Is it a love song ? × In Soo
▲ Cela fait presque deux heures que le concert bat son plein et la fin approche rapidement. Je n'ai pas envie que tout ça se termine, il n'y a que lorsque je suis sur scène que je me sens vraiment vivant. Je fais ce qui me plait, c'est à dire interpréter des chansons sur lesquelles j'ai travaillé pendant des heures pour y mettre un maximum de sincérité, et que chaque mot fasse ressentir une émotion bien précise. Là, entouré des autres artistes de l'agence, sur cette scène où il fait aussi chaud qu'au coeur d'un volcan, sous les projecteurs colorés je me sens bien. La musique fait trembler le sol et cogne contre mes tympans en rythme avec les cris des fans, c'est tout simplement grisant. Ici je ne suis pas Mee Na l'étudiant héritier, lorsque j'ai un micro en main je suis quelqu'un d'autre, celui qu'on appelle Choice. Lequel des deux est le véritable moi ? Je n'en ai aucune idée. Les deux probablement. Je ne veux pas me limiter à quelques adjectifs seulement pour me décrire, je veux être tout à la fois et ce soir je suis un rappeur. Hypnotisé par la musique, ivre de cette ambiance si excitante. Et je fais entendre à tous ces gens tout ce qui se passe dans ma tête, je leur ouvre mon coeur au travers de mes paroles, je les répète à m'en faire mal à la gorge, à en avoir le souffle court et la tête qui tourne. Et mon sourire s'étire encore si seulement c'est possible lorsque la musique se termine, je prend le temps d'observer la foule, ramassant une bouteille au sol pour en boire le contenu. Ma main libre, celle qui ne tient pas le micro glisse dans mes cheveux, décollant les mèches humides de contre mon front transpirant. Je regarde partout, me concentre sur chaque visage, chaque personne présente en évitant soigneusement un coin de la pièce. Parce que à cet endroit il y a quelqu'un que je ne veux pas voir. Quelqu'un que j'ai voulu voir tous les jours jusqu'à maintenant, mais qui a décidé de fuir. Et je ne veux pas flancher, or si je pose mon regard sur lui, c'est ce qui arrivera. Je porte alors mon micro près de mes lèvres après avoir pris le temps de bien respirer pour pouvoir m'exprimer de nouveau. « Okay alors on approche bientôt de la fin, j'espère que vous êtes encore chauds parce que pour la suite on vous a préparé des surprises ! » Parmi celles-ci, il devait y avoir mon duo avec le Gumiho qui se cache dans la foule, et cette simple pensée me fait mal au coeur alors je la vire rapidement de ma tête. « Et pour vous remercier d'être venus, vous allez pouvoir entendre pour la première fois en exclu les poulains de l'agence qui seront bientôt des superstars, accueillez-les comme il se doit ! » Je souris en entendant les cris et quitte la scène pour traverser les loges sans même prendre le temps de me reposer quelques minutes. J'ai des comptes à régler. Je sors donc, capuche sur la tête, contournant discrètement la foule avant d'arriver derrière celui qui a hanté mon esprit depuis tout ce temps. L'une de mes mains se pose sur sa bouche et l'autre le tire à l'extérieur un peu brusquement, le plaquant contre le mur de la bâtisse. « Je t'avais invité en échange du week-end que tu devais passer avec moi, tu sais celui où tu t'es enfui en me laissant comme une merde ? Alors pourquoi t'es là ? » |
For those words hurt like a thousand needles. | ❆ | But they heal like a tender kiss under the pouring rain. |
Il ne faisait pas si chaud, pas si beau, pas si clair. Ou peut être était-ce lui car il semblait être le seul à encore conserver son pull au milieu de cette ambiance déchaînée. Les artistes avaient du talent, bien sûr, qui était il pour prétendre qu'ils n'étaient qu'un ramassis de ratés ? Mais il n'était pas là pour eux et même s'il devait avoué s'être senti touché ou avoir eu envie de se bouger sur certains morceaux, tout cela fut oublié à l'instant où Meena apparut enfin sur scène. Il sentit une vague de frissons courir à sa simple vue, la chaleur montant soudain et il glissa une langue rose contre ses lèvres. Il dégageait un tel charisme, une