yael & dylan

Je roule lentement dans mon lit, laissant le livre sur lequel je griffonnais me tomber en pleine poire. Je grogne un moment avant de me redresser sur mes avant-bras, gonflant les joues en remarquant le dégât que mon crayon venait de commettre. J’avais de l’encre partout sur les doigts, mais mon cahier de notes ne ressemblait plus à grand-chose. Je devrais probablement en racheter un nouveau et la simple idée de devoir sortir pour m’en procurer un nouveau ne me faisait pas envie. Je me laisse toutefois rouler en dehors de mon lit, plaçant précautionneusement le carnet de notes sur un bureau, espérant magiquement voir l’encre disparaître, puis je file à la cuisine. Je me demande si les verts ne sont pas tous morts tellement le dortoir est silencieux. Je sais que nous avons tous des horaires différents, mais tout de même. Je partage ma chambre avec Aliyyah et c’est à peine si je la croise dans une journée. Assez pour lui dire bonjour et bonne nuit, et même, parfois, elle dort déjà. Le fait que nous soyons si peu nombreux n’aide en aucun cas ce sentiment de solitude qui plane dans le bâtiment.

Arrivé à la cuisine, j’ouvre du mieux que je le peux le robinet, maculant mes mains de savon, m’affairant à nettoyer ce désastre encré dans ma peau. Mes sourcils se froncent légèrement. Je tourne rapidement la tête, discernant une silhouette au fond du salon commun. Probablement Jun. Il devait être revenu un peu plus tôt du travail, ou un truc du genre, et je ne l’avais pas entendu. Je rince mes mains, constatant que même le plus puissant des savons ne réussirait pas à faire partir ces taches et que je devrais patienter, laisser le temps faire ses miracles. Je me tourne pourtant une deuxième fois vers cette silhouette, m’avançant. Ma curiosité venait d’être piquée et je me devais de l’assouvir. Je me stoppe toutefois en identifiant les traits du jeune homme. J’ai l’impression de voir un fantôme. De voir quelqu’un que je n’ai pas vu depuis des lustres, ce qui n’est pas tellement faux. « Dylan…? » Ma voix est faible, incertaine. Et si je me trompais? Et si ce n’était qu’un tour que mon cerveau me jouait, la fatigue qui me déprivait de ma sanité habituelle? Je m’approche de quelques pas, ma tête se penchant sur le côté. Depuis quand était-il revenu? Tellement de questions qui demandaient des réponses.

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Ca me fait bizarre de revenir dans ces lieux. J'ai l'impression de les avoir quittés depuis une éternité alors qu'en vérité je ne suis parti que quelques mois. Ca fait maintenant au moins une heure que je tourne, que je me promène, que je redécouvre le moindre couloir, les jardins, les pièces communes. C'est loin d'être désagréable de voir les changements qui se sont opérés entre temps. Je suis fier de cette fraternité qui continue d'avancer et qui va de l'avant. Je me sens encore chez moi ici et ça me fait du bien de revenir, de me sentir comme si j'étais revenu à la maison. Ca ramène d'autres souvenirs aussi mais les bons et je souris de temps à autre en passant ici ou là. C'est bon d'être chez soi.

Toutes mes affaires arrivent demain dans l'après-midi. Je n'ai qu'un sac à dos avec moi pour le moment. Une chambre m'a été attribuée au hasard selon les places disponibles puisque peu m'importait laquelle. J'appréhende un peu de revoir les autres Sango. Je n'ai croisé que des petits nouveaux pour le moment, mise à part Jina l'autre jour. Aliyyah sait elle aussi que je suis revenu mais je ne l'ai pas encore vue pour l'instant. Il va falloir que je me décide à monter à l'étage à un moment ou à un autre pour me présenter mais rien ne presse. Je suis encore en train de déambuler dans les couloirs. Je ne suis véritablement revenu qu'aujourd'hui et je sens déjà que la fraternité m'avait manqué. Je zyeute le salon dans lequel je viens d'arriver et me laisse tomber sur le canapé dans un soupir contenté, mon sac à mes pieds. Je sens que je ne vais pas avoir envie de bouger de là dans les prochaines minutes, j'y suis bien, j'y reste. Mes yeux se ferment après un instant et je profite du silence ambiant. Je crois que je commence à somnoler quand j'entends du bruit dans la pièce à côté. Tout ce que j'entends c'est un robinet qu'on ouvre. Je suis bien les yeux fermés et je reste comme ça jusqu'à ce que l'eau se coupe et qu'une voix ne me parvienne. Je réalise que je la connais et que c'est mon prénom qu'on vient de prononcer. Me redressant aussitôt, je tourne la tête et rouvre les paupières pour vérifier que je ne rêve pas. Yael est là et semble ne pas en croire ses yeux, s'approchant de quelques pas. Je ne retiens pas un sourire. « Zut, je suis démasqué ! » Oui, c'est le premier truc qui sort après tous ces mois, il ne faut pas trop m'en demander, je ne sais pas comment va être pris mon retour après tout.

