Li Wei ne savait absolument pas ce qui l'attendait cette après midi. Elle avait prévue de retrouver Shirong non loin d'un centre commercial mais ce dernier était resté bien secret quant au programme. Le connaissant plus ou moins, la chinoise n'avait pas tellement un bon présage quant à ce qu'il allait se passer ou ce qu'il allait lui faire faire. Il faut dire que très vite elle avait compris que le wonsungi n'était pas le plus grand des anges. Enfin si, d'une certaine manière puisque d'un sens en apprenant sa situation il avait décidé de l'aider alors qu'ils se connaissaient à peine. Shirong est un expert dans le mensonge, les faux papiers et tout ce qui s'en suit. Une personne peu fréquentable pour beaucoup mais une aide véritable et agréable pour elle.

La chinoise arrivait au point de rendez-vous. Au loin, elle remarquait vivement le plus âgé de par sa taille qu'elle jugeait impressionnante. Bon, il ne lui avait pas mis un lapin au moins. Arrivée à sa hauteur, la brune ne fut pas sérieusement rassurée par le sourire malin inscrit sur son visage. « Bien sûr ! » Répondit-elle en affichant à son tour un léger rictus. « Je suis prête ! » Lança t-elle d'un air presque enjoué en ouvrant la marche vers le centre commercial. Les choses sérieuses commençaient très vite apparemment. « Il y a un type de boutique précis ? » S'en était presque stressant et excitant à la fois. La demoiselle observait les boutiques d'un air de réflexion et de concentration extrême. Peut-être qu'elle devrait faire son choix sans trop réfléchir. Elle n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, où qu'elle aille le niveau de difficulté sera le même non ? Finalement, elle s'arrêta face à une boutique de cosmétique et de parfumerie. « Ici ? » Demanda t-elle en levant la tête vers Shirong.

Li Wei ne comprenait pas. Elle s’attendait à tout mais à vrai dire surtout au pire avec Shirong. Ce type est aussi taré qu’il peut être canon. Il faut être vraiment transporté par la folie pour faire ce qu’il dit, s’engouffrer dans ses mauvais plans : Li Wei semblait l’être. La chinoise n’a pas peur de dépasser ses limites, se lancer dans des choses complètements dingues. Elle est un esprit sauvage, insaisissable avec ce besoin constant de relever des défis. Shirong en était un. Et alors qu’il lui avait proposé de le rejoindre au centre commercial elle avait foncé bien que non sans appréhension. Peut-être qu’elle finirai par s’attirer des problèmes dans toutes cette histoire et c’est ce qui rendait le tout beaucoup plus excitant.
Arrivée au centre commercial, elle avait choisi une boutique de cosmétique et parfumerie un peu au hasard. Cela irait ? Apparemment. Puisque à peine eut-elle le temps de se retourner vers son aîné, le regard rempli de questionnement et de curiosité, qu’il était déjà entré dans le magasin en bombe. Elle prit une inspiration qui se voulait rassurante pour ses nerfs totalement agités par le stress. Bon eh bien, il n’y a plus qu’à.

Apparemment, le but était d’avoir l’air innocent et d’observer les lieux. Le jeune homme ne lui adressa pas un seul mot, pas le moindre signe. Devaient-ils faire comme si ils ne se connaissaient pas aussi ? Tentant d’entrer dans le jeu, Li Wei reportait son attention sur les produits exposés jusqu’à à en oublier totalement le wonsungi. Il lui donnera peut-être un indice lorsqu’il sera temps d’agir ? Li Wei restait sur cette idée innocente alors qu’une vendeuse vint l’attrapée presque violemment par le bras. Quoi ? Mais qu’est ce qu’elle veut elle ? Automatiquement, elle levait les yeux vers son ami le regard plein de surprise. Il semblait bien se marrer, le salaud ! « Je peux savoir ce qui se passe ? Mais vous n’avez pas honte de venir agresser des clients ainsi !» Demandait-elle à la vendeuse aussi sérieusement qu’elle. Elle cernait plus ou moins ce qu’elle lui reprochait, mais à moins que Shirong ait fait une connerie dans son dos, elle n’avait rien.

