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Deep in my bones, straight from inside

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Deep in my bones, straight from inside | Lun 22 Juin - 21:56
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Harumi.

Journée d’une banalité affligeante. L’ombre longiligne de sa silhouette rasait les murs dans une parade mythomane. Son visage n’avait même plus l’hypocrisie de cacher son inquiétude. Une inquiétude qui creusait ses traits chaque nuit un peu plus depuis son retour du Japon. Un retour aux sources dont il se serait bien passé. Chaque échange avec Sora menaçait de devenir électrique et l’avenir qu’écrivait le clan pour lui ne lui convenait pas. Après ces belles années d’illusion en exil il était temps pour lui de prévoir un retour à sa simple configuration de garde du corps. Difficile. Ce voyage fut un tel fiasco qu’il n’eut même pas de temps à libérer pour rendre visite à celles pour lesquelles il avait eu sa première pensée en posant de nouveaux ses pieds sur sa terre natale. Tout étant relatif. Harumi était un cas à part. Trois ans s’étaient écoulés et même s’il avait eu le temps de digérer la chose depuis il n’était dorénavant plus prêt à la rencontrer à cause du laps de temps trop grand séparant leur dernière conversation catastrophe. Il n’avait tout simplement pas envie de la voir, point barre. Drôle de coïncidence lorsqu’il se rendit dans ce qui servait de bureau à tous ces pequenauds de surveillants dont il faisait partie et qu’il découvrit sur une feuille volante le nom de la nouvelle recrue censée arrivée aujourd’hui. Le papier entre les doigts, lui qui ne pensait que passer son regard en travers resta les yeux collés aux lettres d’encre noire. Murasaki Harumi. C’était une blague ? Un homonyme peut-être ? Il osait penser que son grand amour masculin l’aurait prévenu d’une telle arrivée si telle avait été le cas. « J’ai pas croisé la nouvelle. Tu l’as vue ? » Lâcha-t-il faussement désintéressé en redressant son regard vers son collègue. Une bombe parait-il. C’était une définition qui pouvait coller à Harumi, oui, mais pas suffisant. Il se retint de lui imiter sa façon d’être pour qu’il lui certifie que cette fille au nom familier n’était pas celle qu’il pensait, déjà pour son honneur personnel et parce qu’on était jamais trop prudent. Sur le papier cette histoire était absurde et par conséquent impossible. Remerciant sans fioriture le brun à lunettes Kazuya reparti s’engouffrer dans les longs labyrinthes qu’étaient ces couloirs, le pas bien plus sec et rapide que précédemment. Son cerveau couvrait un big bang, un feu d’artifice de neurones ne sachant plus vous où se diriger. Quelle hypothèse, quel espoir. Car s’il y avait une chose dont il était sûr mis à part le fait qu’il n’ait aucune envie de la revoir c’était qu’elle lui manquait. Trop. Prenant le chemin de la salle de contrôle pour en avoir le cœur net en toute discrétion dans une forme de curiosité et d’appréhension il finit par pousser la porte de la pièce. Plutôt que sur les écrans son regard se posa directement sur la brune qui lui tournait le dos en se tenant au milieu de toutes ces lumières artificielles. Claquant la porte derrière lui dans la volonté de provoquer une réaction son souffle se coupa lorsque l’élégante silhouette révéla son visage. Ce visage de poupée qu’il n’avait pu admirer qu’au travers de photos tout ce temps. « C’est toi. » Se l’avouant à lui-même dans un long soupir il ne bougea pas d’un poil, focalisé sur elle. Ses courbes, son regard, sa posture… tout. Il connaissait tout par cœur. Déstabilisant ou plaisant, il ne savait pas vraiment. « J’ai cru à une blague. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu joues aux filles de second rang maintenant ? » Il se devait de savoir. Pourquoi personne ne l’avait prévenu ? C’était une conspiration ? Distant et la gorge serrée il attendait sa réponse.
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Re: Deep in my bones, straight from inside | Mar 23 Juin - 17:34
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Deep in my bones, straight from inside

