Teach how to fight, I’ll show you how to win. Ce coup de téléphone, sans avoir le temps de réagir, de comprendre, de réaliser. J’ai le cœur qui lâche. Mes jambes tremblent et je m’effondre par terre avant même que Shin ait pu me rattraper. Inquiet il se précipite vers moi alors que je suis assise par terre, le regard dans le vide, le téléphone collé à l’oreille alors que Jin Hyun a raccroché depuis longtemps. Ecoute... Baekie a eu quelques problèmes et il ne va pas très bien. Je t'expliquerai tout à l'heure mais, pour l'instant, il faut absolument que tu viennes à l’hôpital ! Ses mots résonnent dans mon esprit. Encore, encore et encore … J’ai le souffle court et déjà un milliard de scénarios insupportables assaillent mon esprit. Je mets quelques secondes avant de réaliser la situation, et quelques secondes de plus pour réagir. Me précipitant à la voiture, Shin sur les talons, je fonce à l’hôpital. Je ne prends pas le temps de réfléchir, de parler. Je n’y arrive pas de toute façon. Les secondes me paraissent des heures, les minutes des jours. Le temps ralenti alors que mon cœur éclate dans ma poitrine. La peur panique qui me serre le ventre me donne envie de vomir. J’ai l’esprit en vrac et je n’arrive pas à me dire que Hwannie est à l’hôpital … pas très bien … ? Qu’est ce que ca signifie pas très bien ? Un soudain éclat de colère m’anime. Comment ça pas très bien ? Ca pourrait signifier un million de choses ! Jin Hyun n’a-t-il donc aucune pitié ? Comment peut-il me dire simplement ca … et me laisser dans le doute, dans l’ignorance. J’imaginais déjà perdre Hwan Baek. Mes yeux se remplir de larmes à cette idée alors que j’imaginais déjà le jeune homme se moquer de moi. Qu’est ce que tu peux être sentimentale … Avec son regard si dur. Je n’ai jamais réussi à ne pas être touché par ses mots.  C’est vrai, cet homme que je plaçais dans le centre de ma vie savait toujours taper là où ça faisait mal … je l’ai blessé comme il m’a  blessé. Et si je pensais qu’on pouvait être quitte j’ai toujours eut faux. Il préférait me sortir de sa vie. Est-ce que je lui manquais ne serait-ce qu’un peu ? Est-ce qu’il pensait à moi quand moi je passais ma vie à vouloir le retrouver. Des efforts j’en ai fait. Des excuses j’en ai donné. Des supplications j’en ai lancé. Mais jamais, jamais je n’ai su trouver les mots qui le feraient revenir vers moi. Je deviens folle de ne jamais le comprendre. et je le déteste, je le déteste de me repousser comme il le fait toujours. Moi je veux juste qu’il revienne dans ma vie, que notre amitié soit plus forte que ça mais il reste buté, il reste sur ses positions, il n’avance pas, il stagne et moi je crève de l’avoir à nouveau. Seule, parce que je le voulais, livide et tremblante j’arrive à l’accueil en demandant son numéro de chambre. Si tu dois me punir pour t’avoir caché la vérité sache que j’ai déjà assez souffert. J’avance dans le couloir lentement. Moi qui me suit précipitée vers lui pour le rejoindre le plus vite possible, j’ai désormais la sensation que mes jambes sont lourdes, mes pieds collés au sol. Je suis morte de trouille. Morte de trouille de le trouver inconscient, d’apprendre la pire nouvelle qui soit, morte de trouille de le voir me fixer avec son regard noir. Qu’il ne veuille pas de moi près de lui … Tremblante je tape faiblement à la porte avant d’entrer. Mon cœur lâche quand je le vois enfin, et tout autour de nous s’efface ; je m’engloutis dans un noir opaque. Il est là, abimé, cabossé. Il est là et j’ai l’impression qu’une éternité a passé. Je sais que je devrais faire attention, que je ne devrais pas pleurer devant lui, que je devrais … agir avec retenu, mais j’en suis incapable. J’ai cru le perdre et l’état dans lequel je le retrouve me crève le cœur. J’étouffe un sanglot dans le creux de ma main que je plaque contre mes lèvres avant de me précipité vers lui. J’enfoui mon visage dans le creux de son cou en serrant sa tenue d’hôpital dans mon poing. Je ne l’écrase pas, je ne le presse pas, je me contente juste de retenir mes larmes en le serrant contre moi maladroitement. C’est dans ce genre de moment que je me rends compte à quel point je peux l’aimer et c’est dans ce genre de moment que je refus de le perdre. Je mouille son cou de larmes silencieuses. Je n’ai toujours pas fait attention à Jin Hyun ou Su Ah. Il n’y a que lui qui compte de toute façon. Je me redresse en venant déposer un baiser maladroit et tendre sur sa joue « J’ai eu la peur de ma vie … »