telle présence sur scène que le plus jeune ne sut pas comment réagir, choqué, cloué au sol par le talent encore une fois démontré de son aîné. Il sentit les larmes monter et ne put s'empêcher de lancer un cri d'encouragement qui se perdit dans ceux de la foule qui avait, elle aussi, compris qui possédait désormais ses sentiments. Insoo sentit le regard de son ami glisser sur lui sans s'arrêter et une douleur sourde ébranla son coeur. Ah oui… Ils n'étaient plus vraiment amis, si ? Il baissa un instant le regard et songea partir sur le champs mais il en fut incapable, la sueur roulait dans son dos, les paroles coulaient dans ses veines et son regard trouva à nouveau la forme impressionnante du Pyobeom sur scène. Il voulait pleurer, l'appeler, lui crier de le regarder, s'énerver à s'en arracher les mains mais il se savait seul bourreau de son calvaire et se contenta donc de rester là, à regarder Meena évoluer sur scène comme si celle ci se pliait à ses exigences. Il frémissait plus fréquemment qu'il ne l'aurait voulu, ses frissons ne quittant définitivement sa nuque que lorsque le rose disparut de l'estrade. Il se mordit la lèvre et souffla en se rendant compte qu'il avait été évincé par son aîné sans le moindre remord et soudain, il ne savait plus s'il était malade de douleur ou d'énervement. Il secoua la tête, s’apprêtant à partir quand une main l'attrapa de nulle part. En moins de deux, il fut sorti et pris au piège entre son cauchemar merveilleux et un mur. Il déglutit alors, surpris par le comportement brusque et presque agressif de celui qu'il considérait comme un agneau inoffensif une semaine plus tôt. Il baissa la tête doucement alors. ❝ Je voulais juste venir te voir… Je ne pensais pas que tu me verrais. ❞ Mais il mentait. Il voulait si fort qu'il le voie… Et même si c'était pour s'attirer les foudres méritées de son vis-à-vis, il sentait une étrange complaisance dans le fait qu'enfin il pose son regard sur lui. Rappeur Meena était carrément hot. Il releva doucement un regard vers lui sous sa casquette, presque choqué de croiser ses yeux plantés sur lui avec cet air amer et froid. Un frisson courut sur son épiderme à nouveau et il sut qu'il était foutu. Il était amoureux de lui. Il avait envie de se jeter à son cou, de l'embrasser jusqu'à ce qu'ils suffoquent, de mordre sa gorge où glissaient encore quelques gouttes de sueur pour y laisser une trace de son histoire, si éphémère eut elle été, avec le musicien. ❝ Et puis, je ne vois pas pourquoi je m'excuserais. On n'a pas signé de contrat. ❞ Et aussi surprenant que cela puisse paraître, voilà que le doux Insoo crachait du venin à son tour, visiblement c'était donnant-donnant ce soir. |
▲ Je n'avais pas tardé à trouver In Soo au milieu de la foule lorsque j'étais monté sur scène, peut-être parce que je l'avais cherché. Peut-être parce que malgré ma colère, malgré ce sentiment d'abandon et cette déception, j'avais envie de le voir ici. Sans doute parce que l'inviter à visiter mon monde comptait énormément pour moi et qu'aujourd'hui encore, même ma rancune n'était pas plus forte que ça. Et j'ai senti mon coeur se serrer douloureusement lorsque qu'il est apparu au milieu de tous ces gens, ce visage si beau dont je connais les moindres détails. C'était une divine souffrance que de le voir ici, partagé entre le bonheur d'enfin l'avoir sous les yeux après ces quelques jours qui m'avaient semblé durer une éternité, et une chose atroce que de l'imaginer profiter d'un cadeau si important que je lui offrais en échange de son coeur qui m'avait été refusé. Alors j'ai fait comme si je ne l'avais pas vu, j'ai tout fait pour le faire sortir de mes pensées pour ne pas perdre le rythme, oublier les paroles. Je n'ai pas le droit de faire passer mes histoires personnelles avant, pas ce soir. Et pourtant ces images de son corps si proche du mien, la sensation de nos lèvres emmêlées n'avaient pas quitté mon esprit. Et je lui en veux. Oh ça oui, je lui en veux vraiment. Pas d'avoir eu peur, mais d'être parti comme ça, sans me laisser