Une douce mélodie. Morphée m'abandonnait peu à peu tandis que je tentais, avec tant bien que mal, de parvenir à maintenir cette image utopiste à mes côtés dans l'espoir de replonger, à nouveau, au travers d'un profond sommeil. Faux espoirs. Mauvaise idée. Et pourtant, je persistais à croire que le week-end s'approchait peu à peu de cette semaine qui venait tout juste de débuter. Pourquoi un tel rythme ? Pourquoi un tel acharnement ? Je semblais fatigué, bien trop fatigué pour maintenir cette image impeccable que j'osais présenter lors de mes précédents mois passés au sein de cette boutique fort luxueuse. Aujourd'hui allait très certainement être l'exception à la règle. L'exception ultime. Était-ce véritablement mauvais ? Je quémanderais à l'une des quelconques personnes hautement gradée de me déléguer à la simple tâche de devoir encaisser les articles des clients, mais, je doutais encore qu'ils daignent porter une oreille attentive face à cette demande quelque peu... Égoïste.Quel égoïste, oui. Par ailleurs, l'égoïste que j'étais devait bien s'agiter en ces minutes si précieuses déjà perdues. J'avais un rituel matinal fort bien défini afin qu'aucun retard ne puisse être ajouté sur ma fiche de paye à la fin de mois-ci. Et ce, malgré le simple fait que l'argent ne me manquais guère, parvenir à renflouer à l'aide de mes propres capacités mon compte en banque ne pouvais que, m'offrir un contentement. Une fierté. C'est donc, tout naturellement, je me lançais à la recherche de multiples vêtements à enfiler. Ceux-ci jonchant çà et là. Aussi bien, contre le sol, que, les meubles, la penderie, ou bien, d'autres pièces. Je l'avouais non sans mal avoir une certaine difficulté concernant l'ordre.

Malgré tout. Et malgré ce désordre, je parvins à mettre la main sur des vêtements. Aussi simples pouvaient-ils être ; la simplicité était parfois payante. N'est-ce pas ? Toujours propre sur moi-même, j'optais malgré tout pour un passage éclair au sein de la salle de bains afin de rafraîchir mes idées, et, par la même occasion, parvenir à éveiller mes sens.

Dix minutes. Top chrono. Un simple regard jeté à l'intention de cette montre argenté accrochée à moi poignet, le temps filait à une vitesse folle. Contrairement à ma personne, stagné, là, au sein de mon antre. Je dirais – par ailleurs – un trait sur mon petit déjeuné. Favorisant l'idée qu'une simple cigarette parviendrait à m'ôter le goût de la fringale matinal. Un espoir, en vain. Mais qu'importe. Il était bel et bien trop tard. L'extérieur rejoint, j'étais fin prêt à attaquer cette journée. Non pas, d'une main de fer, mais plutôt d'une mine passive.




Heure, après heure. Elles défilaient à une vitesse et le poids de cette fatigue, accumulé à un faim des plus importantes semblaient pesé lourd sur mon esprit. Et pourtant. Voilà que les clients ne semblaient aucunement se soucier de cet air dédaigneux scotché à mon faciès. Quémandant de l'aide, un avis, un détail fort idiot, et bien plus encore. J'osais, malgré tout, arborer cette image professionnelle afin de sustenter les désirs de ma supérieure. Supérieure, qui avait, par ailleurs, jeté son dévolu sur ma personne en cette journée. Pourquoi était-ce si long ? Oui, pourquoi ? Questions rhétoriques, en soit. Et ce n'est que lorsque je m'apprêtais à baisser les bras, qu'enfin, un visage familier fit irruption au sein de la bâtisse commerciale au sein de laquelle je me trouvais. « Oh, Ji Hoon. » Un soulagement. Finalement. Ce client régulier se rendait souvent en ces lieux accompagné de cette jeune femme qui semblait être sa petite-amie, et pourtant, aujourd'hui. Voilà qu'il venait de passer cette porte, seul. « Alors, dis-moi tout. »

