La famille Kang, moi, je l’aimais pas. Si je portais leur nom, c’était uniquement parce que j’avais pas vraiment eu le choix. Vous l’auriez vue, ma mère, avec ses grands yeux implorants. « Pour mon bien », disait-elle, ouais, c’est  ça. En attendant, elle, elle vit dans une villa grand luxe-confort-piscine-tv 3D. Elle y vivait en compagnie de ses serviteurs, sa fille elle en avait rien à battre. Grâce au ciel, moi, je vivais dans le dortoir gumiho, et c’était tant mieux. Sauf que voilà, on aurait pu croire que ça suffise à éloigner de moi les démons Kang, mais NON, ce serait trop facile : l’un d’eux était infiltré au dortoir. Le fourbe. Kang Min Ho, alias le PDG de Vogue Korea. Je veux dire, c’est limite le mec le plus jeune de l’entreprise, et il est PDG, au calme copain. Enfin, vous me direz, tout ça c’est la faute à sa sœur. À sa petite sœur. Ils ont une tare dans cette famille, moi je vous le dit. Enfin, je dis ça, mais je foutais quoi dans sa chambre, au bro’ Kang ? Ah, longue histoire, vraiment. Le père Kang (pas le Père La Chaise, l’autre) m’avait fait venir dans sa villa, je sais plus trop pourquoi. Sauf que le machin, faut un GPS pour s’y retrouver tellement c’est grand ! Ikéa, c’est la cabane du jardinier à côté. Bref, je me suis perdue. Et j’ai surpris une conversation entre Bro’ Kang et la Mère Kang. Apparemment, la petite sœur dont je vous ai parlé plus haut s’était barrée retrouver l’amour de sa vie aux États-Unis. J’en avais entendu parler de toute cette histoire, limite, je trouvais même ça mignon. Dommage qu’elle avait tellement l’air d’une garce sur les photos, sinon j’aurais pu apprécier le spécimen. En attendant, ça avait l’air d’avoir pas mal affecté Bro’ Kang, pire, il avait l’air carrément triste. Et bon, j’ai beau ne pas l’aimer, c’est pas chouette quand les gens sont tristes, right ? Alors j’ai pris la décision de lui remonter un peu le moral, toute gentille que je suis. Mais comment faire ? Fallait pas qu’il pense que je le kiffe le goujat. J’avais alors fait appel à ma suprême intelligence, et décidé de lui laisser des cadeaux de temps en temps. Genre si j’allais chez McDo et que je prenais le Happy Meal, je déposai le cadeau dans ses chaussures. Ou parfois, j’achetais des bonbons en double et en laissait devant sa porte. La dernière fois, je lui avais rapporté une gigantesque peluche de la foire, mais ça c’était aussi parce que je savais pas trop où la mettre. Bref, la voilà la raison qui m’avait poussé à franchir la porte de sa chambre : j’avais été chez le chocolatier avec une amie, et dans ma grande bonté d’âme, j’avais acheté une boite de pralines pour Bro’ Kang. Ce fut donc en déployant mes skill de ninja que je m’étais introduite dans sa chambre, repérant son lit, m’approchant sur la pointe des orteils. Pif paf boum, je dépose la boite sur son oreiller avec un petit mot « You can be the one who fills the world with sunshine », une citation tirée de Blanche-Neige, et je me retourne prête à fuir. Ouais, sauf que karma is a bitch et que voilà que le Bro’ Kang est en face de moi, avec ses sourcils circonflexes et sa mâchoire carrée « Toi ! » m’écrié-je soudain en cherchant une parade « Je cherche mon elfe de maison, je suis sûre que tu le caches ! » Par Merlin, je suis une putain de génie.