le temps de le rassurer, après les quelques minutes si plaisantes que l'on avait passé ensemble. Comment tu as pu faire ça In Soo ? Comment as-tu pu me faire perdre la tête à ce point pour ensuite m'abandonner comme si tout ça ne signifiait rien ? J'ai passé ces derniers jours à réfléchir, sans doute un peu trop à cette histoire. Et il a perdu toute ma confiance au fil des hypothèses. Et s'il avait dit tout ça seulement pour que je l'embrasse ? Peut-être qu'il m'a menti, peut-être qu'il n'est pas gay et que c'était un pari. Je ne sais pas, je ne sais plus rien et ça me rend dingue. Je ne l'ai pas revu de toute la semaine alors maintenant qu'il est là, je ne compte pas le laisser filer. Je veux savoir, je veux comprendre pourquoi il a fait ça. Venir me voir ? Mon regard s'est probablement assombri à la suite de ses mots, et ma mâchoire est si serrée qu'elle me fait mal. S'il voulait tant me voir, alors pourquoi n'est-il pas venu plus tôt ? Parce qu'il ne voulait pas que moi je le vois ? Et pourquoi ça ? Je cherche son regard pour y lire la vérité, ignorant les mèches de mes cheveux écrasées sous ma capuche qui obstruent ma vue. Et ses derniers mots me font ricaner froidement. Je ne trouve pas ça drôle, je trouve ça ridicule. On n'a pas signé de contrat hein ? « Ah oui tu crois ? C'est marrant parce que pour moi, un baiser ça représente un engagement tu vois. Alors quoi, ça représentait rien pour toi ? T'as réussi à me rendre faible, t'as eu ce que tu voulais et c'est tout ? C'était un jeu pour toi ? J'ai l'air d'être une putain de marionnette que tu peux utiliser quand tu veux ?! » |
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Insoo ne peut manquer l'ampleur de la colère de son ami, frémissant sous son regard enflammé, à la fois agacé et purement énervé. Il ne pouvait pourtant pas détester ce regard parce qu'après tout il était posé sur lui, et tant que ces yeux ne le lâchaient pas, il n'avait aucune raison d'avoir peur. Toutes les couleurs qu'il pourrait montrer à son pauvre vis-à-vis, il ne se gênerait aucunement, tout était bon s'il conservait sur lui son attention, ses sentiments, ses songes et d'une certaine façon son coeur. Et c'était tellement important. Si important parce que lui aussi se sentait pris au piège du Pyobeom, incapable de se concentrer sur autre chose que lui, sans cesse à chercher son corps dans la masse de gens de l'université ou à penser à leurs baisers alors qu'il devait réviser ses cours, il était une âme perdue qui tentait désespérément de trouver sa sœur pour ne plus s'égarer seul, par tous les moyens. ❝ Rien ? C'est à moi que tu parles, là ? Tu sais combien de personnes j'ai embrassé dans ma vie espèce d'idiot ?! ❞ Il se sentait blessé par leur échange mais pensait leur affection perdue et s'efforçait de maintenir un lien entre eux car le perdre lui faisait tourner la tête. Il ne pensait pas vraiment l'avoir rendu faible ? Ou bien la faiblesse résidait-elle dans le fait de se laisser attirer par un garçon ? Et dans ce cas, il semblerait que le plus jeune soit la faiblesse personnifiée puisque non content de craquer exclusivement sur des garçons, il semblait qu'il venait de tomber de haut pour l'un d'entre eux. ❝ On dirait que tu me connais sur le bout des doigts ! J'adore jouer avec les gens, c'est ce que je préfère. ❞ Et mine de rien, au fond de ses pupilles, derrière un voile d'agacement, de rancœur, se dépeignait sa tristesse. Il se battait contre le besoin de pleurer, se retenait de s'excuser, se forçait à penser aux reproches les plus plausibles à faire à Meena pour que celui-ci ne devine pas qu'il improvisait. ❝ Je suis encore libre de mes mouvements, non ? Et je ne vois pas pourquoi je serais venu te voir après ça ! ❞ Ses sourcils se fronçaient, ses poings se serraient à ses côtés, ses dents grinçaient presque de la pression qu'il leur infligeait, sans qu'il le sache, Insoo se trouvait en proie à une nouvelle variété de crise : celle de colère. Il repoussa alors Meena à bouts de bras et se décolla du mur, tâchant de contrôler son souffle qui s'accélérait à son tour, suivant les battements effrénés de son coeur. Il en était à sa septième crise en quatre jours, son état s'était brusquement empiré dès l'instant où il avait commencé à fuir le rose, mais c'était la première fois que sa panique le menait à un tel état. ❝ Et puis tu as bien du rigoler avec tes amis aussi non ? HAHAHA J'ai embrassé Insoo l'attardé ! Quel crétin il croit tout ce qu'on lui dit. ❞ |
