Il avait l’estomac à la place du cœur et le cœur aux bords des lèvres, une envie de disparaître et de crier en même temps, de se cacher quelque part et de supplier les autres de faire quelque chose. Ca faisait longtemps qu’il n’en avait pas fait pensait-il amèrement des larmes coulant le long de ses joues tandis qu’il s’appuyait un peu plus contre le bord du comptoir bien caché à l’abris du regard des élèves. Tellement longtemps qu’il n’avait pas fait de crise. Crise d’angoisse. Oui ça faisait longtemps, et ce n’était pas une petite en plus. Ce n’était pas non plus étonnant vu que ce n’était pas non plus une bonne journée. C’était le genre de journée le plus ignoble pour Maru, ces journées où il se réveillait si mal dans sa peau qu’il en venait à regretter d’être vivant. Ni homme, ni femme, entre les deux, mal dans sa peau, mal dans son être, mal tout court. Pourtant il s’était levé comme tous les autres matins. Il avait rangé ses idées noirs au placard, laissé de côté cette impression dérangeante qui lui collait à la peau et il était venu travailler. Dans un jean ample, et un sweatshirt trois fois trop grand pour lui, il était arrivé à l’université jouant les asociaux et c’était calé derrière le comptoir avec les derniers cartons arrivés déléguant plus qu’autre chose. Alors comment en avait-il pu arriver là ? Comment avait-il pu se retrouver recroquevillé dans un coin de la pièce, la respiration lourde, et le monde vacillant autour de lui ?
« Oppa ! Oppa tu veux qu’on aille te chercher le médecin ? Ah oui … Oppa. On avait eu de cesse de l’appeler ainsi toute la journée, alors que lui … Lui il doutait jusqu’à son existence, n’arrivant pas à se définir, et ce mot lui avait fait horreur, lui avait rappelé ce qu’il était, le jugement des autres et il avait paniqué, tout simplement.
- Ne m’appelle … pas ainsi. » siffla-t-il entre ses dents en japonais, rejetant la main qui voulait sur son épaule. Il n’avait pas envie qu’on le touche. Pas envie qu’on lui rappelle ce qu’il était, et ce qu’il n’était pas. Essuyant d’un revers de main tremblant les larmes au niveau de ses yeux, il prononça d’une voix rauque le nom de psychologue s’attirant le regard surpris des deux stagiaires.
Car non ce n’était pas d’un médecin dont il avait besoin là sur le moment. C’était d’un psychologue. C’était de quelqu’un capable de le secouer, de lui rappeler qu’il était humain et pas une vulgaire erreur, une erreur humaine vivant entre deux, incapable de choisir entre être un garçon ou devenir une fille. Et l’idée lui arracha un nouveau sanglot difficile, qui quittait sa gorge violemment. Il détestait cet état. Mais plus que l’état dans ce genre de moment il se détestait lui. Oui surtout lui. Acceptant finalement les mains hésitantes autour de son bras, il se laissa conduire en dehors de la bibliothèque la capuche de son sweat bien rabaissé sur son visage ravagé par les larmes, la douleur et la crise. Heureusement que l’infirmerie et tout ce qui était attrait à la vie étudiante comme le bureau du psychologue dans l’aile médicale était non loin. Il avait quand même foutu la bibliothèque à côté de l’infirmerie … Heureusement oui, ça évita à Maru de paniquer à nouveau de griffer ces mains sur son corps. Entrant dans le bureau du psychologue, il se laissa tomber sur une des chaises écoutant la stagiaire expliquer qu’il avait fait une crise de panique et qu’il était légèrement violent … Ah et qu’il avait un caractère diamétralement opposé à ce qu’il était habituellement … Essayez de vous mettre à sa place un peu pour voir.
« Je ne suis pas fou murmura-t-il toujours en japonais, se recroquevillant sur la chaise, et se cachant le plus possible du regard des autres. – Je suis pas … fou. »
confused mind || ft murakami haine
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confused mind || ft murakami haine | Ven 18 Déc - 23:47 Citer EditerSupprimer
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Murakami Haine & Ahn Maru