kazuya & harumi

Le Japon lui avait manqué dès l’instant où elle avait posé un pied sur le sol coréen. Elle s’était dit qu’elle avait laissé toute une vie derrière elle, un tas de souvenirs, certains plus plaisants que d’autres mais des souvenirs quand même. Mais si elle n’était pas partie, elle était presque sûre qu’elle l’aurait regretté. Elle n’aurait jamais pu se résoudre à laisser son amie se volatiliser, imitant ceux qui l’avaient fait avant elle. Il ne lui resterait plus personne sinon. Plus personne de bien. Alors Harumi avait relativisé et s’était dit qu’ici, en Corée, elle trouverait bien mieux que des vieux souvenirs. Elle retrouverait ce qui lui avait manqué pendant trois longues années. Pourtant elle n’avait pas pu empêcher une pointe d’appréhension de fleurir au creux de son estomac en repensant à Kazuya. Trois ans. C’était long. Et leur dernière conversation avait été houleuse, catastrophique, chaotique. Sur le moment elle avait eu envie de le blesser, de le détruire et elle ne s’était pas retenue. Oui, elle s’en était voulue, des mois après, mais elle avait ignoré ses remords, pour ne pas changer. Et la voilà qu’aujourd’hui elle quittait son Japon d’origine pour la Corée et que le job qu’elle avait décroché n’était autre que celui de surveillante de l’université Yonsei. Comme lui. Elle ne pourrait pas l’éviter. Quoi qu’elle n’y comptait pas. Ils allaient forcément se retrouver l’un en face de l’autre et c’était ça que la japonaise appréhendait légèrement. De quoi leurs retrouvailles auraient l’air ? Harumi n’avait pas fait dans la dentelle quand elle avait mis fin à leur relation et, suite à cette dernière dispute, il n’y avait plus eu de nouvelles, plus rien.

    Elle n’avait commencé à travailler que le lendemain de son arrivée ; on avait eu l’amabilité de la laisser s’installer avant toute chose. Harumi s’était facilement intégrée, elle avait toujours eu ce genre de facilité. Elle ne savait pas réellement en quoi consistait son statut de surveillante –à part peut-être surveiller- mais elle ne doutait pas de ses capacités à s’adapter rapidement. Au cours de la journée, il n’y avait rien eu de bien intéressant : un jour comme un autre durant lequel elle avait commencé à découvrir le cadre dans lequel elle travaillerait chaque jour à partir de maintenant. Elle n’avait ni croisé ni aperçu Kazuya. Et ce seul constat la soulageait autant qu’il la décevait. Parce que malgré tout ce qui avait pu arriver, Kazuya lui manquait.
   Un de ses nouveaux collègues l’avait envoyée en salle de contrôle. Elle avait accepté, mielleuse, bien décidée à faire bonne impression même si, au fond, elle s’en foutait un peu. Qu’elle ait un travaille ou non, ça revenait au même. Elle avait plus décidé de prendre ce job parce qu’elle savait que ça l’amènerait à croiser Kazuya plutôt qu’autre chose… parce que oui, ce n’était pas le hasard qui était le maître de cette étrange coïncidence, c’était bien elle et ses doutes. Harumi se tenait au milieu des écrans, calme, imperturbable et silencieuse. De toute façon il n’y avait personne pour partager son temps, elle était seule dans cette salle. Du moins jusqu’à ce que la porte se claque, la faisant se retourner brusquement sans qu’elle ne perde pour autant de son élégance naturelle. Son regard se fixa sur la silhouette trop familière qui venait d’entrer avec peu de discrétion : Kazuya. Il s’était figé et Harumi avait fait de même. Son regard sombre le fixait comme si la japonaise tentait de se remémorer le moindre de ses traits alors qu’elle les connaissait sur le bout des doigts. Un faible sourire s’étira sur les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle se levait. « Toi aussi tu m’as manqué, Kazuya. » Sarcastique. Encore. Toujours. Harumi n’avait pas changé malgré les trois ans qui s’étaient écoulés. Ou presque pas.