▲ Je m'en veux tellement de lui parler ainsi, de laisser mes yeux l'observer avec tant de froideur mais je ne peux pas m'en empêcher. Je suis perdu, je me suis égaré dans un flot infini de pensées et de doutes depuis que nos lèvres se sont rencontrées et depuis, j'erre sans savoir où aller. Lorsqu'il est parti ce fameux jour, je ne lui en ai pas voulu, j'ai simplement cru qu'il avait pris peur et qu'il finirait par revenir une fois calmé. Alors j'ai attendu, encore et encore. J'ai laissé une multitude d'hypothèses envahir mon esprit, me poussant à lui en vouloir de m'avoir abandonné de la sorte. Du jour au lendemain, c'est comme si je n'existais plus pour lui, comme si notre amitié n'était qu'un mirage et que ces baisers échangés n'étaient rien de plus qu'un doux rêve. Comment a-t-il pu m'oublier ainsi alors que lui n'a pas quitté mes pensées un seul instant depuis ce jour ? Comment peut-il me regarder droit dans les yeux et me dire que rien ne nous lie ? Je suis tellement déçu, tellement en colère que mon coeur me fait mal. Non In Soo, non je ne sais pas combien tu en as embrassé, souviens toi que tu as toujours été mystérieux avec moi. Et je n'ai plus confiance en toi tu sais ? Je n'ai plus confiance en rien. J'ignore même si tu utilises l'ironie ou pas, c'est comme si je ne te connaissais plus. Pour ne pas dire quelque chose que je ne penserais pas sous le coup de la colère, je reste silencieux, et ma respiration se fait lourde, mes yeux mes brûlent à force de le fixer, humidifiant probablement les traits noirs sur mes paupières mais qu'importe. Car ses nouveaux mots finissent de m'achever. Il ne voit pas pourquoi il serait venu me voir ? Jamais je n'aurais pensé qu'il dirait quelque chose comme ça, et la douleur qui s'en suit est bien au delà de celle que j'aurais pu imaginer. Parce que je pourrais citer un millions de raison qui me poussent à vouloir le voir tous les jours, tout le temps mais que lui n'en a apparemment aucune. Encore figé par ses paroles, je ne réagis pas lorsqu'il me repousse et ne sors de mon bug qu'après sa dernière phrase. Non, il n'a pas le droit de penser ça. Ma main agrippe le col de son pull et je le repousse de nouveau contre le mur sans vraiment contrôler ma force. Mes phalanges restent accrochées au tissu et mon visage crispé par la colère se rapproche du sien. « Tu restes là, j'ai pas fini. Tu veux des raisons qui expliqueraient pourquoi tu aurais du venir me voir après "ça" ? Parce que j'en ai plein. TU as dit que tu voulais pas qu'on arrête de se voir, mais bon ça apparemment c'était un mensonge pas vrai ? Pas grave, j'ai d'autres raisons. Comme par exemple le fait que j'ai toujours pensé chaque mot que je t'ai dit. Tu sais, comme quand j'te disais que tu pouvais me faire confiance, ou quand je t'ai dit que je t'aimerais à la place de tous ceux qui ne le faisaient pas, ça te rappelle quelque chose ? » Je le relâche finalement, brisant le contact visuel. Je ne veux plus le voir, ni même l'écouter dire de telles choses. « Maintenant que ce soit clair, je t'ai embrassé parce que j'en avais envie, parce que tu me donnais envie. Mais si tu préfères croire que j'ai fait ça pour me moquer de toi alors on a plus rien à se dire. Ça sert à rien que je me justifie si tu me fais pas confiance. Bye. » Et je lui tourne le dos, ajustant ma capuche pour partir en le laissant là, comme lui l'a fait la dernière fois. |
