Emi Burton

YUJIN & ILSU

J'ai pourtant une bonne mémoire des gens que je connais, mais lui je n'arrive pas à le replacer et encore moins mettre un nom sur son adorable tronche. Encore plus étrange, mon chemin semble constamment destiné à croiser le sien. Dans les couloirs je veux bien, c'est un endroit fréquent pour voir des gens puisque tous les élèves sont obligés de les emprunter - à moins de passer par les fenêtres, mais rendu là ce n'est pas mon problème si un de ces cons saute par les carreaux. La cafétéria passe encore puisque nous ne sommes pas que deux à y aller, mais plus le temps file et les rencontres se multiplient, plus je commence à me demander si le destin ne se moque pas un peu de ma gueule. Je n'arrive toujours pas à placer où je l'ai vu, même si je lève les yeux de mon bouquin de droit à la bibliothèque pour avoir l'honneur de le dévisager ouvertement. Sans succès. Je pourrais aller simplement le voir et régler tout ça, sauf que si jamais c'est quelqu'un que je suis supposé bien connaitre je vais avoir l'air débile. Je refuse de passer pour le mec qui oublie les gens, alors je m'abstiens et poursuis ma journée. Au final, je finis par rayer cette histoire de ma mémoire et me retrouve en compagnie de Dylan qui veut... je sais pas. Parler ? Enfin, si c'est le cas, le mec est un peu empoté puisque je le perds dans cette foutue arcade avec pour seule compagnie mon malheureux granité déjà à moitié vide. Comment ai-je pu perdre un saleté d'américain ? Aucune idée, mais je décide de partir à l'aventure entre toutes les machines dans l'espoir de retrouver cette carrure familière. Je retrouve bien une silhouette que je connais, fronçant les sourcils à la réalisation que ce n'est pas celle que je cherche. Encore ce type ? Il va être partout où je vais ou b- oh. Il a pas l'air des plus heureux quand je croise son regard que j'évite aussitôt en venant prendre une gorgée à saveur de kiwi. Le pauvre a pété un câble, c'est un peu triste pour un visage encore plus mignon de près. « Woah, du calme. Si je voulais vraiment te suivre tu crois pas que j'aurais au moins fait l'effort d'être subtile ? Faut adoucir ta paranoïa. » Nouvelle gorgée avant de reprendre. « T'as une drôle de façon d'aborder les gens, toi. »

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Il a presque l'air louche, me poussant à m'interroger sur quels genres de trucs il pourrait consommer, bien que je ne trouve pas qu'il ait la gueule pour ça. Qui sait ? Les apparences sont souvent trompeuses. « Je ne fixe rien du tout, eh oh. » Je me lamente un peu, reculant le visage tandis qu'il approche le sien avant de rire doucement en roulant les yeux. « Okay, je t'ai peut-être regardé avec insistance, mais pas d'aussi près. » J'aurais presque pu dénicher ses points noirs là. Au moins il s'excuse, citant l'évidence même de nos nombreuses rencontres un peu étranges puisque je n'ai pas souvenir de l'avoir remarqué dans l'enceinte de l'Université auparavant. Pourtant, ce type me dit bien quelque chose sans que je puisse poser le doigt dessus, rendant le tout un tant soit peu agaçant. Il a beau se présenter, son nom ne sonne toujours pas de cloches dans ma tête - à mon plus grand malheur, sauf que je peux affirmer désormais que nous ne nous connaissons pas. Pourquoi son visage m'est familier d'une certaine manière m'est totalement incompréhensible. « Apparemment je suis un très mauvais stalker du nom de Byun Yu Jin. » Je souris, témoignant qu'il ne s'agit que d'une blague légère après cette journée assez curieuse en général. Nouveau coup de kiwi sur la langue, je jette un discret regard autour sans pour autant apercevoir mon bougre d'ami, alors j'abandonne le projet de le retrouver dans l’intérêt de tenter de résoudre le mystère qui me tiraille. « T'es prévenu : mon genre de jeu à moi c'est Candy Crush. À tes risques et périls. » Tristement, je suis sincère. Les seuls jeux auxquels je joue sont ceux qu'on peut télécharger sur son téléphone. Je me prête docilement au jeu sans vraiment comprendre à quoi sert chaque pauvre bouton, observant le profil de ce Ilsu toujours sans réussir à élucider mon problème. Bon, j'aurais peut-être dû garder les yeux sur l'écran puisque je me fais gronder. « Ah ! Fallait prévenir avant de lancer la partie, non mais. J'ai l'air d'un professionnel ? Pour la peine, ouais, t'as une tronche de zombie. » Pour faire plus sérieux, je pose mon précieux granité vide à proximité afin de faire usage de mes deux mains cette fois-ci. « Je sais donc que tu agresses les gens pour leur parler et ensuite les emmènent décapiter des zombies. T'as l'air d'un type charmant. »

