Short en jean, chemise rouge à carreaux de bcheron nouée autour de la taille, débardeur blanc, chaussettes de sport jusqu'aux genoux, mitaines en laine et bonnet "swagg" enfoncé sur la tête, j'étais déguisée en skateuse. J'aimais bien me déguiser en ce que je faisais. Comme j'aimais bien m'habiller de façon totalement contraire. Mais pour le coup, une jupe crayon et un chemisier auraient été, non pas mal vus, mais extrêmement peu pratiques. J'aimais bien le challenge, mais il ne fallait pas pousser mémé dans les orties non plus, comme on dit. Et puis j'étais suffisamment dangereuse pour moi sur un skate dans de bonnes conditions, alors évitons d'ajouter un handicap. J'allais finir par devenir un danger public si cela n'était pas encore le cas.

Le casque sur les oreilles, un milk-shake dans une main, je glissais aisément dans les rues de Yonsei, évitant les gens aussi facilement qu'en marchant. Je sirotais mon laitage, la tête un peu dans les nuages. Tranquille. Ça rime en plus. Magnifique. Je posai un pied à terre, pour m'arrêter le temps que le petit bonhomme passe au vert. Puis je remontai sur ma planche - Ren pour les intimes - traversai la rue, et pénétrai dans le parc.

J'aimais bien ne pas toucher le sol. On ne peu pas dire que j'en étais particulièrement loin d haut de ma planche, mais j'aimais quand même le principe. L'idée. Moi qui, même étant extrêmement fantasque pour la plupart des asiatiques, restait très terre-à-terre, j'aimais bien l'idée de glisser, un tout petit peu un-dessus du monde. Je ne rêvais que d'une chose à vrai dire. De "réalisable" en tout cas.  Un skate volant. Offrez moi un skate volant, et je serais la plus heureuse des femmes depuis l'apparition de l'espèce humaine, et peut-être même jusqu'à son extinction. Proche si vous voulez mon avis, mais quelque chose me dis que vous ne le voulez pas.

Ces pensées attisèrent mon enthousiasme, et je me sentis pousser des ailes. Je trouvais alors soudain judicieux de tenter un nose grind sur le banc libre un peu plus loin. Étonnamment, je le réussis, milkshake intacte. Et puis je trouvai encore plus judicieux de redescendre du banc avec un petit 180. Mais là, ce fut le drame. Sentant que le milkshake allait partir en cacahuète , on cerveau établit un nouvel ordre des priorité. Peu judicieux celui-ci. En voulant sauver ma boisson, je perdis l'équilibre vers l'avant et m'étalait par terre dans un bruit sourd du chute de caca de lapin. Je m'arrachai un bon bout de peau de l'avant bras, m'esquintai les genoux et serrai violemment le poing, ce qui eu pour conséquence d'éjecter mon milkshake droit sur ma face et mes cheveux. Une oeuvre d'art. Plutôt du Dali ou du Picasso, que du Monet. Un peu sonnée, je me retournai et me mise assise. Je contemplai un instant l'étendu des dégâts et mes yeux se posèrent sur mon gobelet broyé. Je fis une vilaine moue et le lançai plus loin, avec un gémissement de petite fille colérique. Les larmes aux yeux, je levai la tête vers le premier passant venu. Un peu d'aide serait la bienvenue.

