Qu’il me plaise et qu’il soit parfait avec toi … pensais-je en fixant ma meilleure amie. Mais je garde cette réflexion pour moi. J’acquiesce tendrement en lui souriant. Je replace distraitement de ma main libre une mèche de cheveux qui lui tombe sur le visage. « T’es tellement belle » murmurais-je comme si je me faisais juste une réflexion à haute voix. Ça n’avait rien à voir avec les garçons, ni son célibat, j’avais pris soin de remarquer qu’elle voulait changer de sujet, non, ce n’était qu’une simple … remarque, qui me venait du cœur. Ainsi penchée, concentrée à me faire les ongles, je la trouvais divine ma meilleure amie. Un petit fin en trompette, un sourire adorable et des yeux malicieux dès qu’elle souriait. Remontant un genou contre moi je posais mon menton sur mon genou en sentant la fatigue pointer le bout de son nez. Bercé par la musique je souris en coin parce que je savais qu’elle allait forcément aimer, on a les mêmes goûtes musicaux. Appréciant la douceur du moment je la laissais prendre soin de mes ongles parfois abimé avec un sourire doux. Je ne pouvais empêcher mon esprit de flotter doucement vers Shin. Il me manque … j’en ai le cœur qui se serre mais je ne perds pas mon sourire. « Il me manque » murmurais-je tout bas. C’est vrai que je parlais tout le temps de lui … Je ne sais pas si un jour je pourrais passer plus d’une heure sans penser ou parler de lui … ca faisait de moi quelqu’un de chiant ou pas ? « Tu ne veux pas me refaire tes petits pas de danse bébé ? » riais-je Laissant Ye Gi finir de mettre mon vernis, elle m’a fait rire quand elle s’est levé pour m’effectuer des petits pas de danse totalement sexy et hypnotisant. Ou pas. J’éclatais de rire en la voyant faire et agite mes doigts pour être sure de bien faire tout sécher. T’es parfaite. C’est ce que lui criait mon regard. « C’est vrai que je suis morte aussi, faisons ça alors mais avant je sèche mes ongles pour ne pas ruiner ton boulot. » je soufflais sur mes doigts avant de pousser vernis avec mes pieds sur le sol. Les flacons sont tellement solides qu’il ne casse jamais. Et j’étais loin d’être le genre de filles délicates et gracieuses. Moi j’étais plus à ne pas perdre de temps. Une fois assurée que mes ongles étaient bien sec je me glissais sous ma couette en faisant une place à ma femme en me collant au mur. « Merci d’être passé bébé … tu me manquais vraiment, ça me fait du bien de te voir. » assurais je en venant me blottir contre elle. Prenant sa main j’entremêle nos doigts doucement sans faire craquer nos vernis et enfoui mon visage dans son cou. J’adorais toujours son parfum c’était comme une sorte de … doudou. Souriant doucement, la fatigue pesant sur mes yeux je lui murmurais «  Je vais quitter le Kurss … » et elle savait, aussi bien que moi, que cette étape était plus que difficile pour moi. Parce que quand j’ai été à la rue, quand j’avais plus rien à bouffer et que je ne savais plus quoi faire de ma vie Kan m’a offert le Kurss. Fini les dettes, fini la faim, fini le froid. Il m’a sauvé de mon enfer et a fait de cette chambre une maison pour moi. Le premier lieu vrai lieu où j’ai su m’épanouir. Même à l’orphelinat je n’arrivais plus à trouver ma place. Quitter le Kurss c’était quitter l’endroit de ma renaissance et ça me faisait un mal de chien. Mais ce qui faisait encore plus mal c’était de voir Shin s’éloigner de moi … Il fallait que je fasse un choix, et il resterait toujours le même. Si Shin était là, c’était toujours Shin que je choisirais. Toujours. Et ca m’effrayait, de savoir que demain, je commencerais une nouvelle vie. reste à savoir quand j’aurais le courage de quitter le Kurss. Bientôt je l’espère …