Des regards joueurs, une pointe de défi dans nos voix, les conditions sont posées. C'est du rapide. On peut pas dire qu'on a pris notre temps pour se mettre d'accord. Mais c'est bien, au moins on se comprend malgré mon comportement volontairement pas clair. Résumons, 15 personnes dans le quartier qu'elle veut et en fin de journée. Bon, les conditions auraient pu être pires. Mais quand même, je parlais juste d'aller jouer dans la rue maintenant, la tout de suite et voilà où on en arrive. Toujours se méfier de ce qu'elle cache derrière ses beaux sourires. Je plaisante, je ne me plains pas du défi. L'idée est pas mauvaise. Je ne serais jamais contre, se serait con de dire non. Je lui rends son sourire que je perds aussitôt. Comment ? Elle ose se poser la question ? Ah vilaine. Je devrais peut être arrêter de jouer les idiots pour remonter dans l'estime de la brune. Ouais peut être, mais non. J'aime bien la prendre pour cible pour mes petits numéros. Plus sérieusement, elle n'a pas tord. Je dis pas que le groupe est idiot mais on travaille plus par instinct. Notre passion et notre forte envie de créer nous fait faire quelques ratés des fois. Et son intelligence est là pour transformer nos ratés en innovations. C'est vrai qu'innovation c'est un bien grand mot mais parfois certains mélanges musicaux qu'on fait … faut oser. « Fais gaffe tu vas être condamnée à nous suivre jusqu'à la fin. Les cerveaux ça cours pas les rues. » phrase philosophique du jour. A méditer. Su Ah est la depuis le début et je crois que si elle devait pas être là à la fin – peut importe la raison – on irait pas chercher quelqu'un d'autre. Après tout son 'rôle' s'est fait avec le temps, Irremplaçable. Et puis même on remplace pas une amie. Même si elle dit que j'aimais bien les cours avant. « Aimer, aimer, c'est un bien grand mot. » je souffle entre deux gorgées. J'étudiais, je m'en sortais même carrément bien mais j'y ai jamais trouvé un intérêt. J'avais des bonnes notes parce que c'est toujours mieux d'avoir des bonnes notes mais et après ? Y penser, du temps perdu. Je la regarde s'installer derrière la batterie. Au moins là c'est pas du temps perdu. Je fais rien de bien constructif pour la société mais au moins je me créer de bons souvenirs. Je la rejoins avec ma basse. « T'as deviné. Je cherche toujours le moyen de faire virer notre batteur. » Le remplacer par Su Ah c'est peut être un bon argument non ? Pas que j'ai un problème avec notre batteur, non. Mais c'est comme ça entre nous, de l'amour vache. Alors même s'il est pas là j'en rate pas une pour le taquiner. J'ai commencé par la batterie et je fini bassiste – même pas guitariste – ça a toujours été un sujet de taquinerie entre nous. « Oh pardon je voulais pas que tu te sentes obligée. Je voulais voir ou t'en étais. Histoire de voir combien de temps je vais devoir supporter l'autre. » Et hop on en remet une couche. J'aurai bien ri si le groupe était arrivé à ce moment. Mais toujours personne. « Fais ce que tu veux. Tu peux même casser sa batterie. » Grand sourire, d'accord j'arrête. Mais quand je dis fais ce que tu veux c'est tape comme tu veux, amuse toi, invente des notes s'il le faut. « Je te suis à la basse. » Je joue quelques notes faciles, de ces notes qui restent dans la tête. Je m'adapte à la batterie. Nos accords résonnent ensemble et donnent un truc pas trop mal. Je ne pense plus à rien, c'est bien de ne penser à rien de temps en temps. Un sourire se dessine sur mon visage tandis que je tape du pied au rythme de la musique. C'est plutôt simple mais c'est pas mal le 'simple' des fois. Et puis c'est pour se détendre là. On tiens notre hymne de la détente. Bon comme titre il y a mieux, j'avoue.