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Je n’aime pas tellement vivre dans le passé. Je me dis que c’est purement inutile de s’accrocher à des souvenirs qui, de toute façon, ne sont bons qu’à me faire souffrir. J’essaie de faire une croix, le plus souvent, sur certains souvenirs que je trouve importunant. Que je ne crois pas utilises à ma survie, à ce que je continue d’aller de l’avant. Et pourtant, même si je tente de les effacer, ils semblent s’ancrer profondément en moi. Le jour où Dylan avait tout quitté sans prendre le temps de nous expliquer quoi que ce soit, ou même de nous dire au revoir, restait attaché à ma mémoire. Un fléau qui me hantait, qui jamais ne voulait s’effacer. Il était mon ami, un très bon ami sur qui je comptais, et même si je lui avais envoyé une tonne de message, je n’avais reçu aucune réponse de sa part. Si je le prenais comme une trahison? Un peu. Si je lui en voulais? Peut-être un peu. Je lui en voulais de nous avoir laissé tomber alors que nous avions tous besoin de lui. Nous étions une famille, non? Tous là pour se supporter, se serrer les coudes, peu importe la situation.

Je ne peux empêcher un fin sourire de se glisser sur mon visage. Dylan n’a pas changé, que ce soit physiquement ou niveau humour. Ce sont des retrouvailles, certes, mais il me donne l’impression que ça ne fait qu’une semaine que je ne l’ai pas vu. Comme de vieux amis. « Tu es là depuis longtemps? » Je demande en m’approchant, ne résistant juste pas à monter sur le canapé pour lui sauter dessus, le prenant dans mes bras. Ce serait mentir de dire que l’ancien président ne m’avait pas manqué. « Tu aurais pu prévenir... » Je murmure de façon boudeuse, gonflant les joues en le regardant. Le faire culpabiliser n’était pas mon but principal, mais presque.

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Est-ce qu'ils m'en veulent de les avoir laissés sans prévenir ? Est-ce le cas pour lui ? Je suis sur le point de le découvrir et l'appréhension me noue un peu le ventre. Yael est le premier à me voir mis à part la présidente et je suis content que ce soit lui. Je me rends compte à quel point ça a été dur en le revoyant. Voir un visage connu de quand j'étais encore moi même à la tête des verts me fait me sentir nostalgique. Je ne peux m'empêcher de repenser à avant. Ma gorge se serre mais je me suis promis de ne pas craquer et certainement pas lorsque je ne suis pas seul. Je force un sourire à se glisser sur mes lèvres et il est sincère puisque adressé à Yael mais juste difficilement ; j'essaie simplement de me concentrer sur le présent. Il le faut. Je ne sais pas s'ils savent véritablement pourquoi je suis parti .. et pourquoi je suis revenu aussi.

