très mal vécu. Il était devenu complexé et il lui fallu une autre pseudo conquête pour se rassurer que son charme opérait encore. Pourquoi s'obstinait-il alors à vouloir se glisser dans le lit de son professeur. Peut-être parce qu'il lui plaisait physiquement mais aussi mentalement. Ça n'était le genre de bougre avec deux neurones dans le cerveau contrairement à ce qu'il avait entendu dans l'université. Pour l'étudiant, ça n'était pas parce qu'on aimait les plaisirs de la chair que ça faisait de nous les derniers des crétins. Bago était un peu pareil mais il n'avait couché qu'avec deux garçons à ce jour, les autres, il n'allait jamais au loin. C'était pour ça aussi. Des hormones d'adolescent devant un garçon intéressant forcément ça voulait faire des étincelles. Le petit s'électrisa en sentant les phalanges de son Hyung se glisser sous son débardeur devenu trop grand. C'était le premier vrai contact corporel qu'il avait avec lui. Ses lèvres s'entrouvrirent pour souffler sa fumée. Il regarda timidement Inguk qui n'avait pas détaché son regard du sien. Il l'intimidait. Est-ce que ça voulait dire qu'il avait cédé ? C'était trop facile et il était trop malin pour arrêter de résister par la proposition d'argent. Mais si c'était le cas ? Nouveau coup de maître lorsque Inguk s'aventura dans son cou. Bago lâcha un petit couinement. Enfin il allait pouvoir se faire un peu maltraité dans le sens qu'il aimait tant. Il posa ses mains sur ses épaules et baissa les yeux. "Oui j'en ai envie.." L'enfant serra son haut entre ses doigts. Il allait par là. Il y allait vraiment. Bago se recula et chercha son regard et ses lèvres avant d'ouvrir en grand les yeux, la chaleur de son bas ventre et de son corps tout entier lui empêchant de comprendre la situation. Après quelques secondes de silence et de regard interdit, il comprit que Inguk n'avait en aucun prévu de coucher avec lui. L'étudiant poussa un rugissement animal de frustration et plaça sa cigarette entre ses lèvres. "T'es vraiment con." Il se résigna finalement à prendre ses feuilles de traduction. "Je ne regretterai pas, si t'es un violent ou un bâtard au pieu au contraire." Heureusement, Bago avait plus d'un tour dans son sac. Il resta sur ses genoux et s'y installa à califourchon s'enfonçant dans son buste le menton sur son épaule, le torse près du sien, les cuisses se resserrant, et il se mit à essayer de traduire, avec un peu de difficulté et de fautes certes mais c'était un élève. Il interrompait ses phrases en déposant des petits baisers sur sa nuque ou son cou, soufflant parfois dessus inlassablement.

Effectivement, et malgré tout ce que je pouvais bien lui dire, Ba Go ne m’était pas totalement indifférent. Cela étant dit, j’avais tendance à être facilement attiré par les hommes qui avaient l’air à la fois innocent et soumis à souhait…Ce qu’il était totalement à mes yeux. Peut-être que je me trompais en imaginant qu’il n’était qu’un étudiant peu expérimenté dans le domaine et qu’il ne savait pas à quoi il se frottait en me provoquant de la sorte. Je n’étais clairement pas le genre de type qui se préoccupait du plaisir de ses partenaires et qui les traitais avec douceur. L’adolescent semblait si fragile que je n’osais pas imaginer l’état dans lequel il sortirait de ma chambre après avoir fait un tour dans mon lit. Je ne préférais même pas y penser tout en sachant qu’il ne reviendrait sans doute pas prendre de cours auprès de moi si les choses dégénéraient entre nous. Il valait donc mieux éviter que je cède à ses caprices pour le moment, ce qui n’allait pas être une tâche facile compte tenu des moyens mis en oeuvre par le plus jeune pour me faire craquer.