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Je mérite un cours gratuit et express sur comment marche cette très chère machine dont je ne m'approcherais plus jamais après aujourd'hui, mais je suppose que je peux classifier cela comme étant une connaissance générale. « Je vois, je vois. Allons me faire liquider en un temps records maintenant. » Entre Ilsu et les zombies, il n'y a pas une très grande différence dans la tactique d'approche, avouons-le. Non ? D'accord, peut-être les zombies font preuve d'un brin plus de respect puisqu'ils mettent un peu plus de temps avant de venir te bouffer le visage. Une moue peint mes traits en voyant s'afficher la notice comme quoi nous avons perdu en un temps quasiment records et mon regard fixe vaguement les lettres sur fond noir. « Si tu tiens à rester adorable, prie pour ne jamais te ramasser coltiné à moi dans une apocalypse de zombies. » Je désigne l'évidence visuelle de la main avant de le suivre vers quelque chose qui me laisse un peu plus de chance de me débrouiller, ayant momentanément oublié pourquoi j'ai passé la journée à le détailler à chaque brève rencontre. « Très drôle. » Je penche la tête, lui jetant un regard noir avant de sourire à pleine dents. « J'ai déjà joué à ça, même si je préfère le billard. » Un truc plus fancy, plus digne de mon rang social qu'une vulgaire table de babyfoot, sauf qu'on fait avec ce qu'on a. Un sourcil s'arque sur mon visage à sa réalisation soudaine et retourne vers le tout premier sujet de conversation. Je reste silencieux une ou deux secondes, puis ris franchement en cachant ma bouche derrière le dos de ma main. « Crois ce que tu veux, si ça peut te faire plaisir ! Qui suis-je pour briser tes rêves et illusions ? » Reluquer. Il est drôle lui. Si seulement j'y avais pensé avant, peur-être cela aurait pu être une bonne chose à faire. « Allez, pose cette balle avant qu'on meurt de vieillesse. » Je n'ai pas besoin de faire grand-chose puisqu'il s'excite tout seul tel un maniaque au point de compter dans son propre but. « Wow, jolie technique. Je sais pas si je dois être impressionné ou terrifié. » Le coin de mes lèvres s'étirent vers le haut, m'amusant un peu à ses dépends, puis me charge de lancer le jeu à nouveau. Je fais de mon mieux pour garder toute mon attention sur cette foutue balle lorsque mon cerveau décide de se mettre au travail. Ça me frappe de plein fouet. J'écarquille les yeux, cessant de jouer, et relève le regard vers mon vis-à-vis en mode cerf en plein phare dans le brouillard. Je sais maintenant où je l'ai vu. Enfin, non. J'espère que ce n'était qu'une autre personne qui partageait une forte ressemblance avec lui parce que je n'ai pas vraiment envie de rencontrer quelqu'un que j'ai vu jouer dans un film déconseillé aux mineurs. « Dis-moi que tu travailles dans un café ou quelque chose dans le genre, je sais pas. » Je suis prêt à parier ma prochaine virée shopping avec Sian qu'une magnifique teinte rosée sur mon teint vient trahir le fait que ce n'est pas exactement la question que je voulais réellement poser.