Ce type est taré, malade, complètement fou. Alors qu’elle le regardait totalement déconcertée et perdue dans toute cette histoire, elle le regardait s’appliquer du rouge à lèvre, d’une manière bien plus que parfaite et sans le moindre débordement c’est pire, qu’il terminait par ajouter à sa poche. Le fourbe ! Il n’avait qu’à prévenir s’il voulait voler du rouge à lèvre pour sa gonzesse et qu’elle devait faire diversion. Quoi qu’il en soit, c’est elle qu’on accusait et franchement, comment voulez-vous qu’elle s’échappe de tout cela avec une vendeuse accrochée au bras qui pense dur comme fer que tout le magasin se trouve dans son sac. D’ailleurs, cette dernière se lance dans un discours interminable sur le bon et le mauvais tout en s’apprêtant à appeler les autorités. Mais merde, c’est quoi cette histoire ? La chinoise s’apprêtait à lui expliquer pour la millième fois qu’elle n’avait rien fait que finalement Shirong s’amenait avec ses lèvres encore maquillée. Li Wei le regardait avec des yeux littéralement écarquillés. Quoi ? Mais c’est quoi cette excuse à la con ? Le pire reste sûrement le fait qu’elle s’est réellement mise à loucher en regardant la vendeuse qui l’observait de plus près. « Est-ce qu’on peut l’expliquer ce qui se passe et ce qu’on me reproche au juste ? Vous savez seulement à quel point c'est handicapant un strabisme? » La jeune femme l’a regardée totalement troublée, bredouillant deux ou trois excuses et lui promettant un bon nombre de réduction en guise de pardon.

Dans un hairflip digne des plus grandes pubs l’Oréale, la demoiselle a tourné les talons sans un mot et cessant seulement de loucher alors qu’elle était certaine que la vendeuse ne la voyait plus. Elle attendait un peu à un mètre à côté du magasin pour y attendre Shirong. Elle avait sincèrement besoin d’expliquer, non pas que ce genre de chose lui déplaise mais c’est juste qu’elle préfère être au courant. D’ailleurs, à peine sa silhouette aperçue qu’elle n’hésitait pas à se lancer pour le frapper d’un –doux- coup de sac. « C’était quoi ça ? Peux-tu m’expliquer ? Pis où as-tu appris à mettre du rouge à lèvre ?! » Bon ok, la dernière question n’était pas réellement importante mais Li Wei se sentait tellement curieuse de savoir.

Toute cette histoire n’avait aucun sens. Li Wei avait la sensation d’avoir raté quelque chose, un passage. Encore si il l’avait prévenu, elle aurait sûrement pu agir en fonction, mais non. Il l’avait laissée comme cela, sans la moindre explication sur ses intentions et ce qu’elle devait faire. Pour être surprise, elle l’était ! Alors lorsqu’il sortait du magasin en question, elle n’hésitait pas pour opter pour la violence. A coups de sac, elle le frappait, lui réclamant des explications. Elle le regardait alors essuyer négligemment la touche de maquillage qu’il avait inscrite sur ses lèvres, attendant patiemment la suite. Il lui devait bien ça non ? « Quoi ? Tu fais ça souvent ? » Demandait la chinoise en haussant un sourcil. Bordel, comment pouvait-il faire cela sans faillir une seule seconde ? Son visage se décomposait davantage alors qu’il lui déposait le rouge à lèvre de marque dans la main. Il l’avait vraiment pris alors, avec tellement d’aisance ! « T’es vraiment malade. » Lançait-elle en ouvrant ce dernier pour regarder la couleur. Pas mal, vraiment pas mal ! On pourrait croire le contraire mais Shirong a vraiment de bons goûts ! Même le lipstick qu’il s’était foutu sur les lèvres était pas mal … La jeune femme bougeait la tête négativement comme pour chasser ces idées. Elle s’égarait et s’en rendait bien compte. Elle se concentrait à nouveau alors sur le Wonsungi qui écrivait sur son téléphone portable tout en rangeant le bâtonnet de maquillage. « J’suis pas sûre que cette boutique vaille le coup que je risque de rester bloquée en louchant toute ma vie. » Affirmait-elle avec un léger soupir désespéré qu’elle ne put retenir de se transformer en sourire. Elle s’imaginait, à loucher comme pas possible juste dans ce fameux magasin et sincèrement, cela la faisait plutôt marrer malgré tout. « Tu notes tout ce que tu fais et où tu les fais ? » Shirong est un sacré personnage, tout de même. Elle se laissait attraper le bras tout en observant les autres boutiques. « Attend il faut que je réfléchisse. » Elle ne voulait plus s’essayer à une boutique de cosmétique mais elle ne voulait pas élever le niveau à celui de bijouterie qui peut importe ce que lui réserve Shirong, cela pourrait lui porter préjudice. Elle avait la vague impression que c’était aujourd’hui le choix de sa vie ! Elle mit bien cinq minutes avant de s’arrêter devant une boutique de lingerie. « Ici ? Ca va être trop chaud non ? »