est toujours quand j'ai décidé de rester tranquille pépère à la maison que les gens m'appellent pour sortir. Et pourtant c'est pas souvent hein, parce que quand je demande aux gens de bouger, bizarrement y a jamais personne. Enfin, presque jamais, mais bon, la majorité l'emporte. Mais voilà qu'on est venu me prendre par les sentiments. Aller jouer à la salle d'arcades. Non mais c'est vraiment petit, ouais, très petit même. Tout le monde sait que je ne dis jamais non à une sortie à la salle de jeux, parce que je kiffe jouer et surtout défoncer les gens à Tekken. Je suis imbattable à Tekken. J'ai faillit dire non pourtant. Parce que ce gars là, Shin, qui est aux dernières nouvelles mon demi-frère, ben c'est lui qui m'a appelé. Et franchement, je n'arrive pas encore à lui pardonner. Ni à lui, ni à papa en fait. Mais il avait tellement l'air sur les nerfs, que j'avais super peur qu'il débarque à la maison pour me traîner dehors et du coup que maman découvre tout et qu'il casse la bulle dans laquelle je vis encore un peu. Je veux pas que maman soit contrariée, tant qu'elle ne sait rien, tout ira bien. Et puis bon, le mec il sait jouer avec mes sentiments. Tsss.

Du coup je me suis habillé, j'ai mis mon pull Supreme que j'ai eu pour mon anniversaire, mon jean, mes Timberland et mes plus belles lunettes. Il faut avoir de belles lunettes pour prétendre au titre de roi de Tekken. Et ouais. Heureusement que je ne vis plus à la maison depuis longtemps, papa m'aurait demandé où j'allais et avec qui. Et puis quoi encore ? C'est parce que je vais voir son autre fils qu'il doit le savoir. Enfin bref, je sors du dortoir des Wonsu, je mets mon sac à dos sur le dos et je me dirige à pieds vers le quartier nord où la salle d'arcades la plus réputée de la ville se trouve. Ahlala, ça faisait longtemps que je n'y étais pas allé. Une fois devant l'établissement, je m'appuie contre un poteau pour attendre mon... euh enfin le gars là, Shin.

our je ne sais quelle raison, j’avais appuyé sur le nom de mon demi-frère en faisant défiler les numéros de la carte mémoire de mon portable. J’aurais pu appeler n’importe qui, mais c’était lui que j’avais choisi. Mon appel fut bref. Je lui ordonnais presque de me rejoindre à la salle d’arcade, sans même attendre sa réponse, je lui avais raccroché au nez. Attrapant ma veste et mes clefs, j’enfilais mon casque et grimpait sur ma bécane pour me diriger vers l’endroit du rendez-vous. Oui, je lui avais dit de venir toute de suite et maintenant alors la moindre des choses étaient d’être moi-même à l’heure. Je conduisais plus vite qui ne le faudrait. J’étais énervé et en colère. J’avais appris il y avait peu que la femme que j’aimais avait eu une histoire avec mon meilleur ami alors que j’étais au Japon à souffrir le martyr avec ce père adoptif de mes deux, et voilà que j’apprenais que le petit frère de celui-ci avait décidé que Bobae était à lui et la poussait à me quitter. Pourquoi une même femme avait-elle autant de prétendants ? Un seul ne lui suffisait pas ? J’avais la rage au ventre et j’avais envie de tout casser, de taper sur tout ce qui me passait sur la main. Je ne savais vers qui me parler pour en parler. J’avais l’impression d’être trahi de tous les côtés ces derniers temps. A croire que je n’avais pas droit à un peu de bonheur moi aussi. Alors je m’étais tourné vers Tae Ho. Demi-frère après qui j’étais en colère. Ou plutôt envers qui je crevais de jalousie. J’avais appris depuis peu que l’homme mort dans cette voiture au côté de ma mère alors que je n’avais encore que 2 ans n’était pas mon père biologique, mais que j’étais un gamin illégitime. Et j’avais retrouvé mon père pour apprendre qu’il avait un autre fils, qui lui, avait eu tout ce dont j’avais toujours rêvé. L’amour parental en premier. Alors je ne perdais pas une occasion pour lui mener la vie dure, même si c’était un comportement des plus puérils. J’avais l’impression que mon petit monde s’effondrait peu à peu. Je ne savais plus à qui me raccrocher. Pourtant, je ne l’avais pas appelé, car je voulais l’emmerder, mais parce que c’était la seule personne à ne pas encore déçue à ce point. Alors que j’arrivais à destination, je l’aperçu appuyé contre le mur. Ponctuel le petit ! Je me garais pile face à lui sur le trottoir, descendant de ma moto, j’enlevais mon casque, le saluant d’un signe de tête. « S’lut bro. » lâchais-je d’un naturel feint. « Viens, j’ai besoin de me défoncer sur les jeux d’arcades avant de peter une durite. » Sans même l’attendre, je pénétrais dans le bâtiment, me dirigeant directement vers les paniers de basket. « Une petite compet ca te dit ? » Rien de mieux qu’une compétition entre male pour décompresser un peu. Enfin, tout dépendant du pari qui l’accompagnait…

