yael & dylan

En arrivant chez les Sangos, jamais je n’aurais cru que cette fraternité deviendrait ma famille. Elle était petite à mon arrivée, mais tout le monde se serrait les coudes. C’était encore ainsi, en fait. Si j’avais besoin d’aide pour quoi que ce soit, je savais sur qui compter. J’avais mes frères et sœurs avec moi en tout temps et ils savaient également qu’ils pouvaient compter sur moi s’ils avaient besoin de quoi que ce soit. Pour une fois, je sentais que j’avais une certaine responsabilité. J’avais le devoir de faire revisiter le dortoir à Dylan, de le briefer sur ce qu’il avait pu manquer pendant son absence.

Un nouveau sourire se loge sur mes lèvres lorsqu’il me confirme que je pourrai dormir avec lui cette nuit. Je ne me suis pas imposé sur son lit, et pourtant, je m’impose déjà pour sa première journée de retour. Ça commence bien. Note à moi-même : ne pas trop lui en demander. J’avais tendance à pousser, à exagérer, à demander plus que nécessaire, et visiblement, ce n’était peut-être pas le meilleur moment. Je regarde l’ancien président se laisser tomber sur son lit, mon sourire prenant de l’ampleur. La journée avait probablement été longue. Peut-être qu’il n’allait pas bien? « Si tu veux, aussi, je peux te laisser seul, hein. » Si ça le faisait flipper de devoir faire face aux autres, je devrais peut-être lui donner du temps avec lui-même pour qu’il puisse y penser, non? Je me redresse toutefois pour traverser la chambre, passant de mon lit à celui de mon aîné, y montant à quatre pattes, à la manière d’un chat. « En fait, je veux juste passer du temps avec toi, peu importe ce qu’on fait. » Rendu à sa hauteur, je lui offre un adorable sourire avant de me blottir contre son torse, me donnant un léger avant-goût de la nuit à venir. Aliyyah allait dire que j’abuse, je suis certain. « En tout cas, j’espère que tu te sens déjà entouré. Yael, boule d’amour à la rescousse! » L’éclat de mon rire se répercute dans la chambre tandis que je serre une nouvelle fois le grand Sango entre mes bras. « Tu peux prendre le temps que tu veux pour revenir, mh. Personne ne te jugera. Tout le monde t’aime, Dylan…

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Une chambre à moi à nouveau, ça fait plaisir de me dire que je retrouve une place parmi les verts. Je ne compte plus partir. Je n'en avais jamais eu l'intention d'ailleurs au départ mais il en a été autrement et je ne regrette pas d'avoir agi comme je l'ai fait, même si je ne peux m'empêcher de culpabiliser, d'autant plus maintenant que je suis de retour : revenir pour mieux prendre conscience de son départ précipité. Je sais d'avance que je vais me plaire ici autant qu'avant. Même si certains sont partis comme l'a souligné Yael, ceux qui restent constituent un noyau impérissable et accueillent les nouveaux avec plaisir. J'ai hâte de voir les nouvelles recrues sangos d'ailleurs, je me fais d'avance une joie d'astiquer un peu les petits nouveaux.

