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stay strong - Persé bby
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stay strong - Persé bby | Mar 12 Mai - 23:08 Citer EditerSupprimer
Tout le long du trajet sa main avait caressé la sienne cachée par la couverture déposée sur sa bien-aimée, ses doigts s’aventurant parfois jusque dans le creux de son coude. Leur exposition lui empêchait tout contact plus visible pour sa plus grande frustration. Yakuza ou non leur avion n'était pas un privatisé. Première classe oui, jet privé non. Le voyage lui semblait beaucoup trop court. Peu importait les délais qu’on aurait pu lui accorder en plus ce n’aurait jamais été assez tant il ne se sentait pas prêt à rentrer au Japon après tous les évènements qui leur étaient tombés dessus successivement. Professionnellement il n’avait rien à se reprocher, il avait assuré la sécurité du joyau qu’on lui avait confié sans faillir cependant il ne pouvait s’empêcher de redouter un regard ou un geste qui le trahirait. Son plus grand ennemi pour les jours à venir serait lui-même… ou peut-être bien Sôji qui risquait de lui ôter le rôle qu’il chérissait tant en le relayant au rang de garde du corps lambda. Si en combat aucun n’arrivait à prendre le dessus sur l’autre, hiérarchiquement ce petit con avait les pleins pouvoirs. Ses traits ne laissant pas paraitre son appréhension face à la situation, Kazuya se contentait de quelques sourires en destination de Sora lorsque son regard croisait le sien ou qu’il souhaitait la rassurer. Les mots n’étant pas son fort, il se contentait d’être présent physiquement comme il savait si bien le faire. « Regarde, on voit l’archipel. » Il lui mentionna en se penchant, observant par le hublot du côté de Sora le dessin de son île natale. Après trois ans d’absence son cœur ne pouvait que se serrer à la vue de la terre pour laquelle il avait cultivé tant de nostalgie toutes ces années. A y penser il n’avait pas grand-chose à y retrouver, sa vie étant désormais ailleurs. Même Takuya ne séjournait plus sur le sol nippon et son séjour serait beaucoup trop condensé pour qu’il puisse aller glisser un salut à Akira… Tous ces facteurs ne laissant plus qu’un goût de lourde appréhension au yakuza dont le regard vrilla sur le visage de la blonde. « Ca va aller ? » Il voulu s’en assurer avant qu’ils ne descendent de l'avion sur le point d’atterrir. Que la réponse soit positive ou négative ils devront quoi qu’il arrive descendre sur le sol nippon et se préparer au pire.
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Re: stay strong - Persé bby | Mar 26 Mai - 0:17 Citer EditerSupprimer
Elle ne le montrait pas, rien ne la trahissait, et au cas où son regard puisse le faire, elle portait des lunettes de soleil. Perséphone était assise là, dans cet avion, et tout ce qu’elle avait envie de faire c’était en descendre, que ce soit par la porte, ou en prenant un parachute et en sautant, mais elle n’avait aucune envie de se rendre au Japon. Soji n’y était même pas, Sôji n’y était pas encore allé, pourquoi devait-elle répondre à l’ordre de son père et s’y rendre, elle ? La jeune femme avait l’impression que c’était injuste, que tout était injuste depuis quelques temps, et surtout que tout la dépassait. Plus elle semblait aller bien, et moins elle suivait le fil de ce qu’il se passait dernièrement. Elle n’avait pas revu Sôji depuis un bout de temps, Shûji n’était plus en Corée, elle n’avait pas vraiment d’amies… Ça l’angoissait au quotidien, ce n’était plus le même état d’esprit qu’auparavant, elle ne savait plus comment s’y prendre à nouveau, elle avait peur de devoir tout réapprendre. Alors assise dans ce siège, elle espérait s’endormir, mais à quoi bon ? Le rêve ne serait certainement pas meilleur que la réalité. Kazuya tenait sa main, mais, elle demeurait immobile. Qu’en avait-elle à foutre de l’archipel quand tout ce qu’elle appréhendait était la conversation avec son père ?