étais arrivé en avance, je déteste ça parce qu'à chaque fois j'me fais avoir et j'attends que les gens arrivent pendant trois heures. Bon j'avoue que la mon demi-frère il avait pas mis trop de temps et heureusement. Il faisait son crâneur avec sa moto là, c'est pour ça que je veux jamais le voir, il se croit beau pfff. Je sais même pas pourquoi il m'a demandé de venir, soudainement. Lui qui ne me parle jamais. On ne s'aime pas, c'est réciproque c'est au moins quelque chose qu'on a en commun finalement. Mais il sait bien que moi et les jeux vidéos c'est tout un truc, donc rien que pour ça je le déteste encore plus.  
Il arrive et me salue. Genre ! Genre il m'appelle bro ? Il va se calmer un peu le petit hein, c'est pas parce qu'on a le même sang qu'il faut s'imaginer des choses. Pour le moment pour moi c'est juste un gars. « S'lut... » Il me dit de venir parce qu'il a besoin de se défouler sur les jeux vidéos. Hé ho j'espère il m'a pas appelé pour passer ses nerfs sur moi hein, je veux pas me faire frapper, je suis pas une victime. Je suis sûr il profite du fait que je ne sois plus chez papa pour se venger. Se venger de quoi j'sais pas trop, mais il m'inspire tellement pas confiance...
Bref, j'entre à mon tour dans le bâtiment, ah ce bruit qui pète les oreilles mais qui en même temps me fait me sentir chez moi. Les bornes d'arcades, les jeux de palet, les machines à grappin, les karaokés individuels... Mais c'est là que je vois que mon demi-frère me connaît vraiment pas. Il attrape une balle au stand de basket et me propose une compétition. « Euh personne t'a dit que moi et le sport ça faisait 10 ? Je suis pas venu là pour me faire humilier. On peut jouer au jeu de palets si tu veux, mais le basket c'est mort. Sauf sur la PS4 mais ici y en a pas... »
Je parle rarement comme ça, froidement. Même à moi ça me donne des frissons, j'me reconnais pas. Mais je ressens une telle haine envers lui. Pourtant il n'y est pour rien, mais comme je ressens qu'il ne m'aime pas vraiment, automatiquement j'ai pas envie même de faire le moindre effort avec lui. Celui que je déteste vraiment c'est papa, mais j'ai pas envie que Shin rentre dans ma vie, j'étais bien comme fils unique moi.
Je me dirige vers la table d'à côté et met une pièce dans la machine. « En trois parties gagnantes, le perdant paye la limonade. » Ben ouais, ça donne soif ce jeu.

