Déjà crevé avant que ma journée ne commence je me rends compte que mon réveille n’a pas sonné. Forte heureusement  je me suis réveillée assez tôt pour m’en rendre compte et ne pas être à la bourre. Courant dans tous les sens pour rattraper mon pseudo retard je finis par enfiler mes patins rapidement au pied et traverse la fille rapidement pour rejoindre l’université. Avec un peu de chance le cours n’aura pas encore commencé. J’ai d’ailleurs pris le bus sur les trois derniers arrêts pour m’assurer de ça. Je slalomais entre les gens et changeais la musique de mon iPod sans regarder où j’allais. J’aurais dû. Parce que c’est le fil de mon casque qui s’est accroché au sac de cette blondasse qui s’est cru tout permis à marcher au milieu de l’allée avec son gros cul. Et c’est aussi mon iPod que j’ai vu voler avant de s’éclater au sol. « Non ! » m’écriais-je avant de me jeter sur mon iPod ruiné. Avant même que je n’ai pu me relever pour passer mes nerfs sur la blondasse qu’elle s’est déjà enfui dans la foule. Putain je sens la journée de merde … Et je n’étais pas au bout de mes surprises. Soupirant rageusement je fourrais mon feu iPod dans ma poche et glissa mon casque autour de mon cou avant d’entrer dans le bâtiment. Mon cours se trouve au troisième, ne perdant pas de temps je m’engouffre dans l’ascenseur même je vais devoir traverser tout le couloir avant de rejoindre mon amphithéâtre.

J’avais même hâte d’y être mais il a fallu que mon chemin croise celui de mon ex, cet américain que je fuyais depuis des années. Je l’avais repéré a la rentrée et depuis j’avais réussi à éviter son chemin … bien qu’il m’ait repéré plusieurs fois, j’arrivais toujours à fuir. Mais comment est-ce que j’aurais pu l’éviter à le voir se planter devant moi comme il l’a fait. Manquant de tomber je grimace en détournant subitement la tête. « Putain tu veux pas m’épargner ton haleine dès le matin comme ça. » grimaçais-je en me reculant. Je le fixais de haut en bas avant de secouer la tête « Tu pourrais au moins décuver avant de venir en cours. » grognais-je en voyant l’état dans lequel il était. Détachant mon thermos a café starbuck de mon sac je lui plaquais contre le torse «  Tien boit ça. C’est pour la survie des gens qui seront à côté de toi. » Je fais mine d’être répugné avant de le depasser en faisant bien exprès de rouler sur la plaque métallique qui restait dans le couloir des puis des mois pour cause de travaux ;

Faut que je m’éloigne de lui. Faut que pas que je reste à côté de lui. À la regarder. Parce que tout est différent maintenant et que j’ai encore du mal à le supporter. Il ne sait pas lui, combien de nuit j’ai pu le pleurer parce qu’il me manquait, parce que ma vie devenait un enfer, parce que j’avais juste besoin de ses bras. Il a raison de me détester et j’ai tout fait pour, je pensais que ça aurait été plus facile pour lui pour m’oublier, j’aurais jamais cru que ce soit aussi dur pour moi. Et si j’agissais aussi puérilement avec lui c’était seulement parce que je n’arrivais pas à lui faire mes excuses, que si on continuait à se fuir et à se détester on finirait par tout oublier. Mais de toute évidence aujourd’hui il ne voulait pas oublier. Je me stoppais net à ses mots et me tourna vivement vers lui prête à répliquer alors qu’il me lança mon thermos dessus. J’aurais peut-être du lui dire qu’il était cassé ?! Je pu voir le thermos s’ouvrir en plein vol et rependre son café chaud sur le sol et sur mes cuisses. « Mais t’es con ou quoi ?! » m’écriais-je en plein couloir attirant quelques regards sur nous.