Je glisse un de mes bras sous ma tête pour la surélever un poil et pouvoir regarder Yael, tout sourire.  Il est un concentré de bonne humeur et ça fait plaisir de le voir. Je me redresse juste sur les coudes à sa remarque. « Hein ? Non non, va pas penser que je n'ai pas envie que tu sois là, au contraire ! Je suis pas sûr d'arriver à mieux gérer si je suis seul .. » La dernière phrase est marmonnée, plus pour moi qu'autre chose. Je viens à peine de le retrouver, loin de moi l'idée de l'éloigner. Le message a l'air d'être passé puisqu'il se rapproche et grimpe sur mon lit. Je souris, tout content de le voir s'allonger lui aussi et glisse une main dans ses cheveux. « Ca me va, je compte bien profiter de toi maintenant que je suis de retour ! » Je frétille du sourcil pour appuyer mes dires et repose finalement ma tête sur l'oreiller. « J'espère que tu en as de l'amour à revendre, je suis plutôt demandeur ! » Je zyeute un peu le plafond et pense soudain qu'il faudra qu'on squatte le plumard de Yael ce soir. « Ce soir, on dort dans ton lit ou alors je te réquisitionne pour m'aider à faire le mien tout à l'heure. » Je trifouille ses cheveux sans même m'en rendre compte, jouant avec quelques mèches ici et là. « Ca me fait bizarre de rentrer quand même .. j'ai un peu l'impression que ça efface en quelques sortes les derniers mois où je n'étais pas là .. enfin, c'est bizarre dit comme ça mais je sais pas trop comment expliquer .. » C'est un peu comme si rien n'avait changé, et pourtant .. « Hmm .. » Je pense à autre chose avant de me laisser porter dans des directions que je préférerais éviter. « Je pourrai tenter de cuisiner ce soir ? Enfin vu les machins que je fais quand ça me prend, mieux vaut peut-être que j'aille acheter un ou deux fut de binouze pour une soirée ! »

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Je ne suis pas sûr d’arriver à gérer si je suis seul. Cette phrase à elle seule suffit à me faire angoisser, même si elle est marmonnée, probablement pour que je ne l’entende pas... Qu’est-ce qui a bien pu se passer? Ce petit côté de la personnalité de Dylan n’est pas le même qu’avant. Je le trouve un peu secret, comme s’il tentait de cacher quelque chose, ou qu’il tentait de se protéger de quelque chose. Mes yeux se ferment presque directement en sentant la main de mon aîné se glisser dans ma chevelure et si je ne me retenais pas, je me serais probablement mis à ronronner. Un doux sourire se glisse alors sur mes lèvres, haussant un sourcil, serrant un peu plus le Sango entre mes bras. « Tu viens tout juste de revenir et tu me fais des remarques si lourdes de double sens? » Je fais mine d’être outré, puis pousse un nouveau rire. Je suis soulagé de voir qu’il préfère que je reste avec lui, en fait. Je viens tout juste de le retrouver, je n’allais pas le laisser tomber tout de suite. « J’aime bien. » Je murmure, un peu plus pour moi-même que pour lui. Ses remarques m’avaient manquées. Sa présence, surtout, m’avait manquée. C’est que c’est assez difficile de remplacer un imbécile heureux qui a la taille d’un tour et qui fait beaucoup de bruit.

Doucement, je me redresse sur l’un de mes coudes, mon regard s’illuminant. « Tu sais quoi? C’est une idée de génie! » Je roule en dehors du lit, me tâtant rapidement pour tenter de trouver mon portable, fouillant également ma table de chevet, sans le trouver. C’est lorsque je me retourne vers le Sango, encore en étoile sur son lit, que je vois l’appareil. Coincé sous les fesses du grand dadais. Je pince légèrement mes lèvres, remontant sur le lit à quatre pattes pour glisser ma main sous le postérieur de Dylan, reprenant ce qui était mien. « Je vais t’ajouter à la conversation de groupe! Comme ça, tout le monde le saura. Et je vais tous les inviter, du coup, on fera une fête ce soir. » Je lui explique le tout en m’exécutant, reposant ma tête contre son ventre, prenant mes aises. « Tu veux commencer tout de suite? ~ »

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« Des double sens ? Je ne vois pas, mais alors pas du tout, de quoi tu parles, Yael. » Cette fois-ci, un clin d'oeil appuyé lui est adressé. Il sait comme moi que bien entendu je fais l'imbécile et que j'ai dit ça avec humour. Il n'empêche qu'il y a une part de vérité dans mes paroles et qu'effectivement, j'espère qu'il a de l'amour à revendre. Inconsciemment, je risque d'être plus tactile qu'avant tout simplement pour trouver un peu de réconfort ici et là. J'aimais déjà le contact humain avant mais là, j'en ai plus besoin qu'autre chose ; je n'ai jamais eu cette impression de me retrouver seul et mine de rien, la solitude et l'abandon sont certainement les choses que je gère le moins bien. J'aurais préféré ne pas le découvrir mais je n'ai pas eu vraiment le choix d'y faire face ou non. Ca ne semble pas déranger Yael apparemment et vu qu'il est lui même venu squatter mon lit, je crois que je n'ai pas à m'inquiéter de sa réaction je pense.