Une robe. Il y a trois semaines. Accompagné de cette jeune femme qui semblait être, d'après tes dires, ta petite-amie. Beaucoup d'informations, très peu de temps s'offrait à moi afin de parvenir à répliquer une réponse face à ce questionnement. Si j'avais la mémoire bonne ? Oui. Mais aujourd'hui, celle-ci ne semblait guère vouloir coïncider avec mes désirs, j'allais donc, devoir jouer de multiples stratagèmes afin de parvenir à mettre la main sur cette robe qui avait – très certainement – une importance « capitale » pour ta personne. Je me doute que celle-ci puisse être pour une utilisation personnelle... À moins que. Non. Balivernes. Mon esprit me jouait des tours. Cela devait être un présent que tu souhaitais apporter ce soir afin de sustenter le désir de cette jeune femme possédant des goûts forts coûteux et chics. C'est donc, tout naturellement, que j'osais croiser mes bras contre mon torse, hochant la tête à de nombreuses reprises tout en visualisant étagères après, étagère. Présentoirs, après présentoir. Mais rien. Rien ne semblait attirer mon regard. Rien ne semblait faire irruption au sein de mon esprit.

Peut-être y avait-il une raison à cela. Trois semaines, cela semblait être long, les pièces étaient changées toutes les deux semaines et je doutais de parvenir à mettre la main sur celle-ci si elle avait été envoyée au travers de l'un des multiples cartons bons à être envoyés dans les boutiques peu coûteuses afin de vendre ces invendus, et ainsi, parvenir à obtenir une certaine somme d'argent. Malgré tout. Les lois du marché étaient plutôt malignes et je ne doutais guère de ce côté émanant de mon supérieur. Légèrement avare sur les bords, elle appréciait fortement renflouer les caisses de sa boutique afin de parvenir à sustenter une plus haute gamme de clientèle. Quel calvaire, alors. « Ohlà. Tu sais, Ji Hoon... J'ne veux pas trop te décourager là-dessus. Mais y a quelques jours, tout ce qui restait des semaines passées est sûrement loin de nous, à l'heure actuelle. Je ne gère pas trop les stocks, donc je ne vais pas pouvoir t'aider à mettre la main dessus. Mais, au pire. J'peux toujours t'aider à trouver une autre pièce. » Plutôt me creuse la tête pour convenir à un client que j'affectionne particulièrement, plutôt que, l'une de ces quelconques femmes à la recherche d'une certaine compassion à l'égard de leur physique peu avenant. Ou, de simples compliments qui parviendraient à flatter leur propre ego, très certainement surdimensionné.

« Tu n'as pas des photos de ta chère et tendre ? J'vais bien pouvoir mettre la main sur un truc qu'elle appréciera, fais-moi confiance. Après toutes les mégères que j'ai conseillées jusqu'à présent, aucune d'elle n'est venue se plaindre, alors, je pense être plutôt sûr de mes capacités à ce sujet. » Un fin sourire niché contre mes lippes, voilà que j'osais détourner mon entière attention envers ta personne, ignorant alors, les quelconques regards cherchant à capter mon attention afin de quémander mon aide. « Tu sais, tu m'sauves la vie, sur ce coup-là. Je pensais que j'allais finir par crever sur place. » Un murmure glissé, voilà que cette douce confession me fit rire intérieurement. Peut-être réfléchir concernant le fait de prendre une semaine de congé... Ou deux. Ou simplement quelques jours. Partir loin de cette ville. Des vacances improvisées ? Oui. Pourquoi pas, après tout, je n'avais jamais osé le faire. Alors, pourquoi pas maintenant ?

Plus, les photographies de cette jeune femme défilaient sous mes yeux, et plus, les idées me quittaient, petit à petit. Il est inévitable qu'au simple et unique coup d’œil, elle pouvait très certainement se permettre de porter un bon nombre de vêtements sans véritablement se soucier de l'idée que ceci lui irait, ou non. Le rêve d'un bien grand nombre de jeunes femmes, à l'évidence. Et pourtant, à la portée de seulement quelques-unes d'entre elles. À mon plus grand regret, d'ailleurs. Puisque cela faciliterait grandement les choses pour mon travail. N'est-ce pas ? Ah, rêve irréalisable que voilà. L'espoir fait vivre, apparemment. Je n'avais cessé d'espérer au travers de cette vie, parviendrais-je, peut-être, à franchir la barrière de l'année centenaire au vu de mes prières. Mais, trêves de folies psychotiques. L'instant présent parvint à agripper de nouveau mon attention avant que je ne puisse de nouveau parvenir à faire défiler les photographies de cette jeune femme sous mon nez tandis que je suivais ta personne d'une manière amusée. Semblables à deux amis qui cherchaient le cadeau parfait pour une certaine jeune femme, nous n'étions pas « sortis de l'auberge », je suppose.

