Je dors, à l’atelier pour ce soir, mais je dors, confortablement installé sous la couette. J’aime bien dormir à l’atelier, parce qu’il faut chaud, parce que l’endroit est cosy et que l’odeur du bois et des métaux qu’on chauffe me rassure. C’est familier. Mais ce que je préfère le plus ça reste l’oreiller qu’on se partage avec Hyo Jin. Il a son odeur et je peux à loisir, comme une enfant, mon blottir dedans pour savourer son parfum. Parfois je reste là, allongée dans le lit, serrant le coussin dans mes bras, à la regarder travailler. S’il y a bien une chose dont je me lasserais jamais, c’est bien ça. Le voir se concentrer, rester silencieux, travailler comme si plus rien n’existait autour de lui. Il est beau quand il fait ça et j’ai le cœur qui flanche dangereusement. Mais ce soir je suis seule. J’ai éteint tard parce que les commandes s’accumulent et qu’on a du mal à tout finir dans les délais. Mais au moins on a du boulot, c’est le bon côté des choses. Je sombrais dans le sommeil lourdement quand mon portable en charge posé sur le bord du lit se mit à vibrer. D’abord une fois, puis deux, puis trois. Grognant je regarde mont téléphone pour lire le sms que j’ai reçu et fronce les sourcils. C’est quoi ça ? Sos. Home ? J’appelle Noriko pour savoir, tenter de comprendre, mais ça sonne dans le vide. Alors je réessaye. Une fois, deux fois, l’inquiétude me tord le ventre, je rappelle sans réponse. Je ne cherche pas à comprendre plus longtemps. Je saute du lit et enfile mon jean en gardant le t-shirt de Hyo Jin sur moi. Casque et clé de moto en main, je file vers mon enfin pour conduire jusqu’à chez la demoiselle. J’y suis en un temps record, assez pour que ce soit dangereux. Appuyant sur n’importe quel bouton pour entrer dans le bâtiment je finis par réussir et grimpe à l’étage où vit Noriko et son colocataire. J’entre sans frapper parce que je sais qu’elle laisse toujours tout ouvert. « Noriko ?! » je tente de garder le contrôle de ma voix mais je suis inquiète, je la cherche partout, rapidement, sans prendre le temps de faire le moins de bruit possible. Et finalement je la trouve là, un déchet vivant qui ne ressemble plus à grand-chose. Je déglutis et balise devant tout ce sang. Je m’approche d’elle et les odeurs qui s’émanent d’elle me collent la gerbe. Je grimace un instant avant de chasser bien vite ce haut le cœur et me penche vers elle pour voir ses poignets ouvert mais pas très profond « putain tu te fou de ma gueule ?! » m’écriais-je le cœur au bord des lèvres avant de la soulever contre moi. Je dégage son visage de ses cheveux et tapote sa joue « Noriko … tu m’entends ? » je lui parlais en japonais, pour que ce soit plus facile pour elle de comprendre alors qu’elle était dans les vapes. Je l’emmenais rapidement vers la baignoire dans laquelle je lui fis couler un bain chaud. En attendant je prenais le pommeau de douche et lui virait ses fringues dégueulasses pour commencer à la laver. « Je suis là ma chérie ca va alle, d’accord … ? » je tentais de camoufler les tremblements de ma voix douce et frottait, sans la brusquer, son corps à l’eau chaude.