Il se redresse et je laisse mes yeux retomber sur lui en haussant un sourcil. « Quoi donc ? » Quelle idée de génie ? Ah, le petit regroupement visiblement. Il descend du lit en quatrième vitesse et je m'y étale un peu plus en contrepartie, un sourire flottant sur mes lèvres en voyant tant d'enthousiasme. « Tu cherches quoi quelque chose ? » Je le vois tourner et s'activer sans grande réussite jusqu'à ce que ses yeux tombent sur moi. « Ohh, c'est moi que tu cherches ? Mais j'étais là depuis le début, tu sais ? » Il revient vers le lit et sa main glisse sous moi. « Dix minutes qu'on s'est revus dis donc, tu vas vite en besogne toi ! » Je ris et tente d'écraser sa main en remuant sur le matelas mais il en sort son portable et je ne peux m'empêcher de rire encore. « Je te le gardais au chaud, si c'est pas sympa ça, hein. » Il se réinstalle finalement et je le regarde pianoter sur son portable. « Comme tu veux, Yael. Tu n'as rien à faire ? Je ne voudrais pas t'accaparer dès mon retour. » Je recommence à lui tripoter les cheveux et les enroule autour de mes doigts doucement en espérant qu'il n'aura effectivement rien de plus important à faire. C'est bizarre mais vraiment pas désagréable de se savoir revenu depuis si peu de temps et de le retrouver ainsi comme si je n'étais jamais parti.

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Il venait à peine de revenir et voilà que je prenais déjà mes aises. À croire que je n’avais plus aucune retenue. Jamais, auparavant, j’aurais glissé ma main sous lui pour aller chercher mon portable. J’aurais sagement attendu qu’il bouge, ou alors je lui aurais tout simplement demandé de me le redonner. J’avais de l’affection à donner pour mille et je savais que Dylan en profiterait. J’en profiterais aussi. « Je marque déjà mon territoire, tu vois~ C’est pour mieux repousser les prédateurs. » Un fin sourire joueur se glisse de nouveau sur mon visage au même moment où je me glisse dans son lit.

Qui aurait cru que la présence d’une personne en particulier puisse être si réconfortante? J’avais presque l’impression que le temps s’était arrêté. Qu’il n’y avait plus que nous deux dans cette chambre qui était désormais la nôtre. Dès que je sens ses doigts se glisser dans ma chevelure, je referme les yeux, un faible soupir passant mes lèvres. J’hoche doucement de la tête de façon négative pour lui répondre. « Je suis libre comme l’air… » J’avais quelques devoirs à faire, mais ça pouvait facilement attendre à plus tard. Il fallait fêter son retour, quoi! Au diable les études. Tout était un bon prétexte pour fêter. J’entrouvre à peine les paupières, relevant l’une de mes mains pour glisser mes doigts dans la chevelure de mon aîné, lui adressant un sourire empreint de douceur. « J’ai envie de passer du temps avec toi. Rattraper le temps perdu… » Je sais qu’il n’est pas prêt à se confier. Mais si ma seule présence peut l’aider à se sentir un peu mieux, je me dédierais à lui consacrer du temps, jour et nuit. Le bout de mes lèvres vient délicatement s’abattre contre sa joue, tout proche de mon visage. Il me faut quelques secondes pour me reculer, me rappelant qu’aux dernières nouvelles, Dylan n’était pas célibataire. S’il était revenu, Logan l’avait probablement suivit. Cette proximité était probablement un peu trop poussée. Je me redresse presque directement, supporté à l’aide de ma main, attrapant mon portable pour faire mine d’y surfer. « Tu as envie de cuisiner un truc en particulier…? »

