clothes - Derrière à trainer mes godasses de drag queen dans la salle de répét’, je finissais de bichonner ma Lilith avant de partir. La clope au bec, je vérifiais une dernière fois qu’elle était bien accordée. Bon, il fallait certes le faire pour désaccorder une basse, mais le problème n’était pas mon jeu (beaucoup moins violent en répétition que sur scène d’ailleurs) mais que j’avais passé le chiffon comme une brute dessus, la tête un peu ailleurs et vaguement énervée. J’étais sans doute l’une de personnes les plus agaçante au monde, même si je ne le faisais pas toujours exprès. Ou surtout parce que je ne le faisais même pas exprès. En tout cas, si j’agaçais beaucoup, je m’agaçais moi-même beaucoup. Même si cette histoire-là était complètement stupide. Il allait peut-être falloir que j’en parle à quelqu’un parce que là, je devenais grave. Tout ça parce que j’avais un orgueil et un égo démesuré, je me refusais catégoriquement de montrer toute mon affection pour ce pauvre Miharu, préférant le tyranniser. Alors que je le kiffais grave ce mec ! Il était tellement chou. Comme… comme Togepi, ou Pikachu. Arhem… N’importe quoi. Je rangeais ma belle Lilith dans sa sacoche et m’assise derrière la batterie de Jun pour finir ma cigarette. Mon Mimi. Mon pauvre Mimi. Je finis par jeter écraser ma clope au bout de quelques minutes de stand-by cérébral, et fut subitement traversée d’une idée franchement stupide mais me paraissant alors très sensée. Oué. J’allais me faire tatouer un papillon ! Comme Mimi ! Si si. Je me levai. Arf, tu parles, aller me faire tatouer à cette heure-ci... il y avait qui d’ouvert ? J’attrapai mon téléphone et le reste de bière tiède qui trainait à côté, que je sifflai en arpentant le net. Mais oui mais bien sûr !! Takanori ! Il suffisait de changer de beau japonais. Ils étaient beaux les japonais du coin. Entre Mimi, mon frère, Takanori, et surtout moi-même. Bref.

Je jetai mon mégot dans la canette et la canette à la poubelle, avant de remballer mes affaires. Je passai la lanière de ma sacoche sur l’épaule et vérifiai que tout était en ordre avant d’éteindre le local et de fermer derrière moi. J’étais un taquet. J’étais un missile à tête chercheuse. Je me m’étais un truc en tête et j’y allais. Peu importait les obstacles. Ou presque. Et même si tout finissait par exploser d’ailleurs. Arhem. Je me dirigeais donc vers le salon de tatouage où bossait Takanori, d’un bon pas, malgré mes godasses. J’y allais à pieds. Je ne savais pas si j’allais réussir à atteindre ma destination avec ses chaussures. J’allais sans doute devoir finir pieds nus, mais anyway. Mes pieds tiens. Mes petits pieds immaculés ! Il y avait toute la place du monde pour faire un petit papillon dessus. Genre une silhouette. C’est mignon les silhouettes. C’est fin. Enfin, je verrai bien en arrivant.

J’arrivais donc finalement oui. Et les chaussures à la main. J’aimais bien la sensation du bitume froid sous mes pieds btw. Le salon de tatouage était bel et bien ouvert. Je poussai la porte et souris à Takanori, bien esseulé derrière son comptoir. - Hey hey ! Hé bah, s’il y a trop de monde, je repasserais demain ! ironisai-je avec un sourire. Mais bien sûr, je ne partis pas. Je posai mes affaires sur un fauteuil de l’entrée, avec un petit soupir de soulagement. Elle était lourde l’amour de ma vie. Je fis un signe de la tête vers ma basse avant de répondre. - Je répétai avec mon groupe, et puis j’ai eu envie d’un tatouage, donc me voilà. J’écartai les bras avant de les laisser retomber. Je retirai aussi ma veste et la lançai sur le fauteuil. Je souris quand il me parla de mon frère. - Oh bah tu sais, il va comme mon frère, hein. J’agitai la main. Nous étions des concepts, nous les Hideki. Alors on n’allait jamais comme tout le monde. Je m’approchai de lui, et m’accoudai au comptoir, attrapant négligemment un catalogue de tatouages et me mise à le feuilleter distraitement. - Tu t’y connais en papillon ? Et t’as des bonbons ? J’avais envie de bonbons. Je ne savais pas s’il en avait ici, mais il y en avait souvent dans les endroits à aiguilles. Genre les infirmeries. Anyway. Je levai des yeux de chiens battus vers Takanori.