yael & dylan

Je l’ai vu… Mourir dans mes bras Yael… Mon cœur se serre directement. Une boule se forme au creux de ma gorge et je cligne doucement des yeux, mon regard ne pouvant se détacher du visage larmoyant de mon ami. Qu’est-ce que j’ai fait… Je me sens tellement cruel, si méchant de l’avoir forcé à prononcer ces mots. Je me sens idiot de l’avoir fait ainsi pleurer parce que mon rôle, c’était de lui remonter le moral, de lui montrer à quel point il pouvait être fort tout en ne sachant pas ce qui s’était produit. Et j’ai laissé ma curiosité prendre le dessus. Je m’en mords présentement la lèvre, douloureusement, poussant un léger soupir pour tenter d’évacuer la pression. Je ne suis qu’un idiot.

Je me fige un moment. Dylan a bougé, a posé sa main dans mon dos comme pour m’interdire de partir. Et ses lèvres se posent au coin des miennes. Automatiquement, je sens mon visage chauffer, signe qu’une fine pellicule rougeâtre s’y forme. Je le laisse poser son visage contre mon épaule, sa main se posant également contre mes yeux, ce geste m’arrachant un sourire. « Il n’y a aucun mal à pleurer, Dylan… » Je murmure contre ses doigts, retirant délicatement sa main afin de pouvoir le regarder. Il semble déjà s’être calmé, et pourtant, je soupçonne qu’une tempête fait rage sous ce visage peiné. Mes doigts se glissent délicatement sous son menton, lui relevant la tête, le bout de mon pouce glissant contre sa joue pour essuyer une larme qui perlait encore. J’ai l’impression d’être le plus vieux de nous deux, en ce moment même. Je me fige une nouvelle fois, sans trop savoir pourquoi. Je plonge sans me poser de questions, sans penser aux conséquences. Je laisse mes lèvres chercher celles du Sango, lui offrant un doux et tendre baiser auquel je ne m’attends pas à recevoir une quelconque réponse positive. Lui changer les idées, lui faire comprendre que le monde continu toujours. Mon front se pose contre le sien, mes dents s’attaquant à ma lèvre inférieure. « Désolé… »

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Elle est belle l'image que je donne à Yael de son ancien président. Si on m'avait dit un jour que j'en arriverai à ce niveau là de décadence, je ne l'aurais certainement pas cru. Je ne me vois pas comme le meilleur président que les Sangos aient eu, loin de là, mais j'aime à penser que je n'étais au moins pas le pire de tous et qu'en toute occasion je restais de bonne humeur pour faire figure de modèle pour eux. Là, je me couvre de ridicule et je sais que c'est trop tard, que je ne peux pas revenir en arrière et effacer cette scène de sa mémoire.

Dans un effort de volonté, j'arrive à me calmer et je suis bien content qu'il soit là parce que ca n'aurait sûrement pas été la même tout seul. Premier soir de retour, déjà des larmes .. si ca ce n'est pas signe que je me suis ramolli, je ne sais pas. Je me redresse en sentant ses doigts sous mon menton et cligne des yeux quelques fois comme pour forcer les larmes à disparaître. Dylan, quatre ans et demi, vraiment, c'est à se demander qui est le plus âgé des deux. "On sait tous les deux que j'ai l'air con comme ca .." Yael essuie une de mes larmes et je frotte mes yeux sauvagement avec le bout de mes manches, quitte à les faire rougir un peu plus mais au moins, j'y verrai déjà plus clair. Lorsque je baisse mes mains, il me prend par surprise et je sens ses lèvres sur les miennes, gardant les yeux ouverts. Le temps de réaliser, le contact est rompu déjà mais je peux encore sentir la sensation ; non, je n'ai pas rêvé. Yael semble regretter son geste, du moins c'est l'impression qu'il me donne. Je n'ai pas envie qu'il me prenne en pitié mais j'imagine que ca part d'une bonne intention et je lui souris doucement, prenant son visage entre mes mains et posant mes lèvres sur son front. "T'inquiète pas pour moi, Yael." Je plonge mes yeux dans les siens, tout proche de son visage. "Je vais reprendre du poil de la bête et tu n'auras plus à entendre mes jérémiades, c'est promis .." Et comme pour lui prouver mes dires, je me redresse et essuie une nouvelle fois mes yeux avant de lui tendre ma main. "Allez viens, j'ai besoin d'air !"