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Il n'hésite pas à répondre et ce petit échange léger me donne clairement le sourire. Il m'a vraiment manqué le bougre et je ne prends la mesure de la chose que maintenant que je l'ai devant moi. Un de mes sourcils se hausse l'air de rien, le coin de mes lèvres se relevant légèrement. « Alors comme ça je suis un territoire à marquer maintenant ? Eh bien eh bien. On s'absente une fois et quand on revient, on découvre ses proches sous de toutes nouvelles facettes dis donc .. » M'absenter .. Il m'en faut peu pour me perdre dans les méandres de la mélancolie ces temps-ci et passer du rire au larmes. Je ne veux pas pleurer, certainement pas maintenant que j'ai retrouvé Yael et que je sais que lui et d'autres m'aideront à remonter la pente. Il me suffit de quelques secondes cependant pour avoir le visage de Logan devant les yeux et nous revoir posés ainsi sur nos lits comme Yael et moi le sommes juste là, amoureux fou l'un de l'autre et sans souci. Ma main se glisse machinalement vers le visage que je pense être celui devant moi et mon pouce glisse contre sa lèvre inférieur doucement, voulant inconsciemment toucher du doigt et ramener ce que je savais être un souvenir. Seulement un souvenir. Il se dissipe aussi vite qu'il n'est apparu et un vague sourire triste se glisse sur mes lèvres par défaut parce que je me suis interdit de m'effondrer une fois encore et que Yael ne mérite pas ça. « Tu es à moi jusqu'à la fin de journée alors. » Sa présence me fait du bien et je dois sûrement être égoïste de vouloir le garder près de moi alors que je viens à peine de débarquer mais Yael m'apaise d'une curieuse façon. Je ferme les yeux un instant en sentant ses lèvres contre ma joue et me complais dans le réconfort que j'y trouve, trop court à mon goût. Au moins, il veut passer du temps avec moi aussi et je ne le force pas, je ne crois pas du moins .. je suis peut-être trop insistant ? Et comme pour me faire douter un peu plus, Yael se redresse subitement et j'en fais de même une fois passée la surprise. Me relevant tout à fait, je descends du lit et lui souris doucement, compréhensif, haussant une épaule. Je ne vais pas pousser ma chance et continuer d'être tactile s'il en a assez. « Hmm .. un truc gras et bien sale .. c'est tout ce que je sais faire. Des macaronis au fromage ? Des hamburgers ? »

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Il me fait plaisir de passer du temps avec Dylan. Ça a toujours été le cas, je ne mentirai pas sur ce point. Même avant son départ, j’adorais passer du temps avec lui à faire n’importe quoi. Même avoir des conversations sérieuses – parce oui, Dylan a beau être un imbécile heureux, il peut faire preuve d’un grand sérieux et d’une très grande maturité. Un nouveau sourire étire mes lèvres. « Je ne voudrais pas te voir filer encore une fois. Je prends mes précautions, tu sais… » Je laisse volontaire la phrase en suspens en remarquant la façon dont le Sango me regarde. Son regard a changé du tout au tout. L’espace d’un instant, je n’ai plus l’impression d’avoir le même homme face à moi et mes sourcils se froncent légèrement. Devrais-je lui demander s’il se sent bien? Aucunement le temps de prononcer quoi que ce soit, sa main se glisse sur mon visage avec une douceur qui ne devrait pas m’être destinée. Son pouce passe d’ailleurs sur mes lèvres, ce geste m’arrachant un long frisson que j’arrive à peine à expliquer. Le visage de Dylan se transforme une nouvelle fois, un sourire triste se logeant sur ce dernier. Que se passe-t-il..? Je déglutis un moment, me redressant instinctivement parce que l’idée de commencer la préparation m’était venue en tête. Et pourtant.. J’écoute Dylan parler comme s’il n’était pas présent, mon regard fixé contre son torse. Je ne devrais pas faire ça. Je ne devrais absolument pas me mêler de ses affaires. Mais le Dylan que j’avais en face de moi, présentement, n’était que l’ombre de celui que je connaissais autrefois. Rapidement, mes mains se posent contre le torse de mon aîné, le poussant doucement pour le voir tomber à la renverse sur son lit. Je n’attends pas la protestation, que je sens venir, et monte à califourchon sur lui, venant nouer mes bras à sa nuque. « On va rester ici, tout compte fait. » Je murmure, comme si je ne voulais pas l’affoler. Mon visage s’adoucit également, un air légèrement triste flottant sur ce dernier. « Explique-moi ce qui se passe… En détail. » Je ne lui laissais pas vraiment le choix. Il pouvait facilement me faire bouger, je n’étais que plume à côté de lui. Mes lèvres se posèrent une nouvelle fois contre sa joue, un peu plus longtemps qu’auparavant, l’encourageant ainsi à s’ouvrir à moi. Je voulais comprendre pourquoi sa joie semblait s’être totalement évanouie.