Je hausse une épaule à sa question. « Nope, je suis passé il y a quelques jours voir Jina mais je suis vraiment de retour depuis cette après-midi. » Il finit par grimper sur le canapé et après cette hésitation de sa part, je suis content de le voir s'approcher de moi. Ca me détend un peu et mon sourire n'est plus crispé quand il se retrouve dans mes bras : je suis sincèrement content de retrouver Yael. « J'aurais dû même, je sais, mais mon départ était loin d'être anticipé .. » Il est mignon avec ses joues gonflées et je ne peux m'empêcher de les presser entre mes mains. Ca fait seulement une minute et il m'aide déjà à penser à autre chose. « Qu'est-ce que tu deviens crevette ? Je ne t'ai pas trop manqué ? » Je hausse mon sourcil dans un sourire et presse un peu plus ses joues pour déformer légèrement son visage et lui sourire tout à fait.

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Renouer avec le passé n’était pas dans mes plans. Si je voulais renouer avec mes parents? Jamais. Ce fut la pire relation de ma vie et jamais, au grand jamais, je ne souhaiterais ce genre d’existence à qui que ce soit. Se faire ignorer la plupart du temps, se faire offrir des choses afin de pouvoir rester tranquille et avoir la paix. Pour quelqu’un de matérialiste, c’est le paradis sur Terre. Pour quelqu’un comme moi, qui a toujours besoin de se sentir entouré, ce fut l’enfer. Renouer avec Dylan? Ce n’est pas comme si je lui en voulais vraiment. Il devait avoir ses raisons. Tout le monde à ses petits côtés sombres, ceux qu’on n’explique pas vraiment.

Je suis presque soulagé de voir que mon aîné ne refuse pas l’étreinte. J’avais toujours eu l’habitude de lui en donner lorsqu’il était encore au dortoir. Ma petite façon de montrer aux gens que je tiens à eux et que je les aime. « Ouuh.. C’est encore top secret comme information? » J’arque l’un de mes sourcils à répétition, comme si je détenais de l’information qui valait une mine d’or. Dans un sens, je me sentais privilégié de pouvoir le voir avant tout le monde. C’était bien mieux ainsi, d’ailleurs. Pouvoir passer un peu de temps, seul à seul, avant que tous les autres requins ne lui sautent dessus comme s’il était un morceau de viande. Rapidement, je sens mes joues se faire écraser, écarquillant les yeux. « Euh… » Il s’attendait vraiment à ce que je puisse lui répondre dans cette position. « Et bien.. Che chuis encore en séâtre… En danse.. Encore sheul… » Je ne peux empêcher un petit rire, posant mes mains sur ses poignets pour les lui retirer de mon visage. « Et tu sais quoi? Je me suis déjà réservé une place dans ton lit, parce qu’il est juste à côté du mien~ » Je lui offre un clin d’œil pour appuyer mes mots. Tout le monde sait, de toute façon, que je squatte les lits de tout le monde. Et si Dylan est de retour, je me ferai un plaisir de dormir avec lui, s’il m’en laisse la chance.

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Les mots bizarres qui s'échappent de sa bouche me font me mordre la lèvre pour retenir un rire moqueur. Il a l'air fin comme ça mais ne proteste pas plus que ça, c'est ce qui m'amuse. Autant me concentrer sur lui et profiter de sa présence autant que possible pour ne pas me laisser retomber dans cette espèce de mélancolie qui me prend plus régulièrement que je ne l'aurais pensé. C'est dur d'arriver à se relever mais je l'ai promis et je ne faillirai pas. Je suis sûr qu'il va m'aider sans même le vouloir. « Top secret non mais .. c'est pas un sujet que j'abord souvent.. » Je ne veux pas qu'il ait l'impression que je ne veux pas me confier, je le considère toujours comme un ami proche mais c'est vraiment le cas, je ne me sens pas encore d'en parler. Je n'ai pas envie de plomber l'ambiance alors que je viens tout juste de retrouver cette mignonne petite chose. Plus tard, là il est encore trop tôt.

