J'aime sortir, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir. Je n'oublie pas que jusqu'à mes 16 ans je n'ai rien connu du monde extérieur et je veux profiter de chaque minute, de chaque seconde. Mes amis sont très chers à mes yeux, bien que tous ne connaissent pas mon histoire. Je supporte très mal d'être seule, j'ai sans cesse besoin d'être accompagné, de me sentir aimée et soutenue. Je crois que c'est pour cela que je déteste que l'on ne soit pas d'accord avec moi. Je suis têtue, je tente par tous les moyens de rallier les gens à mon avis. Cependant, je sais admettre quand j'ai tord et m'excuser lorsque je dépasse les limites. En soirée, je ne connais pas vraiment de limite, cependant je ne touche pas aux drogues dures, j'ai bien assez d'une dépendance et n'ai aucune envie de m'en créer d'autre, bien plus coûteuse.

Je dirais que je suis une femme plutôt banale, j'aime le shopping, sortir avec mes amis, que l'on me courtise et lorsque je suis en couple, je deviens maternelle et jalouse, voire possessive. Je change d'avis toute les deux secondes, me plains lorsque l'on ne s'occupe pas de moi et ensuite que l'on me couve trop. Je déteste la saleté, les insectes et les gens mous.

Je fais très attention à mon apparence, porte en permanence des talons hauts. Mettons-nous d'accord, moins de dix centimètres, ce ne sont pas des talons hauts. J'aime être sexy, séduisante, que l'on me remarque. Je passe facilement deux heures dans la salle de bain chaque matin et chaque soir avant de sortir. Dormir est une perte de temps et je ne le fais pas beaucoup. Il n'est pas rare de me trouver endormit dans un lit de l'infirmerie si aucun étudiant ne s'y trouve. Je fais également très attention à ce que je mange, depuis dix ans il n'y a pas un moment où je n'ai pas été au régime. Je fais également beaucoup de sport, cela m'aide à canaliser mes pulsions dépendantes et surtout, à garder un corps de rêve. Et pour vous prouver que je ne suis pas du tout une femme complexe, malgré mon régime draconien, j'adore faire la cuisine. Je cuisine trop et tous le temps mais mes amis ne s'en sont encore jamais plains.

