pinned down by the dark

(armani) ahn dewei
& armani renzo
& armani reeva

 

Been fighting with my sheets, nearly crying in my sleep. ✻✻✻ (music) Reeva prévoit déjà des nuits entières à se retourner, encore et encore, sans trouver le sommeil. Son esprit pratique lui murmure qu'elle ne parviendra pas à s'en remettre avant un bon bout de temps. Elle a déjà essuyé des deuils ; notamment celui, absolument terrible, de sa mère. Elle se rappelle du massacre, puis du seuil qui a suivi. Interminable. Elle a conscience de n'être toujours pas remise du traumatisme, mais elle s'en fout. Reeva ne fait jamais rien pour aller mieux. Au contraire, elle conserve savamment sa douleur pour la muer en haine, en rage, mettre la terre entière à feu et à sang.

Ce qu'elle souhaite absolument faire cette nuit.

Elle se rappelle parfaitement de l'appel, un peu plus tôt dans la soirée, qu'elle a reçu en présence de Renzo. Elle se souvient également de la manière dont ils ont été anéantis, tous les deux, chacun à leur manière, chacun avec leur réaction. Ne pas vouloir y croire, refuser ou accepter tout en bloc. Faire face ou s'effondrer. Parfois un mélange de tout ça. Souvent. La blonde ne sait plus où elle en est et ce sentiment fait tache dans son habituelle nature déterminée. Alors elle rugit, réagi excessivement. Comme toujours.

Intérieurement, elle retrace les évènements. D'abord l'altercation avec ce mafieux, les négociations qui tournent mal, la descente des flics. Renzo et elle-même qui trouvent refuge dans un immeuble pourrav le temps de se planquer pour ne pas se faire coincer, puis les secours qui arrivent. Le réveil étrange à l'hôpital, la fuite en catastrophe pour ne pas avoir les autorités à leurs trousses, posant des questions. Et enfin, point culminant de cette journée interminable, l'appel. Cela annonçant la mort de Rivael. Vengeance de ce putain de connard qui aurait du être buté par les flics, selon Reeva. Ou alors par elle-même. Elle se souvient vaguement l'avoir poignardé, d'ailleurs. Peut-être. Ou alors était-ce Renzo. Dans tous les cas, ils auraient du le faire plus fort, pense t-elle avec amertume. Et Rivael serait encore en vie.

Il ne lui vient pas à l'idée que si elle n'avait pas entrainé toute sa famille dans ces sombres histoires, elle n'aurait pas indirectement causé la mort de sa frangine. Pas encore.

Tout ça la hantera, bien sur. Mais après. D'abord, c'est l'heure de la vendetta. Réflexe très idiot qui ne fera surement qu'envenimer les choses. Amènera d'autres cadavres à la morgue. Ne soignera même pas son chagrin. Mais Reeva est une créature avec des habitudes, et elle suit le seul chemin qu'elle connait. La seule voie qu'on lui a enseigné pendant longtemps. Il est bien mignon Tony, son père, à precher la bonne parole ainsi depuis son arrivée en Corée. Il fallait voir tout ça avant. Avant de faire de sa fille ainée, et aujourd'hui unique, un monstre. Avant de recueillir Renzo pour en faire une machine de guerre. Ils sont les héritiers qu'ils voulaient auparavant. La tête pensante manipulatrice et le chimiste fou avec sa meth pourpre.

La main sur le téléphone, tremblante, la blonde compose instinctivement le numéro de Dewei. Elle sait qu'elle aura besoin de soutien pour ouvrir le coffre où se trouve le corps de sa petite soeur, et qu'elle aura par la suite besoin de bras pour mener l'assaut. Elle ne sait pas encore comment. Elle ne sait plus réfléchir, elle est à sec. Et elle a besoin de lui, Dewei. Elle ne sait pas au juste comment ni pourquoi elle s'est tant attachée à lui. Ce qu'elle retient, en tout cas, c'est qu'elle prétend toujours qu'ils ne sont rien l'un pour l'autre. Qu'elle n'y est pas attachée, et lui non plus. Alors qu'elle le forme plus ou moins pour qu'il prenne la relève, comme Ren le fait probablement avec Tasyr. L'italienne ne sait plus trop, elle s'en fout. Plus rien n'a d'importance - sauf la voix de Dewei, à l'autre bout du fil, qu'elle entend mal, comme s'il était dans un autre monde. « Quelque chose ne va pas » commence t-elle, le mal-être perçant dans sa voix. « Je vais te donner une adresse, note-la. Il faut que tu me rejoignes là-bas. Au plus vite. » Reeva balance l'adresse qu'on lui a précédemment indiquée, celle où ils trouveront tous un merveilleux cadeau, fait de sang et de cervelle éclatée. Puis elle raccroche, sans même prendre le temps d'écouter la réponse de Dewei. Elle est trop enragée, trop prête à hurler. Elle ne saurait pas quoi lui dire d'autre.

Son regard se tourne enfin vers Renzo et se mue en quelque chose de différent - de la souffrance pure, un appel au secours. Pendant une infime seconde, ses forces l'abandonnent. Elle voudrait se faire une place dans ses bras, se nicher dans son cou, mais la situation ne s'y prête pas. Ils doivent rester en action pour ne pas sombrer, sans doute. « Qu'est-ce que tu décides ? Tu me suis ? ». La demande est malsaine, l'invitation au meurtre n'est pas masquée. Reeva voudrait qu'on la raisonne, qu'on la retienne. Mais elle sait qu'elle ne trouvera personne de ce calibre dans son entourage. Probablement pas. Ils sont des fauves enragés, tous autant qu'ils sont.

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