C'était une belle journée ensoleillée qui s'annonçait. Un carton a dessin sous le bras, j'espérais tomber sur la perle rare, la pépite qui rejoindrait ma collection de croquis déjà impressionnante. Bref, je voulais absolument prendre de l'avance sur mes projets, j'avais encore d'importantes présentations dans la semaine qui allaient me rendre folle si je ne les finissais pas dans les temps. J'avais donc élu domicile sur une des chaises longues, assise a cheval le carton devant moi, je réfléchissais intensément a ce que je pourrais dessiner, avant de commencer a dessiner un visage, d'abord irrégulier, puis au fil des coups de crayons, il gagnait en élégance et en douceur, avant de se doter d'oreilles d'elfes. Sous ses coups de crayons, le visage prenait vie et s'animait d'émotions. Elle aimait cette émotion, comme si l'art et elle ne faisait plus qu'un, et qu'elle ne réfléchissait plus en dessinant. Elle avait fini son dessin, avec un air satisfait. Ses dessins n'étaient jamais identiques bien que parfois sur le même théme, et quelque part, elle aimait ça. Bref, elle était tranquille dans son rêve, a déambuler en direction de sa chambre, qu'elle percutait de plein fouet quelqu'un. Avant de relever la tête, et de demander prudemment « Unnie ? »

Il faisait beau et j’avais mon après-midi. Une bonne idée de ma patronne qui considérait que je bossais bien ces derniers temps et que je méritais bien de profiter un peu du soleil. Bien sûr, j’approuvais ses dires à cent pour cent. Puis l’idée d’aller m’allonger dans un transat me plaisait bien. Je me voyais déjà, avec une livre ou un jeu débile sur son portable et ses lunettes de soleil, bronzer un peu. Vous vous imaginez bien que j’avais fait le trajet arizona-dortoir presqu’en sautillant en m’imaginant le soleil sur ma peau, à doucement la dorer. Et en arrivant à ma chambre, j’avais rapidement troqué mes fringues de boulot pour une tenue plus estivale. Je descendais tranquillement au jardin et à peine trois pas dehors, je me fis percuter. Je roulais des yeux à la voix que j’entendis et surtout aux deux yeux qui me fixèrent. Pauvre enfant, elle avait toujours pas percuté que j’étais plus jeune qu’elle. « Tiens, Hwayoung… ». Ce n’était pas joyeux, pas particulièrement froid. Juste neutre. Pas que je n’étais pas heureuse de la voir hein. Ma filleule était trop adorable pour pas qu’on ait envie de la voir.  Mais la croiser signifiait aussi que j’allais l’avoir dans les pattes pendant tout mon après-midi transat. Et ça, c’était vraiment moyen.

Plus de mouvement, avant de lever le regard vers elle et de dire d'un ton hésitant? "Désolée Unnie, je ne faisais pas attention". Leur différence d'âge? Elle s'en moquait. Totalement, elle aimait les gens naturellement, alors...  l'âge était son cadet de ses soucis. Elle pouvait l'appeler grande soeur comme elle le voulait. Parce qu'Aliyyah était sa marraine alors... Avant de la fixer un petit sourire. "Tu allais prendre un bain de soleil Unnie? Ou tu allais jardiner?" L'un comme l'autre étaient des activités plutôt interessantes, l'une signifiait faire de son corps une oeuvre d'art abstraite, changer de couleur selon sa volonté et le soleil, l'autre à se vider la tête et à récolter les fruits de son travail. C'était donc un avec air décidé qu'elle s'était dit que pour se faire pardonner, elle allait rester un peu avec elle.  "Je peux venir avec toi Unniiiiiie?", avec un air de chat potté en prime, en tenant ses cartons a dessins devant elle. Oui, elle connaissait tous les bons plans pour qu'Aliyyah lui dise oui, quitte a sortir les cookies, elle allait se faire pardonner. 

En entendant sa filleule lui demander ce qu’elle comptait faire, elle sut qu’elle était foutue. Son aprem tranquille venait de s’envoler loin, très loin. Hwayoung allait forcément lui demander si elle pouvait venir avec elle. Et ce fut exactement ce qui se passa. Elle essaya de dissuader Young de s’intéresser à son activité. « Bronzer, rien de bien intéressant. ». Mais ça ne m’avait pas du tout arrêté la jeune femme. Aliyyah soupira et essaya tout de même de résister, même si elle savait que Hwayoung finirait par la faire craquer. Elle connaissait ses points faibles. « Nan, mais… en fait je voulais être au calme… toute seule tu vois… ». Et quand sa filleule se rapprocha un peu plus avec ses yeux et sa bouille adorable, elle sut qu’elle avait perdue. Elle put s’empêcher de grimacer en repensant à sa petite sieste. « Bon, ok. Mais tu me files les cookies que t’as dans ton sac ! ». C’est cookies ou rien. Mais avec Hwayoung, pas question de s’installer dans un transat. Elle la connaissait, elle allait être chiante au possible en lui posant des milliers de questions et Ali avait horreur de ça. Donc fallait une activité qui occuperait sa filleule, et pour le coup, le jardinage c’était bien. « On fait du jardinage alors. Il est temps d’offrir aux sangos, un potager digne de ce nom ! ». Pourquoi pas après tout.