Je suis née le 4 novembre 1987 à Tôkyo, dans l'immeuble de la secte Life Space. Le nom semble amusant cependant détrompez-vous, rien n'est amusant. Ma mère avait rejoint ce groupuscule à sa formation, quatre ans avant que je ne vois le jour. Elle a accouché seule, dans sa chambre et personne n'est venu l'aider jusqu'au second jour. Je n'ose même pas imaginer l'horreur que ça a du être. C'était ce que la secte voulait, prônait même. Il faut dépasser ses propres limites, vivre le plus simplement possible et ne jamais demander d'aide à personne. C'est ainsi que j'ai grandit, privée du monde, à sans cesse devoir me débrouiller seule. Je n'ai jamais aimé cette ambiance, jamais cru en leur précepte et toujours voulu sortir ma mère de cet enfer.
Lorsque j'étais enfant, je m'amusais avec un enfant de l'immeuble, il s'appelait Hirosuke et avait tout juste un an de plus que moi. Ensemble, malgré nos jeunes âges, on aimait à refaire le monde, à s'imaginer l'extérieur d'après ce que l'on voyait de nos fenêtres. Nous avions dans l'idée de partir ensemble, de fuir cet immeuble qui était le seul endroit que nous connaissions. Seulement rien n'arrive jamais comme on le prévoit et Hirosuke n'a jamais pu sortir de ces murs. Lorsqu'il a eut 13 ans, il a attrapé une forte grippe, les membres de Life Space ne se font pas soigner à l'hôpital, et puisqu'il faut repousser ses propres limites, ils ont voulus que Hirosuke les repousse. Seulement, face à la maladie, un jeune garçon ne peut pas vaincre. Mon seul ami est décédé après trois semaines d'agonie et c'est à ce moment-là que je me suis juré de m'enfuir dès que je le pourrais, de faire des études qui me permettrait de sauver les gens et de vivre une vie sans regrets.
C'est à mes 16 ans que j'ai trouvé le courage de passer la porte d'entrée, laissant ma mère derrière moi. Je voulais vivre sans regret mais celui-ci fut le premier. Je voyais le monde extérieur pour la première fois de ma vie est bien que ce ne soit que la capitale japonais, j'avais l'impression de vivre dans un monde imaginaire. J'ai marché, longtemps, sans même m'en rendre vraiment compte. Lorsque la fatigue a prit mon corps, j'ai trouvé un hôtel dont la simplicité me permettait de payer une chambre pendant au moins une semaine, le temps que je trouve quoi faire. Seulement je ne connaissais rien, ne savais rien faire et je n'ai plus pu payer. Je m'entendais bien avec le gérant, du moins nous discutions, et il m'a donné le nom de l'un de ses amis qui pourrait m'aider à avoir un emploi. Je m'y suis donc rendu, innocente, insouciante. Tout me fascinait, j'avais soif de découverte et de rencontre. Seulement je ne m'attendais pas à ce que l'emploi qu'on me propose soit de vendre mon corps. J'ai hésité bien sûr mais en vérité je n'avais pas trop le choix. J'ai donc accepté. J'ai décidé de prendre ça comme une nouvelle découverte, un moyen de réaliser mes rêves futurs et j'ai tenu deux ans. Deux ans pendant lesquels je n'ai finalement pas découvert grand chose, au-delà du corps des hommes et de leurs faiblesses.
Lorsque j'ai eu 18 ans, j'ai décidé de changer d'air. J'ai fais faire mon passeport, me suis acheté un billet d'avion et j'ai pris la destination la moins chère pour décoller le lendemain. C'est ainsi que je suis arrivé à Incheon, en Corée du Sud. J'avais suffisamment d'argent de côté pour me payer une école d'infirmière et bien que la barrière de la langue m'ait effrayé, je n'ai pas hésité longtemps. J'ai cessé de me prostituer, préférant un travail en tant que serveuse dans un bar de mon quartier. Seulement, avoir des clients à longueur de journée a laissé des traces et aujourd'hui, j'ai été diagnostiqué dépendante sexuelle par mon psychothérapeute. Je ne suis allé le voir qu'une fois, je n'avais pas les moyens de payer d'autres séances mais aujourd'hui je sais que je ne pourrais pas me défaire de cette constante envie tant que je ne me ferais pas désintoxiquer. C'est une réelle drogue pour moi et cela me valut de nombreux surnoms à l'école. C'est une période de ma vie qui n'a pas été facile et j'en garde encore quelques blessures.
Cependant, comme à mon habitude, je ne me suis pas laissé abattre. J'ai retroussé mes manches, travaillé plus dur encore, étudié de longues nuits et après cinq ans j'ai enfin réussis à obtenir mon certificat d'infirmière. C'était un nouveau souffle, l'opportunité d'enfin commencer une vie qui me plairait. J'ai donc cherché un emploi et c'est à l'Inshinae que j'en ai trouvé un. Déménager de Séoul ne m'a posé aucun problème, loin de là. On me donnait à nouveau l'opportunité de commencer à zéro et je l'ai saisit à bras ouverts.
J'y ai passé quatre ans. Quatre années où mon problème ne s'est pas vraiment réglé, au contraire. Les étudiants sont si faciles à avoir. Cependant, désormais, je ne me considère plus comme dépendante, bien que j'ai sans cesse la peur de retomber dans ce cercle vicieux. Cette dernière année fut des plus éprouvantes, je suis tombée amoureuse puis ai été détruite. J'ai faillit être mère mais ne le serait pas et cela sera sans doute l'un de mes plus gros regrets. J'ai perdu mon emploi à cause de ma relation avec un mineur, mon colocataire, un des deux êtres qui représentaient ma famille là-bas. J'ai perdu mes amis, ils sont tous partit, ou bien pire. Désormais, grâce à Kan, j'ai trouvé un nouvel emploi en tant qu'infirmière scolaire et ce alors que je n'y croyais plus. Il est tout ce qu'il me reste, la bouée à laquelle je m'accroche, l'épaule sur laquelle je pleure. Je recommence à zéro, de retour dans la ville où j'ai étudié. Je recommence, encore une fois et pourtant chacun de mes souvenirs demeurent. Mon corps est meurtrie, mon âme est blessée mais encore et toujours, je crois à la renaissance. Chacun à droit au bonheur, mon tour viendra un jour.