Affalé sur le canapé je la regardais ranger avec un certain dédain. C’était comme découvrir que le père noel n’existe pas, croire quelque chose assez pour en rêver et finalement se rendre compte que la réalité est  tout autre. Je n’étais pas juste déçu, j’étais désillusionner. Comment une femme comme elle avait-elle pu finir … comme ça. Et croyez-moi, de ma bouche c’était loin d‘être un compliment. Elle n’avait rien d’une femme épanouie, ni d’une femme heureuse. Elle pouvait bien mettre toutes les petites tenues légères qu’elle voulait et passer des heures dans la cuisine à lui faire un bon repas ca ne changera rien à la réalité. Et ce que je voyais là me donnait la nausée. Détournant le regard près à m’allumer une cigarette alors que je marchais jusqu’au balcon dans le silence le plus total je senti mon cœur rater un battement en entendant la porte s’ouvrir. On aura beau dire, revoir ce connard me faisait un truc. Je ne dis pas que j’avais peur, mais j’éprouvais une certaine appréhension. Reniflant doucement je me tournais vers mon frère qui se mit à me fixer et fixer Lin surpris. « Maman t’as rien dit je suppose. » lançais je comme simple bonjour. Maman. Ce mot que j’ai toujours détesté prononcer franchit mes lèvres avec une facilité déconcertante. Maman. Je respire doucement et tire une latte sur ma cigarette. « Désolé de débarquer comme ça, on m’a dit que je pouvais venir vivre chez toi quelques temps. » Je fis un pas vers lui en le scrutant malgré moi. si ce n’est la coupe, les vêtements et quelques fines cicatrices, nous étions identique. « Ta petite amie m’a accueilli comme il se doit ! Un peu surprise je pense, mais avec beaucoup de … plaisir. » J’affichais un sourire enjoué et me tourna vers Lin un sourire moqueur aux lèvres. Je crois qu’au fond de moi je voulais lui faire payer sa docilité. J’avais toujours son bracelet au poignet et m’amusais à l’exhiber en tirant une latte de fumée. « Lin … c’est quoi cette tenue vulgaire … pourquoi t’es habillée comme ça ?! Va te changer bon sang ! » fit mon frère que je pouvais voir craquer. Il détestait être pris au dépourvu, et pendant qu’ils se débattaient chacun avec leur propre état d’esprit, je jubilais devant cette scène qui me délectait. 

 

Sa gifle me surprend autant qu’elle me plait. La tigresse qui sommeille en elle s’abat avec force en un instant. Sa colère et sa haine me plaque au sol et sa hargne me dévore littéralement. Elle est furieuse, une femme bafouée, une femme humiliée qui se débat comme un animal blessé prit en cage. Je redresse mon visage lentement avant de croiser son regard et de sourire, à la fois complice et mauvais. J’ai envie de la faire céder à sa haine et qu’elle se débarrasse de cette carapace docile. Je finis par lâcher un petit rire pour montrer à mon frère que ce n’est rien malgré ma joue rougie et je me penche vers elle pour lui murmurer tout bas. « T’es bien mieux comme ça » assurais-je en levant un regard perçant vers elle. Est-ce que je parlais de sa fougue, de ses vêtements, de son attitude rebelle ? "Bom Chan. Je m'appelle Bom Chan." Finalement je vois mon frère la tirer derrière lui pour l’emmener à la chambre. « Mais chérie qu’est-ce qui te prends, viens te changer maintenant. » Il la tenait malgré tout contre lui et disparut avec elle dans la chambre. De là où j’étais je pouvais l’entendre la sermonner avec une douteur qui contrastais avec la dureté de ses mots. Comme une enfant elle se faisait engueuler sans que son homme ne sache qu’elle venait d’être abusée. Je me mis en quête de tout ranger dans la cuisine histoire de jouer au frère modèle qui s’en veut de ce carnage. Je passe le balai rapidement en remplissant des sacs poubelles. « Chérie, pourquoi tu as fait tout ça ce soir ? Pourquoi cette tenue ? Et pourquoi tu as giflé mon frère ? J’ai passé une journée horrible au boulot je suis crevé, je n’ai pas envie d’une scène dès l’instant où je passe la porte de chez moi. Et pour ma défense je ne savais pas qu’il allait venir, si tu penses bien que je t’en aurais parlé. » Il se déshabillait, parlait vite, fort sans se soucier de sa femme, il était contrarié et de mauvaises humeurs, il n’allait pas faire d’effort, il n’en faisait jamais. Il se changea rapidement en demandant à sa femme de faire pareil. « Je vais appeler ma mère pour comprendre. » Et il disparut dans la salle de bain pendant près de 20 minutes pendant que je retournais au salon, fumer ma clope sur le balcon.