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La douleur que l'on inflige aux autres est aussi une forme d'attention non ? Celle que l'on inflige à l'être aimé, maladroitement, est la plus douloureuse mais pour qui ? Il savait que ses mots touchaient là où il le fallait, Meena était une personne sensible et en général plutôt attentionnée et il était vrai que le jeune homme ne se gênait pas pour manifester son désir de le voir toutes les secondes de la journée une semaine auparavant. Ils en étaient pourtant là, à se déchirer bêtement, parce qu'ils étaient trop bêtes pour réaliser l'un et l'autre à quel point ils rêvaient de se retrouver à nouveau dans la même position qu'avant. Il reçut le choc en retenant un geignement douloureux, ne voulant pas inquiéter inutilement son vis-à-vis, se retrouvant donc de nouveau maîtrisé contre ce fichu mur alors que son aîné lui lançait des reproches à tout va. Il sentit une vague de tristesse en repensant aux mots de son ami ce soir là, avec quelle douceur il s'était senti enveloppé, protégé par ces simples paroles, comme si une affirmation pouvait l'empêcher de sombrer dans une spirale de dépréciation. ❝ Tu as dit ça sans savoir ! Tu ne sais pas ce qui se passe pour moi ! ❞ Il avait les dents serrées, essayant de repousser le bras du Pyobeom qui le maintenait sans douceur contre le mur. Et Insoo savait qu'il ne le faisait pas exprès, qu'il ne voulait pas lui faire de mal, mais il semblait qu'ils étaient destinés au contraire. Mais ses mots sont comme un baume qu'on passe sur une brûlure fraiche, calmant le feu, apaisant la douleur. Il sursauta même, il avait eu envie de lui, de ses lèvres, de son corps sans doute… Un frisson hérissa son dos et il lui fallut deux secondes pour jurer entre ses dents. ❝ Connard. ❞ Il se lança derrière lui alors pour le frapper à l'épaule de toutes ses forces avant de le tirer vers lui, attrapant ses cheveux et plaquant soudain ses lèvres aux siennes et soudain il n'était plus lui même. Il avait chaud et froid, son corps se colla fortement contre celui de Meena, le piégeant à son tour contre le mur. Il était dingue, il allait sûrement s'en prendre une comme son aîné l'avait tant craint lors de leur premier baisers, mais la vague d'émotions qui déferlait sur lui emportait toute sa sanité. Il retrouvait les sensations que la peau du rappeur, collée à la sienne, avaient déjà éveillées en lui, mais cette fois, le manque, la colère, l'amour s'en mêlaient et il était balayé. Il se sépara à peine de ses lèvres, le souffle déjà court, sa main bien serrée sur ses cheveux, sa casquette pauvrement oubliée sur le bitume. ❝ Tu pouvais pas commencer par ça ?! ❞ |
▲ J'ai mal, tellement mal que j'ai l'impression que In Soo a pris mon coeur dans sa main et le serre de toutes ses forces jusqu'à le réduire en cendres. Chacun de ses mots est assassin, plus douloureux encore que si on tirait à travers mon corps et il en faut beaucoup pour me blesser. Mais avec le Gumiho, tout est différent, comme s'il avait plein pouvoirs sur mes émotions, que mon bonheur dépendait de son bon vouloir, sans doute parce que c'est le cas. Je ne suis pas vraiment heureux depuis qu'il est sorti de ma vie il y a une semaine de ça, je n'arrête pas de penser à lui, de rêver de sa peau brûlante contre la mienne toute aussi chaude et de ses lippes charnues dansant avec les miennes. Et j'ai eu le temps de réaliser que j'avais bien trop aimé cela pour que ce soit une simple amitié, que si je voulais le voir si souvent c'est parce que j'étais tout simplement accro à lui, ce n'était même plus une envie mais un véritable besoin. Seulement depuis tout à l'heure tout ce qu'il me dit semble prouver que dans son cas c'est bien différent, que mon importance à ses yeux est minime pour ne pas dire inexistante. Et putain, ça fait mal de se rendre compte que la personne qui compte le plus pour moi, celle qui m'obsède jour et nuit se fiche totalement de moi, que je ne suis qu'une personne futile, de passage dans sa vie qu'il oubliera rapidement comme si je n'avais jamais existé. Non je ne sais pas ce qui se passe pour lui, parce qu'il n'a jamais voulu m'ouvrir son coeur, que j'avais toujours perçu son malaise qu'il avait tant tardé à m'avouer. Et je ne veux plus de tout ça, alors je lui tourne le dos. Serais-je capable de le rayer de ma vie ? Probablement pas, mais à quoi bon gratter à la porte de la sienne s'il ne compte pas m'offrir une place à l'intérieur ? Je compte bien m'en aller, me foutant bien de laisser derrière moi le concert, mes affaires, mes amis, rien de tout ça n'a d'importance. Et soudain, un couinement mêlant surprise et douleur m'échappe sans que je ne comprenne quoi que ce soit à la situation. En un instant, je passe d'une douleur vive à une sensation que je ne pensais pas revivre. