Je ne savais pas trop ce que je faisais là. J’avais juste voulu faire plaisir à Bobae, mais j’étais loin de me douter que quand elle parlait de se retrouver tous les deux, ce serait en compagnie de tout le reste de la ville de Séoul ou presque au milieu des bois. Je n’avais rien contre le camping, au contraire. Nous avions l’habitude avec Francky de construire des cabanes dans le petit bosquet du parc qui se trouvait en face de l’orphelinat quand nous étions encore des gosses. Et ils nous arrivaient d’y poser notre tente pour éviter une punition de la directrice. Alors allez ramasser du bois en compagnie d’un tel groupe était loin de me faire peur, et les petites toiles d’araignées que le dénommé Josh hurlait de faire attention n’étaient pas grand-chose. Je marchais derriere BoBae, la suivant de près. J’entendis les deux personnes à l’avant parler de manger du serpent. Je fis une grimace silencieuse de dégout. Comment pouvait-on manger du serpent ? Si je devais en arriver là, je me sentirais mal envers Khaleesi, mon dragon de Komodo. Qu’est-ce qu’elle dirait si elle apprenait que j’avais mangé un animal de son espèce ? Capricieuse comme elle était, elle serait capable de me mordre chaque fois que je la nourrirais ou que je lui donnerais une caresse. Voyant le regard de ma petite amie qui s’animait en les entendant, je lui chuchotais doucement. « N’y penses même pas, petit glouton ! » Je lui pris discrètement la main, que je glissais dans ma poche tout en lui souriant. Je l’observais la voulant se faire sociable. Elle faisait des efforts pour aller vers les autres, je la trouvais mignonne. Ce n’était pas mon cas. J’étais là pour elle. Pas pour les autres. Je reculais donc d’un pas, la laissant faire connaissance avec les autres, sans pour autant en perdre une miette. Les mains dans les poches, je laissais mon regard vagabonder dans les alentours, profitant de la vue qu’offrait la nature. Puis, d’un coup, je relevais la tête vers Josh, le fixant par-dessus l’épaule de l’orpheline. Ma puce ? Puis, ce clin d’œil… Pour qui se prenait-il ? Accélérant le pas, je passais devant Bobae, me mettant entre eux deux, tendant la main. « Shin, je m’appelle Shin. Et je m’occuperais des morceaux de bois de la demoiselle. » Mon ton était peut être un peu trop brusque, trop froid pour la situation, mais peu importe. « Mais merci de vous inquiéter pour elle. » Je n’avais cessé de le regarder dans les yeux, sans jamais cligner des paupières.