Grimaçant légèrement je tentais de décoller mon jean de mes cuisses pour ne pas sentir le café brûlant. Je n’avais pas mal au point de gémir mais j’en faisais des tonnes pour le faire culpabiliser. « T’es vraiment insupportable quand tu t’y mets !! » lui criais-je avant de jeter le thermos vide sur lui pour me défouler.  « Et puis qu’est-ce que ça peut te foutre de savoir si je suis mal baisé hein ?! Ca sera toujours mieux qu’avec toi ! » Menteuse. Tu n’as pas beaucoup d’homme dans ta vie, mais si tu pouvais retrouver ce que t’avais avec lui le temps d’une nuit tu ne diras pas non. Au moins Calvin me respectait. Même si je ne peux pas en dire autant pour maintenant … Il me provoque, alors je le provoque mais je sais déjà que ca va mal finir … Le poussant légèrement je m’assis au sol à côté de lui pour retirer mes patins, ça sera plus pratique de le faire ici qu’aux toilettes. Fallait que je vire ce pantalon et que je le lève rapidement avant de sentir le café toute la journée. Boudeuse, j’étais trop énervée dans mes gestes pour réussir à me défaire de ce double nœud.

Les mecs et leur égo, la seule chose qu’il trouve à me dire après m’avoir ébouillanté la cuisse c’est que je mens sur ses talents d’étalon au lit ! Comment si c’était la seule que tout le couloir voulait savoir.  Je soupir et continue de m’exciter sur mes lacets, mais plus je tire et plus je resserre le nœud. Ça m’agace, j’ai jamais de soucis pour retirer mais patins, mais au moment le plus critique de ma vie ça devient mission impossible. Un gros silence s’abat entre nous et il semble durer une éternité avant que Calvin ne se mette à râler … Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce qu’il emploie mon surnom, lui seul m’appelait comme ça … Heureusement que j’avais la mine baissée pour qu’il ne remarque pas mon expression à cet instant. Je rougi légèrement, le regard triste et le cœur lourd. Quand on se disputait c’était toujours à ce moment-là qu’il venait m’enlacer pour m’embrasser. On arrivait toujours à se réconcilier vite, mais aujourd’hui je savais qu’il ne m’embrasserait pas et que demain, je l’éviterais à nouveau. Reniflant tristement je râlais quand il me donna une tape sur les mains. « J’ai pas besoin de toi. » Grommelais-je entre mes dents en retirant pourtant mes mains. Je pris appuie en arrière sur le mur en croisant mes bras, affichant une mine toujours aussi boudeuse. Je détournais le regard pour ne pas le regarder faire en mordillait mes lèvres. C’était quoi ça ? On faisait quoi ?

Agacée par se remarque je fais exprès de lui donner un petit coup de patin en roulant sur son doigt. « C’est toi qui m’a agressé je te signal. » bougonnais-je en me redressant. Je le fixais soudain en détaillant son visage. Il avait mûrit. Il était devenu un peu plus ... homme ? Ça lui allait bien, et je me maudissais de le trouver toujours aussi beau. Surtout quand il souriait. « Je ne suis pas casse couille » murmurais-je tout simplement en posant mon menton sur le haut de mon genou alors qu’il finissait de défaire le nœud de mon patin. Je mordillais ma lèvre en baissant mon regard sur ses mains que j’avais l’habitude d’embrasser. J’ai toujours aimé ses mains je ne sais pas pourquoi. Le café était maintenant glacé sur ma cuisse et ça n’avait rien d’agréable. Je crevais d’envie de lui demander pourquoi il m’aidait mais je savais qu’il allait encore me sortir une excuse bidon. Alors je me contentais de relever le visage vers lui.

Je l’énervais avec mes bruits de patins ? Mais est-ce que c’est de ma faute s’il vient à l’école avec la gueule de bois ? Il aurait mieux fait de rester au fond de son lit. Et puis depuis quand il jugeait l’école plus importante que ses heures de sommeils ? Je reniflais en haussant les épaules face à son manque d’émotions et tritura la manche de mon t-shirt à manche longue que je coinçais entre mes doigts. Je ne suis pas casse couille, je suis pleine de vie, têtue certes, et … oui ok je suis casse couille mais ça m’énerve de me l’entendre dire. Je serre ma poigne sur la hanse de mon sac et le réajuste sur mes épaules. Il raconte toujours n’importe quoi de toute façon, c’est ce que j’essaye de me convaincre en le voyant défaire mes lacets. Les premiers pendouillent le long de mes pieds et je desserre un peu plus les lacets pour être certaine de pouvoir retirer ma chaussure rapidement. Ses doigts bien que lent restent agiles sur les lacets qu’il défait finalement. Je culpabilise presque de le voir aussi mal en se relevant mais après tout, c’est lui qui a décidé de venir m’aider, je n’ai rien demandé … je m’apprêtais à faire un effort et le remercier lorsqu’il se mit à me gueuler dessus à nouveau. Ecarquillant les yeux de surprise je le fixais incrédule avant que la colère ne vienne chatouiller les traits de mon visage fin.