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Re: Deep in my bones, straight from inside | Mar 23 Juin - 22:50
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Si ce matin on lui avait annoncé un meeting avec Harumi il aurait ri jaune. Déjà parce que c’était techniquement impossible et aussi parce qu’elle restait un sujet sensible sur lequel il ne savait pas se positionner. Le meilleur des moyens pour se fixer étant encore de la considérer comme indésirable. Rien que son nom sur le papier lui avait fait l’effet d’un électrochoc. Une sorte de panique contrôlée qui l’avait mené là où il pourrait vérifier en toute discrétion son doute sans paraître pour un malade à chercher une silhouette perchée sur des talons de quinze dans tous les recoins des couloirs. Finalement elle était là. Comme fraichement importée, toujours aussi belle et pimpante. Trop peut-être.
Il lui avait manqué. Quelle bonne blague, lui n’en croyait pas un mot. Toujours à jouer avec les sentiments des gens. Vipère. Aucune réaction ne lui parvenait, il ne pouvait s’empêcher de rester là à constater sa présence surréaliste. La toucher, sentir son odeur, aurait été une assurance de sa réelle existence pourtant il bataillait pour ne pas se laisser avoir. Elle avait forcément quelque chose derrière la tête, la Harumi qu’il connaissait n’agissait pas sur de stupides coups de tête. Elle était encore plus maline que lui. Rien qu’à cette pensée il bascula de l’émotion à la colère, ses sourcils se fronçant un peu plus à chaque syllabe sortant de sa bouche. « Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi personne ne m’a prévenu ? » Il la bombardait de ses questions autoritaires avec toute la sècheresse qu’il pouvait y mettre. La nippone était en quelque sorte la seule à pouvoir se vanter de connaître Kazuya avec toute son authenticité. Avec elle il n’y avait plus aucune gêne, aucune histoire de hiérarchie, rien à prouver, et elle s’était contentée de profiter de cette rare confiance qu’il lui avait accordée pour tout détruire aussi violemment qu’elle l’avait pu. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Depuis quand était-elle arrivée ? Combien de temps allait-elle rester ? Beaucoup de questions qu’il préférait pour l’instant passer sous silence. Au lieu de quoi il se rapprocha d’elle, toute la menace qu’il allait lui porter pouvant se lire dans ses yeux. « Si t’es venue pour foutre ton bordel il n’y a rien par ici. » Un peu plus près d’elle il put l’admirer, son regard noir perdant de son intensité en parcourant les traits fins de la brune. C’était indéniable il voulait la toucher. Juste ça. Après trois ans il en creuvait d’envie mais il n’en fit rien. Au lieu de ça il se déplaça vers les écrans en feignant d’y jeter un œil, ça lui offrait un prétexte pour rester là l’air de rien. « Quoi qu’il en soit tu diras aux autres que je n’apprécie pas la surprise. » lâcha-il finalement d’un ton plus détaché comme s’il laissait tomber l’affaire. Il pourrait très bien leur dire lui-même mais il était intimement convaincu qu’ils étaient déjà tous au courant et qu’encore une fois c’était lui le dindon de la farce. Habituellement il contrôlait tout, gérait tout, mais avec ces trois infernaux c’était tout le contraire.

