C'était tellement plus facile de blâmer les autres, de se faire croire qu'on y est pour rien, tout a pour se laver de nos erreurs. C'était bien trop facile, parce qu'il n'y a plus de responsabilités à prendre, parce qu'on ne veut pas les accepter, y faire face ou voir la vérité en face; on est celui qui a merdé dans l'histoire. Non, c'est beaucoup trop difficile à encaisser, surtout quand la seule chose qui comptait pour nous fut ce que l'on avait osé mettre en jeu et que l'on a lamentablement perdu. Alors on accuse, on montre du doigt, on fait tout pour se sentir mieux mais au fond, on sait que ça ne changera rien. Pourtant on continue, désespérément. C'est beaucoup trop facile... Yan Kai réalisait beaucoup de choses, ses regrets le frappant en pleine face, une à une. Il aurait voulu remonter dans le temps et dire à son lui du passé ô combien il est en train de tout foutre en l'air. Pour son propre bonheur, pour celui de Jae Ah aussi, qu'il arrête de déconner, qu'il se concentre sur elle et elle seule parce qu'elle est celle qui retourne son univers dans tous les sens mais qui est devenu, petit à petit, la seule étoile qu'il avait tant besoin. Et maintenant il voudrait lui avouer ses erreurs, lui dire qu'il regrette, qu'il n'aurait pas du. Quand elle avait été suffisamment patiente pour accepter tous ses moments d'égarements, quand elle ne lui demandait rien que son simple amour, quand elle l'acceptait tel qu'il était, pour toutes ces raisons, il aurait du l'aimer encore plus, la respecter, la garder jalousement pour lui au lieu de la prendre pour acquise. Elle était loin de l'être, parce qu'il n'avait rien fait pour. Absolument rien. Et elle était partie. Au fond lui en voulait-il réellement? Sa haine, il l'a juste transféré sur elle, pour se sentir mieux. La facilité, encore. Voilà à quel point elle le rendait faible.

Des personnes finirent par se regrouper autour d'eux, comme alerté par le soudain bruit sourd que le livre le heurtant avait émis. Yan Kai leur donna qu'une vulgaire attention en naviguant rapidement son regard sur eux avant de le reposer sur Jae Ah, voyant visiblement que ce soudain regroupement de personnes la mettait sans doute mal à l'aise. Il retroussa ses lèvres, voulant leur dire de dégager, que ce qui se passait ne les regardaient aucunement mais il n'en fit rien. Au lieu de cela, il l'écoutait, se mordant l'intérieur de la joue pour se retenir de crier qu'elle se trompe, que ce n'est pas ce qu'elle pense, qu'il l'aime, qu'il a besoin d'elle, qu'il veut refaire partie de sa vie et lui prouver combien elle compte pour lui, combien il la désire. Il ne l'a jamais remplacé, cette idée ne lui a jamais traversé l'esprit. Tout ce qui comptait pour lui, c'était de noyer sa peine ailleurs, trouver un moyen de se sentir mieux, d'effacer ce manque d'elle dans sa vie en utilisant les femmes pour se sentir moins seul, moins malheureux. Parce qu'il préférait cette option plutôt que de mettre sa fierté de côté et de lui courir après, tenter de la récupérer. Ou peut-être savait-il que c'était en vain. C'est vrai, pourquoi vouloir de lui après avoir vu la manière dont il avait agi. Il méritait ce qu'elle lui disait, ce livre jeté en plein visage. Il méritait même bien plus. Dès qu'elle eut fini, il se décida enfin à réagir. Expirant tout l'air contenu dans ses poumons, il tendit sa main pour qu'elle la prenne, avant de la saisir de lui-même et la tira avec lui, quelque part, loin de ces regards accusateurs, loin d'eux. Quelque part où ils seraient tranquille pour discuter, pour s'expliquer. Quelque part où ils ne pourraient être que tout les deux sans être constamment déranger par les mouvements des étudiants. Et une fois qu'il trouva cet endroit, il la libéra, une main dans ses poches pendant que l'autre gardait encore ce livre qui manquait à Jae Ah, la retenant ainsi avec lui encore un peu. Parce qu'il se doutait que la minute où il lui serait restitué, elle partirait, la laissant tout seul. Encore. ❝ Tu peux m'accuser de beau parleur, de tout ce que tu veux mais ne remets jamais en doute le respect que j'avais pour toi, Jae Ah. Tu crois sérieusement que je t'aurai remplacé comme ça? Après ces trois années? Tu crois vraiment que tout ce qu'on a vécu ensemble peut-être oublié aussi facilement? Tu crois vraiment que tu représentes si peu pour moi pour que je m'en aille avec quelqu'un d'autre? Une personne dont j'en ai sérieusement