TENUE + Un short en jeans délavé et déchiré sur les bords, un t-shirt trop grand pour moi emprunté à mon meilleur ami, une casquette piqué dans son armoire et une paire de basket, j’étais prête à passer une journée avec Insu. J’avais rendez-vous dans sa boutique de skate qu’il avait ouvert il y a peu avec son cousin. Malheureusement pour moi, quand j’arrivais sur place, le magasin était bondé de monde. J’étais péniblement entrée et arrivée jusqu’au comptoir pour apprendre que j’allais devoir skater seule, car la vendeuse qu’il avait embauchée était en congé aujourd’hui et qu’ils étaient débordé. J’avais bien propose mon aide, mais il ne voulait pas de moi dans ses pattes sous prétexte qu’il aurait envie de faire autre chose en me voyant que de servir ses clients. C’était à contre cœur que j’étais sortie de là, mon moyen de transport sous le bras. Un skate fait main et design spécialement dessiné par le gérant de la boutique qui n’était d’autre que mon meilleur ami. Je me voyais mal rouler avec une planche autre que les siennes. C’était donc avec une moue boudeuse que j’installais mes écouteurs dans mes oreilles, déclenchant la musique, je lâchais ma planche sur le sol et grimpais dessus, me mettant en route vers le skate parc. J’aimais la sensation que le vent me procurait en passant dans mes cheveux alors que je prenais de la vitesse et celle que je ressentais en ne touchant pas le sol alors que j’avançais. Des ailes me poussaient dans le dos et je pensais voler. C’était étonnant comme une simple planche à roulette pouvait autant faire d’effet, comme si elle était enchantée, magique. C’était dans cet état d’esprit que je pris la rampe, donnant un coup de pied à terre pour me donner un peu plus d’élan et réaliser quelques tricks. Je commençais par un flip. Je fis tourner mon skate avant de retomber dessus avec aisance. Je continuais avec un 180 degré avant de me lancer vers le halp-pipe. Je fis deux tours pour prendre assez d’élan pour faire une figure, réalisant un grabs melon sans aucune difficulté. J’attrapais ma planche d’une main alors que je redescendais sur le sol. Du haut de mon perchoir, j’observais les alentours, regardant les skateurs qui s’entrainaient par ci par là. Une jeune femme qui faisait un 180 degré attirait mon attention. Il était rare de voir quelqu’un une boisson dans une main et skater en même temps. Je souris, pensant qu’elle allait réussir avant de la voir s’étaler sur le pavé dur et froid. Je fis une grimace de douleur, compatissant à ce qu’elle devait ressentir. « Aish ! » Dans un élan de générosité, je descendis de mon perchoir, toujours sur ma planche, traversant le parc pour me diriger a tout allure vers la victime. Je m’arrêtais face à elle, tendant la main. « Un petit coup de main ? »

Je levais les yeux vers ma sauveuse, encore un peu hébétée. Je passai ma langue sur mes dents, histoire d’en faire un rapide décompte. Une habitude. Mais cette fois, c’était une bonne idée puisque j’offris un petit sourire à la jeune femme avant de lui saisir la main pour me relever. S’il m’avait manqué des dents, elle aurait eu droit à un fort moche tableau. Déjà que celui que je lui présentai n’était pas terrible. (color=#ff33cc]- Merci beaucoup ![/color] Je me redressai, les mains sur les reins, me penchant en arrière comme une vieille mamie. J’étais dans le mal comme on dit. Je levai un bras, pour examiner ma plaie de plus près. Eurk. Bon, au moins, la plaie était… propre, si on peut dire. Au moins je n’avais pas de lambeaux de peau qui pendouillaient. C’était mieux pour la pauvre Nora qui allait encore devoir me rafistoler quand je rentrerai au dortoir. J’allais me faire engueuler à tous les coups. Mais de ça aussi j’en avais l’habitude. Je soufflai doucement dessus. Tu parles d’une solution. Je fixai un instant les graviers incrustés dans ma chair et soupirai en laissant retomber mon bras. Tu parles d’une affaire. Bon. Je passai une main sur mon visage plein de lait goût banane et de poussière. Je grimaçai en passant mes doigts dans mes cheveux tout gluants. Super. Pffff… je regardai ma main pleine de boisson et finalement, cela m’arracha un sourire. Je tendis un doigt plein de lait en direction de ma sauveuse. - Un milk-shake peut-être ?