vrai dire, je ne savais vraiment pas ce qui m’était passe par la tête pour que j’appelle ce petit merdeux pour me changer les idées. Ok, j’étais fou de rage quand je l’avais, car je ne savais vers qui me tourner d’autre. J’aurais pu appeler Eri, mais elle se trouvait au Japon en ce moment. Elle aurait bien été capable de revenir juste parce que je le lui demandais, mais elle avait des choses à faire là-bas et je devais me tenir tranquille si je ne voulais pas tout foutre en l’air. Il y avait Boja aussi, mais elle se trouvait à une mauvaise place dans cette histoire, elle se retrouvait entre deux feux. Je voulais juste parler à quelqu’un qui n’avait rien avoir avec tout cela. Et mon demi-frère avait le meilleur profil pour cela. Alors que je pénétrais dans le bâtiment à la recherche d’un défouloir, je m’arrêtais sur les ballons de basket. Une idée qui ne plaisait guère à mon frère. Ok ! Le petit n’était donc pas un sportif. Bien qu’ici, il ne fallait pas être un grand talent pour pouvoir mettre un ballon dans un panier à 2 m de distance. Mais bon, monsieur avait parlé, il préférait le jeu de palais. Je haussais les épaules. Je m’en fichais bien à quoi on jouait finalement, tant que ca me défoulait. « Va pour les palais ! » Plus j’y réfléchissais et plus je m’apercevais que mon frère avait tout du geek parfait. Loin de ma façon d’être. J’étais plus dans la réalité que dans le virtuel. Bien que parfois, je donnerais tous pour être dans un jeu vidéo et non pas dans la vie réelle. Ce qui est un vrai paradoxe quand on réfléchit au comment nous avons vécu tous les deux. Lui a grandi au sein d’une famille presque parfaite avec l’amour parental. Tandis que moi, je commençais par être orphelin, pour finir battu par mon beau père. Alors que lui cherchais un monde imaginaire, je vivais dans monde réelle. Et je le détestais probablement un peu pour cela et pour beaucoup d’autres choses. Je le suivais de prêt alors qu’il mettait une pièce dans la machine. Je hochais la tête pour les trois manches gagnantes, mais pouffait littéralement de rire en l’entendant parler de limonade. J’avais une tête à boire ce genre de chose ? J’avais demande de quoi me changer les idées, mais là, j’avais droit à une vraie bouffée d’air frais. Je riais encore aux éclats, sincèrement, sans aucunement forcé pour la première fois avec lui. Je repris mon sérieux en voyant le palais tomber. Je m’en saisis et le mis en jeu. « Il y a au moins de la vodka dans ta limonade, rassures-moi ? » demandais-je un peu moqueur. « Prêt ? » Je tapais un coup sec dans le palais, ce qui l’envoyait directement vers mon adversaire. Il ricochait deux fois sur un coté de la table à une de ses vitesses que ca en devenait difficile de le suivre, avant de se diriger dans les buts enface sans détour. Je souris, fier. Ca en était presque trop facile. « 1-0 » déclarais-je, attendant que le jeune homme remette le palais en jeu.  

e grand fou, vouloir me faire jouer au basket... Et puis quoi encore ? Pourquoi pas pom-pom girl hein ? J'arrive déjà pas à assumer mes crises d'asthmes nocturnes du moment alors si en plus j'en rajoute à devoir faire style je sais jouer au basket, je risque de ne pas survivre très longtemps. Enfin bref, c'était pas compliqué de s'amuser ici de toute manière hein, y a tellement de choses trop cool qu'on se croirait presque au paradis, j'vous jure. Du coup au pif, j'avais choisi un truc qui ne demandait ni effort physique ni d'être un génie du jeu vidéo comme moi. Le jeu de palets, rien de plus amusant et à la fois compétitif. C'était donc lancé, en trois parties gagnantes. Ça pouvait durer longtemps comme être bouclé au bout de trois parties seulement. Mais je compte quand même le laisser gagner un peu, sinon ce sera pas marrant. Bon, j'avoue je dis ça sans vraiment savoir ce qu'il a dans le ventre. Voyons voir s'il tient vraiment de papa !