« Non. » Répondit-elle en toute franchise, tout en retirant sa main de celle de son petit ami pour attacher sa ceinture afin de sécuriser l’atterrissage. Ses tympans sifflaient, elle avait l’impression qu’on lui criait aux oreilles, mais peut-être n’était-ce que l’expression de son inconscient ? L’avion se stabilise et s’arrête, on est au Japon. Sora se força à se lever, suivant Kazuya en marchant derrière lui. Il ne pourrait rien pour elle devant son père, et la boule qu’elle portait au ventre depuis qu’ils avaient mis les pieds à l’aéroport ne cessait de grandir. Elle en avait l’envie de vomir. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-elle pouvoir lui raconter ? Comment pourrait-elle ne pas lui dire que Soji est en vie ? Son fils adoré… A peine entrés dans la voiture, elle s’alluma une cigarette, la jeune se fichait royalement de savoir si ça dérangeait quelqu’un, ici, personne n’aurait rien à dire, mis à part le paternel. Les yeux fermés, la fumée glissant entre ses lèvres, elle comptait dans son silence les secondes s’écoulant. Et plus le nombre grandissait, plus elle savait qu’ils étaient près de la « maison ».
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Re: stay strong - Persé bby | Mer 3 Juin - 1:49 Citer EditerSupprimer
S’il y avait un mot adapté à la situation il serait tout trouvé : lâche. Sôji n’était qu’un crétin doublé d’un incapable et teinté de lâcheté. Beaucoup pour un seul homme, en somme. Il brillait par son absence, laissant à sa fragile sœur tout le poids des responsabilités qu’impliquait le clan, comme si elle n’en avait pas vécu assez jusqu’ici. Kazuya déplorait la situation, l’insultant un peu plus à chaque minute passant sur le cadran tandis qu’il tentait de rassurer tant bien que mal sa bien-aimée. Malheureusement le silence était plus précieux que le moindre discours bancal, rien ne pouvant faire oublier leur destination. Aucun bon côté n’était à trouver hormis le fait de se sentir enfin chez soi. La sortie de l’avion se fit dans le silence tout comme la récupération des bagages pendant laquelle Kazuya veilla à garder un oeil sur Sora juste au cas où elle aurait l’idée saugrenue de se sauver. L’avantage depuis qu’il était passé du garde du corps au copain était l’autorité naturelle qu’il opérait dorénavant sur la blonde sauvage.
Petit à petit la posture professionnelle que pouvait adopter Kazuya sur sa terre natale revint comme un automatisme. Menton relevé, regard vide, bouche close, le Japon lui rappelait ô combien il devait prendre sa profession au sérieux. Un électrochoc redouté qui trouverait probablement son paroxysme lors des retrouvailles avec le clan. Au fur et à mesure il avait lâché prise, s’autorisant l’affection qu’il pouvait porter à Sora, une Sora qu’il avait cru retrouver peu à peu depuis ce changement radical dans leur relation et qu’il craignait de perdre de nouveau. Retrouver Perséphone était inenvisageable. Profitant d’un instant en tête à tête dans l’immense ascenseur de l’aéroport, Kazuya lui vola le plus long baiser langoureux de l’histoire avant que les portes ne s’ouvrent sur l’image sur laquelle elles s’étaient fermées. « Un chauffeur nous attends. Quand on sera arrivés je ne serai plus ton garde du corps attitré. » siffla-t-il discrètement avant qu’ils n’atteignent le véhicule envoyé par le chef. Son statut lui avait été attribué dans le cadre de leur exil en Corée, revenant ici il n’avait plus aucune raison de la suivre comme son ombre puisque le chef le disposerait dès les premiers instants à n’en pas douter. Installé à ses côtés sur la banquette arrière après lui avoir ouvert galamment la porte, Kazuya passa rapidement le revers de sa main sur son front, assez stressé par la perspective de rentrer au bercail. Ca n’assurait rien de bon et il espérait par-dessus tout que le boss serait satisfait de lui. Mais ça ils seraient vites fixés puisque le trajet silencieux prenait fin. Sortant sans dire mot ni même un regard pour Sora Kazuya sortit de la voiture, n’ayant nullement besoin d’aller ouvrir la porte opposée puisque des hommes s’en étaient déjà chargés. Il avait réussi : il venait de ramener la princesse Kato chez elle. Dans son ombre il se contenta de la suivre, à défaut de lui prendre la main pour l’encourager il ne pouvait que la supporter mentalement. Lui qui vivait déjà mal la situation.