Miam. Appétissant n’est-ce pas. Je lui avais, certes, épargné le sourire édenté, mais tout ça n’était guère plus charmant. Enfin bon, le milk-shake c’était mieux que le sang. Mais dans ce cas je ne lui en aurais pas proposé. Comme celui qui me coulait sur le bras. Et les quelques gouttes que je sentais sur mes genoux. Mon dieu le travail… Je détaillais un instant la jeune femme en face de moi. Elle était très jolie. C’était le moins que l’on puisse dire. Et skateuse elle aussi visiblement ! Waw ! - MON SKATE !!! La vue de sien me rappela brusquement le mien. Je sursautai presque et me mise à chercher partout au tour de moi, presque aussi paniquée qu’une mère qui aurait paumé son gosse. Je l’aperçu derrière une poubelle, légèrement dissimulé dans un buisson.  - Rin !! Oui, c’était son petit nom.  Je me précipitai sur lui pour le ramasser et lui faire un câlin. Oui, oui. Et un bisou. Le tableau s’améliorait de secondes en secondes. Mais j’y tenais beaucoup à mon skate. Il commençait à être dans un très mauvais état, mais j’y tenais beaucoup. Depuis autant d’années la pin-up du dessus avait été repeinte de nombreuses fois et les roues remplacées encore plus souvent. Mais le bois de la planche allait finir par rendre l’âme et se casser en deux lors d’une de mes réceptions. Je le savais parfaitement mais c’était mon bébé alors on y touche pas, et surtout, on ne le PERD PAS. Je me retournai vers ma sauveuse, soudain consciente du spectacle que je lui offrais. Je lui adressai un sourire gêné qui se transforma en grimace. Je regardai à nouveau mon bras qui commençait à me faire assez mal. - Aiiie… à tout hasard, tu sais où est la fontaine ? Je le savais normalement, mais là tout de suite, trop d’émotions comme on dit.

TENUE + Je vins en aide à la jeune femme jaugeant le sol après une cascade raté, l’aidant à se relever péniblement. « Rien de cassé ? » Lui demandais-je après qu’elle se tordit en arrière telle une mami. Je l’observais examiner les dégâts et être dépitée devant son accrochement. Je faillis éclater de rire quand elle me montrait son doigt me demandant si je voulais du milk-shake. J’avançais mon visage, snifant l’air. « Banane ? Bon choix. » Acquiesçais-je. Dommage que celui-ci ait fini étalé sur le sol et servit de shampoing express. Quel gâchis ! Dans tous les cas, elle venait de me donner envie d’en boire un. Vu que le sien était bon à jeter, je lui proposerais bien de venir en boire un avec moi pour ne pas rester seule. J’aimais les moments de solitudes avec mon appareil photo, mais en temps général, je préférais la compagnie de personnes, même étrangères. Faire de nouvelles connaissances n’étaient que bénéfiques. Ca ouvrait les portes au monde. Je reculais pour la laisser passer quand elle hurlait après son skate. Le mien sous le bras, on voyait le design que mon meilleur ami avait imaginé spécialement pour moi. Il y avait des ailes d’ange, comme le tatouage qui recouvrait mon dos. J’espérais pour elle que le sien était intact après cette chute. Il y avait rien de pire que de voir son bébé cassé. Je souris en la voyant aussi mère poule avec son skate. Elle était presque pire que moi. On y tenait plus que ne le voudrait à ces petites choses-là. On serait prête à se battre pour eux. On les bichonnes, on en prend soin. On y tient bien plus qu’on ne le voudrait.

Je la laissais tranquille le temps des retrouvailles, puis je pointais du doigt en direction de la fontaine derrière elle. « Elle est juste là ! » je me m’y en route vers celle-ci pour accompagner ma nouvelle amie. On avait à peine cent mètres à faire. J’eus pitié d’elle avec tout ce milk-shake sentant la banane la recouvrant, me disant que ce n’était vraiment pas son jour de chance. J’enlevais mon sac à dos que je portais d’une sangle sur mon épaule pour en sortir un essuie que je lui tendis. « Tiens, tu pourras de débarbouiller avec ça. » Heureusement pour elle, je gardais toujours un essuie sur moi pour éponger ma sueur après une journée de sport ou une séance de boxe. Je sortis également une petit trousse de la poche avant où je rangeais quelques pansements et de quoi désinfecter les plais au cas il m’arrivait de tomber. Ce qui était fréquent. Alors avec le temps, j’avais appris à être préparée à toutes éventualités. « Je de désinfecterais aussi ta petite blessure quand tu auras finis de te nettoyer. » lançais-je avec un sourire réconfortant aux lèvres.

