Le besoin tacite de contact était partagé, Soo n'avait qu'une envie, de presser leurs corps de sorte à ressentir à nouveau la chaleur agréable, apaisante, parfois délicieusement suffocante de Meena. Il ne souhaitait rien d'autre que de s'abandonner à ses bras pour une nuit encore, une journée, des semaines, des mois, qu'importait, il ne souhaitait plus jamais se défaire de son corps et le simple contact de ses mains sur les siennes suffisait à l'envoyer au bord de la falaise, une étincelle glissant sous sa peau au moindre de leur touchers. Il le regarda an retour, sans se sentir intimidé sous ce regard empli d'émotions simplement parce qu'il savait qu'il soutenait ces émotions de la même façon, presque désespérément, se raccrochant à cet espoir de voir enfin quelqu'un capable de supporter sa personne. Il s'attendait à un baiser mais il ne vint pas et ça serait mentir que de dire qu'il n'en fut pas déçu, une sensation de trop peu au bout des lèvres, après des déclarations pareilles, on s'attendait sans faillir à un baiser enflammé, au bord de l'évanouissement, non ? Et l'évanouissement, c'était d'ailleurs ce qui guettait le plus jeune alors qu'il voyait le Pyobeom les ramener tous deux sur scène, se préparant à mener littéralement leur duo à bien. Il rosit alors en l'observant, il était complètement perdu cette fois, c'était sûr, plus aucune bouée ne l'empêchait de couler corps et âme. L'entendre jurer le fit pouffer doucement mais se rire vint s'échouer contre la bouche du rose et il s'appuya à lui alors, lui rendant le baiser avec douceur. L'instrumental ralentit doucement et Insoo sourit, glissant son visage dans le cou de son vis-à-vis. Il prit une profonde inspiration et chanta donc sa partie, à voix basse, rien de puissant, rien de trop, rien de ce qu'il donnait d'habitude, mais délicat, fragile, débordant d'une sincérité et d'une sentimentalité dont il n'avait encore jamais fait preuve. Il vint déposer un baiser dans son cou alors. ❝ J'aurais commencé par ça… Si j'avais été une femme. ❞ Il rit à nouveau, plus franchement, remontant une main contre sa nuque pour venir se glisser entre les quelques mèches brunes qui jouaient sur sa peau. Il n'était pas un secret que l'aîné n'était pas supposé aimer les hommes, pourtant ils étaient là, rendus dépendants l'un de l'autre, à voler baiser sur baiser. Il le regarda dans les yeux alors. ❝ Je suis désolé. ❞ Il se pencha contre lui pour embrasser ses lèvres et cette phrase était importante pour lui, il s'excusait du passé, de ses erreurs, de sa fuite, de sa rancune idiote, mais il s'excusait par avance pour leurs épreuves qu'ils devraient traverser et qui les pousseraient sûrement dans leurs derniers retranchements. Mais cette fois, l'égoïsme prenait le pas sur la gentillesse et il était soudain hors de question qu'il laisse à quelqu'un d'autre la chance de se retrouver à sa place. Il finit par briser l'échange, si proche de lui que leurs lèvres se frôlèrent quand il parla. ❝ Maintenant, Choi Meena ssi, vous allez devoir m'apprendre à tenir le rythme. ❞

Son monde virait de sens, il pouvait le sentir dans le manque d'équilibre de ses jambes, dans le vacillement de son coeur dès qu'il essayait de se séparer de Meena. Il était irrémédiablement attiré par cet être et son monde gravitait désormais autour de lui, comme ayant trouvé le centre de son univers, sa raison de se lever et de continuer, d'aller de l'avant. Il se savait sûrement un peu idiot, de croire qu'une telle chose était possible, qu'ils étaient véritablement des âmes sœurs, et pourtant, une petite pression au fond de sa poitrine, discrète et pourtant omniprésente, se déclenchait dès qu'il posait son regard dans celui de son aîné. Il ne savait plus quels mots utiliser, quels mots étaient encore porteurs de sens, quels mots pouvaient traduire ce qu'il ressentait. Et son coeur battait si fort qu'il s'étonnait de ne s'être encore rien fracturé de ce côté là alors que ses mains s'étaient empêtrées dans les douces mèches de cheveux de son vis-à-vis. Et ses mots l'enchantent, ce sont de simples mots, si simples, sans intérêt sûrement aux yeux des autres, mais InSoo sait à quel point la musique est importante aux yeux du brun, à quel point ses compositions lui sont chères. Sa prise se resserra presque imperceptiblement alors qu'il se collait à lui. Il se trouva incapable de lui répondre, les yeux bordés de larmes et la gorge nouée par l'émotion, alors il se contenta de se jeter corps et âme dans un baiser brûlant d'envie mais aussi d'amour, de tendresse, de protection mais aussi, peut être transportant un fond de destruction ? ❝ Je… Je… Si fort. ❞ Il ne pouvait pas former ses mots, comme si c'était encore une barrière trop présente dans son esprit, il s'était interdit cela pendant si longtemps et aujourd'hui, les barrage avaient cédé les uns après les autres pour le laisser sans autre défense que celle la plus ancrée, la plus terrible, celle de ses blessures. Il sentait la température monter entre eux, le désir se faire plus vivace, dévorant son corps, jusqu'au bout de ses doigts qui s'étaient glissés sur son dos, affamé de sentir plus de peau, tirant un peu sur une veste un poil trop encombrante. Et ça n'est que la présence d'esprit de Meena qui lui permit de retrouver la raison, le regardant à travers un voile de désir déjà bien présent. Il acquiesça et, d'une voix un peu rauque et hésitante, il souffla : ❝ On dit plus vite que la musique, non ? ❞ Il sourit légèrement, encore un peu secoué par leur échange, titubant un peu en arrière pour le regarder, respirant vite, se glissant une main dans les cheveux avant de rire légèrement. ❝ Je pense qu'on devrait rentrer maintenant qu'on a fait notre duo. ❞ Et pour d'autres, leur duo semblait sûrement dérisoire, idiot, sans aucun sens musical, et pourtant, aux yeux de Insoo, du haut de son coeur blessé, leur échange d'une fragilité et d'une précarité sans mots était la plus belle mélodie dont il se souviendrait, celle de la tendresse et de la passion, mêlés dans un tourbillon étourdissant de sensations physiques.