Accoudé à la rambarde je regardais la vue qui s’offrait à moi en tirant une latte. Elle était magnifique. Trop pour que je puisse l’apprécier. Tout ce qui était beau pour moi semblait s’associer au luxe, et je détestais le luxe. Alors d’une certaine façon je détestais les jolies choses, je me complaisais très bien dans la pauvreté. Les choses banales me plaisaient et tout ce luxe me donnait la gerbe. Après de longues minutes je vis Lin revenir vêtu d’un simple jean et d’un t-shirt. Le banale me plait et le simple me séduit. Je zieute dans sa direction en retenant un sourire amusé. Elle pourra me détester autant qu’elle veut, sa soumission à la prise de mon frère ne lui fera jamais avouer, et quand bien même, la faute se retournerait contre elle. Parce que j’arriverais toujours à retourner la faute contre elle. La laissant se servir dans mon paquet sans un mot je reporte mon attention vers la ville. Elle parait si loin et pourtant si près à la fois. Le nuage de fumée que je souffle entre mes lèvres ternis cette image et me rassure. Un peu de noirceur devant cette beauté. Je souffle sur son visage pour ternir cette beauté. C’est mieux comme ça. Je lève les yeux vers le ciel noir où les étoiles ne sont que des mirages que l’on s’imagine. Elle amorce la conversation et j’acquiesce. Elle ne souvient pas de moi. Comment le pourrait-elle ? Et puis mon frère a du faire en sorte qu’elle oublie, qu’elle confonde, qu’elle se perde … Je tire une longue latte à m’en bruler la gorge et me tourne vers elle « Je ne resterais pas longtemps. Quelques jours, semaines tout au plus.  » J’articule difficilement ce dernier mot que je me force à prononcer. Toujours torse nu, couvert de ses griffures qu’elle m’a causé sous le plaisir que je lui ai donné je frissonne légèrement. Je détache le bracelet de mon poignet sans savoir que mon frère a totalement oublié leur anniversaire et lui tend «  Tiens, tu pourras lui donner. C’est son cadeau après tout. »

Je souris en coin à sa remarque et ricane légèrement comme si ça pouvait être drôle, comme si l’atmosphère n’était pas charger de haine. La fumée qui nous entoure s’évapore dans l’air frais de la soirée. Je me mets dos au vide et fixe l’intérieure comme elle. Je tire des lattes sur ma cigarette en l’écoutant distraitement. Elle a l’air tellement malheureuse. Non pas que ça me fasse quelques choses, mais ça me conforte dans l’idée que le luxe pourri les gens et qu’il ne fait pas le bonheur. Au loin on peut entendre mon frère parlé fort au téléphone, je crois qu’il n’aime pas ma présence ici et ça me donne un putain sentiment jouissif. Je fixe le bracelet que je décide de passer sans même m’en rendre compte autour de mon poignet. J’ai la flemme d’aller le jeter et je ne veux pas perdre de temps à savoir quoi foutre de ce cadeau. Mon frère ne l’aurait pas aimé. Pas assez guindé pour lui. « Pourquoi tu parles de trahison. Tu as juste eu un orgasme enfin … » je fais mine de compter sur mes doigts. « 4 orgasmes en moins d’une heure. Je doute que mon frère sache te donner autant de plaisir. » J’écrase ma cigarette sur la rambarde avant de souffler un dernier nuage de fumée. « Tu pouvais pas savoir, c’est pas ta faute. » lâchais-je juste comme si la situation n’avait rien d’immonde. « Il a oublié pas vrai ? » finissais-je par lâcher un brin amer. « Tu devrais être habitué avec lui depuis le temps. » comme si c’était un reproche, comme si je lui criais à demi-mot qu’elle avait choisi cette vie et qu’elle ne pouvait qu’assumer maintenant. « Au moins il t’autorise à fumer » murmurais-je ironique avant de m’asseoir dans le transat. Ce balcon était plus grand que mon ancienne chambre dans laquelle je vivais et ça avait quelque chose de désobligeant.

Je prenais un malin plaisir à voir son visage se tordre sous la colère et la tristesse, elle était folle de rage et j’avais réussis mon coup en à peine quelques heures. J’étais plutôt doué pas vrai ? Je ricanais devant ses veines tentative de se défendre. Jurant comme jamais, affichant un regard de tigresse. Elle en était que plus belle. Je souris en coin et la laisse s’approcher sans lui offrir le plaisir de grimacer ni de m’enfuir quand je la sens écraser sa cigarette sur ma cuisse. Mon pantalon ne tient pas longtemps le coup et ma cuisse me fait mal. Mais ce n’est qu’une fine brulure, j’ai connu pire. Je serre juste les dents en la regardant faire avant qu’elle ne se détourne pour rentrer. Ses cheveux fouettent mon visage quand elle se tourne et je souris en levant les yeux vers le ciel. C’est maintenant que tout commence pas vrai ? Je passe une main dans ma nuque et repousse cette rage en moi quand je vois mon frère entrer dans le salon. Il s’approche de Lin Yao l’air désolé sur le visage et vient l’embrasser comme pour se faire pardonner ou la faire flancher. Il se montre si doux avec elle que ça me colle la nausée. C’est n’importe quoi putain. Je soupire en finissant par ramasser mon paquet de clope et quitte le balcon en entrant dans la pièce. « Bom Chan … maman m’a expliqué la situation. Je … je peux t’héberger dans notre chambre d’ami, enfin c’est un endroit où je range tout ce qui est inutile, un bureau débarras. Y a les affaires de peintures de Lin et quelques cartons remplie de chose tout aussi inutile. » Inutile ? La peinture de sa femme ? Elle peint ? Je jette un coup d’œil à la jeune femme avant d’acquiescer « Tu auras un lit une place ça te suffira ? » J’hausse les épaules en attrapant mon gros sac. J’ai dormi dans les rue pendant des mois, alors un lit dans une pièce rien qu’à moi c’était plus que je n’avais jamais eu. Mon frère me regardait gêné, sans savoir quoi faire dans cette situation, je revenais si soudainement dans sa vie. « fais pas cette tête on dirait qu’on tu as vu un fantôme. » me moquais-je un peu mauvais. «  Ah ? Oh non, non, pardon. Tu as faim ? Tu veux manger ? » « J’ai déjà mangé. J’ai préfère l’entrée d’ailleurs. » ricanais-je. « Ah oui c’était quoi ? » «  Une spécialité que ta petite amie fait. Comment t’appelle ca Lin Yao ? Un cun… »