« Encore sheul ? Mais quech que tu chabriques hein ? » Oui, je me moque ouvertement de lui mais c'est toujours gentillet. Il sait que je ne me permettrais jamais une quelconque méchante attention, envers lui ou quiconque d'ailleurs. Je passe une main dans ses cheveux et les ébouriffe doucement. « Tu m'as manqué. » Ce lieu m'a manqué et mes amis encore plus. Je sens que les choses iront mieux maintenant que je suis là, à la maison en quelque sorte. Je hausse un sourcil à ses mots. « Alors c'est mon premier soir et tu t'invites déjà pour un squat de mon pieu ? Tu n'as plutôt pas intérêt à me prendre toute la couette sinon je te pousse sans gêne, même en plein milieu de la nuit ! » J'agite mon index sous son nez théâtralement ; de toute façon, il fait encore bien trop chaud pour dormir avec une couette, surtout à deux. Je dis ça pour la forme, c'est tout. « Tant mieux au moins, j'ai un guide pour me faire traverser touuut ce territoire inconnu qu'est le dortoir Sango ! » Non vraiment ça ne se voit pas, je suis terrifié .. !

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Et voilà, ça ne prend pas de temps. J’ai déjà l’impression de retrouver mon Dylan d’antan, même si, on fond de moi-même, j’ai l’impression que quelque chose cloche. Il était toujours du genre à se confier quand ça n’allait pas, et certes, je n’allais aucune le forcer à le faire. Juste que j’attendrais avec impatience le moment où il me donnerait une réponse satisfaisante. Mes joues se gonflent une nouvelle fois lorsque le requin se moque de moi, posant mes mains sur mes hanches, affichant un air outré. « N’ai-je pas le droit de rester célibataire? J’attends la perle rare, je ne veux pas me jeter entre les griffes de n’importe qui. » Et c’était sage, surtout pour un jeune homme de mon âge. Rien ne m’empêchait d’aller voir si quelque chose ou quelqu’un me plaisait. « Tu m’as manqué aussi, Dydy. » Un doux sourire se glisse sur mon visage alors que je me redresse, attrapant le seul et unique sac de mon comparse requin, le balançant sur mon épaule. « Je te jure que je ne prendrai pas de place! C’est surtout pour que tu ne te sentes pas trop seul. » Je tends une main dans sa direction, attrapant ses doigts que je noue doucement aux miens, tirant pour l’aider à se redresser. « Alors à votre gauche vous avez la cuisine, là où la magie opère. Vous vous trouvez présentement dans le salon, où la compétition, autour d’un jeu de société, peu devenir extrêmement féroce. Je vous traîne désormais à l’étage pour visiter les quartiers d’habitations. Ne portez pas attention au ménage. » Je pousse un nouveau rire, lâchant ses doigts pour monter à l’étage. Je crois qu’il connaît le chemin.

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Son visage outré me fait sourire un peu plus. Je lève les mains paumes vers lui en signe de reddition. « Doucement petite pousse, je blaguais ! » Je repose mes grosses paluches sur son visage et tapote ses joues d'un air bienveillant. « Tu fais bien va, on finit toujours par trouver et ça nous tombe dessus sans qu'on s'en rende compte ou qu'on s'y attende. » Ca pourrait arriver plus tôt qu'il ne le pense en plus, on ne peut jamais prévoir ce genre de choses. Je le suis des yeux lorsqu'il échappe à mon emprise pour se relever et mon sac finit dans ses mains. Je joins mes mains sur mon cœur et papillonne des yeux en regardant Yael. « Mon sauveur, ce sac était bien trop lourd pour moi ! » J'arrête mes bêtises et le laisse me redresser. « Pour une première nuit dans mon propre lit, j'aimerais effectivement pouvoir dormir comme il faut. Si tu ne gesticules pas toute la nuit, on peut s'entendre. » Je lui fais un clin d'oeil et le suis finalement pour une petite visite guidée rapide du rez de chaussée. Je joue le parfait touriste à coups de 'aaah' et de 'oooh' à chacune de ses indications. La dernière remarque avant les escaliers me fait rire. « On a jamais été très doués niveau ménage je crois. »

Yael finit par lâcher ma main et emmène mon sac avec. Je le vois disparâitre en haut des escaliers et me retourne pour jeter un dernier coup d'oeil à la pièce dans un sourire, comme si je prenais conscience que j'étais de retour pour de bon. Je ne m'attarde pas et monte à mon tour pour rejoindre Yael dans le couloir. « Ma parole, où est-ce qu'ils sont tous ? Je m'attendais à croiser plus de monde quand même mais tu es le premier que j'ai vu ici..»

