Quand je glisse la clé dans la serrure je ne peux retenir un sourire. Je laisse à l’entrée ma journée. Mon secret. Je laisse en dehors de cet appartement la fille que je deviens dès que je suis loin de Kouji. J’affiche un sourire doux, un sourire factice sur mes lèvres. J’ai le cœur lourd. La musique que j’entends. L’odeur délicieuse qui fait frétiller mes narines. Ce soir je n’ai pas la force. Je pose mon front contre la porte en inspirant doucement. J’aime Kouji. Je l’aime à en crever. Mais tout est si compliqué dans ma tête en ce moment … j’ai l’impression de me déchirer. De faire face à celle que je suis et celle que je veux être. J’ai le cœur qui s’emballe et un poids qui pèse soudain sur mon estomac. Le plat de ma main caresse le bois de la porte comme si je cherchais à m’apaiser. Calme toi Kelea … calme toi … j’inspire doucement pour retrouver mon souffle. Si j’en étais encore capable j’aurais sûrement les larmes aux yeux. Je suffoque. J’ai peur de gâcher tout ce que j’ai. J’ai peur de le perdre. J’ai peur de rester avec lui. J’ai peur qu’il comprenne. J’ai peur de devoir constamment devoir lui cacher les choses. Je ne sais pas quoi, parce que je ne sais pas ce que je veux faire. La vérité est si affolante. Un monstre, à ses yeux, c’est tout ce que je serais. Et il aura beau m’aimer. Et il aura son regard qui se fanera. Et il réalisera que la femme qu’il aime n’est qu’un mensonge. Je tousse, encore, assez pour m’arracher une grimace. Je passe une main sur mon sternum pour chasser la douleur et inspire longuement avant d’entrer dans l’appartement. «  Je suis rentrée » lançais-je faiblement en retirant mes chaussures. La musique, l’ambiance … j’ai de la chance de l’avoir. J’aurais pu rentrer dans un appartement vide. Dans le noir. Sans aucune vie. Peut-être que c’est ça que je voulais. Aller juste me rouler en boule dans mon lit et ne penser à rien. Je n’ai pas envie de le voir tout de suite alors je me dépêche d’aller dans la salle de bain. Je vais me mettre à l’aise et après je pourrais l’affronter. Faisant couler de l’eau dans la cabine j’ai envie de me prendre une douche brulante. Je fais tomber mes vêtements au sol en grimaçant. Kazuya. Un seul nom. Démon. Je sursaute en entendant la voix de Kouji. Je pensais avoir fermé. Vais-je devoir mentir ? Affronter son regard et me perdre. Comment lui expliquer la situation, comment lui faire comprendre, comment lui dire que ça me va. Que ça me plait. Comment ne pas l’effrayer face à la folie dans laquelle je me perds. J’attrape rapidement mon pull que j’enfile pour cacher mes bleus et me tourne vers lui «  ca va mon amour ! » lui assurais-je comme une habitude. Un sourire amusé à mes lèvres sans même que je n’y fasse attention. Depuis quand est-ce que j’avais appris à croire à mes mensonges ? Je nouais mes bras autour de lui et zieuta en direction de la douche. « Maintenant que t’es là, autant en profiter à deux ! » lançais je comme pour lui prouver que je n’avais rien à lui cacher, je lâchais un petit rire et vins lui voler un baiser. « Mais on devrait manger avant ! j’ai une faim de loup ! » pour dire vrai je suis sur le point de vomir tant l’émotion noue mon ventre, mais faire semblant est devenu mon quotidien.