On s'était littéralement rentré dedans lui et moi. Pas dans le sens métaphorique mais dans le sens bien concret. Comme un pauvre petit oiseau qui se prenait un bon gros mur. Si j'avais su je serai sorti de chez moi avec un casque. Mais reprenons du début.

« Cesse de venir ainsi à l'improviste » cria mon père à travers la porte loin d'être en  colère, j'aurais plutôt dit désespéré. Il est vrai qu'il aurait aimé pouvoir être prévenu pour passer ne serait-ce qu'un instant en ma compagnie mais à l'improviste en général le devoir l'appelait toujours ailleurs. C'était ballot.

Un sourire se dessine sur mon visage tandis que je m'étirais de tout mon long dans le lit. La chambre est toujours plongé dans le noir, mais l'horloge affiche 11h et des poussières. Soirée trop longue peut être ? Dans un geste de panique je tape sur l'oreiller non loin du mien et soupire de soulagement lorsque mes doigts rentrent doucement en contact avec le draps. Amené mes partenaires nocturnes chez mon père cela aurait été le pompon sur la chantilly.

J'entends la porte d'entrée claquer signe que j'étais officiellement seule dans la maison. Nonchalamment je me dirigeais vers la cuisine,  je récupérais de quoi manger dans les placards et terminais avec de la brioche et lait. Le repas des champions non ? Chez papa pas de gouvernante, une femme de ménage suffit et en général elle arrive à ne pas se faire voir. A cause d'elle j'ai longtemps cru que la maison savait se laver seule. Oui j'étais assez naïve. La beauté de l'enfance.

Aujourd'hui j'étais sûre d'une chose ! Ce soir je travaillais, je ne montais pas sur scène mais je devais aider au service. En attendant ce moment je ne savais pas à quoi j'aller vaguer ma journée déjà bien entamée. Peut être du shopping et jouer avec mon chien ou me poser à un café et voir qui sera de taille à venir m'aborder. Rien qu'à l'idée j'en souriais.

Farfouillant dans les vêtements je tombais sur ma tenue du jour. Un long pull rouge aux écritures blanches et des chaussettes hautes noires. J'agrémentais le tout d'un bandeau blanc dans les cheveux et de basket dans les mêmes tons pour faire dans la plus grande des simplicité.

Aujourd'hui je serai Park Min Yeon, étudiante canadienne en échange en Corée pour une durée de 6 mois. Ca va aujourd'hui j'allais être raisonnable du moins je l'espère.

Et c'est dans cette gaieté et dans l'optique de passer un bon après midi que j'étais sorti de chez moi pour arpenter le rue de Gangnam en quête d'un vrai repas. C'est là que lui me coupa la route ou plutôt l'interrompit brusquement. A qui la faute je n'aurais pu le dire. Certes je ne regardais pas totalement devant moi mais coupé la route des gens c'était pas normal non plus.

« Hey ! Ça va pas bien vous ! J'aurais pu me casser une jambe en vous heurtant comme ça. »

Oui, bon, j'exagérez un peu, mais je ne serais pas la première à la faire ni la dernière. Et je ne mentais pas totalement tout était  possible hein.

« J'ai les os fragiles en plus ! »

J'ajoutais le côté puppy eyes, espérant pour un café gratuit et peut être même un muffin avec. Les riches restent riches en ne dépensant que très peu c'est bien connu.  
Étrangement le visage de cet individu me disait quelque chose mais il m'était impossible de préciser  où. Heureusement pour moi ma mémoire était infaillible et la réponse me reviendrait en très peu de temps.

J'avais du mal à me souvenir de cet homme mais cela ne sembla pas être le cas pour lui si j'en croyais ses gestes. Lui qui m'avait spontanément prit dans ses bras comme si nous étions des amis de longues dates.
Lan Fan ? Qui était Lan Fan ? Moi ? Pourquoi m'appelait-il ainsi ? L'aurais-je croisé pendant que j'avais trop bu et avait donné un prénom totalement imaginaire. J'étais sure de moi si j'avais été consciente de mes actions je n'aurais jamais pu donner ce nom ! « Euuh... » Lui pourtant continuait en ayant tant de geste de tendresse. Peut être avions nous une bonne relation dans une vie parallèle. Qui sait hein ? Là où en était, j'étais d'avis que tout était possible.
Puis les réponses vinrent, ou plutôt mon incompréhension ne se fit que plus grande.  Face à moi, Ge Ge...mon frère…mon GRAND frère en plus ! What the …. ?! «  Dois y avoir erreur sur la personne… » marmonnais-je. J'essayais doucement d'échapper à cet homme étrange, regrettant presque de ne pas me souvenir qui c'était vraiment. Le connaissais-je vraiment ? C'était peut être le fruit de mon imagination hein! Il ressemblait peut être à un ami du passé.

Au moment où j'allais me décider de définitivement prendre la fuite, ce « Ge Ge » me dit les mots magiques que n'importe qui aurait aimé entendre et tout mon corps se détendit. J'allais avoir un beau manteau gratuit ! Eh oui ! Même si je n'étais pas la personne concernée du départ je pouvais bien en profiter un peu non ? Qui ne rêvait pas d'un manteau hors de prix offert ?  Celui qui dirait non est un bon menteur. Mon visage se transforma radicalement, de la confusion à la bénédiction ! « Ge Ge ! C'est bien toi ? Je savais que tu me disais quelque chose !  Oh Ge Ge tu m'as tellement manqué toi aussi ! Combien de temps ça fait maintenant ? » J'espérais que ça faisait pas trop longtemps, parce que me rappeler les souvenirs d'une inconnu ce n'était pas chose aisée. J'attrapais son bras et l'emprisonna avec le mien. Une proie pareil faut pas la laisser s'échapper aussi facilement que dans les magasins.   « Tu veux m'acheter un manteau ! Pour moi ? Oh Ge Ge...il ne fallait pas ! »  Bon Na Rae, dès que le cadeau est payée tu ne traînes pas plus. Cet homme est assez bizarre comme ça ! Bon oui j'avais une notion du danger bien particulière mais ne me blamez pas pour autant. « Tu es toujours aussi protecteur avec moi ! » Quel magasins pourrait correspondre à mes gouts ? Si je prenais les devant ça serait étrange mais si ce fameux frère n'avait aucun goût j'étais mal barrée, parce que détrompez vous, cher ne veux pas forcément dire beau. Avant tout, je ne devais pas perdre mon objectif ! « Où comptes-tu m'emmener ? J'ai plein de boutiques à te montrer sinon! » Mieux vaut ne pas m'emballer. Mauvaise méthode. Je tentais rester le plus adorable possible. « Enfin non, prenons un café d'abord ! Renouons avec le passé ! » Tout de suite j'aurais voulu me jeter d'un pont. Pourquoi je m'auto mettais des bâtons dans les roues ? Mais en même temps j'avais vraiment envie d'un café frappé. Espérons que je tienne mon rôle le plus longtemps possible. Au moins jusqu'à ce que j'ai mon manteau.