Après avoir annoncé le prix du gagnant, celui qui se dit être mon frère se met à exploser de rire. Il a quoi lui ? Il veut mourir ? D'où il rigole comme ça ?? On est pas pote, il a pas le droit de rire de ce que je dis... Et puis quoi encore. Il veut paraître sympa et me soudoyer j'en suis sûr... Enfin bon, on verra bien quand la partie sera terminée, rira bien qui rira le dernier. Mais il demande alors si au moins dans ma limonade y a de la vodka. Non mais lui, il est pas bien ? « De la Vodka ? Mais la vodka c'est comme le liquide vaisselle ! C'est ignoble, ew, rien que d'y penser j'ai des frissons... Nan moi je te parle d'une vraie limonade de bonhomme, avec du citron, des glaçons et de l'eau pétillante ! » Ben ouais, il s'attend à quoi ? De la vodka... Puis quoi encore ?

La partie commence alors, le palet tombe du côté de Shin. Je me concentre et me mets en position, prêt à réceptionner le palet et l'empêcher de passer, mais comme d'habitude, à vouloir l'intercepter, je le pousse contre mon gré dans la fente... Et un point pour l'alcoolo, un. Ça va pas se passer comme ça, c'est un coup de chance. « C'est tout ce dont tu es capable ? Moi on m'appelle la Terreur du Palet, et ouais monsieur. » Je dépose le palet devant moi et frappe un coup sec. BIM. En plein dans le mille sans même avoir ricoché sur les côtés. Je saute et je crie bien fort un 'YES' comme si c'était un exploit, mais c'est juste que c'est soulageant de prouver à ce mec que je suis pas un bon à rien. Il va bien voir qui je suis. « 1-1, bah alors elle est où la défense ? » Il n'y a que dans des moments comme ça que je provoque. Mes potos vous le confirmeront, quand je retourne ma casquette, je fais le vide dans ma tête.

e n’avais plus ris de la sorte depuis … depuis quand déjà ? Je n’en savais rien moi-même. Il m’arrivait d’avoir des coups de folie quand j’etais avec les F6, mais depuis mon entrée en Corée, j’avais l’impression que tout dérapait. Et d’apprendre que j’avais mon père biologique toujours en vie, m’avait mis dans une rage folle plutôt que de me soulager. Si il s’était un minimum intéressé à moi à l’époque, peut être que j’aurais pu avoir une vie normale, avec des parents, et peut être que ma vie aurait pris une direction tout autre. Peut être qu’elle aurait pu être plus facile, simplement. A la place, il avait choisi de m’abandonner. Et face à moi, se tenait sa progéniture. Celle qui l’avait choisi de garder. Le cygne blanc. Alors que j’étais le vilain petit canard. Bref, je n’étais pas prêt de lui pardonner de si tôt. De toute manière entre un père qui m’abandonne et un qui me bat, ca revient du pareil au même non ? ce fils. Tae Ho. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui chercher des noises. Il est de constitution plus fragile que moi. On voit au premier coup d’œil qu’il ne connait rien de la dure loi de la réalité, le nez toujours plongé dans le virtuel. « C’est toi qui n’a aucun gout, petit mioche. » lâchais-je à la fin d’un fou rire. Il n’avait sans doute même jamais avoir gouté à la vodka. Comment on pouvait détester ce genre de liquide qui apportait calme et libération ? « Entre nous, le vrai bonhomme ici, ce n’est surement pas toi. » le taquinais-je un sourcil toujours arqué, amusé de sa tirade sur la limonade. A son âge, j’érais dans les rues de la vie à la recherche de mecs à qui chercher la merde, prêt à frapper du poing. Je m’en fichais bien d’être amoché. Cela me permettait de me défouler, de me canaliser et de me sentir vivant. Ce n’était pas pour rien que l’on demandait de nous pincer quand l’on pensait rêver. La douleur, c’était la vie. C’était elle qui nous faisait nous sentir vivant. Lui, il avait été choyé. Il n’avait jamais rien connu d’autre. « Si tu me facilite la tâche en mettant toi-même le palais dans ta propre fente, ca n’a plus aucun intérêt. » me moquais-je, me remettant en position, prêt à réceptionner le prochain palais. « La terreur du palais ! Laisse-moi rire. » C’est fou comme il pouvait être vite content alors qu’il avait clairement profité d’un moment d’inattention de ma part pour marquer. Alors qu’il sautait encore comme une fillette sur lui-même pour fêter sa première – et unique selon moi- victoire, je remis le palais en jeu, frappant directement dedans sans prendre la peine d’attendre qu’il se remette en place. BIM BAM BOUM. Un ricochet à gauche, un à droite et goaaaaaaaal !!!! « Bah alors ? Tu prends déjà la grosse tête monsieur la terreur du palais. » Ricanais-je alors que le score s’élevait maintenant à 2-1.