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Re: Deep in my bones, straight from inside | Ven 26 Juin - 17:29
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Deep in my bones, straight from inside

kazuya & harumi

L'ironie du sort avait fait que, oui, finalement, ils s’étaient retrouvés l’un en face de l’autre, seuls. Et Harumi n’en profiterait pas pour mettre les choses au clair : elles l’étaient déjà. Elle se contenterait d’agir comme elle le faisait toujours ; avec véhémence et sarcasme, quelque chose de déplaisant et de déstabilisant. Elle ne pouvait pas faire autrement, elle était comme ça. Et elle était encore plus détestable lorsque Kazuya se trouvait dans les parages. Trois ans s’étaient écoulés. Et pourtant. Trois ans qui n’avaient fait que rendre la japonaise encore plus amère. Comme elle lui en voulait. Elle avait été celle qui avait blessé, elle avait été celle qui s’était chargée de laisser des cicatrices indélébiles dans le myocarde de Kazuya, et malgré tout elle lui en avait voulu. Elle l’avait détesté parce qu’il n’avait pas su la garder près de lui. Il était le seul fautif dans l’histoire. Et elle se persuadait d’avoir eu raison de tout ce qu’elle avait pu lui dire et faire. Elle se persuadait sans se convaincre.

    Harumi était consciente du fait que Kazuya ne veuille sûrement pas la voir. C’était logique, légitime. Elle avait été mesquine, violente, brutale. Elle lui avait laissé comme dernière image d’elle celle d’une jeune femme rancunière et insupportable. Elle-même ne voulait pas réellement de nouveau lui faire face. Elle le voulait autant qu’elle ne le voulait pas. Paradoxale, vous dîtes ? A peine, très peu. Elle s’était mis en tête de le récupérer, lui qui l’avait poussée à montrer l’un de ses nombreux mauvais côtés. Mais si c’était pour jouer, pour lui faire regretter ce qu’il s’était passé, pour lui faire regretter son départ qu’elle avait qualifié d’abandon, ou si c’était parce qu’il lui avait manqué, elle n’en savait rien. Elle ne voulait pas se poser de questions : c’était trop tôt. Harumi eut de nouveau un rictus en voyant les sourcils du yakuza se froncer. Oh. Elle l’avait irrité. « Je n’ai pas le droit de changer de vie, moi aussi ? Je suis ici parce que c’est que j’ai décidé, point barre. Et si ils ne t’ont pas prévenu, c’est parce qu’ils ne sont pas au courant. » En contre partie le ton que la japonaise venait d’employer dénotait sans mal une certaine contrariété. Vexée. Oui, elle l’était. Elle se serait attendue à des retrouvailles un peu plus douces, quand même. Pas toutes roses mais moins noires. Et puis plutôt crever que de s'avouer que si elle était venue au Japon, c'était pour ne pas se retrouver seule et sans repères.
  Le regard de Kazuya paru ne pas lui plaire. Harumi fronçait également les sourcils comme elle savait si bien le faire. Il la menaçait du regard. Ses mots lui firent l’effet d’un coup de poignard : sec, violent, douloureux. Il n’avait pas à les mesurer, elle le savait. Elle lui avait fait autant de mal que lui avait pu lui en faire sans jamais s’en rendre compte. Néanmoins, cette distance qui semblait s’installer entre eux alors qu’auparavant elle n’avait pas lieu d’être troubla Harumi. En fait, là, maintenant, elle aurait voulu partir. Partir, pas s’enfuir. Elle aurait voulu l’assassiner du regard et s’en aller en claquant la porte. Mais elle n’avait pas bougé. Son regard sombre le fixait de nouveau. Il se trouvait plus près d’elle et Harumi dut se faire violence pour ne pas tendre la main afin d’avoir ne serait-ce qu’on tout petit contact physique. Elle avait toujours été tactile, de ceux qui baladent leurs mains un peu partout, qui en ont toujours une sur ta taille pour te garder près d’eux. Et ça faisait trois ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Trois ans. Et ils allaient simplement se tuer du regard en s’efforçant de rester distants ? Par fierté, oui, certainement. « T’es vraiment con. » La réponse avait mis du temps à venir et elle aurait peut-être mieux fait de ne jamais sortir. Mais si Harumi retenait ses pensées ça se saurait. Une telle réplique était mal choisie. D’abord parce qu’elle serait mal prise et ensuite parce qu’elle témoignait du trouble de la japonaise. En disant cela, Harumi avait laissé paraître qu’elle avait été atteinte par les paroles de Kazuya, qu’elle avait été blessée. Peut-être trop. Et d’ordinaire elle ne se permettait pas ce genre de chose, on la déchiffrait trop facilement. Surtout si la personne en face s’appelait Kazuya.
   