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Cette réaction que je viens d’avoir. Elle n’est absolument pas digne d’un ami. Un ami devrait être présent pour réconforter, pour changer les idées. Pas pour embrasser, surtout pas dans ce genre de situation. Je me sens tellement idiot. Et pourtant, Dylan ne bouge pas. Il reste là, me regarde comme s’il était extérieur à la scène, et moi, je sens la gêne me monter au visage. Dans ma tête, je suis persuadé que j’ai posé le pire geste possible.

Et pourtant, je sens les lèvres du Sango se poser contre mon front, mes paupières se fermant doucement. Je pousse un soupir, presque soulagé, m’attendant à de la colère ou de l’incompréhension totale. Je préfère d’ailleurs le manque de réaction, le fait que Dylan ne ramène pas cet incident. « Je m’inquiéterai toujours pour toi, Dylan… » Je murmure. C’était vrai. Tout simplement parce que je m’inquiétais toujours du bien être de mes camarades. J’avais beau les faire chier plus souvent qu’autrement, je les aimais tous et je prendrais soin d’eux comme jamais s’il le fallait. « Tes jérémiades ne me dérange pas… Aucunement. » Un léger sourire pointe sur mes lèvres alors que je me redresse à mon tour, suivant le mouvement. Quand je vois sa main se tendre vers moi, je glisse mes doigts entre les siens, les entremêlant comme si j’avais peur de le voir se sauver alors que je savais pertinemment qu’il resterait avec moi. De ma main libre, j’attrape rapidement une écharpe, que j’enroule autour de mon cou avant de sortir de la chambre. Je nous mène à la terrasse extérieure, menant sur la cour arrière du dortoir des Sangos, relâchant sa main pour m’accouder à la balustrade. « Excuse-moi d’avoir fourré mon nez dans tes affaires. J’aurais dû attendre que tu me le dises. » Je ferme de nouveau les yeux, laissant le vent caresser mon visage. Jusqu’à ce que mon portable vibre au creux de ma poche. Je le sors pour consulter mes messages, fronçant doucement les sourcils. « On dirait qu’on devra manger en tête à tête. L’équipe de natation a un entraînement jusque tard ce soir et je n’ai pas eu de nouvelle des autres… »

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Sentir que quelqu'un est là pour soi est un luxe que certains n'ont pas. J'ai cette chance personnellement, je m'en rends compte ; à peine rentré, Yael est déjà là pour moi. Il ne devait pas s'attendre à mon retour et encore moins à me voir m'effondrer lamentablement de la sorte. Ce geste qu'il a eu envers moi ne m'a pas choqué au contraire, dans l'état où je suis, je suis plutôt content de le voir me témoigner de l'affection aussi spontanément. "Je compte bien ne plus te donner de raison de t'inquiéter, Yael." Il me sourit et glisse sa main dans la mienne, ses doigts entre les miens. "Je ne risque pas de m'échapper là !" Je lui souris à mon tour avant de tourner la tête pour essuyer une dernière fois mes yeux.

Il me mène sur la terrasse et relâche finalement ma main pour s'avancer vers la rambarde. J'inspire un grand coup en fermant les yeux, retrouvant mon état normal peu à peu. L'air frais me fait du bien, j'en avais bien besoin. La voix de Yael se fait entendre et je m'approche de lui et glisse mes mains déjà froides sous son écharpe pour trouver de la chaleur. "Tu ne pouvais pas savoir. Et puis de toute facon, quelqu'un  aurait par me demander pourquoi je suis parti et revenu .." J'entoure son cou de mes mains completement et reste derrière lui, haussant un sourcil dans un sourire. "Je crois que tu vas devoir me supporter encore un peu alors. Tu avais peut-être quelque chose de prévu ce soir ?" Je me penche légèrement par dessus son épaule pour le regarder. "N'annule pas pour moi si jamais c'est le cas, maintenant que je suis revenu, je ne pars plus et on pourra se voir et passer tout le temps qu'on veut ensemble." Je n'ai plus de raison de repartir maintenant et je sais que je n'aurais aucun à me sentir à nouveau comme chez moi dans très peu de temps.

