Qu'est-ce que je pouvais bien répondre à tout ça, hein ? Il n'exagérait pas dans ses paroles... c'était sans doute la triste réalité des choses : les gens ne cherchaient généralement pas plus loin que le bout de leur nez et ceci en particulier en Corée. Parfois, ça me manquait, les mois que j'avais vécu à Londres... c'était une mentalité totalement différente et surtout pour les gens différents. Là-bas, je sais que j'aurais pu sortir habillée n'importe comment dans la rue qu'on ne m'aurait même pas calculée, mais ici... uh. Tout ce que venait de dire Kyu avait touché une partie bien insécure de moi-même, celle qui s'interrogeait au moins autant que lui sur la question des répercussions de cette nuit... et du coup, dans l'immédiat, je ne parvins pas à trouver les mots nécessaires pour lui faire relativiser la situation. Alors, forcément, je ne pus le retenir de partir.

Voila... tout le monde avait fichu le camp... je me retrouvais dans une chambre vide.

Un regard à droite, un regard à gauche. Comment avait-on pu en arriver là en une demi-heure à peine ? Il faudrait recoller les morceaux... hein, Shinie ? Il faudrait t'excuser auprès de Nora, t'assurer que tout le monde va bien, essayer d'aller leur parler et... et... oh, et puis...

Bande d'enfoirés de merde de gamins pourris mélodramatiques à la con ! Qu'ils aillent tous se faire voir chez les grecs et qu'ils m'envoient une carte postale pour que je la brule avec la bible de l'autre tête de gland de merde dans la cheminée ! RAAAAAAAAAAAAAH !!!!!!!!!!!!! Allez vous faire foutre par un séropositif, putain, puis-ce que c'est ce qui semble être le problème chez tout le monde ! J'en ai marre ! J'EN. AI. MARRE, BANDE DE GROS DEGUEULASSES DEBILES !

Après avoir étouffé un hurlement contre mon avant-bras en le mordant rageusement, je jetais mon petit haut si mignon par terre, y balançais un coup de pied qui l'envoya sur la veilleuse de Kyu, puis fis les cent pas dans la chambre avant de commencer à arranger les lits, par réflexe neveux, jusqu'à arriver vers celui d'Ilsu et le fixer longuement, partagée entre l'envie de le briser en mille morceaux par je ne sais quel moyens et celle de me glisser dedans. Finalement, j'optais pour un entre deux et retournais le matelas par terre, jetais l'oreiller contre le mur et me retins fortement de balancer les draps par la fenêtre, juste pour un souci de vengeance qui fut très vite rattrapé et bloqué par de la tristesse.

Et donc, c'est debout au milieu de cette chambre qui ne ressemblait plus tellement à une chambre que je finis alors par retenir un gros sanglot d'abdication, puis que je récupérais ma couette, avant d'aller me rouler en boule sur le matelas au sol, histoire de terminer la nuit tant bien que mal avec son odeur comme seule consolation.