   Harumi laissa le yakuza s’éloigner sans tenter de le ramener vers elle. Elle ne céderait pas. Elle ne le toucherait pas. Elle se mordilla la lèvre inférieure, autre signe de son trouble, et se frappa mentalement pour être si peu hermétique aux remarques cinglantes de Kazuya auxquelles, dans d’autres circonstances, elle aurait répondu avec bien plus de mordant ou plus d’ironie. Elle le regarda vaguement jeter un œil aux écrans avec son air qui feignait le plus grand désintérêt et la japonaise fit de même, lui tournant le dos. « Si  ça peut te faire plaisir. Eux au moins auront l’amabilité de me sourire quand ils me verront alors que ça fait trois ans qu’on ne s’est pas vu. Même s’il y a eu des différents : ils feront un effort, eux. » C’était con de dire ça. Tellement con. Kazuya n’avait pas à lui sourire : elle avait fait en sorte de le piétiner jusqu’à ce qu’il n’en reste que des miettes trois ans avant ça. Mais elle se perdait. Et elle détestait ça, elle détestait cette impression de ne plus être maîtresse d’elle-même. Si ça ne se voyait pas à l’extérieur, ça se ressentait beaucoup trop à l’intérieur. Harumi était amère et son amertume commençait à se faire sentir.

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Re: Deep in my bones, straight from inside | Sam 27 Juin - 12:59
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Le moment était hors-temps. Tout était si irréaliste que ça lui semblait irréel. Il aurait voulu s’y préparer et ne pas être pris par surprise pourtant sur le papier il n’y avait rien de grave. Ce n’était qu’une rencontre que lui-même avait provoquée. Il s’était décidé à aller la confronter dans un élan de motivation mystérieux. Lui qui habituellement savait rester calme et terre à terre en toute situation afin de pouvoir prendre du recul sur chaque chose avant d’agir se laissait embarquer par des émotions sur lesquelles il ne savait même pas poser de mot. C’était ça le secret d’Harumi, réussir à révéler la personne qu’il était vraiment. S’il arrivait à remettre son masque de sage inexpressif en présence de Sora il en était parfaitement incapable lorsqu’il se retrouvait en tête à tête face à miss Murasaki. Pourquoi s’était-elle décidée à débarquer ? Pourquoi maintenant ? Inconsciemment la nippone répondit à cette question qui tournait en rond dans la tête du yakuza, une réponse qui lui était nécessaire pour que son raisonnement cesse de s’y buter et puisse avancer. Il voulait comprendre. Changer de vie. « Elle aussi ». Donc il faisait face à une Harumi envieuse qui pensait que la vie était plus facile ici ? Pour cette bande de paumés rien n’était aussi facile que le bonheur de leurs moments passés à quatre. Elle était là la raison pour laquelle Kazuya tenait tant à ces trois phénomènes : ils lui apportaient la pause dont il avait besoin pour supporter tout le reste. Même pendant ces trois ans il s’était accroché à ces souvenirs, aux conversations à distance, tandis qu’il devait assurer avec patience son rôle de garde du corps aux côtés d’une Sora parfois difficile à gérer. Pourtant les choses s’étaient petit à petit calmées et les propos d’Harumi avaient leur part de véracité, aujourd’hui ce qui était compliqué c’était de rentrer au Japon. Pas le contraire. Ironiquement c’est avec moquerie qu’il accueillit les propos de la brune malgré la contrariété qu’il avait pu dénoter dans sa voix. Un écho du passé qu’il connaissait très bien, pourtant le centrisme sur sa colère qu’il opérait le poussa à ignorer. Elle le rendait mauvais. Il ne pouvait pas lui offrir cette gentillesse qui le caractérisait par peur qu’elle ne se foute une fois de plus de sa gueule et qu’il se fasse avoir comme un con. Il n’était pas persuadé qu’elle vienne ici seulement pour changer de vie comme elle le prétendait, c’était beaucoup trop vague. Sans doute avait-elle flairé l’argent d’un bon coup ou peut-être s’était-elle grillée sur Tokyo, qui sait. « Attend je suis le premier à qui tu rends visite ? A moins que tout ça ne soit qu’un hasard et que tu comptais te cacher pour « changer de vie ». » Il imita les guillemets avec ses doigts avec une pointe de sarcasme dans la voix. Il pourrait par la même occasion obtenir une autre réponse après laquelle ses neurones courraient : que cherchait-elle. Harumi était une femme compliquée pourtant il pensait réussir à comprendre quelques bribes de sa façon de fonctionner. Il ne la détestait pas bien au contraire mais il demeurait méfiant, à tel point qu’il lui offrait un ticket retour par ses simples paroles. Elle pouvait retourner d’où elle venait si c’était pour continuer sur la lancée sur laquelle ils s’étaient quittés. La rare franchise que venait d’opérer Kazuya ne sembla pas plaire à la belle. C’était à se demander si elles s’étaient pas toutes passé le mot pour lui cracher qu’il n’était qu’un con. Venant d’Harumi la saveur était différente. Il se tut un instant comme si sa remarque venait de lui faire comprendre à quel point il s’emportait avec elle. Ce n’était pas dans sa nature de s’acharner sur quelqu’un pourtant c’est ce qu’il avait subitement l’impression de faire. Une défense digne d’un adolescent. « Ca doit être ça. » fini-t-il par souffler vaguement, toute son animosité redescendue telle un soufflet.