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Re: stay strong - Persé bby | Mer 3 Juin - 10:33 Citer EditerSupprimer
Sora sait parfaitement, que sa vie est loin d’être un conte de fées. Pourtant, même si elle est totalement consciente de cela, elle sait aussi que malgré tout, elle a un prince. Un prince charmant qui la délivre de Perséphone à chaque fois qu’il l’embrasse. Les portes de l’ascenseur se fermèrent, et derrière ses lunettes de soleil, la jeune femme luttait du mieux qu’elle le pouvait pour ne pas pleurer. Les bras de Kazuya se fermèrent pourtant autour d’elle, et ses lèvres rencontrèrent les siennes. Elle manqua d’air, il lui volait son souffle, et pourtant, Sora n’avait pas envie que le baiser prenne fin. Cependant, elle se vit obligée de lâcher le haut de Kazuya, qu’elle tenait si fort entre ses doigts, qu’on pouvait parfaitement voir qu’il était froissé à deux extrémités. Elle ne devait pas laisser ses larmes couler, elle n’y avait pas le droit, elle ne s’en donnait pas le droit. Elle ne devait pas laisser qui que ce soit voir sa peine, voir sa douleur, et voir à quel point elle était perdue dans ses pensées. Avant de monter dans la voiture, elle se figea à l’entente des mots de Kazuya. Sora aurait voulu lui crier dessus, lui cracher le même genre de venin, et peut-être même lui envoyer son poing dans la gueule. Comment pouvait-il dire cela si calmement ? Comment pouvait-il sous entendre que sa mission était finie ? Il en savait quoi ? Ce n’était pas lui qui décidait, mais elle. S’il était devenu son garde du corps, c’est parce qu’elle l’avait voulu et demandé auprès de son paternel. Mais elle ne dit rien, elle se contenta simplement de ne plus adresser un regard à ce désormais simple employé.
Le trajet en voiture se fit bien trop court, et enchaîner les cigarettes ne la calma en rien. Le véhicule s’immobilise devant la demeure, et la jeune femme se racle la gorge, remettant ses lunettes de soleil bien en place. Des gardes, des gardes, et encore des gardes. Et au bout, près de la porte, une des femmes de chambre, celle qui en avait la responsabilité. Cette bonne femme n’apprécierait pas de voir que les cheveux de l’héritière étaient désormais si courts. La coiffer d’un chignon deviendrait impossible. La porte de la voiture s’ouvrit, et Sora mit un pied dehors, puis l’autre. La tête haute, le dos droit, le menton levé, c’est ainsi qu’elle apparut, remettant d’un rapide coup de main ses vêtements en place, même si cela était inutile, elle les troquerait contre un yukata des plus précieux à l’intérieur. Elle se mit à avancer, et à son passage, les gardes s’inclinaient pour former un angle bien plus aigu que 90º degrés. « Ojou-sama ». Elle entendait à nouveau ces mots sortir de la bouche de tous, lorsqu’elle leur passait devant. Avant de monter sur cet élément de la maison japonaise qui liait l’intérieur et l’extérieur, Sora quitta ses chaussures à talon, enfilant alors des gettas traditionnelles, hautes et instables, qui ne lui posèrent aucun problème. La bonne femme s’inclina alors, souriant quelque peu en souhaitant un bon retour à la princesse. « Je ne veux personne pour m’aider à me changer. » Pas de salutations de la part de Perséphone, juste un ordre. Elle savait que dans sa chambre, sa tenue l’attendait, et qu’après cela, elle pourrait aller voir son père. Trop de formalités, trop. Elle aurait souhaité, aimé, que comme dans toute famille, l’enfant rentrant à la maison, le père vienne de lui-même l’accueillir.