Et pourtant, nous semblions nous y adonner avec une grande envie. Un lourd espoir. Ce qui, en soit, me fit ricaner lorsque tes paroles parvinrent jusqu'à moi. Dur ? Légèrement. Mais je ne pouvais en aucun cas m'avouer vaincu si rapidement. Non, pas maintenant. Fierté masculine, oblige. Je balayais du regard chaque pièce se trouvant à nos côtés tandis que j'abandonnais ton téléphone portable au creux de l'une de tes mains. « On va trouver, on va trouver, je te jure. Tu ne partiras pas d'ici tant qu'on n'aura pas mis la main sur la robe. Quitte à demander à l'une de mes collègues d'essayer la robe pour voir si ça convient, voilà. » Buté sur mes positions. Je favorisais l'idée de me démener une énième fois en cette journée. Quitte à m'y offrir corps et âmes afin d'évincer les autres clients, peu m'importe. C'est d'ailleurs après m'être tourné vers l'une de mes collègues qui passaient par là que j'osais quémander sur avis sur les pièces les plus vendues du moment. Passant d'avantage de temps – que moi – au sein de ces rangées, je ne pouvais en aucun cas négliger le simple fait qu'une aide féminine ne serait guère de refus. Bien au contraire. Celle-ci m'offrit quelques commentaires concernant les multiples pièces qui pourraient m'intéresser, et toi aussi, par la même occasion.



Prenant donc soin d'emporter les incontournables, voilà que j'osais me poster devant ta personne, un sourcil légèrement rehaussé, j'hésitais quant à l'idée de plaisanter sur le simple fait que telle, ou telle pièce pourrait m'aller à ravir. La plaisanterie allait très certainement faire le tour des environs et je perdrais bien vite en crédibilité... Malheureusement. « Blanc, noir, bleu. Trois types différents, près du corps, légèrement voluptueux, ou bouffant avec une touche originale, le tulle. On va jouer à l'élimination. Choisi celle que tu apprécies le moins, et explique moi pourquoi. Ça m'aidera sûrement à cibler d'avantage la demande. Parce que, clairement... Sans ta chère et tendre à nos côtés, c'est bien compliqué. Je l'avoue. Je l'avoue, finalement. » Ajoutant à cela, un énième ricanement qui parvint à raisonner au sein de cet antre peu bruyant, l'attention se détourna facilement vers nous, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit contre cela. Définitivement, cette journée n'était pas faite pour moi. Peut-être aurais-je dû simplement jouer au malade imaginaire, après tout...

Robe, après robe, je semblais peu à peu discerner les goûts de cette jeune femme qui partageait ta vie sentimentale, mais aussi, l'avis que tu pouvais porter au travers de ceux-ci. Trop terne, trop court, trop long, manche courte, couleurs mises en avant, bannir à tout prix le noir. Je parvenais – avec un certain mal, malgré tout – à retenir chacune des informations que tu daignais m'offrir. À l'évidence, j'abandonnais ces robes auprès de leurs étalages afin de parvenir à raviver mes idées. Portant mon regard, çà, et là. La tâche allait très certainement s’annoncer plus... Compliquée ? Oui. Sûrement. « Bon, bon, bon. » Une lourde inspiration prise, bras croisés contre mon torse. Je me contentais de passer au travers des multiples allées avant que je ne puisse mettre la main sur de nouvelles pièces. Celles-ci se trouvant sûrement plus proches de l'idéal du cadeau que tu pouvais te faire. J'appréhendais malgré tout l'avis que tu allais pouvoir te faire concernant ce que j'osais présenter – à nouveau – sous ton regard.


« J'ai essayé de retenir tes informations, hein... » Une robe rouge, une autre de couleur bleu corail, et enfin, une couleur violette, s'approchant très certainement d'une fleur prénommée « crocus ». Oui, les vendeurs devaient être aptes à donner un nom exact face à chacune des couleurs qui osaient se présenter sous nos yeux. Qu'une simple teinte en dessous, ou, au-dessus, cela pouvait tout changer concernant l'avis du client. C'est par ailleurs, après cette légère réflexion que j'optais sur une nouvelle idée afin de rendre ces pièces plus... Vendeuses. La collège m'ayant précédemment apporte son aide se trouvait à nouveau à nos côtés et c'est après m'être permis de quémander son accord que j'osais glisser les pièces, une à une, sur sa personne. Grande, fine, arborant une chevelure blonde et un sourire ravageur. Elle était une vendeuse hors-paire. L'une de mes plus grandes rivale, en soit. Mais, au fond. J'appréciais la compétition. « Alors, alors, ton avis sur ces pièces ? Tu peux tout me dire, encore. Je suis prêt. Un warrior de la vente. Ne t'inquiète pas. » D'un simple hochement de tête, j'osais te faire comprendre que, qu'importe ton avis, celui-ci serait toujours le bienvenu.