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Où suis-je ? Où est l'ancien moi qui ne se souciait de rien ? Je ne sais pas où il s'est perdu mais je ne suis pas habitué à me poser autant de questions. J'aimerais arrêter. Je sais que c'est possible, ça va juste me demander un peu plus de temps, un peu plus d'efforts. Cette petite absence était bien entendu involontaire. Je me demande si je serai un jour capable d'oublier Logan. Je ne veux pas l'effacer. Je veux garder notre histoire en tête comme un précieux souvenir mais être capable d'avancer, de continuer à avancer la tête haute. Il va bien falloir que j'accepte un jour mon impuissance, que j'arrête de culpabiliser parce que je n'ai rien pu faire. Impossible d'échanger nos rôles même si c'était mon vœu le plus cher ; prendre ce mal qui le rongeait et le laisser sain et sauf. Un léger soupir m'échappe. Je ne veux plus me laisser submerger par mes émotions mais je sais que ça va prendre du temps avant que je n'arrive à laisser le passé là où il est.

Je n'offre pas une très bonne image de moi-même dès mon retour, c'est le moins qu'on puisse dire. Yael doit me prendre pour un fou avec mes sautes d'humeur et sincèrement je me sens ridicule à lui montrer ce visage là de ma personne à peine revenu. Une fois redressé, je me dis que peut-être cet élan de mélancolie va passer si lui et moi nous retrouvons à faire autre chose dans la cuisine mais visiblement, Yael a changé d'avis entre temps. Sa main fait pression et je retombe sur le lit, pris par surprise. « Yael ..? » Je me tiens sur mes coudes, à demi allongé, prêt à me relever à nouveau, les yeux posés sur lui sans trop comprendre. Il me grimpe dessus et je ne dis rien, surpris. Il n'étais certainement pas aussi tactile avant. Ses mots me tirent un léger sourire. Je croise ses yeux, son visage plus proche que ce à quoi je m'attendais. Je m'apprête à relancer une blague pour alléger l'atmosphère mais il me devance et reprend la parole avant moi. Je me crispe presque inconsciemment et laisse ma tête retomber sur le matelas, fixant le plafond. Je ne dois pas craquer. Ses lèvres contre ma joue me font fermer les yeux et je lâche prise. Ma gorge se serre à ce simple contact et je ne sais pas pourquoi mais les mots m'échappent avant même que je ne puisse y penser, ceux que je garde au fond de moi, ces mots égoïstes que personne d'autre que moi ne devrait entendre. « Il m'a laissé .. Qu'est-ce que je suis censé faire sans lui, moi ?.. » Mes doigts sont serrés dans les draps sans même que je m'en rende compte et ma voix n'a jamais été aussi plaintive.

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Je ne me reconnais plus moi-même. Je suis de nature insistante, mais jamais autant qu’en ce moment. Peut-être parce que Dylan avait toujours été mon ami, qu’il avait toujours été présent pour moi et que je me devais d’être présent pour lui en ce moment. Parce que même sans me dire exactement ce qui se passait, je savais que quelque chose ne tournait pas rond. Depuis le début de notre amitié, jamais je n’avais vu Dylan être triste. Je ne l’avais jamais vu pleurer, ne l’avais jamais entendu se plaindre, outre pour rigoler.