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Re: stay strong - Persé bby | Jeu 4 Juin - 0:54 Citer EditerSupprimer
De nouveau il n’était plus que l’ombre de Sora. Marchant dans ses pas, imitant sa trajectoire en enlevant à son tour ses chaussures il avait cet étrange sentiment que lui procurait le retour à leur vie normale. Car désormais ce qui était normal c’était d’aller travailler à l’université, de veiller sur Sora et de rencontrer quelques gens en dehors. En somme tout ce qui se rapprochait d’une vie plus ou moins normale. Revenir en ces lieux ne faisait que leur rappeler l’évidence dans laquelle ils étaient nés. Ils n’étaient pas des citoyens lambdas mais bel et bien des yakuzas. Chacun son rôle, chacun sa responsabilité. Ce n’était que le début et malgré son visage vide d’expression Kazuya sentait déjà le frisson du changement opérer en lui. Si jamais ils avaient la chance de pouvoir réserver leur vol retour ils auraient cet échos du clan résonnant dans leur tête. La princesse et le garde du corps. C’était ainsi. Ne pouvant qu’assister à l’humeur incendiaire de Sora sans dire mot, il la suivit jusqu’à la porte de sa chambre où il prit place, mains jointes et regard fixe afin d’attendre sa sortie. Il trépignait d’impatience d’aller voir ses parents et pourtant eux-mêmes devaient respecter la procédure. Jamais son père ne serait venu pour l’accueillir en sachant qu’il était encore missionné. Son rôle prendrait fin lorsque le chef l’aurait décidé, c'est-à-dire probablement dans une poignée de minutes et dès lors il serait apte à retrouver sa famille. Un protocole contre lequel il n’arrivait même pas à se révolter tant il le respectait.
Elle prit son temps. Evidemment. Kazuya ne la connaissait que trop bien pour savoir qu’elle ne se précipiterait pas tout simplement par vexation. Sora avait la fâcheuse tendance à toujours espérer. Ca pouvait être une qualité, certes, mais c’était dans son cas source de nombreuses des déceptions. Le temps fut long. S’il n’avait pas du respecter son statut de princesse il aurait déjà toqué à la porte en la priant de sortir sauf que là il ne pouvait plus rien au risque d’être perçu trop familier. Enfin elle finit par sortir. Ne pouvant même pas admirer le résultat au risque que son regard ne soit intercepté il se contenta de la suivre une nouvelle fois. Le combat de lions allait commencer et il savait pertinemment qui serait le perdant. Sa petite cuillère était déjà prête pour ramasser Sora de toute façon.
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Re: stay strong - Persé bby | Jeu 4 Juin - 10:22 Citer EditerSupprimer
Longeant les couloirs, montant les marches, c’est en arrivant non loin de sa chambre, que Sora tourna la tête. Elle avait besoin de regarder Kazuya, elle en avait besoin. Même si elle ne devait pas, elle ne s’en priverait pas. La jeune femme n’avait toujours pas quitté ses lunettes de soleil, et elle pouvait ainsi constater, derrière les verres miroitants, que son petit ami n’était plus, son garde était revenu. Ironie. Oui, c’était de l’ironie, ou du foutage de gueule, allez savoir, mais quand on sait que Kazuya passait son temps à vouloir garder Sora auprès de lui pour faire fuir Perséphone, le fait qu’il revienne au stade « garde » plutôt que « copain » semblait ironique pour la japonaise.