rien à foutre? Oui, je me rappelle encore de son prénom, oui j'ai vécu quelque chose avec elle. Mais jamais rien d'aussi intense que ce que l'on avait partagé toi et moi. ❞ Il marqua une pause pour se tourner face à elle, sourcils froncés. ❝ Je voulais te rendre jalouse, rien de plus. Voilà à quoi elle m'a servi. Satisfaite? ❞ Un rictus se traça sur ses lèvres alors qu'il leva les yeux au ciel. Jamais il n'aurait voulu avoir à l'avouer, et pourtant voilà qu'il venait de lui cracher la vérité en face. Se sentait-il pour autant mieux? Non. ❝ Maintenant, c'est à mon tour de te poser une question. M'aurais-tu accepté de nouveau dans ta vie si je m'étais battu pour toi? ❞

Elle ne se reconnaissait guère. La manière qu'elle avait de s'adresser à lui, la violence dont elle avait pu faire preuve, ce regard méprisant qu'elle lui portait. Tout cela ne lui ressemblait guère, elle n'était pas ce genre de femme méprisante. Pour tout dire elle n'était pas ce genre de femme à faire des scènes en public, encore moins à faire des scènes tout court. Il était le mieux placé pour le savoir. Jae Ah se muait constamment dans son silence, elle préférait ignoré, éviter tout conflits. elle n'avait jamais aimé cela, pleurant la plus part du temps lorsqu'il haussait la voix. pourtant, le revoir, après près d'un an et demi semblait bien trop douloureux pour qu'elle ne réussisse à rester passive. trop de rancœurs, trop de choses non dites, elle lui en voulait tellement, tout autant qu'elle s'en voulait. les mots, elle ne les avait pas. du moins pas les bons mots, ceux qui auraient su résoudre leur conflit, ceux qui auraient probablement réussis à les réconcilier. mais cela était-il encore possible, ne serait-ce même envisageable ? elle savait déjà qu'il ne lui pardonnerait pas, il lui en voulait d'avoir rompus mais ce qu'elle avait actuellement fait était bien pire. il ne la pardonnerait probablement jamais, jamais de lui avoir caché l'existence d'un fils, de l'avoir privé de ses premiers sourires, de ses premiers rires, de ses premiers mots, de ses premiers pas. de l'avoir privé de toutes ces choses qui faisait d'eux des parents. expirant délicatement, elle baisse la tête. les regards sur elle lui sont insupportables. elle n'a jamais était très à l'aise lorsqu'il s'agissait de se retrouver au centre de l'attention, finissant toujours par bégayer, rougir et finalement s'enfuir. la main qu'il lui tendit sonna comme un échappatoire à ses murmures réprobateurs qui l'entouraient. elle avait besoin de prendre l'air, de remettre ses idées en place mais surtout de se calmer. la tête baissée, son regard posé sur ses propres chaussures, elle se laissait tirer, les mains tremblotantes redécouvrant la sensation de sa paume chaude resserrant sa main. il lui avait manqué, son visage, sa voix, la chaleur de sa peau. il lui avait manqué, tellement qu'elle finirait par craquer si elle ne s'enfuyait pas, si elle ne se soustrayait guère de son regard. cela était bien trop douloureux. savoir qu'elle avait déclenché tout cela, qu'elle l'avait poussé à fréquenter d'autres femmes, de l'avoir poussé à s'éloigner d'elle, à tourner la page, à refaire sa vie. il relâcha sa main bien trop vite, laissant celle-ci ballante le long de son corps. elle l'écoutait sans un mot, elle n'avait pas grand chose à dire, pour tout dire elle ne savait plus quoi dire, pas où commencer ni même pas où finir. car quoi qu'elle veuille, elle ne pouvait se permettre de lui dire toute la vérité, parce qu'il chercherait à le voir, peut-être même réclamerait-il ses droits en tant que père. et ça, elle n'était pas prête à en prendre le risque, elle n'était pas prête à le perdre, pas son fils. ses paroles lui semblent dénuées de sens, comme si ce qu'il lui disait n'avait pas lieu d'être. ne pas douter du respect qu'il avait eu et avait encore pour elle ? comment cela pouvait-il être possible, comme pouvait-elle ne serait-ce que le croire le temps d'une fraction de seconde, lorsque la première chose qu'il avait fait après leur rupture était de fréquenter une autre femme. elle se sentait lasse, lasse de chercher à comprendre l'incompréhensible. s'asseyant sur un banc avenant, elle baisse la tête sur ses mains, les triturant frénétiquement. elle aimerait le croire, pouvoir croire qu'il avait cherché à la rendre jalouse. mais cela ne faisait à ses yeux aucun sens, la rendre jalouse alors qu'il avait finis par ne plus essayer