Par ailleurs... Plus nous avancions dans le temps, et plus les regards se portaient à l'intention de nos personnes. Caméra cachée ? Simple surprise ? Il est vrai que, deux idiots cherchant des pièces sans véritable idée, le tout, accompagné de l'une des vendeuses qui, jouait, à son tour, la mannequin sous ma propre demande. Cela pourrait très certainement porter à rire si je pouvais regarder cette situation d'un regard extérieur.

Les cabines d'essayage. Le calvaire pour certain. Le bonheur éternel, pour d'autre. Et voilà qu'enfin, face à ce simple et unique rideau clos de couleur blanchâtre, j'osais entrevoir la réussite. J'osais croire en mes choix. Croire en l’efficacité de mon travail et ainsi, parvenir de nouveau à flatter mon propre ego concernant l'idée que j'étais un véritable bon vendeur. Et ce, malgré cet avenir fort bien différent qui allait s'offrir à moi dans quelques années. N'avais-je pas rêvé de cette liberté ? Croire au simple fait que je pourrais devenir – enfin – un tout autre homme. Semblable à n'importe qui. N'importe quoi. N'importe quand. Oui, tout aussi semblable que ta personne. Toi, simple étudiant vivant au grès de tes envies, et ce, tandis que tu arpentes, jour après jour, les couloirs de cette université tant réputée aux côtés de cette jeune femme à l'intention de qui tu sembles éprouver ces sentiments amoureux et indescriptibles. Idyllique, n'est-ce pas ? Je ne pouvais qu'idéaliser inconsciemment cette situation. Et pourtant... La réalité me frappait de pleins fouets. Me poussant à reporter mon attention envers l'instant présent. Cette robe bleue était tout aussi divine que sur les multiples magazines et affiches reçues démontrant ces mannequins la portant afin de rendre celle-ci plus vendeuse. La couleur, les détails, la coupe. Je ne pouvais en aucun cas nier l'idée que cette robe saillirait à la perfection la personne que représente ta compagne. Inévitablement, elle allait en faire tourner, des têtes. « Ji Hoon, un conseil. Trimballe-toi à côté d'elle à chaque fois qu'elle portera cette robe, sinon, j'ose imaginer les gars porter un regard bien lourd et moche à l'intention de sa personne. Si tu veux mon avis. » Avis peut-être inutile, en soi, mais qu'importe. Je me devais de donner celui-ci. Après tout. C'est d'ailleurs après celui-ci que j'osais congédier ma collègue gratifiant son aide d'un simple et unique sourire qui voulait tout aussi bien dire : « je te revaudrais ça ».


D'un simple geste de la main, je t'incitais à me suivre. Non pas que la robe préalablement portée par cette jeune femme ne puisse en aucun cas convenir, mais je favorisais l'idée de choisir une robe installée au fin fond du présentoir afin que celle-ci ne puisse aucunement avoir été essayée, uniquement touchée par nous, vendeurs, lors de la mise en rayon de celle-ci. « Le choix ultime fait. C'est tout ce dont tu auras besoin ? De toute façon. Tu auras une réduction. Je vais t'encaisser vite fais, ni vu, ni connu. T'inquiètes. » Un client aussi régulier pouvait bien – parfois – bénéficier de certains avantages au vu de la somme exorbitante qui pouvait laisser ta compagne, au sein des caisses de cette bâtisse. N'est-ce pas ? Personne ne parviendrait à mettre la main sur le fauteur de « troubles » lors des comptes à la fin du mois. Je passerais au travers des mailles du filet sans avoir y extirper ce qu'il manque de ma propre poche. Malin, oui, je l'étais. Et cela semblait être fort utile. Et ce, au travers d'un bon nombre de circonstances, ou situations. « D'ailleurs. Je crois bien que c'est la première personne à qui cette robe ira vraiment. Celles qui ont osé l'acheter avant toi n'avaient... Pas vraiment le physique pour. Enfin. Nous devons leur faire croire le contraire, ah, ah. Les terribles secrets des vendeurs. »