Elle encaisse ses remarques, encore sous le choc de la nouvelle. Elle avait imaginé le pire et la réalité était tout aussi dur à supporter, mais elle ne le saurait que plus tard, quand elle aura reprit contenance, quand on lui aura dit, si on lui dit. Elle lève son regard vers Jin Hyun et Su Ah qu’elle semble voir pour la première fois. Elle s’incline légèrement pour les saluer ou les remercier elle ne sait pas vraiment. Elle s’essuie honteusement les joues et renifle discrètement. A vrai dire, en voyant la réaction de Hwan Baek elle se sent de trop dans la chambre. Pas à sa place ... cette place qu’elle a pourtant occupé pendant des années. Elle se mordille la lèvre et s’écarte doucement du lit. Elle a bien compris le message que voulait lui faire passer Hwan Baek. Attendre des nouvelles de Jin Hyun, voilà tout ce à quoi elle avait le droit ? Des nouvelles. Quand on daignera lui en donner. Mais elle ne dit rien. Elle encaisse, elle accepte. Elle ne sait plus comment se comporter avec lui. Elle s’est excusée, assez de fois pour rendre le jeune homme fou. Elle l’a engueulé, assez fort pour qu’il la repousse. Elle a pleuré devant lui, elle l’a supplié. Elle a même tenté une approche et de l’invité boire un café … il finit toujours par s’agacer, s’énerver. Il finit toujours par la repousser. Alors c’est donc comme ça que termine leur relation ? Elle veut bien prendre tous les blâmes, elle veut bien accepter que ce soit de sa faute, qu’on l’accuse de tous les torts mais putain il lui manque. Il lui manque à en crever et elle déteste cette façon qu’il a de la regarder avec un air condescendant comme si elle n’était plus rien. Plus rien pour lui. Oh bon sang qu’elle aimerait se tromper, oh oui elle donnerait tout pour se tromper. Elle s’efface, contre le mur, pour laisser passer Jin Hyun et Su Ah. Elle ne sait pas si elle voudrait qu’ils restent ou partent. Elle ne sait pas si c’est à elle de partir ou de rester. Si au moins … ils pouvaient retrouver un semblant de bonne entente. Elle ne veut pas l’amitié qu’il avait avant, pas tout de suite, mais qu’elle puisse discuter avec lui … lui dire qu’elle a trouvé un boulot décent. Lui dire qu’elle remonte la pente. Lui dire que ça va … mais elle le sait que ça serait la pire chose à dire, la pire chose à faire aujourd’hui. Elle voudrait pouvoir lui dire qu’il lui manque et qu’elle pense à lui. Mais là encore elle n’est pas sûre que ce soit une bonne idée. Elle sèche ses larmes parce qu’elle sait qu’il risque de détester ça. Elle se fait violence, mort sa langue, cache le tremblement de ses mains en les glissant dans ses manches. Elle finit par s’approcher de lui. Elle tire une chaise près du lit et s’y assoit. S’il voudrait la voir partir il se fourre le doigt dans l’œil. Elle tend une main vers sa joue et se dérobe pour dégager une mèche de son front. Elle ne sait même pas qu’elle question poser. Pour avoir les détails elle pourra toujours s’adresser à Jin Hyun mais au vu des marques sur son visage il s’est battu. Elle penche la tête sur le côté et l’observe à la dérober et lui lance, sans vraiment réfléchir, pour tenter de rendre la situation moins grave, moins pesante « Je préfère ton nez comme ça. La petite bosse ça te rend encore plus sexy. » Elle pince ses lèvres alors que ses mots lui échappent. Elle tente d’esquisser un petit sourire en coin alors que sa main glisse sur sa joue qu’elle caresse doucement. Elle évite ses blessures, elle évite ses bandages, et caressa sa peau douce de son pouce en levant son regard vers lui doucement, osant enfin l’affronter.

