J'errais dans les rues de Séoul baignée d’une lueur blafarde due aux éclairages et aux grandes enseignes qui venaient de s’allumer, marquant le début de la vie nocturne. Je ne savais pas trop vers qui me tourner pour me plaindre de mon meilleur ami sans être jugé. Je me disputais rarement avec lui, mais quand cela se passait, c’était assez violent. Notre amitié était parfois trop fusionnelle et ils nous arrivaient de partir en life pour pas grand-chose. Et dans ces moments-là, j’avais juste envie de l’étriper tellement je me sentais mal. Alors je me retrouvais là, à errer dans les rues en pleine soirée, ma fierté réduite en miette. Sans que je ne m’en rende compte, je m’étais retrouvé dans le quartier de Gangnam, que je connaissais même plutôt bien. C’était ici que vivait la plupart de mes amis et particulière, Hyeon Joo. Un sourire élargit subitement mes lèvres. Voilà qui j’allais venir enquiquiner avec mes problèmes. Je passais devant une supérette où j’achetais un paque de bières et une tonne de chips. J’aimais me goinfrer quand je n’étais pas bien. Même en temps normal enfait. Et si vous tenez à me gronder comme quoi ce n’est pas bon pour la ligne toutes ces cochonneries, et bien retenez-vous. Je ne prends pas un gramme. De plus, je suis assez sportive pour éliminer tout ce que je mange en une journée. La gourmandise n’est donc pas un vilain défaut pour ma part. Mes précieux sous le bras, je me dirigeais vers l’immeuble où se trouvait l’appartement de mon ami. Je n’avais pas pris la peine de lui téléphoner. Je savais qu’il serait là. Comment ? Intuition féminine probablement. Encore un grand secret de l’univers. Au pire des cas, je le dérangerais en pleine action avec une de ses pouffes d’occasions. Quoi qu’il en soit, je me mis en chemin sans perdre une seconde de plus. Une chance pour moi, au pied de son immeuble, une personne en sortit pile quand je voulus entrer. Je pus donc aisément attraper un ascenseur et monter jusqu’à son étage pour mieux lui faire la surprise. Je sonnais à la porte une première fois. Et vu qu’il n’avait pas l’air pressé de venir m’ouvrir, je posais le paque de bières à mes pieds, retentant l’expérience, en criant cette fois. « Oppaaaa ! Ouvres ! C’est, moi, MinRi. »

Salut ? « Quel enthousiasme dis-moi ! » répliquais-je du tacotac face à un salut si peu enjoué. J’entrais en arborant une mine boudeuse face à sa mine si déconfite de me voir. Je regardais en tous sens à la recherche d’une quelconque trace féminine dans l’appartement. Une paire de chaussure dans l’entrée. Un soutien-gorge oublié sur le siège du divan. Une petite culotte oubliée sur la parquet. Mais rien. Le calme plat. « J’allais te demander si je te dérangeais pendant un quelconque ébat avec une de tes partenaires, mais je vois que tu es seul… » Je me tournais vivement vers lui, faisant un pirouette vers lui. « Alors pourquoi cet air si contrarié ? Tu n’es pas content de me voir ? » Je lui tirais la langue avant d’enlever mes chaussures et de les laisser à la place qu’elles devaient tenir. C’était plutôt rare que je vienne lui rendre visite, alors il pouvait se montrer un peu plus enthousiaste de me voir tout de même, non ? Je m’installais sur le divan à ses côtés sans même lui demander la permission. J’avais tendance à vite prendre mes marques. Je déposais le paque de bières sur la table basse, en détachant deux du plastique. Je m’arrêtais net dans mon geste quand je l’entendis prononcer ces mots : « tu t’es fait jeter ? » Je le fixais, lui faisant mes gros yeux qui devaient plus lui procurer un fou rire que la peur de sa vie. « Rien à voir ! » bouillonnais-je, prête à lui jeter la canette en pleine tête. Je gonflais des joues, contrarié, avant d’expirer doucement. « Bon. Peut-être un peu, mais pas de la façon dont tu penses. » Ca n’était pas en rapport avec un quelconque plan cul raté, ou de m’être fait plaquée. C’était plutôt en amitié. Je m’étais fait jetée en amitié comme une vulgaire chaussette. En temps normal, j’aurais juste ris et vite passé à autre chose. Mais pas avec mon meilleur ami. Il me connaissait depuis bien trop longtemps pour qu’il me jette de la sorte. « On m’a dit de dégager et je ne sais même pas pourquoi ! » Je lui tendis la bière d’un geste brusque. « Je voulais le réconforter, lui demander ce qui n’allait pas … comme habituellement en fait. Mais il m’a simplement dit de dégager. C’est un goujat ! » J’avais envie de le traiter de tous les noms, mais je n’y arrivais pas. Je crois que j’avais juste besoin d’en parler. Ce n’était que bénin comme situation, enfin je crois. Mais j’étais blessé de mettre fait jeter et dans ces cas-là, j’avais tendance à me refermer sur moi-même, boudant comme une gamine. Surtout que nos disputes étaient rares, mais violentes. Je me laissais aller sur le canapé, soupirant tout en fermant les yeux. Je restais un instant comme ca, avant d’ouvrir ma boisson et d’en boire de longues gorgées, manquant de m’étrangler. « Je veux boire jusqu’à oublier ! » déclarais-je. Tout oublier…