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je suis là, collé au mur et au corps du renard et qu'enfin, nos lèvres sont scellées. Et instinctivement, mes yeux finissent par se fermer, l'une de mes mains remonte contre sa joue pour la caresser faiblement et je répond sans hésiter à cet échange, soupirant d'aise contre ses lippes si chaudes, si douces. Mon coeur bat bien trop vite, rendant ma respiration irrégulière lorsqu'il met un terme à ce baiser et je le fixe sans comprendre, le laissant malmener mes cheveux sans même protester. Je pourrais lui hurler dessus, me mettre en colère une fois de plus, mais je n'y arrive pas. Comme si toutes ces émotions négatives s'étaient envolées, disparues. Je ne le quitte pas des yeux, bloqué ainsi pendant quelques instants. « J'aurais commencé par ça si tu étais venu me voir. Et on peut continuer comme ça encore longtemps, à se faire des reproches alors tais toi et embrasse moi plutôt. » Et sans lui laisser le choix, ma main dévie jusqu'à derrière sa nuque pour que nos lèvres se rencontrent enfin. Et cette fois-ci In Soo, je ne te laisserais pas fuir. |
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Et son corps n'était à nouveau que magma instable, ses jambes de la gelée et son coeur un vrai petit moteur dont les cycles irréguliers s'emballaient de plus en plus. Il ne pouvait empêcher ses joues de rougir sous l'intensité de leur baiser, s'accrochant presque désespérément à ses cheveux, sa seconde main ancrée dans son haut pour avoir un semblant de constance et ne pas s'effondrer à cet endroit et à l'instant même alors que leurs souffles se mêlaient, leurs lèvres s'appelant mais s'effleurant à peine, lentement, une tentation terrible pour le plus jeune. Il n'eut pas la chance de pouvoir répondre à sa pique que déjà Meena se relançait à l'assaut de ses lèvres et Insoo frémit violemment alors qu'il inspirait vivement par le nez tout en se collant de nouveau à lui, retrouvant la chaleur insoutenable de leur union, de leur contact. Tout semblait si difficile à supporter, à traverser, alors il se laissait simplement porter par le flux de lave qui coulait dans ses veines. Il aurait voulu pouvoir dire que tout allait bien se passer pour eux mais il se savait très difficile à gérer et avait peur que leur relation ne dégénère facilement, Meena avait beau être un ange, il n'en restait pas moins un être humain normal. Et par égoïsme, Insoo ne fit part d'aucun de ses doutes au plus âgé, hors de question de le perdre parce que son comportement était instable. Il finit par se reculer alors, les lèvres rosies, venant même les mordiller. ❝ Hn… On devrait rentrer. ❞ Se cacher dans la foule de gens appréciant encore la fin du concert ? Après tout, Insoo ne rentrait pas vraiment dans le cadre de l'endroit et avait déjà eu droit à quelques regards plein de jugement alors qu'il était entré tout à l'heure mais c'était toujours mieux que dehors, juste à l'entrée, où tout le monde se trouvait obligé de passer pour entrer et sortir. Que lui se trouve à être jugé par des gens qu'il ne connaissait pas n'était pas vraiment d'une quelconque importance, mais que son précieux Meena soit celui projeté sous les feux de leurs moqueries lui plaisait moins. ❝ Et je suis sûr que tu as des tonnes d'autographes à signer. ❞ Et pourtant il restait collé à lui. Sa main s'était relachée sur ses cheveux et jouait désormais dans les quelques mèches encore humides de la base de sa nuque alors qu'il observait ses lèvres avec ce qui semblait être de l'envie bien glissé au fond de ses iris sombres. Il lui adressa son sourire de chat alors et l'embrassa plus doucement, des petites étincelles craquelant contre leurs bouches alors qu'il se rétractait déjà, un étrange sentiment de bien être, un peu comme des papillons, au fond du ventre. Est-ce qu'il avait raison de croire que Meena pouvait être sien ? Il avait envie de le faire en tous cas et n'allait pas s'en priver si près du but. |