Mes lèvres se pincent doucement entre elles lorsque j’entends Dylan parler. Cette voix si plaintive, ces mots lourds de tristesse me font mal alors qu’ils ne me sont même pas destinés. Alors c’est pourquoi il était parti? Parce que Logan l’avait quitté? En même temps, cela pouvait signifier qu’ils n’étaient plus un couple, mais aussi que quelque chose de bien pire aurait pu arriver à Logan. Je n’allais pas m’aventurer sur ce terrain, pas maintenant. C’était trop risqué, et à voir comment Dylan s’agrippait aux draps comme si sa vie en dépendait, je me disais que ce n’était pas le moment idéal. « Tu nous as nous… » Ma voix n’est plus qu’un murmure, comme si je ne voulais pas le brusquer d’avantage. Ma main se glisse délicatement dans sa chevelure, enroulant mes doigts dans ses mèches comme si je voulais le rassurer, le calmer. « Tu m’as moi… » Je n’allais certainement pas me sauver maintenant qu’il venait de revenir, surtout qu’il avait besoin de compagnie. Je repose une nouvelle fois mes lèvres contre sa joue, encore plus longuement que la fois précédente, les yeux mi-clos. « Je suis désolé… Je ne voulais pas t’arracher les mots de la bouche, mais je déteste te voir ainsi… » Un sourire teinté de tristesse se glisse sur mon propre visage, ma main glissant contre la joue du Sango. Le bout de mon pouce glisse contre ses lèvres, reproduisant le geste qu’il avait eu à mon égard précédemment. « Reste ici.. Je commanderai quelque chose… »

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".. je l'ai vu .. mourir dans mes bras Yael .." Ma vue se brouille et je tourne la tête sur le côté en prenant conscience des mots qui m'ont échappé. J'ai sûrement l'air ridicule à me mettre à larmoyer de la sorte parce que oui c'est ce que je fais, je pleure. Moi qui pensais pouvoir me contenir, le sujet est encore trop frais et je n'ai visiblement pas eu le temps d'enfouir mes sentiments comme je le pensais. Quelques mots de Yael ont suffi à tout réveiller. Est-ce si difficile de se contenir ? Comment font les autres pour continuer à avancer ? J'ai l'impression que je ne vais jamais y arriver tout à fait. J'inspire profondément et j'essaie de me calmer parce que je me rends bien compte que je ne devrais pas me mettre dans des états pareils, surtout pas devant Yael.


J'entends sa voix et après un instant à ravaler mes sanglots, je hoche la tête. Je sais que ses paroles sont sincères et que si quelqu'un peut m'aider à me relever, ce sont bien mes verts. Je m'autorise à fermer les yeux en sentant sa main dans mes cheveux ; je dois vraiment être en manque d'affection pour réagir ainsi mais ca me fait du bien. Quelque chose frôle mes lèvres et je rouvre les paupières pour fixer un regard humide sur Yael. Il est là à me soutenir, à rester avec moi et moi, en échange, je pleurniche. Je me redresse dans un élan de conscience et passe une main dans son dos pour éviter de le déloger trop rapidement, le gardant près de moi par la même occasion. Je veux poser mes lèvres à mon tour sur sa joue en signe de remerciement mais mes yeux embués me font atterrir au coin de sa bouche sans même m'en rendre compte. "Désolé .." Je viens vraiment de pourrir l'ambiance avec ma saute d'humeur et j'espère qu'il sait que je m'excuse sincèrement, que je ne voulais très certainement pas lui miner tout sa soirée avec mes problèmes. Je pose une main sur ses yeux doucement et laisse mon front reposer sur son épaule. "Oublie ce que tu viens de voir. Laisse moi un instant pour me reprendre .. juste un petit instant .." Je prends une profonde inspiration et essaie de me calmer tout à fait, me concentrant sur sa respiration à lui pour caler la mienne dessus et tenter de redevenir moi-même.