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Oui, vraiment, ce Dylan est le Dylan que je connaissais avant qu’il ne parte. Ce sens de la répartie, cette manie de toujours m’écraser les joues, comme ça. Ça n’avait pas changé, et tant mieux. Je me serais sentit bizarre de devoir faire face à un jeune homme que j’avais jadis connu et qui aurait totalement changé. Au final, ça me fait du bien de le retrouver. J’espère qu’il se sentira de nouveau à sa place, même s’il n’est plus le président. « Si je peux me coller contre toi et profiter du confort et du la sécurité de tes bras, je te jure que je ne bougerai pas d’un poil! » Un nouveau clin d’œil dans sa direction, poussant un léger rire à la mention du ménage. Ne m’en parlez pas. Aliyyah avait déjà assez de mal avec moi et Zhu. Maintenant que Dylan se joignait à nous, ce serait l’hécatombe… Doucement, mes épaules se haussent, tournant la tête vers le grand Sango. « Tu sais, tu n’es pas le seul à être parti… » Je pointe le hall, la plupart des portes ne portant plus de noms. Le dortoir s’était vidé, petit à petit, ne laissant plus que quelques personnes pour le peupler. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était assez. « C’est bon de te ravoir parmi nous. Pas parce que ça ajoute une personne de plus, hein. Ta présence me manquait. Et je suis certain que les autres seront aussi heureux de te voir. » J’ouvre la porte de notre chambre, vide également, Aliyyah et Zhu étant présentement en cours, puis pose le sac de Dylan sur son lit avant de prendre place sur le mien, ne voulant pas m’imposer trop directement. « Ce soir ce sera plus peuplé, ne t’en fais pas. Tu veux faire quelque chose, en attendant? »

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Ca me fait un pincement au cœur de savoir que d'autres sont partis et que je n'étais pas là pour tenter de faire quelque chose et éviter l'exode. D'un autre côté, malgré tout l'amour que je porte aux Sangos, il a fallu faire un choix et je n'aurais jamais pu laisser Logan. Égoïste ? Peut-être. Il n'empêche  que je n'aurais pas pu faire autrement. Je reviens aujourd'hui la queue entre les jambes. Avec Yael, je ne sens aucun problème, aucune retenue et pourtant je m'étais attendu à quelque chose, de la gêne peut-être après ce temps ? Je verrai comment les choses vont se goupiller avec les autres en temps voulu. Pour le moment Yael et là et je suis bine content de le retrouver. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu et pourtant c'est bizarre, d'un autre côté, c'est comme si je n'étais parti qu'hier. Oui, ce que je dis n'a pas tout à fait de sens mais c'est comme ça que je le ressens.

« Confort et sécurité tu auras ! » Je regarde les portes une à une et revois les noms ainsi que les trucs que les roses avaient fait à chacun d'entre nous. Un petit sourire se dessine à nouveau sur mes lèvres et je me dis qu'il serait vraiment plaisant de revoir un dortoir plein de vie, surtout avec un bâtiment tout neuf redécoré avec nos petits bras à nous après le tremblement de terre. J'accélère un peu pour qu'il ne me sème pas et marche à ses côtés, me tournant sans m'arrêter pour poser mon doigt sur sa joue et appuyer légèrement. « Ca me fait plaisir ce que tu me dis là. Je suis content d'être revenu, tu sais. J'avais besoin de me sentir entouré et soutenu et je sais que vous êtes les meilleurs pour ça en plus. » Je me laisse tomber comme un gros sac sur mon lit, mon visage enfoui dans le matelas. Je pousse un long soupir inaudible avant de rouler sur le dos, observant cette nouvelle chambre qui serait la mienne, avec ses quatre lits. Du monde, parfait. « J'ai hâte de revoir tout le monde et en même temps, ça me fait un peu flipper je dois dire. » Un peu, oui. Peur qu'on m'accuse, peur qu'on me pose des questions. Je me fais sûrement trop d'idées mais c'est comme ça. « Je suis bien, là, étalé comme un gros. Si tu as quelque chose de mieux que de traîner sur ce bon vieux matelas, propose, je t'en prie ! »