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Je ne risque pas de m’échapper. Cette phrase seule suffit à me rassurer. Au fond, même si mon geste fut commis sous le compte de l’impulsivité, Dylan ne semble pas s’en faire. Il ne me repousse pas, ne me fait pas la morale, ne me dit surtout pas que ce je viens de faire est mal. L’air frais me fait probablement autant de bien qu’à lui. Il me permet de me calmer, de remettre mes pensées dans l’ordre, même si je me sens encore mal de lui avoir tiré les vers du nez. Je ne pouvais pas savoir. Lui-même me le confirme. Et c’est vrai. Jamais je n’aurais imaginé que quelqu’un, dans mon cercle d’amis, puisse perdre une personne qui lui était aussi chère. C’était crève cœur.

Je sursaute légèrement en sentant les mains du Sango glisser sous mon écharpe, baissant légèrement la tête pour les apercevoir. Lorsque ses mains changent de position, entourant finalement mon cou au grand complet, je ne peux réprimer un frisson, fermant les yeux. Le froid mordant est si agréable, et pourtant, je donnerais tout pour trouver une source de chaleur. Source de chaleur que je trouve en Dylan, ce dernier se rapprochant, me demandant une nouvelle fois si j’avais des plans. « Je t’ai déjà dit que non, gros nigaud… » Je tourne légèrement la tête pour poser un bisou contre sa mâchoire, en profitant d’ailleurs pour me retourner complètement entre ses bras, m’appuyant contre la rambarde. « Just you and me pour le reste de la soirée! » Je lui offre un léger clin d’œil, penchant la tête pour sortir mon portable, farfouillant quelques pages Internet avant de commander notre repas du soir : de la pizza. Je savais que Dylan adorait ça quasiment autant que les burgers et il fallait fêter en grand! « Une petite bière, ça te dirait, mon joli? » Je prends un risque. Parce que je ne tiens pas très bien l’alcool, mais que l’occasion en mérite une. Et puis, ça l’aiderait peut-être à penser à autre chose.

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Il ne fait vraiment pas chaud aujourd'hui mais ce n'est pas plus mal ; le vent qui souffle me fait du bien et je retrouve mes esprits. Je ne suis pas sûr de m'éterniser dehors mais passer sur la terrasse était définitivement une bonne idée. En quelque sorte, je me sens soulagé d'un poids. Peut-être fallait il que je craque de toute facon à un moment donné. Et puis comme je venais de le dire à Yael, si ca n'avait pas été lui, ca aurait été quelqu'un d'autre, il ne fallait pas qu'il se sente coupable ou quoi que ce soit.

Mes mains se resserrent légèrement autour de son cou en l'entendant me traiter de nigaud et je fais mine de le secouer doucement. "Je sais que je t'ai déjà demandé p'tit nain mais je voulais m'en assurer !" Ses lèvres se posent sur ma joue. "Ouaiis ouais, tu peux m'en montrer de l'affection pour te faire pardonner du 'gros nigaud' hein !" Il se retourne et me fait face désormais. Je lui fais les gros yeux et je dois certainement faire peur avec mes yeux tout gonflés. Il n'a pas l'air tellement impressionné vu comment son attention se rapporte sur son telephone et je baisse la tete pour voir ce qu'il fabrique. Mon regard s'illumine lorsque je vois qu'il est question de pizza et je brandis mes pouces en signe d'approbation juste devant son visage. "Tu as bon goût au moins !!" Je pose mes mains sur ses joues et lui écrase le visage doucement parce que oui, j'aime bien, et qu'investir l'espace vital des gens, c'est mon truc. "T'as les joues toute rouges Yael, tu as froid ?" Un sourire sournois étire soudain mes lèvres et je laisse retomber mes mains froides plus bas, les glissant d'un geste agile et rapide sous son t-shirt pour les poser sur sa peau agréablement chaude. "Moi ca va pourtant .." Je frétille du sourcil sous ses yeux, taquin, et remue mes doigts pour souligner mes propos. "Et tu sais que je ne dis jamais non à une bière !"

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Oui, je me sens coupable. Je me sentirai probablement coupable encore longtemps. Peut-être jusqu’à ce que  Dylan aille réellement mieux. Je sais, qu’en ce moment, il se force. Il fait tout pour mettre sa peine de côté et passe du temps avec moi alors que sa seule envie est peut-être de se laisser tomber dans son lit, s’enrouler sous sa couette et ne rien faire. Et sincèrement, je ne lui en voudrais pas. Je ne voudrais absolument pas être dans ses chaussures.

