Don't be scared. Jaxson & Miharu

La chose se révélait aussi difficile que Miharu se l’était imaginé. Voilà que Jaxson voulait aller chez Noriko, ce qui désespéra un peu plus le jeune homme. Il avait comme l’impression qu’il allait passer toute la nuit à surveiller le chanteur ; de toute façon, il était hors de question de le laisser seul lorsqu’il se trouvait dans cet état...même si ce n’était pas une partie de plaisir pour le plus jeune. Aussitôt, il l’attrapa par la main, l’entraînant vers sa voiture. Le guitariste protesta faiblement, mais se laissa faire malgré tout, ne trouvant pas la force de l’arrêter. Une fois arrivé au niveau de sa voiture, Jaxson s’arrêta avant de se laisser tomber sur le capot et de se mettre à fixer le ciel. Miharu le regarda sans rien dire, se tenant timidement à quelques centimètres de lui. Il ne savait plus que faire. Le laisser conduire, lui et ses deux grammes d’alcool dans le sang, était juste suicidaire. S’il voulait partir d’ici, le plus jeune allait devoir prendre le volant, ce qui ne l’enchantait guère : il avait beau avoir le permis en poche, il avait une peur bleue de conduire. Après un bref soupir, le jeune homme se releva et planta son regard dans celui de son cadet qui se mit aussitôt à frémir ; il avait du mal à s’habituer à cette manie de fixer directement les gens dans les yeux. Pourtant, il ne voyait dans son regard qu’un semblant de tristesse dont il ignorait la cause. Puis, sans prévenir, Jaxson le prit dans ses bras. Le guitariste se crispa, de plus en plus mal à l’aise et ne sachant comme réagir. Mais devant les paroles du jeune homme et de son visage baigné de larmes en dépit du sourire qu’il affichait, Miharu remit bien vite de l’ordre dans son esprit. Bien que son interlocuteur changeait de caractère en une fraction de seconde sous l’effet de l’alcool, il avait l’impression que ses mots n’en étaient pas moins particulièrement sérieux. Cette confidence lui fit comme un choc ; jamais il n’aurait pu imaginer une telle chose concernant le chanteur, et encore moins de le voir dans cet état. Il semblait si accablé... Il sentit sa gorge se serrer malgré lui ; c’était la première fois qu’il voyait quelqu’un pleurer autant pour un autre. Et la première fois qu’il voyait Jaxson aussi fragile. Lorsque celui-ci se laissa tomber à genoux sur le sol, sa dernière phrase interpella Miharu. Cela lui paraissait impossible. Impossible qu’il ait pu tuer une personne à laquelle il semblait tant tenir. Surtout s’il s’agissait d’un accident. Le guitariste inspira faiblement avant de se mettre à sa hauteur : il ne pouvait pas rester sans rien faire alors qu’il le voyait déverser une telle fureur combinée à une indicible tristesse. Au plus profond de lui, le cadet ne le comprenait pas : lorsque lui-même pleurait, ce n’était que sur son propre sort, jamais sur celui des autres. L’idée-même de pouvoir tenir autant à quelqu’un lui échappait totalement. Néanmoins, voir quelqu’un souffrir de la sorte lui était insupportable. Doucement, et avec une certaine pudeur, il posa ses mains sur les siennes, ensanglantées, afin qu’il arrête de se blesser. « Calme toi, Jaxson. Tu te fais seulement du mal. » Le ton de sa voix n’était pas autoritaire, mais gardait une certaine fermeté. Ce n’était pas le moment de se montrer hésitant au vue du tournant que prenait la situation. S’il voulait l’aider, il allait devoir prendre les devants. Passant le bras du jeune homme sur ses propres épaules, Miharu l’aida à se relever. « Tu peux encore marcher ? On va prendre un peu l’air, je te reconduirai plus tard » lui dit-il avant de commencer à avancer. C’était la meilleure solution qu’il avait trouvé sur le moment : d’abord emmener Jaxson dans un endroit où il pourrait se calmer tranquillement puis le ramener chez lui. Heureusement, ils n’eurent que très peu à marcher, tombant au bout de quelques minutes sur un petit square. Il fit asseoir son aîné sur un banc, constatant avec soulagement que l’endroit était désert à cette heure-ci : il ne manquait plus qu’ils tombent sur des gens susceptibles d’irriter le chanteur. Il se plaça face à lui pour le regarder avant de tendre avec hésitation une main vers l’une de ses joues, la touchant du bout des doigts, pour essuyer quelques larmes. « Tu te sens un peu mieux ? » se décida-t-il à demander au bout de longues secondes. A vrai dire, il avait plus l’habitude de se faire aider que d’aider les autres. Il songea un instant à reparler de ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt, mais se ravisa, ne sachant s’il devait mentionner cela dans l’état où il se trouvait. « J’ai vu qu’il y a un distributeur juste à côté, donc si tu as soif, dis le moi » ajouta-t-il doucement tout en se demandant de quelle façon il pouvait lui remonter le moral.