syu & jihoon & joohee

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Le soleil se couchait de plus en plus tôt, et bientôt la nuit envahissait les lieux. Les lumières artificielles de la ville s'allumaient et éclairaient les rues avec beauté, quand on s'arrêtait pour observer autour de soi. C'était ce que je faisais la plupart du temps. Quand j'attendais que le feu passe au vert, quand je mettais ma veste ou mon écharpe. Il y avait de la beauté dans chaque chose qui faisait de la vie quelque chose d'incroyable, unique, difficile à supporter aussi. En descendant de la voiture ce soir, j'avais aussi pris le temps de regarder la ville s'agiter sous la nuit grandissante de l'automne. A mes côtés, Joo Hee, ma fiancée que j'avais invité à m'accompagner ce soir. Pourquoi étions-nous de sortie, hum ? Le conservatoire de musique et la prestigieuse école de danse de Séoul avaient organisé un gala de danse pour les élèves et les anciens. J'avais reçu mon carton d'invitation, évidemment, et cet événement chic avait eu le don d'attirer mon attention. Je m'étais dit que Joo Hee s'amuserait bien à ce genre de soirée, et je pourrais renouer le contact avec d'anciens collaborateurs.

J'ajustai mon noeud papillon, puisque évidemment j'étais aussi bien habillé pour ce gala. Joo Hee avait absolument tenu à ce que je porte ce foutu noeud papillon. Elle disait que ça m'allait bien. J'aurais préféré une cravate, mais je ne voulais pas contrarier davantage ma fiancée sachant que nous étions tous les deux sur le fil du rasoir, à s'engueuler pour un rien. Je tendis mon bras à ma fiancée et nous pénétrâmes à l'intérieur du bâtiment décoré pour l'occasion. Les invités étaient déjà arrivés, mais nous n'étions pas les derniers. Je cherchai du regard le buffet, puis je me tournai vers Joo Hee, caressant son bras en dernier contact avant de me séparer d'elle. « Je vais nous chercher à boire, tu peux rester ici si tu veux. » Je lui offris un mince sourire, et je disparus parmi la foule d'artistes réunis pour le gala. Je croisai quelques connaissances, je m'approchai du ponche et je pris deux coupes pour servir Joo Hee et moi-même. La fête semblait à peine commencer, mais je sentais que je n'étais pas au bout de mes peines ce soir...

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Quand Ji Hoon avait proposé à Joo Hee de l’accompagner à ce gala cette dernière avait immédiatement accepté plus plusieurs raisons : d’abor parce qu’elle était curieuse de se rendre à ce genre d’évènement pour la première fois puis parce qu’elle préfère passer sous un train que de laisser Ji Hoon avec des femmes intellectuelles (ce qu’elle est très loin d’être) dont il pourrait éventuellement s’enticher. Il y a un univers entier entre eux, ils ne viennent pas du même monde, n’ont absolument pas le même caractère et encore moins la même manière de penser. Ils sont le jour et la nuit, beaucoup sont d’ailleurs étonnés de constater qu’ils sont toujours ensemble. Plutôt que de dire qu’ils sont très différents et s’accordent, ils préfèrent affirmer qu’ils se complètent. Ce n’est pas faux et cela justifie cette relation qui perdure dans le temps.

Elle s’était appliquée à se faire jolie, optant pour une robe pas trop longue noire simple et efficace. Elle en avait fait des tonnes, comme d’habitude, Joo Hee étant ce genre de personne absolument obnubilé par son physique. C’est comme ça, c’est plus fort qu’elle, elle a ce besoin constant d’être au top du top. Rien n’était laissé au hasard, maquillage, cheveux, accessoire, elle voulait à tout prix être plus que présentable.

Ses yeux bruns qui parcouraient jusqu’alors la décoration des lieux se déposaient sur son petit ami qui lui proposait d’aller leur chercher quelque chose au buffet. Elle avait hoché doucement la tête puis l’avait regardé partir, se trouvant quand même un peu stupide de rester ici toute seule alors qu’elle ne connaissait absolument personne. Alors en attendant que son fiancé revienne, elle serrait un peu plus sa pochette contre elle cherchant du regard au moins une personne qui pourrait lui être familière au cas où.