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Il rigole, mais je butterais son petit cul en une fraction de seconde que ce soit au billard ou au golf - pour l'équitation on repasse puisque ma dignité se suicide dès que je dois escalader un cheval. « Imagine un verre de vin à ma main en plus et tu m'as totalement cerné, petit zombie. » Entre nous deux, c'est clairement moins le petit de l'histoire, sauf que ce n'est qu'un vulgaire détail. Dans tous les cas, je suis convaincu de pouvoir me défendre sur une table de babyfoot, surtout considérant le fait que la partie avait bien démarré avec ce crapaud surexcité. Du moins, jusqu'à ce que mon cerveau se décide d'avoir un déclic phénoménale qui m'embrouille les pinceaux et j'arrête de jouer. Ilsu compte un but, mais je ne le remarque même pas si ce n'est autrement que par son petit cri de joie - très viril, d'ailleurs. J'ignore ses propos pour poser ma question avec l'espoir que je confonde sa tronche avec un autre. Son expression faciale change et je meurs à l'intérieur parce que c'est là que je réalise que j'ai vu juste. J'ai bien vu son visage dans un film interdit aux mineurs. Me voilà pris la main dans le sac, condamné à sentir mes joues s'enflammer. Mes doigts lâchent les poignées de la table pour s'entremêler nerveusement, le regard s'y posant en marmonnant des mots incompréhensibles. Adieu la moindre once d'assurance que j'arborais en arrivant dans cette arcade. Je me sens comme un enfant dont sa mère vient de prendre en train de dévorer la réserve de bonbons. « Scène ? Non, voyons... Je-... » Si c'est seulement possible, je rougis encore plus à la mention du milkshake, non pas parce que cela me dit quelque chose, mais parce que j'adore ces trucs. « Non c'était pas celui-là. » Je remercie mon subconscient qui s'exprime plus vite que mon cerveau sur ce coup-ci. Depuis quand on rencontre un acteur porno dans son université et à l'arcade ? Je rêve, c'est certain. Je refuse de croire que ceci est la réalité même si le battement frénétique de mon coeur ne laisse aucune place au doute. « On va rester avec Ilsu. » Mes dents se plantent dans ma lèvre inférieure, trouvant enfin le courage de relever les yeux vers lui sans pour autant croiser son regard. Je remarque plutôt la balle qui est remise en jeu, me permettant d'occuper mon esprit un tant soit peu sur autre chose, bien que ce n'est pas un franc succès. « Je t'en prie, garde ta chemise fermée. » Je sais très bien à quoi il ressemble sans, faut croire, et un rire nerveux m'échappe à cette réalisation. Je crois que ce n'est pas son métier qui me met dans l'embarras, mais bien le fait qu'il sait que j'écoute des films pornos. Pour ma défense, c'est relativement rare si on compare à tout autre mâle normalement constitué. Est-ce que ça m'étonne de perdre ? Pas du tout vu à quel point je pense à tout sauf à suivre la balle des yeux. Bon, allez. On se ressaisit Yujin. Ce n'est rien. Il va me charrier jusqu'à la fin des temps à ce rythme. « Je t'ai dit que moi c'est le billard. » J'essaie de faire aux meilleures de mes capacités pour paraitre décontracté, sauf que je sais que le teint de ma peau est encore et toujours rosé. En vrai, j'ai chaud. « Je crois qu'il me faut un mil- un granité. Uais. Un autre granité. » RIP mon amour pour les lait frappés.

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Eh bien qu'il soit flatté, moi je vais tenter de retrouver le contrôle de la couleur de mes joues en me rappelant que je n'ai rien fait de mal. C'est lui qui devrait avoir le regard fuyant et je devrais être celui qui s'amuse à ses dépends. Mes mains abandonnent le jeu, relevant les yeux vers Ilsu tout en regagnant une part de ma fierté habituelle malgré la défaite. Ses propos me tire un léger rire, plus confortable cette fois maintenant que le choc initial commence à tomber, puis je roule des yeux. « Tu es libre de tes choix. Si tu veux te ramasser torse nu dans un lien public, qui suis-je pour t'en empêcher ? » Je préfère qu'il la garde et je le fixe, sentant son doigt tracer un chemin imaginaire contre ma peau sans broncher. J'ai connu plus intense, ce n'est pas parce qu'un acteur porno décide d'établir un contact avec ma peau que je vais tourner en jeune adolescente émoustillée. Certes, j'ai encore chaud et les joues rosées, mais ce ne sont que des effets secondaires de mon embarras précédents qui s'estomperont avec les minutes. « Je ne saurais refusé un granité gratuit. » Pas parce que je suis fortuné que je vais tout flamber à la moindre occasion - okay, j'ai un problème de contrôle quand vient le temps de sortir ma carte, mais je ne dis jamais non à ce qu'on paie pour ma personne. La situation n'en reste pas moins quelque peu étrange, faisant mon chemin à sa suite jusqu'au comptoir de vente et zyeute rapidement les choix offerts pendant qu'il commande en premier. Mon choix se porte sur la saveur framboise bleue que je dicte au commis et patiente ensuite, me retournant vers Ilsu en croisant les bras. « Entre acteur osé et la danse, j'ai tout de même le malheur de t'annoncer que c'est pas la danse qu'on retient en premier. » J'esquisse un sourire parce que je ne crois pas mentir sur ce point. Dans mon cas, j'ai la chance de pouvoir vivre tranquillement pendant mes études sans avoir à bosser dans un emploi étudiant une seule seconde grâce à mes parents. Le moment est drôlement choisi pour commencer à taper la discussion tranquillement pour faire connaissance, mais je me contente de cacher l'information principale à son sujet le plus loin possible dans le fond de ma mémoire. « J'étudie le droit, j'en suis à ma troisième année, et je fais du cheer. » (uais, à l'époque c'était encore d'actualité lmao #vieuxrp) Pas besoin de préciser que je suis le capitaine, c'est un peu un détail inutile. « Toi, t'es en quoi ? »