de la voir, ni même de lui parler et encore moins de comprendre. la rendre jalouse en sachant très bien qu'elle ne ferait rien, quand bien même cela la tuait. parce qu'il la connaissait, parce qu'il savait qu'elle n'était pas ce genre de femme à venir hurler sur son ex-petit ami parce qu'il tenait la main d'une autre. je suis désolé pour le livre, je n'aurais pas du. se contente t-elle de dire, sa voix beaucoup plus calme, beaucoup plus posée, évitant toujours son regard. elle lui devant au moins cette excuse. parce que rien n'excusait la violence, que cela n'aurait pas dû avoir lieu. sa question la laisse perplexe. quelque peu perdue. elle n'en sait elle même rien. et si, si il avait tout tenté pour la récupérer , aurait-elle réellement accepté ? elle l'aurait désirée de tout son être, oui, elle veut croire qu'elle l'aurait récupéré, qu'elle lui aurait tout avoué. mais tout ne dépendait pas d'elle. sa mère ne lui aurait jamais permis, du moins pas sans une plainte pour abus sur mineur. tu avais besoin de coucher avec d'autres femmes pour me rendre jalouse ? tu avais besoin de poser tes lèvres sur leur corps tout comme tu le faisais auparavant avec moi ? tout cela était-il réellement nécessaire ? cela aurait été tellement plus simple si tu avais essayé un peu plus, juste un peu plus. elle relève la tête vers lui, les yeux quelques peu humectés. pourquoi était-il allé aussi loin, pourquoi avait-il fallu qu'il confirme les doutes qu'elle avait sur lui ? pourquoi avait-il du la conforter dans son choix ? oui, je pense, enfin je ne suis pas sûre. j'ai commis beaucoup d'erreur, j'ai souvent fermée les yeux, ignorée, pardonnée. je pensais que c'était normal que tu vois d'autres filles car après tout j'avais confiance. mais je ne suis plus sûre de rien. peut-être aurait-elle finis par se rebeller contre sa mère, à lui faire comprendre qu'elle l'aimait et qu'il saurait faire un bon père, peut-être aurait-elle trouvée le courage avec son appui, son soutien, sa présence. de toute manière cela ne dépendait pas que de moi. tu sais à quel point ma mère te haissait. finissait-elle par lâcher. c'était la vérité, la rupture avait principalement était causé par les menaces de celle-ci, bien trop soucieuse de savoir sa fille avec un homme plus âgée et qui plus est enceinte de celui-ci. alors oui, jaeah n'avait pas réussis à faire ses propres choix, elle n'en avait jamais été capable de toute manière. bien trop soumise, bien trop docile, bien trop stupide.

Il y avait des choses qu'il ne comprenait pas, d'autres qu'il tolérait,, certains détails qu'il refusait de croire ou d'autres qu'il préférait ignorer parce qu'il ne savait tout simplement pas comment agir. Là, accroupi face à elle, elle qui venait de lui jeter un livre à la figure, cette même femme qu'il avait aimé, mais peut-être ne l'avait-il pas assez montrer, ô combien elle avait de la valeur pour lui, ou peut-être était-ce simplement parce qu'il ne l'a compris que bien trop tardivement? Lui-même ne pouvait répondre avec justesse. Il ignorait bien trop de choses, des points essentiels et c'est sans doute pour cette raison qu'elle l'a quitté. Parce qu'il ne savait pas comment l'aimer. Pas à l'époque du moins. Maintenant? Ô oui. Tout avait changé. Autant la personne qu'il était que ses convictions. Il voulait lui prouver qu'il pouvait être responsable, qu'il pouvait la traiter comme elle le mérite. Il serait capable de la rendre heureuse, d'être l'épaule dont elle a besoin, d'être avec elle tout le temps, de l'écouter parler de ces choses futiles qui l'embarrasseraient ensuite mais qui la rendrait juste un peu plus attendrissante, de tenir sa main, la voir au naturel avec ses cheveux tout emmêlés. Il voulait être celui qui ruinerait son rouge à lèvres et non son mascara pour une fois. Il voulait simplement être meilleur. Mais en était-il seulement autorisé? Si ça ne tenait qu'à lui la ferait sienne tout de suite, mais non. Non. Il restait là, silencieux, à la regarder gênée par ce qu'elle venait de faire à son égard et d'avoir attiré tous ces regards malsains autour d'eux. Il la contemplait et il se demandait comment avait-il pu tout foutre en l'air. Alors, et au nom de toutes ces fois où il avait merdé, il tenta de se rattraper. Il tenta de la mettre à l'abri, de la mettre à l'aise bien qu'il se doutait que pour ça, il devrait disparaître. Il était encore un peu trop égoïste pour franchir ce pas.