e vais pas me laisser faire. Je le vois bien venir à tenter de faire son malin tout ça parce qu'il est plus grand que moi et qu'il fait plus peur que moi. Mais j'ai pas peur ! Pfff il croit vraiment que je suis une mauviette et que je vais me laisser faire ? C'est pas parce qu'il boit de la vodka, lui, que ça m'impressionne, bien au contraire. Enfin bon en tout cas j'lui montre ce que je veux en égalisant. Je vais me laisser distancer. Gagner ou pas je m'en fiche, ce n'est qu'une question de timing mais je ne vais pas me laisser battre à plate couture. Il n'y aura quasiment pas de points de différence entre nos scores, ça je peux lui garantir. Depuis tout à l'heure il rigole comme si ce que je disais c'était des blagues, ça m'énerve un peu. J'aimerais bien qu'il me prenne au sérieux un peu, je suis pas un clown j'suis un humain. Pfff.

Mais j'dois avouer que je n'aurais pas dû m'exciter comme ça pour un point. Parce que visiblement ce qui me sert de frère ne connaît pas le respect comme je l'entends. Enfin je sais pas, ça ne lui est pas venu à l'esprit que prévenir qu'il est prêt à jouer ça fait partie des règles basiques pour une bonne entente durant un match ? « Tu pouvais pas prévenir que t'allais jouer ? Parce que dans de telles circonstances n'importe qui de sensé peut mettre un point comme ça. » Je n'aime pas m'énerver parce que déjà je ne sais pas vraiment m'énerver. Et puis il en vaut pas la peine. Mais s'il continue à se comporter comme ça avec moi, à vouloir me faire me sentir inférieur ou je ne sais quoi, moi je vais rentrer. « Et puis franchement, pourquoi moi ? T'as pas d'amis ? Tu pouvais pas appeler quelqu'un d'autre ? Parce que si c'est pour te défouler sur moi, ça ira. » Je lance de palet à nouveau. Il m'a tellement saoulé que mon tir fait sortir le palet du terrain.

Je m'en vais chercher le palet qui est parti presque à l'autre bout de la salle. Je prends mon temps, moins je vois sa tête plus j'ai la possibilité de retrouver mon calme. En revenant vers le jeu, je m'arrête pour acheter une barre chocolatée. Tout ça me donne faim ! Je reviens ensuite au jeu. « Bon maintenant on joue normalement, sinon ça sert à rien de jouer. » Je lance choque le palet à nouveau pour relancer la partie. Il a l'avantage, pour le moment mais je ne vais pas me laisser faire.