La miss était cool. Elle prenait la situation avec une désinvolture et un humour pas spécialement commun chez les asiatiques. Je connaissais une paire des filles qui seraient tombées en pamoison devant ma plaie, et d’autres qui, si elles supportaient la vue du sang, se serait offusquée de ma crade proposition de boisson. Mais nan, mais nan, elle, ça la faisait sourire. Je fus même surprise qu’elle m’accompagne mine de rien vers la fontaine. Moi je l’avais bien remerciée, et m’étais mise en route vers le point d’eau, me disant qu’elle allait reparti faire sa life, mais nan. Bah, ce n’était absolument pas pour me déplaire. J’aimais bien avoir de la compagnie. Surtout de la compagnie qui s’occupait de ma petite personne. C’était la meilleure. Je posai skate et sac contre la fontaine et me penchai sur l’eau, essayant de voir mon reflet. Oué sinon j’avais mon téléphone dans mon sac mais je n’y pensai pas sur le coup. Elle me tendit un essuie, ce qui me surprit encore. Rolala, pleins d’attention pour moi. J’allais mieux de minutes en minutes. Il ne suffisait de pas grand-chose pour me remonter le moral, même s’il me manquait une jambe. Ou la moitié du visage, comme lors de ma première rencontre avec un skate ou je m’étais éclatée la tronche sur le bitume. Je pleurais ma mère, mais j’avais quand même prit le temps de me réjouir de tous les mecs qui avaient volé à mon secours. C’était un peu la même. - Anh merci ! Je t’en rachèterai un parce que t’as pas forcément envie de garder des tâches de mon sang avec toi. Je suis pas encore assez célèbre pour que ça valle quelque chose sur le net. TG, Nono, tg. Je plongeais directement son truc dans l’eau, parce que je suis une barbare, et commençai à me nettoyer les genoux vites fait avant d’attaquer mon bras, zone plus délicate pour le coup. Je grimaçai en retirant les graviers de la plaie. Ca faisait pas du bien, et c’était moche. - Anh t’es trop gentille ! Je te payerais un milk-shake après si tu veux. T’es vachement équipée en tout cas. Moi j’ai que des clopes, mon téléphone et une veste dans mon sac. #grossetouriste. Nan mais j’étais inconsciente. Mais je le savais. Je m’en fichais juste. Je finis par tendre une main à ma sauveuse (oui parce que les barbare femelle ça sert les mains) avec un grand sourire. - Noriko, consciente d’être inconsciente, enchantée !

TENUE + On pouvait dire que je n’étais pas comme toutes les filles. J’étais même plus du côté homme que femme. Pas que j’avais des poils au pied et de la barbe sous le nez, mais plutôt que j’étais un garçon manqué. J’étais loin de ces filles qui couraient de magasin en magasin en talon aiguille, maquillé comme un pot de peinture, qui feint d’être prude. Non, ce n’était pas moi du tout. J’étais plus le genre de nana à ne pas avoir peur de me salir ou de me casser un angle. Le genre a me comporter comme un mec et ne pas être pudique. Cela pouvait parfois décontenance certaine personne allant parfois jusqu’à les perturber. Mais j’étais comme ca. Ce n’était plus à 23 ans qu’on allait me changer. Mon tempérament faisait que je n’avais pas peur de grand-chose, et encore moins de l’inconnu. J’avais même la mauvaise manie d’être prévenante et gentille avec les étrangers, surtout s’ils sont en mauvaise situation, comme c’était le cas pour la jeune femme. Je m’étais mise en tête de la soigner, comme j’avais soigné ce chat roux que j’avais trouvé un soir de pluie le long de la route, abandonné. J’avais fini par le ramener chez moi et il y était toujours. Je me voyais mal ramener la jéongal et l’adopter de la même manière. Je ris doucement à sa tentative de blague sur le sang qu’elle laisserait sur ma serviette. « T’en fais pas pour cela. Un essuie, ca se lave ! Un coup de machine et on y verra plus rien ! Quoi que je devrais peut être le garder en prévision de ta future célébrité ? » Je haussais des épaules, le sourire toujours présent sur mes lèvres. Je grimaçais avec elle quand je la vis retirer le caillou encastrer dans sa blessure au coude. Retirer un tel corps étranger de mon bras, je pouvais supporter, mais le voir faire sur quelqu’un d’autre, ça me donnait des frissons d’horreur sur tous les membres. « Avec plaisir, mais avant, faut s’occuper de cela. » Je sortis la petite bouteille qui cachait un liquide rouge, m’approchant de a jeune femme. « Retiens ta respiration, ca risque de piquer. » la prévins-je avant d’appliquer le produit sur sa plait à vif. Puis, je cachais le tout avec un pansement pour éviter qu’il ne s’infecte au contact d’autre chose. J’attrapais ensuite sa main, soulagé d’en avoir fini avec ce mauvais moment. « Min Ri, sauveuse du dimanche, enchantée ! » Quel duo de comiques on faisait là ? « Et si on allait le boire ce milk-shake ? En hommage à celui qui a fini sa vie à même le sol ! » Je jetais un coup d’œil vers l’endroit où j’avais ramassé la prénommé Noriko. Les dégâts n’étaient pas joli à voir.