J’ai eu juste le temps de me perdre dans mes pensées que je sens Dylan me secouer légèrement, ce geste m’arrachant un grand sourire. Je suis heureux de voir que, malgré tout, il n’a pas perdu son sens de l’humour – parfois à remettre en question. Mes mains glissent contre son ventre, par-dessus son haut, que je tapote doucement. « Non mais. C’est que tu t’es laissé aller, mon Dylan! C’est la pure vérité! Nigaud, tu l’étais déjà. » Je m’attends à manger un coup. Et pourtant. Je me mange ses mains en plein gueule, le Sango m’écrasant le visage entre ses doigts. Je fronce doucement les sourcils, tentant de murmurer une réponse qui se résulte en un murmure incompréhensible. « Je me demande pourquoi he… AAAAH! » Je sursaute, me tortille, tente de me sauver. Mais je reste entre Dylan, la rambarde et ses doigts froids qui profitent du confort de mon ventre qui déteste cette intrusion si soudaine. « Tu veux dormir seul ce soir, Dylan? » Je lui lance un regard noir, qui ressemble probablement au regard d’un petit chiot perdu plus qu’à autre chose. Mes mains s’attachent à ses poignets et je me résigne à le tirer avec moi à l’intérieur plutôt que de rester encore dehors. Visiblement, c’était son moyen de me dire qu’il avait froid. « Pour la peine, tu vas chercher les bières. Pcht. » Il fallait bien le faire travailler un peu, lui aussi.

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Passer du rire aux larmes et des larmes au rire. Difficile à croire que ce soit possible aussi rapidement mais c'est pourtant le cas. J'en ai chié, vraiment, pour craquer aussi vite, moi, Dylan, toujours de bonne humeur habituellement. J'ai l'impression que c'est ce que les gens attendent de moi et j'appréhende un peu de leur montrer ce côté que j'ai moi même découvert, pas si joyeux. Je ne sais pas comment ça va se passer avec les autres mais Yael, lui, je sens qu'il ne me juge pas. Me voir perdre pied de la sorte ne l'a pas fait être mal à l'aise, pas dans le mauvais sens du terme du moins comme s'il ne savait plus quoi faire avec moi, au contraire. C'est peut-être con mais entendre les gens te dire qu'ils sont là pour toi et le voir en vrai, ce n'est pas la même, et ça fait plaisir dans un sens, non pas de montrer qu'on est au fond du trou, mais pouvoir se rendre compte que ce ne sont pas que des paroles. C'est le cas avec lui et je lui en suis reconnaissant. C'est peut-être pour ça aussi que j'ai réussi à arrêter de me morfondre et de pleurer : je sais qu'il est là, et rien que pour ça, je n'ai pas envie de m'apitoyer, je veux lui montrer que ça va, que je tiens le coup, que je ne suis pas qu'une loque. Son sourire est contagieux en plus, il l'a toujours été. Il y a des choses qui ne changent pas.


« Comment ça 'laissé aller' ? Je vais t'en donner moi tu vas voir, tu vas tâter de mes abdos et on en reparlera !! » Hehe, son cri me fait sourire comme un con. J'ai réussi mon coup et il ne semble pas trop apprécier le contact de mes doigts congelés contre sa peau. « Alors, on fait moins le malin là hein ? » Son regard ne m'impressionne pas du tout et je remonte légèrement mes doigts pour retrouver un peu de chaleur, le froid de mes mains s'étant déjà transmis à son ventre là où je l'avais touché. Il me tire alors à l'intérieur et je ne peux m'empêcher de rire : je crois qu'il n'aime pas trop le froid, surtout quand il se fait surprendre comme ça. Une fois dedans, je me redresse et le salue d'une manière militaire, me redressant. « Chef, oui chef ! » Pour des bières, pas de problèmes, je suis son homme. « Tu commandes la pizza le temps que j'y aille ? Je dois juste passer récupérer de la monnaie dans mon sac là haut et je file ! » Je lève mes mains et tapote ses joues plusieurs fois avant de filer en quatrième vitesse en lui criant un « Je te fais confiance pour le choix !! Ne me déçois pas ! » par dessus mon épaule en tournant derrière un mur pour monter à l'étage.