▲ Je savais que ses lèvres m'avaient manqué, mais ce n'est que lorsque je les retrouve que je réalise à quel point leur absence contre les miennes m'avait tué durant ces derniers jours qui m'avaient semblé durer une éternité. Et je me moque bien du fait que mes poumons réclament de l'air, ce qui me maintient actuellement en vie c'est In Soo et rien d'autre. Et qu'importe si mon coeur finit par lâcher à force de cogner si fort, qu'importe si mon corps prend feu à force de se réchauffer contre le sien, qu'importe si ce mur inconfortable me fait mal à la tête et que mes cheveux humides se font arracher par ses phalanges tenaces. Pour rien au monde je ne changerais quelque chose à la situation actuelle, et je laisse mes lippes affamées dévorer les siennes avec envie, et mes doigts redécouvrir les courbes de son visage si beau. Combien de temps sommes-nous restés ainsi ? Je l'ignore, j'ai perdu la notion de temps, ainsi que cette de l'espace. J'ai perdu la raison, laissé tomber ma morale, abandonné mon esprit. Et je le bouffe littéralement du regard lorsqu'il met un terme à cet échange, détaillant chaque grain de sa peau, chaque trait de son visage. Mon torse se soulève sans doute un peu trop fort et un peu trop vite, les lèvres rougies par notre échange restent entrouvertes et l'une de mes mains descend jusqu'à sa hanche pour le maintenir contre moi. Devrait-on rentrer ? Probablement. Mais pour le moment je n'ai envie de rien mis à part rester là, avec lui pour oublier le monde, comme si ce mot était devenu un adjectif pour le décrire. Mon monde. Il est juste là, sous mes mains, au fond de mon regard. Il a raison, on devrait retourner à l'intérieur pour qu'il puisse profiter de la fin du concert et que moi je termine mes obligations, mais qu'il ne compte pas sur moi pour le décoller de moi, car j'en suis incapable et s'il ne le fait pas de lui même, alors nous n'irons nulle part. Retrouvant mon sourire, je répond sans hésiter à son nouveau baiser et mon regard se détache enfin du sien pour fixer la porte de la salle. Je dois y retourner, Nathys m'attend et je ne peux tout simplement pas lui poser un lapin maintenant. Soupirant, je caresse légèrement sa joue en me noyant une fois de plus dans son regard. « Tu vas pas t'enfuir cette fois hm ? » Je ris légèrement même si la semaine dernière, ça ne m'avait pas beaucoup fait rire. Je laisse alors mes lèvres embrasser chaque parcelle de peau de sa joue avant de finir par leurs jumelles rapidement. « J'y retourne juste pour les remerciements et après je suis à toi d'accord ? À la fin, attend moi devant la salle je ferais vite promis. Allez viens. » Attrapant sa main, je l'incite à me suivre à l'intérieur, traversant la foule sans gêne pour le laisser au premier rang et lui offrir un large sourire avant de grimper sur scène où tous les autres artistes sont déjà présents. Je m'excuse rapidement auprès de mon parton et meilleur ami et les laisse tous dire ce qu'ils ont à dire avant de finalement recevoir le micro. « Merci à tous d'être venus ce soir, vous êtes les meilleurs fans du monde alors si ça vous plu faites du bruit ! » Je souris à m'en faire mal aux joues en entendant leurs cris et ne peux empêcher mon regard de se poser régulièrement sur In Soo. « On continuera de travailler dur pour vous offrir une qualité toujours meilleure, et je voulais aussi remercier Nat- Monsieur Ahn d'être le meilleur CEO qui existe, ainsi qu'un ami comme on rêve tous d'avoir. Et enfin je voudrais remercier une personne en particulier dans cette salle et non je ne citerais pas de