Je pinçai mes lèvres. Je n’aimais pas quand ça piquait. Vraiment pas ! Brulure, griffure, déchirure, coup, ça fait mal, mais ça passe. Ca fait même du bien des fois, erm. Mais alors quand ça pique ! Je n’aimais franchement pas ça. Bon ça va que ça brûlait aussi un peu le désinfectant. Donc ça pouvait encore passer. Mais on s’en tape gros ! Warrior ou pas warrior. Bon ok, pas vraiment warrior puisque je lâchai un petit gémissement quand même quand Min Ri m’appliqua le liquide rouge sur ma plaie. Oué j’étais en sucre. J’avais mal tout le temps. Mais je m’en foutais quand même donc je n’avais pas si mal que ça non plus. Le pouvoir de l’esprit tu sais. Même d’un esprit tordu. Tu sais comme le tueur de Scream qui a deux balles dans le corps mais qui continue à courir après la nana. Oui, bon, nan, en vrai je n’avais strictement jamais compris cette scène. Ce film n’était franchement pas terrible en fait. Enfin. R.I.P quand même bro’. Anyway. - Oué !! Milkshake! Attends. Fallais quand même que je finisse de me nettoyer. Je me penchai en avant, appuyant mes mains sur le bord de la fontaine. Et puis je pris ne grande inspiration avant de me coller entièrement la tête dans l’eau. Frooiiiid !! Ptn, j’allais perdre mon cerveau. Je ressortis ma tête de là et m’essorai les tifs. A lieu d’avoir l’air d’une clocharde, j’avais l’air d’une folle. Tant pis. Je passai mes mains sur le visage et me fis une queue de cheval bancale, histoire de ne pas avoir des tonnes de mèches de cheveux gelées se balader dans mon dos. Je pris une grande inspiration, encore un peu sous le choc en fait. - Ptn c’était froid en fait. Je posai une main sur ma tête. J’allais chopper la mort. Nan mais espèce de débile. - Bon allé go ! J’attrapai mes affaires d’une main et la main de ma sauveuse de l’autre, l’emmenant vers le vendeur de milk-shake le plus proche. Je savais à peu près partout où ils s’en vendaient. Je pourrais ouvrir un guide Michelin du milkshake de Séoul et environ. - Un parfum préféré mademoiselle ?