En premier lieu, il s’était mis en tête de se rapprocher physiquement de moi en venant prendre place sur mes genoux comme si de rien était. Puis, le plus naturellement du monde, il avait essayé de m’amadouer avec de l’argent, ce qui n’était pas la meilleure des solutions pour obtenir de moi ce qu’il désirait tant. Toujours sur la défensive malgré le fait que je ne le montre pas totalement, je m’adoucissais au fur et à mesure que les minutes défilaient pour finalement me prendre au jeu. Il voulait me chercher ? Il allait obtenir la monnaie de sa pièce bien plus rapidement qu’il ne se l’imaginait. Conscient de la frustration que j’allais provoquer chez le plus jeune dont les hormones ne devaient lui jouer des tours depuis quelques temps déjà, je lui faisais croire par de simples gestes bien placés accompagnés de quelques baisers que j’allais lui céder. Bien loin de moi l’idée d’aller plus loin, je l’informais de ma décision bien rapidement, ce qui ne semblait pas lui plaire. Un sourire venait alors se dessiner sur mes lèvres lorsqu’il se rendait compte de la supercherie avant de le regarder prendre ses feuilles de travail dans les mains pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce. J’avais réussi. Satisfait de ce changement de situation, je n’en restais pas moins surpris par sa façon de travailler sa leçon, collé à moi d’une manière tout à fait déplacée. « Au contraire…? Qu’est-ce que ça signifie ? » Bien qu’il soit en train de travailler, je l’interrompais pour en apprendre davantage sur la signification de sa remarque qui m’interpellait. M’étais-je trompé en imaginant qu’il n’avait eu que des expériences tout à fait banales avec d’autres garçons ? Peut-être. Si c’était le cas, j’étais curieux d’en savoir plus. Toutefois je ne bougeais toujours pas, le laissant embrasser ma peau sans broncher alors que mes mains venaient instinctivement se poser sur ses hanches. Quoi que je dise, s’il continuait à agir de la sorte et qu’il commençait à me toucher, je ne pourrais pas lui cacher bien longtemps l’effet qu’il pouvait avoir sur moi. Ba Go était agréable à regarder, intelligent qui plus est et un brin joueur. Autant dire tout de suite qu’en temps normal, il entrait tout à fait dans mes critères, ce qui ne m’empêchait pas de refuser ses avances. Pour le frustrer davantage et le punir de me chauffer ainsi, je revenais glisser ma main sur son entrejambe cette fois-ci pour la caresser à travers le tissu sans trop insister non plus. « Continue à lire, c’est comme ça que tu retiendras les mots »

Il était vrai que Inguk était irrésistiblement attirant. Le sango ne pouvait s'empêcher de l'observer dans ses moindres faits et gestes et partout, il lui apparaissait comme sensuel et sexy. Il s'imaginait très bien se faire martyriser pour son plus grand plaisir, l'échine aussi fragile qu'une brindille, se tordant dans tous les sens face à ses coups. Il s'était déjà fait frapper au visage pendant un acte sexuel et en vérité il avait détesté ça. Qu'on le morde, qu'on claque son corps, qu'on le griffe ou qu'on l'attache, ça ne le dérange pas. Mais il avait vu cette acte comme de la violence dans le but de blesser réellement et non de prendre du plaisir. Malheureusement, il voyait son envie de dominé partir en fumée car, plus les minutes passaient, plus Bago se disait et prenait conscience que séduire son professeur pour une fois seulement était peine perdue. À cette pensée, l'adolescent grimaça et se sentit faiblir et hésitant. Est-ce qu'il devait maintenant sauter de ses genoux et se remettre à sa place, lire ses textes et s'en aller rapidement sous la gêne affreuse d'un échec cuisant et d'un dévoilement certain, ou devait-il continuer de l'amadouer ? Il ne savait plus trop, Inguk semblait totalement de marbre devant ses invitations et il ne comprenait simplement pas pourquoi. Il était inconcevable que ce genre d'homme soit en couple, étant donné le nombre étendu de ses conquêtes. Conquêtes oui, et Bago n'en faisait pas parti. Il baissa les yeux et commença à lire inlassablement ses textes qu'il commençait à connaître par cœur. Sa prononciation n'était pas parfaite et ses tournures de phrase étaient assez biscornues, mais il tentait de faire abstraction de ce qu'il pouvait se passer à l'intérieur de ses cuisses. Puis Inguk l'interrompit. L'étudiant se recula et attrapa ses propres lunettes pour les mordiller sous la soudaine gêne qui s'était installé. Quand il avait remarqué que son aîné ne semblait même pas intéressé par le fait qu'il ne soit qu'un soumis, il avait pris, ce qu'il considérait autrefois comme un bon moyen de persuasion, comme une honte. Cependant, l'enfant réunit tout son sang froid et haussa les épaules les yeux ancrés dans les siens et les mains tripotant le col du pull de son camarade. "Bah j'aime avoir mal quoi. Enfin dans le cadre sexuel, donc avec un tendre et doux je me fais chier." Ça avait au moins le mérite d'être claire bien que l'adolescent ne se considérait pas tout à fait comme pure masochiste. Les joues du sango virèrent au rouge et il serra ses feuilles dans ses petits doigts avant de reprendre sa lecture, attendant une réaction. Soudain, par mécanisme, les cuisses de l'enfant se resserrèrent. Il loucha sur son entre jambes et y découvrit la main de Inguk. Il leva les yeux vers lui et posa ses feuilles, embrassant sa joue dans une ligne de baisers s'arrêtant sur le coin de ses lèvres. Est-ce que c'était un oui ? L'enfant espérait. Mais il se retrouva une nouvelle fois désillusionné. Il était agacé, il se faisait piéger à son propre jeu. Le garçon reprit ses feuilles et changea de position. Au lieu d'être en face de lui, il lui tourna le dos et s'assit sur lui, s'enfonçant dans ses jambes de manière à ce que ses fesses se frottent contre l'intérieur de ses cuisses. Il se mit à gigoter ou plutôt onduler ses hanches et reprit sa lecture le plus innocemment du monde possible. Donc, la partie n'était pas finie.

Quelles étaient les raisons qui me poussaient inlassablement à le repousser ? Pour commencer, Ba Go était mon élève. En plus de cela, il s’était avéré qu’il était plus jeune que moi de quelques années et pour couronner le tout, il y a avait Moon Kyu. Trois raisons qui séparément auraient pu passer mais qui une fois regroupées me bloquaient. Je mentirais en disant que l’étudiant n’entrait pas dans mes critères de sélection mais pourtant je me forçais à lui résister coûte que coûte pour éviter de commettre une erreur que je finirais par regretter. A mes yeux, il paraissait si faible, si facilement atteignable que je m’interdisais de le toucher au vu de l’état dans lequel je mettais bien souvent mes conquêtes lorsque l’envie me prenait de me divertir à ma façon. Il ne s’imaginait sans doute pas à quel point je pouvais me transformer en connard une fois au lit et il valait mieux qu’il n’en sache jamais rien. Pourtant, au fur et à mesure que les minutes défilaient, il en rajoutait toujours plus pour me faire céder, enchaînant les remarques et les gestes déplacés dans l’espoir d’obtenir une réaction positive de ma part. Seulement voilà, même si d’habitude je n’étais pas difficile à convaincre, je faisais preuve d’une grande maîtrise de mes hormones pour le moment. En temps normal, je lui aurais déjà sauté dessus depuis longtemps pour lui faire partager mes envies malsaines et pourtant si excitantes mais je me contenais dans le seul but de le préserver.