Quand elle fit coulisser la porte de sa chambre, la douce main de la demoiselle tremblait vivement. Elle la referma. Ses jambes lâchèrent prise. Sora s’écroula au sol, éclatant en sanglots, les étouffant du mieux qu’elle le pouvait en mordant son bras. Elle ne voulait pas être ici, mais elle ferait son devoir. Elle ne voulait pas être ici, mais elle assumerait ses responsabilités. Elle ne voulait pas être ici, mais elle ferait toujours face à son destin. Au moins, elle savait que dans ce dernier, le type qui se tenait vide de l’autre côté de la porte, ne la quitterait jamais. Jetant ses lunettes de soleil plus loin, elle se releva non sans mal, contrôlant du mieux qu’elle le pouvait sa respiration. Ses vêtements tombèrent les uns après les autres, pour la laisser enfiler ce yukata aux fils d’or, aux couleurs vives, aux dessins délicats. Se regardant dans le miroir, elle arrangea son maquillage qui avait coulé. Et puis, elle réalisa. Elle était dans sa chambre. Ses poings se serrèrent vivement, et ses yeux se posèrent sur chaque petit objet, photo, ou signe de Sôji dans cette pièce. Ces affaires qu’elle avait tant chéries parce qu’elle le croyait mort. Entre ses doigts, elle tenait la photo de ce débile ; elle la coucha, même en vie, il n’était pas assez présent. Sora allait sortir de sa chambre, quand elle croisa la petite photo qu’elle gardait de sa mère. Elle sourit tristement ; et toi maman, tu ne reviendrais pas ?
La porte s’ouvrit enfin, et c’est le regard triste qu’elle passa à nouveau devant Kazuya, lui frôlant la main, avant de fourrer les siennes dans les poches de sa tenue. Ses gettas claquaient au sol, et le silence était pesant. Son père devait se trouver de l’autre côté de la maison, dans le doûjo à tous les coups. A la présence plus dense de garder en y approchant, elle savait qu’elle avait raison. C’est d’un geste de main qu’elle les faisait bouger, s’écarter.
Ses doigts tenaient les poignées, mais elle mit quelques secondes à ouvrir. Elle sentait le souffle de Kazuya derrière elle, ou plutôt elle entendait sa respiration. Ils entreraient tous deux, mais, Kazuya serait le premier à en sortir, après que le père ait jugé que sa fille est sauve. Le père ne dirait rien de plus au garde, ce serait elle qui lui ferait un compte rendu plus tard, ce serait elle qui annoncerait au garde ce qu’il en adviendrait de leur personne.
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Re: stay strong - Persé bby | Ven 5 Juin - 23:59 Citer EditerSupprimer
Aucun regard ne lui était permis. Sora pouvait bien faire tout ce qu’elle voulait, elle, mais lui était condamné à se tenir à carreau. Captant cependant la moindre des tentatives de la nippone, Kazuya ne réagissait pas. Elle pouvait lui envoyer tous les signaux du monde qu’aucun trait de son visage ne bougerait. L’enjeu était important voir même vital, leur petite histoire ne devait être connue de personne ici pas même du moindre commis. Personne. Se tenant droit derrière elle, Kazuya la suivait sans piper mot dans une stature qui lui avait presque manqué. Il ne pouvait pas nier aimer son métier d’autant plus qu’être encore pour quelques minutes le garde du corps personnel de la fille du chef devant tout le clan lui procurait une énorme satisfaction. Il n’avait pas failli à son rôle et espérait même livrer la princesse Kato dans un meilleur état qu’il lui avait été confié. Au fur et à mesure qu’ils s’avançaient ses collègues, eux, s’éloignaient et c’est une fois devant les portes lorsque Sora eut les mains scotchées aux poignées qu’elle n’osait pas ouvrir qu’il se décida à lui souffler son soutien. « Vas-y. » Il aurait aimé la faire plus tendre mais il ne pouvait malheureusement pas d’y risquer, du moins il ne le souhaitait pas.
Rapidement Kazuya fut congédié après un bref remerciement, le chef souhaitant s’entretenir personnellement avec sa fille. Obéissant aux ordres il sorti discrètement et s’installa devant la porte. Sa place était hiérarchiquement la plus proche de la porte puisqu’il était officiellement le seul garde à assurer la sécurité personnelle de mademoiselle Kato. Demeurant au qui-vive dans une position fixe, habitude pour laquelle il avait perdu les sensations en trois ans, il attendit. Son oreille tenta vainement de capter le moindre son et ce fut finalement de nombreuses minutes plus tard, pour ne pas parler d’heures, que la porte s’ouvrit. Sans même s’en rendre compte il retint son souffle, abrégeant son stress comme il le pouvait. Indéniablement quelque chose venait de ce jouer dans cette salle, chose à laquelle il était indirectement lié et il comptait sur Sora pour l’en tenir informé même si le chef n’y manquerait pas d’ici peu.