nom ! » Je lutte pour ne pas regarder le Gumiho, fixant la foule en général au lieu de me poser sur un visage en particulier. « Je voudrais juste dire à cette personne que.. enfin juste merci, et je t'aime. » Mon regard passe rapidement vers lui et je sens mes joues s'enflammer de nouveau. « Merci à tous et à bientôt ! » Je quitte rapidement la scène et retourne tout aussi vite dans les loges pour récupérer mes affaires, prétextant une urgence pour pouvoir m'éclipser plus rapidement, promettant ainsi aux autres rappeurs de les inviter au restaurant un autre soir en compensation. Et après quelques minutes, je pousse enfin la porte menant à l'extérieur. |
For those words hurt like a thousand needles. | ❆ | But they heal like a tender kiss under the pouring rain. |
Insoo ne savait plus comment maintenir sa tête hors de l'eau, les inspirations qu'il prenait semblaient incapable de renouveler ses réserves en oxygène et son cerveau s'intoxiquait un peu plus à chaque fois qu'une bouffée du parfum de Meena s'engouffrait dans ses narines. Et il en redemandait pourtant, maintenant une proximité physique entre eux même lorsqu'ils retournèrent à l'intérieur. Il n'avait aucune envie de le lâcher, de fuir, de tout foutre par terre à nouveau. Il voulait juste s'écraser dans ses bras et y passer des heures à ne rien faire… Mais c'était complètement impossible et il se retrouva donc là, au pied de la scène, certaines personnes le regardant avec jalousie ou peut être même un peu d'admiration alors que lui n'avait d'yeux que pour son rappeur qui s'était glissé docilement dans la rangée de performers. Il frémit de la tête aux pieds en entendant sa voix à nouveau amplifiée par le micro et sourit presque inconsciemment, incapable de réaliser qu'ils n'étaient pas que deux dans la salle et ayant presque du mal à comprendre pourquoi il regardait ailleurs que vers lui puisque après tout, cette salle « vide » n'était sûrement pas plus intéressante que lui et Meena n'avait pas pour habitude de parler aux murs, aux cailloux parfois, mais pas aux murs. Le bonheur est palpable sur les traits du Pyobeom et il frissonne alors, captant à peine les mots qu'il dit et buvant pourtant chacune de ses paroles, laissant un petit soupir enamouré lui échapper lorsqu'il quitta la scène… ❝ Ah… Il est parfait non ? Je crois même qu- ?! ❞ Il s'interrompit dans sa tirade à cette pauvre fan qui le regardait comme s'il lui était poussé un troisième œil. Que venait-il de se passer ? Les mots de son ami résonnèrent dans sa tête, douce litanie d'une douloureuse intensité, tordant son ventre, allégeant son coeur, coinçant sa gorge et déliant son corps. Il ne pouvait plus bouger, son corps était parcouru de fourmi, comme anesthésié et il flottait sur un petit nuage, le sang lui monta à la tête d'un afflux si violent qu'il cru un instant qu'il allait s'évanouir sous le coup de l'émotion. Ah, alors c'était comme ça, lorsque quelqu'un vous disait qu'il vous aime. Il resta si longtemps sur place que le devant de la scène était désert lorsqu'il reprit conscience, regardant autour de lui comme s'il venait de se réveiller d'un coma de plusieurs jours. Il eut tout juste le temps d'apercevoir le dos de l'artiste se glisser hors de la salle par la porte d'entrée et courut à sa suite, bousculant les gens sans s'excuser, manquant à plusieurs reprises de s'écraser au sol sans douceur mais rien n'importait plus que de se coller à nouveau au brun. Il poussa la porte juste après et se jeta sur son dos alors, son visage caché dans sa nuque alors qu'il retenait ses larmes, les deux mains étroitement serrées sur son haut, incapable de lâcher prise si vite, voulant uniquement se perdre à nouveau dans l'étourdissant confort de sa présence. ❝ Faisons un duo… Faisons toujours un duo, s'il te plaît. ❞ Et c'était maladroit, malhabile, un peu idiot et ridicule mais c'était sa façon à lui de lui dire qu'il ne voulait plus jamais le quitter, qu'il voulait pouvoir se vanter encore que cette personne était à lui et qu'il appartenait à cette personne. |