Les yeux ancrés dans les siens lorsqu’il reculait la tête pour répondre à ma question, je fus surpris par sa façon de se comporter à mon égard. Il semblait être gêné par le simple fait d’avouer qu’il n’était pas aussi innocent que j’aurais pu l’imaginer. Silencieux, je le jugeais du regard sans rajouter quoi que ce soit, ne sachant tout simplement pas quoi lui dire après qu’il m’ait avoué être masochiste. Pour une nouvelle, s’en était une ! A aucun moment je ne m’étais douté d’une telle chose à son égard et à présent que je me retrouvais devant le fait accompli, ma vision du plus jeune commençait à se modifier. Sans broncher, je le laissais changer de position pour s’asseoir dos à moi, m’offrant ainsi son joli fessier rebondi qu’il ne manquait bien évidemment pas de frotter contre mon entrejambe. Quel petit con. Sans pouvoir contenir un soupir d’agacement, j’appuyais mon dos contre la chaise tout en me forçant à ne pas me concentrer sur ce qu’il faisait pour éviter la moindre réaction qui lui ferait entendre qu’il m’excitait. Bien que la tâche ne soit pas facile, je m’efforçais de rester calme et d’écouter les mots qu’il traduisait avant de finalement appuyer mon front contre son épaule. « Tu veux jouer c’est ça ? Et bien jouons » Sans lui laisser le temps de réfléchir à ma remarque, j’allais déposer mes mains sur sa ceinture pour la déboucler et la lui retirer pour la jeter sur mon lit. Elle me serait sans doute utile plus tard. Puis je m’attaquais à son jeans que je déboutonnais tout en l’écoutant réciter avant de glisser ma main sous les tissus pour me saisir fermement de son membre que je libérais après avoir légèrement baissé son boxer. Même si je ne craquais pas encore, j’agissais avec bien moins de retenue, me contentant de jouer avec son corps tout en continuant à me dire qu’il n’y aurait pas de suite à ces quelques caresses innocentes. « Je t’ai pas dis de t’arrêter. Il reste l’autre page à traduire. A chaque faute j’arrête mes caresses » Quoi ? Au moins ça le persuaderait de réviser son vocabulaire ! La main refermée sur son sexe, je soufflais contre son cou tout en lui offrant des premières caresses assez rapides pour le réveiller gentiment. Je savais qu’il allait se planter dans tous les cas, cela m’éviterait donc de terminer avec un jeune adolescent en plein orgasme sur mes genoux. Du moins je l’espérais.

La révélation que Bago avait fait à Inguk ne semblait pas passer inaperçu pour le plus vieux, ce qui avait eu le don de mettre le petit dans l'embarras. Il n'avait jamais avoué si facilement ses tendances, et pourtant là, il l'avait utilisé à contre cœur comme un argument alors qu'il avait toujours considéré ça comme un problème psychologique. L'étudiant regrettait presque d'avoir fait tout ce chemin pour arriver à ses fins. Il ne désirait rien de plus que Inguk, pour une nuit, une seule fois, se faire traiter comme il aime se faire traiter. Pourtant un sentiment de honte extrême le traversait. Il s'était déjà dit qu'il n'assumerait jamais d'être un homme objet et pourtant se faire possède corps et âme c'était ça qu'il cherchait en vain. Bago avait entendu les autres parler de Inguk, de sa folie pour faire du mal, et c'était dans un stratagème certain qu'il en était là, à être installé confortablement sur ses genoux en train de lire ses feuilles, et de frotter ses fesses contre lui. Un couinement lui échappa quand en deux temps, trois mouvements, il se retrouva le sexe à l'air, et les mains de son aîné entourant son excitation. Bago déglutit et poussa un soupir, complètement perdu face à sa réaction. "Mpf..je pense que c'est un marché honnête.." L'enfant reprit ses feuilles en tremblant et ne tarda pas à durcir sous les coups habiles de son professeur, se tortillant dans tous les sens. Son cerveau était scié en deux : une partie décuplait les plaisirs chauffant dans son bas ventre et l'autre essayait de se concentrer sur les mots pour ne pas commettre la moindre faute. Les pages défilèrent et c'est à l'avant dernière que Bago commit presque l'irréparable. Sa langue butta sur le mauvais mot et la traduction en fut alors totalement désordonnée. Il posa sa feuille sur la table en baissant la tête s'avouant vaincu, mais il tenta le tout pour le tout et se retourna pour faire face à Inguk, les mains accrochant ses épaules. "Putain je te demande une nuit pour assouvir mes désirs et les tiens. Personne ne le saura et tu pourras faire tout ce que tu veux c'est quoi le problème ..?" C'est vrai, l'étudiant ne lui posait normalement aucune contrainte. Son regard traduisait pitoyablement de la pitié et un supplice émergeant dans ses paupières. Il détestait actuellement l'image qu'il pouvait donner. Cette image de petit nympho dépendant du sexe et de la domination. Il avait envie de partir mais, il avait surtout envie de voir l'homme en face de lui céder à ses avances. Plus il fixait l'homme plus il manquait de confiance en lui, et ça lui était franchement étrange ; il n'avait pas l'habitude de ne pas lâcher l'affaire mais il insistait vraiment pour que le brun ait aussi envie de lui. Les mains de Bago passèrent alors de ses épaules à ses côtes pour commencer à défaire son pantalon doucement mais habilement pour qu'il n'ait pas trop le temps de réagir. *