TENUE + Je grimaçais de douleur avec la jeune femme quand je lui appliquais le liquide rouge sur sa blessure. Je n’aimais pas voir les autres souffrir, même pour un petit bobo. Alors quand elle couinait, j’eus un petit pincement au cœur. « Je t’ai fait mal ? » m’empresse-je de demander. Doucement, je soufflais sur sa plait pour atténuer la douleur. Je la laissais finir de se débarbouiller par la suite. Je regardais la fontaine d’un mauvais œil, reculant d’un pas pour mettre le plus de distance possible entre elle et moi sans pour autant que ca paraisse étrange. J’avais une peur bleue de l’eau. Même si je savais que je ne pourrais pas me noyer dans une si petite quantité d’eau, je n’osais pas m’en approcher. J’avais déjà fait un effort surhumain pour Kelei qui m’avait demandé de photographier son club de natation pour leur faire de la pub. Je longeais plus les murs qu’autre chose, de peur de tomber dans la piscine, mais c’était déjà beaucoup pour moi. Alors ici aussi, j’évitais de penser que la fontaine était si proche de moi et qu’elle pouvait être un éventuel ennemi. Je sursautais quand je vis la jeongal se mettre la tête volontairement dans l’eau. Paniquée, je l’attrapais par le t-shirt, la tirant en arrière. « Non, mais ca va pas de faire ca ? » hurlais-je presque au point que un ou deux passants se retournèrent sur nous, accélérant le pas. Folle. Elle était devenue folle. A moins que ce ne soit-elle qui me prenne pour une folle de réagir de la sorte ? ce que je pouvais comprendre, car de son point de vue, elle n’avait rien fait de grave. Mais depuis que j’avais failli me noyer dans ce lac lors de mon enfance, je redoutais l’eau, et tous ceux qui s’en approchait. Elle avait l’air calme et paisible ainsi, mais elle était une vraie tigresse. Dévastatrice. Détruisant tout sur son passage. Il suffisait de voir les tsunamis et les dégâts que ca pouvait faire. « Tu m’étonnes ! Ca doit être glacé la dedans ! Qu’est ce qu’il t’a pris ? » M’exclamais-je en jetant un nouveau coup d’œil à l’eau qui dormait. Je lui tendis mon essuie pour qu’elle enlève le plus gros des gouttes sur son visage. Je n’eus pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre qu’elle me tira pas la main. Je me laissais faire docilement, la suivant. N’importe qu’elle endroit vaille mieux qu’ici. Contente de voir qu’on avait troqué l’eau froide pour de bon milk-shake, mon sourire me revint. « Banane s’il te plait ! » mon parfum préféré. Le gout pomme et citron pour les sucettes ne comptaient pas pour la glace. J’étais tellement gourmande que je ne pouvais refuser une sucrerie, même pas par politesse. J’attrapais le milk-shake que l’on me tendait, les yeux brillant telle une gamine. « Merci. » Je n’attendis pas plus pour pincer la paille entre mes lèvres et en boire une longue gorgée goulument. Cette fois, c’était à moi de tirer Noriko par la main vers une table libre pour s’assoir, déguster nos boisons sucrés et discuter tranquillement. « Alors, comment tu t’es retrouvé dans une telle situation dis-moi ? » C’était un point de départ comme un autre pour débuter une discussion, non ?