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Re: stay strong - Persé bby | Sam 6 Juin - 14:13 Citer EditerSupprimer
“Onna-oyabun”, ces deux mots, ce terme, cette expression résonne dans son esprit lorsqu’elle se lève. Elle s’incline une dernière fois devant son père, qui garde un air grave. Il n’a pas souri, pas une fois. Tout ça parce qu’elle ressemble à sa mère, même avec ses cheveux courts et blonds, elle est la réplique de sa mère. On dirait que le temps a permis au chef d’oublier le cauchemar de sa fille, de continuer à vivre en s’adaptant à la nouvelle situation. Ce milieu est bien plus cruel qu’on ne peut l’imaginer. Sora fait coulisser la porte, son visage est vide. Vide d’expression, de couleur, son regard est éteint. « Que quelqu’un m’amène de l’eau. Eiji, suis moi ; que personne d’autre n’entre dans ma chambre. » Même sa voix était éteinte.
Le bruit de ses gettas était léger et lent, elle fixait le sol en marchant. Il y avait tant à réfléchir, tant à penser, et il y a eu tant qu’elle a tu. D’un léger signe de main, Sora fit comprendre à Kazuya de fermer derrière lui. La porte fermée, la jeune femme laissa ses tremblements se montrer, alors qu’elle prenait dans son sac son paquet de cigarettes, en allumant une non sans mal. Onna-oyabun. Elle ne voulait pas devenir ça. On appelle « oyabun » le chef d’un clan, celui qui en est à la tête. Rares sont les femmes dans le milieu, rares sont les femmes qui y ont du pouvoir. Elle prendra la place de son père, c’était certain, elle était la seule héritière. Mais ça c’est uniquement ce que son père croit. Pourquoi ne décidait-il pas de léguer son empire à son second ? N’est-ce pas ce que tout le monde fait ? Les clans aux alentours, passaient le pouvoir à leurs hommes de confiance, et non pas par des liens de sang… Sora avait espéré que son père fasse de même ; il la déteste non ? Alors pourquoi ne pas faire ainsi ?
« Ta mission n’est pas finie… Je… J’ai autorisation de finir mes études… et il te félicite, même s’il trouve que tu aurais dû m’empêcher de rendre mon physique aussi provoquant, enfin, il a dit que je ressemblais à une pute pour être exacte… » posant ses fesses sur une chaise, elle fixait sa cigarette, elle n’osait pas regarder Kazuya en face de peur de se mettre à pleurer. « La situation ici s’est beaucoup apaisée… Et mon géniteur est fatigué… il pense donc à laisser sa place bientôt… il m’a donné deux options… » elle ne voulait aucunement devenir Onna-oyabun… mais, l’autre option ne lui semblait pas plus adaptée. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle mette ses idées au clair, qu’elle trouve une porte de sortie… mais pour le moment, les mots de son père l’avaient bien trop troublée. « Je peux continuer de travailler, d’étudier… mais, lorsque ce sera fini… je dois choisir… »
Sa voix n’était plus qu’un murmure désormais, la fumée quittant seulement parfois ses lèvres pour tout mouvement de la part de la jeune femme. « Kazuya… je dois choisir entre revenir et prendre la tête de tout cet enfer seule, ou épouser le second du clan Yamaguchi afin de souder ces deux putains de clans… » elle ne serait alors que la « femme de », elle serait une ombre dans le décor, uniquement un trophée à montrer.