Je ne savais plus comment l’atteindre. Comment toucher son cœur. Mon naturel semblait l’agacer et mon innocence était partie en fumée sans que je ne m’en rende compte. Et j’ai ruiné notre amitié en pensant la protéger. J’aurais dû le savoir. Et cette simple vérité me collait la nausée. C’était elle qui me tenait éveillée la nuit, c’est elle aussi qui me faisait mal au cœur. Mais le fait est qu’aujourd’hui la situation est telle qu’elle pour nous. Et je n’ai plus à pleurer sur le passé puisque de toute façon je ne peux rien changer … je ne peux que me concentrer sur le présent et tenter d’arranger l’avenir. Mais quand je le vois je n’arrive plus à le comprendre, je ne sais plus ce qui pourrait lui plaire. Dire que nous sommes devenus deux inconnues me tue. Je déteste l’idée de nous voir changer autant, de nous voir grandir loin l’un de l’autre … Je détourne le regard un instant en reniflant. Je veux le retrouver lui, mais il semble tellement différent. Pas seulement parce qu’il est dans ce lit d’hôpital. Je veux l’atteindre, mais c’est comme courir après un fantôme. C’est comme lutter contre le vent. Je tente une blague, mais son regard se voile. Il change. Je me penche en avant, me cramponne à mon sac que je serre un peu plus fort dans mes bras et je le fixe. Il me demande de mes nouvelles. Je ne sais pas quoi lui répondre. Ça va ? Ça ne va pas ? Lui parler de Vogue ? Lui parler du Kurss ? Lui parler de Jae Mi ? De Benjen ? Pour dire vrai, ma vie est chaos que je n’arrive toujours pas à organiser. Mais lui avouer serait lui donner raison, ça serait lui faire croire qu’il a eu raison de partir … mais lui dire que ça va … c’est comme lui mettre sous le nez que ma vie va super bien sans lui. Alors je fais la seule chose que j’ai toujours su faire, enfin jusqu’à ce qu’on se sépare, prendre soin de lui. J’attrape doucement sa main et entremêle nos doigts avant de me mettre à masser doucement sa paume et le haut de son poignet. «Chaque jour est différent du précédent, je m’adapte. » répondis-je simplement en haussant les épaules. Puis j’ajoute, pour lui prouver que je m’en sors, pour lui prouver que je fais bien les choses, pour lui prouver que je peux le faire aussi « J’ai eu un contrat avec Vogue pour poser en couverture … » ca me parait tellement fou de dire ça … mais le piston a du bon. « Min Ho m’a demandé de poser pour lui. J’ai accepté. » Cessant mon message je reposais doucement sa main sans la lâcher avant de pouffer de rire. « Putain … tu me vois en couverture toi ? Sauf peut-être s’ils font le thème garçon manqué. » je secoue la tête avec un sourire malicieux en remontant sur ses avant-bras. Après ses matchs j’avais toujours l’habitude de le masser pour détendre ses muscles. J’ai l’impression de ne pas avoir fait ça depuis une éternité. Je veillais à ne pas lui faire mal et j’évitais les zones couvertes de bleus de son corps. J’ai envie de lui demander et toi ? Mais la réponse me paraissait si évidente … Les mots me manquent et je n’ai pas la moindre foutue idée de comment relancer la conversation s’il rebondit à peine sur ce que je venais de lui dire. Je me contentais de fixer mes gestes en me rapprochant toujours un peu plus de lui.

« Pas longtemps. » lui répond-t-elle doucement. « Je n’ai fait qu’un contrat, j’ai été pistonné. » elle hausse doucement les épaules, pas encore certaine de pouvoir reconnaitre sa beauté. Ca parait si fou. Elle qui vient de la rue, elle qui a grandi dans un endroit pauvre. Elle qui n’a réussi à faire cette couverture que parce qu’elle a tapé dans l’œil du directeur du magazine. Elle qui s’est retrouvé à sourire, figée, sur ce papier glacée parce que son ami la voulait. Parce qu’il voyait en elle, ce qu’elle n’avait jamais décelé. Une attitude, une présence, une beauté sauvage qui n’avait rien de particulier. Une jolie comme il y en a des milliers. Une fille mignonne. Une fille passable à qui le maquillage donnait des airs de reines. « Si, le magazine sort bientôt. Enfin je crois. » Ses mots sont faibles, elle a du mal à être loquace bien qu’elle le voudrait. Elle se pose trop de questions. Elle voudrait juste pouvoir retrouver leur naturelle, cette complicité qui les unissait sur ce terrain de basket. Elle aurait voulu retrouver ces sourires qu’ils partageaient. Il lui manque. Il lui manque plus qu’elle n’arriverait à lui dire. Mais après tout, les apparences sont contre elle. Et elle a tellement de personnes à qui elle tient dans sa vie qu’on l’accuse de tenir à n’importe qui. Mais ils ne comprennent pas. Ils ne comprennent que chaque attache est une part d’elle. Et Hwan Baek est