étais un mauvais perdant, je devais l’admettre. Je préférais gagner. Et puis, face à ce frère qui avait tout eu, je ne pouvais pas lui laisser prendre cette victoire aussi. Il avait tout, alors que je n’avais rien. J’avais dû apprendre à survivre par moi-même, seul et abandonné, alors qu’il était né au milieu d’une famille aimante. J’étais jaloux, au fond. C’était indéniable, mais jamais je me l’avouerais. Je préférais lui montrer que j’étais plus fort que lui malgré la chance qu’il avait eu jusqu’à maintenant. Je voulais le confronter à cette réalité si dure soit elle, qu’il y avait une autre vérité que son petit monde parfait. Je voulais lui ouvrir les yeux sur la lacheté de son père, qu’il n’était pas si magnifique qu’il voulait bien le laisser paraitre. Et même si je dois tricher pour obtenir cette victoire, je le ferais. Après tout, j’étais passé maitre dans le domaine de la manipulation et de la face cachée. Ma vie m’avait poussé à devenir qui j’étais aujourd’hui. Et même si je rageais contre ce père qui n’avait jamais voulu de moi, je ne regrettais rien de ma vie actuelle. J’avais enfin retrouvé une certaine stabilité, avec des amis qui étaient devenu ma famille au fil des années et une femme qui m’aimait pour ce que j’étais.

Il était si innocent et naïf. Il fallait que quelqu’un lui apprenne les dures lois de la vie, peu importe les conséquences. Et en l’occurrence, j’étais le mieux placer pour le faire. Son propre frère. Je ricanais. « Et on ne t’a jamais appris à rester concentrer tout le long d’un match et ne pas relâcher sa vigilance juste parce qu’on a marqué un malheureux petit point ? Les ennemis frappent tout le temps et n’importe quand. Il faut toujours être prêt. » Je l’avais dit sérieusement, comme perdu dans mes pensées. C’était un conseil, comme un maitre conseillerait son disciple. Je ne me moquais pas de lui, même si c’était probablement ce qu’il pensait. Je lui faisais simplement part de mon vécu, avec mon père adoptif. Si je voulais le faire tomber, il fallait que je reste sur mes gardes sans relâche, car il avait des yeux partout.

Je redressais la tête alors qu’il se plaignait comme un enfant, le regard sévère. Si je n’avais pas d’amis ? Au contraire, ils auraient été plus que ravit de me laisser me défouler avec eux. Ils auraient trouvé un moyen de déferler la colère que j’accumulais en moi en dehors. Surtout en étant au courant de mes pulsions meurtrières. Bien que c’était dangereux de m’énerver dans les moments tels que celui-ci, je ne toucherais pas à mon petit frère. C’était la seule famille qui me restait après tout. Et puis, il était en rien à ma frustration du jour. « Je voulais simplement passer du temps avec toi. » avouais-je à demi-mot, un rien géné de pouvoir admettre que j’avais une quelconque faiblesse. La famille, c’était ce qu’il y avait toujours le plus compté pour moi. La seule chose que j’avais toujours voulue. Et maintenant que j’avais une chance de m’en saisir, je n’allais pas m’en priver, même si j’étais maladroit dans la manière de l’approcher. Je regardais le palais voler sur le sol. Au fond, on se ressemblait. Lui aussi pouvait parfois peter les plombs pour si peu. Je le regardais s’éloigner comme si mon précieux se faisait emporter par les vagues au rythme du vent, loin de moi. Je m’appuyais sur le rebord de la table, les bras croisés, réfléchissant en attendant qu’il revienne.

Je me redressais comme avec une lueur d’espoir en le revoyant revenir. Un instant, je laissais entrevoir l’enfant perdu qui se cachait au fond de moi, avant de reprendre cette façade derrière laquelle je me planquais. Je me remis en position d’attaque. « Ok, je vais faire un effort. » me résignais-je un peu peur qu’il parte, me laissant lui aussi. J’espérais qu’avec lui, ce n’était pas une mauvaise manie qu’avaient les hommes de notre famille. « Mais va falloir d’habituer à me voir ainsi. Je suis pas quelqu’un de doux et tendre. Je suis quelqu’un de colérique et râleur. Je suis pas le frère rêvé, mais que tu le veuilles ou non, notre sang nous lie, et ca, on ne peut pas le renier. » Avec confiance, je frappais dans le palais pour le faire valdingue contre les bords de la table où il rebondit avant de revenir vers moi. Je refis le geste avec plus de douceur, l’envoyant tout droit sur Taeho.