Il lui fallait tout oublier. En ce moment, plus rien ne va, plus rien ne lui convient. Tout ce qu'elle pensait être un tant soit peu stable s'est volatilisé. Elle pensait avoir le contrôle, sur à peu près tout. Mais si c'était le cas, elle ne serait pas là, à s'arracher la gueule dans tous les sens pas vrai ?

Bo Ja n'est pas du genre à se mettre trop de trucs dans le nez et trop d'alcool dans le sang. C'est avant tout une sportive ; qui prend soin de son corps. Pourtant ces temps-ci, les footings ne lui sont pas d'une grande aide, elle ne cherche qu'à oublier, à fuir. Grande faiblesse, la fuite. Mais il arrive au plus vertueux, au plus courageux des Hommes d'avoir envie de fuir.

Elle était normalement venue avec des amis dans cette boîte, mais elle s'était perdue. La belle brune, n'en avait fait qu'à sa tête ce soir, et son cerveau commençait à lui jouer des tours. Alors elle se colla à un mur en fermant les yeux, la tête tournée vers le ciel, en inspirant profondément. Le son était devenu bourdonnant dans ses oreilles, presque plus rien n'existait… Son état lamentable ne lui permettait pas d'avoir conscience de quoi que ce soit. Et c’est exactement ce que la jeune femme cherchait.

Perdue, paumée dans un monde qui était le sien. Du moins, le temps qu'il faudra. Sa poitrine se soulevait à chaque inspiration, s'abaissait à chaque expiration. Ses lèvres s'entrouvrait pour plus d'air. Le verre d'alcool qu'elle tenait fermement dans sa main rafraîchissait une infime partie de son corps. Bizarrement, elle sentait des flammes lécher son corps, lui apportant une chaleur folle, une fièvre qui engourdissait son esprit. Ce qu'elle pensait l'amener au paradis, commençait à la plonger dans les affaires. Elle ouvrit enfin les yeux pour poser une main sur le mur et se pencher un peu en haletant.

Soudain elle sentit un contact, un contact humain. Un contact qui la sortit de sa courte transe. Bo ja se retourne d'un seul coup pour fusiller du regard le fauteur de troubles. Ses beaux cheveux bruns tournoyèrent autour de ses épaules, et ses yeux noirs le passèrent sous rayon x. Dans un état toujours un peu second, elle ne put reconnaître l'amabilité du geste de cet étranger et préfera se montrer fâchée.

Enfin, paradoxalement elle elle se rapprocha de lui pour lui tendre son verre, d'où sortait sa paille. Un sourcil arqué, l'air interrogateur. Son visage était pâle, un peu de son mascara avait coulé. Une divine idylle, déchue.

Comment ose-t-il refuser sa proposition. Elle arque un sourcil, d'un air si peu aimable, qu'elle ne ressemblait plus à cette douce et aimante jeune femme. Celle qu'elle avait accepté de devenir. Pour compenser son silence sûrement. Oui, pour compenser cela, elle affichait toujours un radieux sourire, un air bienveillant. Bo Ja se forçait toujours à faire naître dans son regard, des petites étincelles. Une pluie d'étoile, feinte dans ses pupilles. C'est trop facile. De cacher ses démons intérieurs, ces petites voix qui elles, raisonnent dans sa poitrine, et la supplient même de les laisser sortir. Elles s'accrochent à ses tripes, remontent le long de son corps, s'accroche à sa gorge et tendent une main fébrile vers ses lèvres. Mais elle les ravale, continue de les cacher là où personne ne pourrait les entendre.

C'est sûrement très macabre. Il faut dire qu'elle n'était pas dans ses meilleurs jours. C'est bien pour ça, d'ailleurs, qu'elle était sortie ce soir. Pour se détacher de toute ces mésaventures. Bo Ja pensait d'ailleurs que l'homme tout à fait charismatique qui se tenait devant elle allait être un problème de plus. Mais après un furtif combat de regard, elle se força à penser qu'il pourrait la divertir. Se montrer assez plaisant avec elle pour qu'elle puisse penser à autre chose.
D'ailleurs, elle élargit ses lèvres en un large sourire en le voyant ingurgiter sa boisson de la sorte ; cela la fit rire. Bon en réalité, elle aurait apprécié qu'il lui en laisse un peu parce qu'elle n'est pas riche mais peu importe. Après l'avoir scruté une dernière fois, elle se décida à le suivre au bar. Ce n'était pas très prudent. Elle n'avait pas envie de l'être.


L'étudiante se fraya une place parmi tous les alcooliques présents au comptoir et regarda le mystérieux monsieur cul sec. De haut en bas. C'est drôle, il était si bien habillé. Pas tellement une tenue à avoir dans ce genre de lieu. Non pas que ça soit mal famé, mais on n'en fait pas trop non plus. Elle ne lui demanda pas son nom; cela ne lui importait guère. Mais elle attrapa quand même son calepin ( et oui.. ) pour lui adresser quelques mots.

«- Tu cherches à impressionner quelqu'un, avec cette allure ? »