celle qui l’a fait grandir. Ce gamin qui passait ses journées sur le terrain de basket près de l’orphelinat. Ce gamin qui lui  apprit à tirer des paniers. Ce même gamin qu’elle voulait impressionner. Le premier qui a été son ami. Son vrai ami. Et aujourd’hui ils en sont là. Par sa faute. Elle le reconnait. Elle a merdé. Elle s’est toujours cherché des excuses. Mais elle a abandonné. Elle l’a blessé. C’est tout. C’est tout ce qu’elle a fait. Et on s’en fou de savoir que ce n’était pas ce qu’elle voulait faire. Et on s’en fou de savoir qu’elle voulait juste le protéger. Le résultat est le même. Il a quitté sa vie. Il a quitté la sienne. Elle ne sait pas vraiment dans quel ordre c’est. Tout ce qu’elle veut c’est le retrouver. Savoir qui partage ses journées aujourd’hui. Si une fille lui plait. Si il l’a remplacé, aussi immature que cette pensée puisse être. « Oui surement » lui souffle-t-elle tout bas. Elle mordille son ongle en s’enfonçant dans le fauteuil et fini par lever le regard vers lui. Il parait si faible, si fatigué. Si lointain. Ne lui répondant que pour la bonne cause. Elle déglutit. Elle aimerait lui dire qu’il lui a manqué, qu’elle a eu peur, qu’elle l’aime. Mais ça rendrait l’ambiance pesante, tout du moins elle en est persuadée. Elle lutte contre l’envie furieuse de grimper dans ce lit et se blottir contre lui. Elle lutte contre l’envie de furieuse de se blottir contre lui. Elle veut juste souffler. Juste … Non, elle veut juste le comprendre. Pour savoir quoi faire. Quoi dire. Quoi penser. Elle se rend compte qu’elle est devenue silencieuse, perdue dans ses pensées. Elle le fixe toujours, de ce regard un peu flou. Elle finit par esquisser un sourire pour rendre les traits de son visage moins grave. Elle n’a pas les mots, parler pour rien dire, c’est toujours ce qu’elle a fait. Mais elle a appris à se taire. Et le silence ne lui fait plus peur. Elle attrape la main de Hwan Baek et se penche en avant pour y loger sa joue. Elle ne le regarde même plus, elle a trop peur de le faire fuir. Elle ferme les yeux et dégluti. Elle se fait violence pour ne pas pleurer. Cet idiot qu’elle aime. Il ne le voit même plus. Elle frissonne en sentant la chaleur de sa paume, et naïvement, retrouvant une part d’innocence perdue, elle se met à sourire. Elle sourit juste parce que la simplicité du moment lui fait du bien. Et elle profite, elle profite jusqu’à l’instant où elle sentira sa main lui échapper. Ce moment où il rompra le contact. Tu me manques. Mais comment lui dire. Les mots lui manquent et la peur de mal faire lui vrille le ventre.

Il retire sa main. Doucement. Sans se montrer brusque. Mais ça fait mal quand même. Je le laisse. Je le libère. Je me laisse retomber dans mon siège en souriant en coin. « Peut-être parce que mon meilleur ami est à l’hôpital. » j’arque un sourcil. Je le fixe, soudain un brin sur la défensive. Je regarde autour de moi et tente de chasser ce poids qui pèse sur mon cœur. J’ai eu peur. J’ai vraiment peur et je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais. Il m’écoute parler de mes conneries, de ma super chance de devenir mannequin. Et il est là, cloué au lit à avoir je ne sais quelle séquelle. Et putain j’en ai marre de toujours devoir faire attention à ce que je dis, à réfléchir avant de parler. Ce n’est pas nous ça. Ce n’est pas moi. Je me relève, juste pour pouvoir m’asseoir en tailleur sur ma chaise et je pose mon regard sur lui, triturant le bas de mon t-shirt sans vraiment m’en rendre compte. Reniflant je relève la tête vers la télé avant de lui dire  la première chose qui me passe par la tête « J’espère que tu captes toutes les chaines. » ouais, comme si c’était sa seule priorité aujourd’hui, comme si c’était la chose la plus importante. Je lâche un rire amer en baissant le regard. On joue une mascarade déplorable et j’ai beau vouloir faire que tout se passe bien je dois me rendre à l’évidence que rien ne pourra jamais fonctionner si je me contente d’agir comme j’espère qu’il le veuille. Osant enfin affronter son regard je finis par lui demander « Il s’est passé quoi pour que tu te retrouves ici ? » J’ai imaginé tous les scénarios possibles mais la réalité sera sûrement la pire. Ouais et je préfère qu’on en parle franchement, et une part de moi me dit qu’il préfère surement ne pas en parler, ni me dire ce que les médecins lui ont dit. Mais tourner autour du pot et parler de la météo ne fera avancer en rien notre relation. Et je veux qu’elle avant … je lui demande pas qu’on redevienne à celle d’avant, mais qu’il me laisse une place pour l’aider à supporter l’épreuve de l’hôpital …