Je n’avais pas absolument tout compris à la réaction de Min Ri mais bon. Je n’avais pas spécialement cherché à comprendre non plus. Enfin j’avais juste fait un rapide listing mental de tous les dangers que pouvait représenter mon geste, ou une fontaine. Quand même pas une hydrocution pour si peu. Les bacilles et autres organismes microscopiques ? Ca va on était en Coréen pas en Afrique subsaharienne. Etrange étrange. C’était dangereux passé un certain taux d’alcool dans le sang, oui, oui, certes. J’avais déjà un doctorat en situations dangereuses sous l’emprise de l’alcool. Mmmh… Oui bon okay, j’avais cherché à comprendre. Mais dans une strate de pensée que j’avais volontairement reculée au fin fond de mon esprit des années auparavant. Celle chiante qui parle tout le temps, réfléchie tout le temps et ôte toutes ses couleurs au monde. Bref celle-là je lui avais collé une tarte, un coup de matraque et l’avait bâillonnée et ligotée dans un coin avec la grande majorité de ma conscience. Donc voilà. - Cerise s’il vous plait ! Mon esprit était obnubilé par le milk-shake depuis quelques secondes déjà. Je payai les boissons et suivit Min Ri vers une table où je laissai tomber mes fesses et mes affaires en un grand bruit. No discretion ever. Je me penchai en arrière pour m’essorer les tifs encore une fois, et attaquait mon nouveau milk-shake. Miam, miam. Bah j’ai faillait faire tomber mon milk-shake en faisant ma figure-là. Je finis tournoyer un doigt en l’air, n’ayant absolument aucune idée du nom de figure que je réalisais. In Ha avait toujours envie de me taper quand on répétait et qu’il me demandé de faire une note précise et que je le regardais comme une quiche parce que je connaissais à peine le nom de la moitié de mes accords. - Enfin j’ai voulu le restabiliser, et j’ai oublié… moi-même du coup. Et paf ! Je claquai bruyamment le bout de mes doigts sur la table. Ouiiii j’exagérais. Je ne m’étais pas crashé aussi violemment. Mais bon, là encore ça allait, une fois rentrée, j’allais raconter à mes potes que j’avais frôlé la mort alors… drama queen un peu, oui. - A la tienne Maurice ! Je levai mon gobelet et direction de là où je m’étais croûtée, hommage au goût banane sans doute toujours répandu par-terre par là-bas. - Tu skate depuis longtemps toi ? Je n’avais pas vu ma compagne du moment en action, alors ma curiosité commençait à poindre le bout de son nez.

TENUE + Elle avait du me prendre pour une folle, me voyant réagir de la sorte face à son trempage intensif dans la fontaine. Mais ma peur de l’eau était si extrême que c’était limite si je ne tremblais pas face à un jet d’eau. Mettre ma tête sous l’eau entièrement comme elle l’avait fait m’arrachait le ventre dans une peur flagrante. Sans doute une des raisons pourquoi je n’aimais pas les baignoires, préférant de loin les douches. Très peu de gens étaient au courant pour ma répulsion aux étendues d’eau. Pas plus que cinq si je comptais bien, rapidement dans mon esprit. Heureusement, notre intérêt commun pour les milk shake. La remerciant pour avoir payé le mien au passage. Je ris doucement en le voyant cherché le nom de la figure qui ne lui posait aucun problème de ne pas la connaitre. Je n’insistais pas, la trouvant trop mignonne d’hésiter de la sorte, son doigt mimant la figure dans les aires. Je ris doucement à son commentaire, et à sa non-chalenge face à la situation. Je ris aux éclats face à ses mimiques si expressives. Je la trouvais adorable derrière son comportement de garcon manqué. Je crois que je me retrouvais un peu en elle. Sans doute pour cette raison que j’avais l’impression de parler à une vieille copine que je n’avais plus vu depuis un moment. Elle avait cette insouciance que beaucoup de notre âge avait déjà perdu depuis longtemps. Elle avait gardé ce brin de malice dans le regard, ce brin d’audace qui faisait qu’elle n’avait peur de rien, se remettant en selle directement apres la chute. Oui, je me retrouvais vraiment en elle. C’était fou comment on pouvait trouver des ressembles en si peu de temps chez une inconnue, juste en l’observant et en l’écoutant. Je levais mon verre pour porter un toast à sa gamelle cuisante. « A le tienne ! » je bus une longue gorgée du liquide glacée qui me rafraichit. Puis, je hochais le tête positivement. « Oui. Je skate depuis pas mal d’années maintenant. Depuis l’adolescence je crois… » Depuis la connaissance d’In Su surtout. C’était lui qui m’avait fait part de sa passion. Et vu que j’étais une casse-cou, il n’avait pas eu peur de me mettre à l’épreuve dès les premières minutes de l’apprentissage. Mes chutes étaient d’ailleurs bien plus monstrueuses que celles-ci. Je ne comptais plus les fois où je m’etais écorché les genoux ou les bras. « Mon meilleur ami vient d’ouvrir un magasin de skate dans le coin d’ailleurs… SB Ride, tu connais peut être ? » M’enquis-je rapidement. Si je pouvais ramener un peu de client aux cousins Park, je n’allais pas me faire prier.