« Je n’ai pas réussi à le dire, à dire que Sôji était en vie pour me défendre, je n’ai pas réussi à me défendre tout simplement, il n’aime rien de ce que je fais, il pensait que j’étudierais quelque chose comme la médecine ou le droit, ça ne sert à rien d’être photographe… Mes cheveux sont une honte, mes tatouages une blague, tout ça parce que j’ai tatoué le prénom de Soji sur ma peau, et celui de ma mère… Il n’a cessé de répéter que je devais arrêter de vivre dans le passé, pourtant n’est-ce pas lui qui continue de voir en moi ce qu’il a perdu ?! Il dit que lorsque je rentrerai, il sera sûr que j’emprunterai la bonne voie, la voie qu’il a choisi, et vu qu’il ne sera pas « mort » il pourra veiller à ce que je ne fasse aucun faux pas… » sa voix était toujours aussi basse, aussi grave, de peur qu’on l’entende. Elle écrasa sa cigarette, et redressa enfin le visage, ses yeux étaient désespérés. « Je ne suis qu’un pantin au final… »
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Re: stay strong - Persé bby | Sam 6 Juin - 22:15 Citer EditerSupprimer
Docilement Kazuya marcha dans ses pas. Le silence religieux planant autour d’eux ne rendait le chemin que plus pesant. Pour le nippon le suspens demeurait entier. Rien qu’à la tonalité de la voix de Sora il avait pu deviner l’annonce d’une mauvaise nouvelle, il ne restait plus qu’à savoir laquelle. Les possibilités étaient infinies cependant il n’y avait aucune surprise : tous deux savaient à quoi s’attendre en venant ici. Il était évident que rien ne serait aussi facile qu’ils s’étaient plus à l’imaginer le temps de quelques mois pourtant Kazuya n’était pas dans la mesure de deviner ce qui l’attendait. Refermant doucement la porte derrière eux, son visage se décrispa légèrement rien qu’à cette idée d’intimité. Ce masque ne lui avait jamais été aussi pesant à cause de toute cette pression qu’il se mettait de peur d’être démasqué. Les mots qui filtraient la bouche de Sora ne lui déplaisaient pas, un fin sourire vint même se dessiner sur ses lèvres lorsqu’elle lui confia les félicitations du chef. Mais surtout le plus important était là : il ne quittait pas son poste. Sa plus grande crainte était soulagée mais à un prix qui ne demandait qu’à être annoncé. « Moi je te trouve plutôt sexy comme ça. » Le ton léger en maitrisant tout de même le volume de sa voix, il avait pleinement conscience de l’état de son interlocutrice qui ne semblait pas aussi emballée qu’elle devrait l’être à l’annonce de toutes ces bonnes nouvelles. Se rapprochant d’elle, il s’appuyant contre un meuble à hauteur de ses fesses en l’écoutant continuer. C’était une bonne chose que les choses se soient apaisées, tout comme le fait qu’elle puisse terminer ses études tranquillement. Ça lui donnait un temps de repos encore conséquent et il espérait que pendant ce délai elle puisse totalement se rétablir de son traumatisme. Sora était encore cruellement fragile à l’heure actuelle, il lui fallait se renforcer d’avantage. Il laissait trainer le silence afin qu’elle continue et se décide à lui exposer ses deux options. Ses yeux s’arrondirent au fur et à mesure que le flot de mot coulait de sa bouche. C’était une colère sans demi-mesure qui grimpait en lui et dans un self-control totalement maitrisé il se contenta de serrer les dents et de lâcher un sec « Quoi ? ». Sourcils durement froncés, ce simple mot qu’il venait de prononcer était lourd de signification. Elle savait très bien ce qu’il voulait sous-entendre. Où était passé Sôji dans l’histoire ? Il ne pouvait pas s’en tirer comme ça et laisser Sora en pâtir pour lui. « Tu dois lui dire. Regarde l’état de la situation, tu ne peux pas tout assumer toute seule et briser tout ce que tu as réussi à reconstruire. » Se maitrisant pour ne pas hausser le ton et inquiéter les personnes de l’autre côté de la porte, ses sourcils se défroissèrent petit à petit. Le regard toujours dur, il le planta sévèrement dans le sien. « … tu ne peux pas épouser Yamaguchi. » car la raison profonde de sa colère était là. Impossible pour ce possessif de l’accorder à une autre et encore moins à ce type. Peut-être n’était-elle qu’un pantin mais si tel était le cas il demeurait son garde du corps. Son existence même était de la protéger et le choix allant dans cette direction était très vite fait. « Je vais me charger moi-même d’aller informer le chef que ce qui te sert de frère est bel et bien vivant. » Rapidement il se redressa et sans demander son avis il tourna les talons, déterminé à annoncer la nouvelle à son chef. Après tout c’était son rôle que de lui faire un compte rendu et en aucun cas il n’y allait avec intimidation.