Feignant de s’intéresser à autre chose pour reprendre ses esprits au mieux, il ne voulait pas partir. Non. Il avait trop peur qu’elle ne soit plus là en revenant. Cette femme était une torture à elle toute seule. Même en détournant son regard il avait toujours l’envie d’aller la serrer contre lui, de la sentir près de lui. Trois ans c’était affreusement long. Kazuya n’appréciait pas les surprises mais ce n’était pas une surprise pour mademoiselle Murasaki qui devait bien s’en douter. Tandis que sa tension redescendait, une simple réponse de sa part le fit monter en pression. Il aurait voulu lui demander d’arrêter son manège, en soulignant puérilement qu’il ne croyait plus en sa pseudo sensibilité au lieu de quoi il se retourna brusquement pour poser son regard noir teinté de colère vers elle. Elle se foutait du monde. Ce qu’il s’était passé entre eux n’avait rien à voir avec les autres. « Des différends ? T’appelles ça des différends ?! Tu veux en plus que je t’accueille les bras grands ouverts non mais Harumi tu te fous de qui ?! » Le ton de sa voix s’haussait, il s’emportait et en avait étrangement rien à foutre. C’était trop profond pour qu’il ait envie de le retenir. « Tu débarques comme une fleur du jour au lendemain sans prévenir personne. Ca fait trois ans que j’ai de tes nouvelles par personnes interposées et tu te pointes sur mon lieu de travail. Je sais même pas quoi te dire tellement ça m’énerve. » Il n’était pas qu’énervé contre elle, il l’était aussi principalement contre lui. Son ton redescendant dans une poussée de conscience il tenta une nouvelle technique. « Dis-moi ce que tu veux s’il te plait. » Soupirant exténué et passant machinalement ses doigts sur son front, toute la faiblesse du yakuza résidait en cette femme. La preuve : il la suppliait. Plus vite elle aurait annoncé la couleur plus vite il en serait débarrassé. Du moins c’est ce dont il souhaitait se persuader car si Harumi était bel et bien décidée à se montrer de nouveau il ne pourrait plus l’ignorer très longtemps.

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