❝ T'excuses pas. ❞ Il le méritait, il le savait et s'il avait été à sa place il aurait sans doute fait de même. ❝ Si t'étais moins dépendante de ta mère, peut-être que ça aurait changé quelque chose. ❞ C'est vrai. La mère de Jaeah n'avait jamais toléré leur relation. Elle avait peut-être raison. Il n'avait été qu'un crétin à l'époque, mais son ex petite amie avait su faire ressortir ses bons côtés, quelque chose qu'il avait littéralement négligé après leur rupture mais avec lesquels il se réconciliait petit à petit. Pourtant, même s'il avait été un saint, rien n'aurait prouvé que maman Lee le voit d'un autre œil. Il n'avait été que cet homme qui rendait sa fille moins pure jour après jour, celui qui la pervertissait parce qu'il était majeur, ce qui n'était pas le cas d'elle à l'époque. Et quant bien même Jaeah se serait battu pour ce qu'ils avaient, elle aurait toujours eu le dernier mot. C'était comme ça. Alors non, ça ne servait à rien de se battre, pas quand il y avait cette pression familiale derrière prête à ruiner un amour pour le soit disant bien de sa progéniture. ❝ Tu veux que je te dise quoi Jaeah? Des choses qui pourraient te rassurer mais qui serait pourtant bien loin de la réalité? ❞ Mentir? Non. Même s'il le voulait, même si c'était ce qu'elle lui demandait, il ne pouvait pas mentir. Pas à elle, ni à qui que ce soit d'ailleurs. C'était peut-être difficile à croire quand on connaissait son passé, mais Yan Kai est bien trop respectueux pour agir de cette façon. Vendre des sourires pour apaiser des âmes quand l'envers du décor est tout autre. ❝ Je peux te promettre d'avoir changé, je peux t'avouer avoir réalisé combien j'avais mal agis et ô combien je regrette, je peux te dire que ces femmes ne comptaient pas. Oui ça aurait été plus simple, mais tu sais très bien que ça n'aurait servi à rien. ❞ Il avait abandonné l'idée qu'elle soit sienne il y a de cela bien longtemps. Pourtant lui aussi il avait espéré que tout soit moins compliqué entre eux, à commencer par changer sa manière de se comporter alors qu'ils étaient encore ensemble. Peut-être que ce simple détail aurait eut un impact sur leur avenir, qui sait. Ou peut-être que les choses étaient ce qu'elles devaient être. ❝ T'étais trop bien pour moi, tu l'as toujours été. Et c'est con de ne le réaliser que maintenant. ❞ Il haussa simplement les épaules, passant rapidement sa langue sur sa lèvre inférieure pour l'humidifier avant de ranger ses mains un peu plus en profondeur dans ses poches. Oui, c'était con. Tellement con, parce qu'elle n'était plus sienne. Plus maintenant. Elle était heureuse, sans doute, avec quelqu'un d'autre qui sait. Quelqu'un qui savait mieux la traiter, quelqu'un qui pourrait être ce qu'elle attend de lui. Quelqu'un qui serait l'exact opposé de Yan Kai. Quelqu'un qu'il ne serait jamais. Et il fronça les sourcils à la simple confession de Jaeah. Une révélation dont il se serait passé. Elle avait osé le blâmer parce qu'il avait avoué avoir abandonné trop rapidement mais était-elle seulement mieux? ❝ Alors pendant tout ce temps tu te cachais derrière ta mère? Tu faisais gentiment ce qu'elle te demandait de faire et t'oses me jeter un putain de livre dans la gueule parce que j'ai osé dire que j'avais abandonné l'idée de me battre pour nous? Tu te fous de ma gueule, là? Merde, Jaeah!❞ Il passa une de ses mains dans ses cheveux, se pinçant les lèvres comme pour se retenir de hausser davantage le ton. Et il respirait, sagement, calmement. Du moins il tentait de retrouver un rythme normal avant de laisser son bras ballant le long de son corps et de la regarder. ❝ Le fait que tu sois dépendante d'elle n'est pas un problème en soi, c'est le fait que tu la laisses gérer ta vie qui me soûle. Ok, j'ai peut-être pas assurer, mais elle est la raison pour laquelle on en est là, toi et moi et ça tu ne peux pas le nier. ❞