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Re: stay strong - Persé bby | Dim 7 Juin - 0:40 Citer EditerSupprimer
Sora était bien trop blessée actuellement comme pour ne serait-ce saisir la légèreté dans les mots de Kazuya, de saisir la tentative de la calmer qu’il énonçait. Non, elle était bien trop perdue dans ses pensées pour y prêter de l’attention. Revenir et demeurer seule, revenir et se retrouver partageant sa vie à un inconnu. Enfin, il ne lui était pas si inconnu, bien sûr qu’elle le connaissait, mais elle n’avait jamais accroché avec lui, elle ne l’avait jamais trouvé agréable à son goût, beaucoup trop prétentieux et imbu de lui-même. Elle pouvait comprendre ce que cette liaison donnerait ; le clan Katô, si puissant du côté de Tokyo et le Nord du pays, le clan Yamaguchi, si important à Kobe et dans le sud… Cela avait du sens, mais elle ne voulait pas le saisir, elle refusait de le saisir.
« Quoi ? » elle releva la tête en entendant ce simple mot. Pourtant, Kazuya, il avait bien entendu, elle ne pourrait répéter ce qu’elle vient de dire. Sa gorge se nouait, plus elle le regardait, et plus elle avait mal dans sa poitrine, plus elle avait la sensation de ne savoir respirer. D’ailleurs, sa respiration se fit de plus en plus forte, comme si elle tentait par tous les moyens de faire entrer l’air dans ses poumons. « Ce n’est pas à moi de lui dire, Sôji doit lui dire, c’est à lui de s’annoncer, on ne fait pas revenir quelqu’un d’entre les morts à la légère… » Les yeux de Sora étaient accrochés à ceux de son petit ami. « Je n’épouserais personne d’autre que toi… » répondit-elle d’une petite voix, sans s’en rendre compte. Elle avait parlé sans réfléchir, son inconscient avait été bien plus rapide que son cerveau. Elle préférait encore mille fois vivre seule, que mal accompagnée. Elle savait déjà ce que c’était que d’être touchée par quelqu’un que l’on ne souhaite pas, elle ne se forcerait jamais à revivre quelque chose de semblable. Sora était perdue, elle semblait retourner dans sa cage. Comment avait-elle pu être si stupide ? Penser que son père pouvait maintenir cet état d’esprit qu’il affichait il y a quatre ans maintenant… Pourtant, il semblait normal de vouloir que son père l’aime, non ?
Non. Kazuya ne fais pas ça. Non. « Non ! » Il était déjà parti. La jeune femme ne réfléchit pas, et se leva, rapidement, ses chaussures traditionnelles claquant sur le sol en bois. Sortant de sa chambre, elle croisa une des servantes, qui portait sur son plateau la carafe d’eau que Sora avait demandée plus tôt. La blonde lui fit juste signe de poser ça quelque part, alors qu’elle rattrapait Kazuya par le bras. Elle se fichait des gens présents qui passaient par là, elle se fichait des « frères » et des servantes, elle voulait juste l’arrêter. « Kazuya ce n’est pas à toi de le faire. » C’était presque une supplique.
Elle n’était qu’une idiote… à protéger son frère, son grand frère alors que lui allait lui annoncer des vertes et des pas mûres en rentrant en Corée. La prise de Sora se fit plus ferme autour de l’avant bras de Kazuya. Loyale, Sora était loyale à sa manière. Elle trouverait une solution, elle trouverait comment changer les choses, elle ferait changer son père d’avis, mais, il fallait réfléchir à tout ça. N’était-ce pas Kazuya qui réfléchissait aux choses avant de les faire et elle qui agissait sans peser les pours et les contres ?
La prise finit par être lâchée. Elle reprit sa main, la joignant à l’autre sur sa propre taille. « Viens, allons plutôt rendre visite à ta famille… » dit-elle bas, très bas, pour que lui seul puisse l’entendre.
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