Je me relevais rapidement, mais dans ma précipitation j’en oubliais mes lacets défaits. « Mais depuis quand est-ce je te mani… » Sentant ma cheville flanché face à la lâcheté de ma chaussure je tendis la main pour me raccrocher à lui mais me retrouva trop rapidement les fesses au sol. Une grimace de douleur tira mes traits alors que je lâchais un petit cri de douleur. J’ai l’os des fesses dur et peu de rembourrage ok ?! Retirant mes chaussures rageuses je me remis debout rapidement en serrant mes patins contre moi et perdant de ce fait 15 bon centimètres. J’avais oublié qu’il était aussi grand et la surprise pu se lire sur mon visage quand je relevais le visage vers lui. Mais ne voulais pas perdre cette occasion je lui donnais un petit coup dans l’épaule et lui répondit sur le même ton. «  Je ne te manipule pas !! Et tu peux bien parler toi hein !! Monsieur je débarque dans ta vie par surprise et je chamboule tout ! » Les gens autour de nous ricanait de nous voir nous donner en spectacle, mais j’étais bien trop énervée pour m’en rendre compte. C’était le truc de Calvin ça ! Débarquer de son Amérique pour venir, du jour au lendemain, me faire tomber amoureuse de lui. Ça l’amuse on dirait. Se foutre en travers de mon chemin et me retenir, et prendre soin de moi et finir par m’engueuler. J’allais devenir folle avec lui. Pied nue au milieu du couloir je le fixais sans ciller, le visage fâché et les lèvres pincées.

J’ai des défauts, comme tout le monde, mais des qualités, plus je l’espère, mais ce que je sais faire de mieux c’est fuir. Fuir quand ça fait trop mal, fuir pour ne pas devoir faire face à la peine des autres.  Celle que je leur cause tout du moins. Pourquoi cette fois-ci ferait exception ? Je déteste devoir faire face à ce que j’ai fait, au mal que j’ai pu lui faire. J’ai toujours le sentiment d’être la victime de toute cette mascarade, mais au final … j’avais été son bourreau, et je n’imagine pas la douleur qu’il a du ressentir. Je ne prétends pas être la femme de sa vie, ni même avoir réussi à le rendre amoureux de moi … mais lui comme savions, que notre histoire c’était du sérieux. Elle avait commencé vite, comme si en un regard nous avions su que c’était ce qu’on voulait. On se cachait, mais on profitait. On était bien ensemble et moi je l’aimais. Mon premier amour. Mon premier tout court. Serrant mes patins contre moi je le fixais en affichant une expression douloureuse.

J’aurais pu m’excuser, dire la vérité, lui expliquer vraiment ce qu’il s’était passé. Mais j’ai comme l’impression que c’est trop tard maintenant et de toute façon ça ne changera rien. Mais je ne supporte pas de le voir me détester comme ça. Alors à l’instant où il finit de s’énerver je cri plus fort pour couvrir le son de sa voix. « Mais tu comprends rien putain Calvin ! » Rageusement je pointais mon patin dans sa direction que j’agitais sous nez avec le cliquetis métallique des roues. « Tu crois vraiment que je voulais te quitter alors que j’étais amoureuse de toi ?! » les mots claqua dans l’air avant même que je ne réalise ce que je disais. L’amour pour nous à l’époque c’était abstrait. On était bien ensemble. On se le disait. Mais ses mots là … jamais, ou rarement. Ecarquillant les yeux de surprises je balbutie quelques mots intelligible comme pour me sortir de là et finit par reprendre contenance en crachant juste un  « Tu m’énerves ! » Je me détourne en serrant mes patins contre moi en trottinant sans savoir dans quel sens aller pour trouver les toilettes. « Puis d’abord c’est par où les toilettes ! » lui criais-je comme si c’était sa faute que je n’en trouve pas.