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Ce gala n’était pas pour déplaire à Syu qui avait grand besoin de se changer les idées. Trop de choses négatives s’étaient déroulées ces dernières semaines et la jeune maman avait grand besoin de changer d’air. Et puis elle n’avait plus dansé depuis trop longtemps. C’est ce manque qui l’avait surtout poussée à accepter cette invitation. Si elle avait été dans un état normal, elle aurait bien entendu refusé. Elle n’a plus dansé sur scène depuis des années et ne sait même pas si elle sera capable d’enchainer deux déboulés et un grand jeté sans se laisser gagner par le stress. Alors qu’elle entre discrètement dans la salle de réception, elle regarde autour d’elle. Beaucoup de monde. Elle commence à reconnaître ses anciennes professeurs de classique, jazz et contemporain, et se met à sourire. Cependant, ces dernières ne l’ont pas vues et s’éloignent en discutant. Il y a des élèves qu’elle reconnait mais toutes ses amies sont parties depuis bien longtemps, surtout à l’étranger. Elle resserre l’étole bordeaux qu’elle porte autour des épaules et s’avance. Pour cette soirée, elle a préféré opter pour une robe crème très claire qui s’arrête à mi-cuisse, à manches longues et au col droit, assortie à des talons hauts très simples et d’une petite pochette noire.

Un peu timide, elle se dirige vers le buffet. Une petite coupe de champagne et un amuse-bouche lui fera du bien, pense-t-elle. Il ne faut jamais manger quoi que ce soit de consistant avant de danser, elle le sait, c’est pourquoi elle a amené une banane fraiche dans le sac qu’elle a laissé au vestiaire, avec ses affaires de danse. Elle passe à côté d’une beauté aux cheveux blonds platines et se dit que finalement, elle n’est pas la seule asiatique a aimé le blond. Sauf qu’à sa différence, c’est que c’est fille est vraiment splendide. Pendant un instant, elle hésite à lui demander ce qu’une mannequin comme elle — parce qu’elle est forcément mannequin, sinon c’est l’hôpital qui se fout de la charité — fait dans un gala si modeste. Bon, certes, un gala organisé par l’école Internationale de Danse de Séoul et le Conservatoire n’est de base pas très modeste, mais Syu a du mal à se faire à l’idée de l’ampleur qu’a pris cette petite école de danse dans laquelle elle a fait ses tous premiers pas en demi-pointes. C’est devenu l’école internationale recommandée par des milliers de personnes à travers le monde. Alors que les faits la frappent de plein fouet, le parpaing de la réalité comme on dit, elle s’arrête net devant le buffet, fixant l’homme qui se tient devant elle. Elle ne pourrait pas l’oublier même si elle le voulait. C’est lui qui jouait souvent sur ses solo, à l’époque où le conservatoire accompagnait encore leur spectacle annuel. A force d’habitude, elle n’arrivait plus à danser qu’accompagnée de son violon, sur scène. Elle tend une main vers lui, car il ne semble pas la remarquer, et la pose sur son bras. Ji Hoon ? Moon Ji Hoon ? Elle tente de lui sourire avec confiance, car si ce n’est pas lui, elle pourra immédiatement aller se rouler en boule sous la table.

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Tout se déroulait normalement. Aucun incident n'était à déplorer, pour le moment. Pouvait-il en être autrement ? Ce gala de danse était tout ce qu'il y avait de plus commun, surtout pour le conservatoire. Je me souvenais à l'époque où j'étais encore élève là-bas, un bon nombre de soirées étaient organisées par l'administration, alors je ne m'étonnais pas de celle-ci. C'était plutôt agréable, pour tout avouer, de marcher les traces de mon passé d'élève musicien. Parce que c'était fini pour moi le conservatoire, j'avais fait toutes les années, j'étais diplômé. J'étais devenu un membre occasionnel du cercle privé des violonnistes. Je ne passais pas ma vie au conservatoire, mais j'aimais beaucoup m'y produire, pour renouer avec mon passé. Ces souvenirs si bien ancrés dans ma mémoire. C'était plaisant, ce n'était pas une période de ma vie que je regrettais.

Les coupes de ponche à la main, il me fallait maintenant faire le chemin inverse pour rejoindre ma fiancée qui, étrangement, était restée à sa place. Etonnant, puisque ces derniers elle avait tendance à ne pas m'écouter. Je levai la tête vers elle, essayant de passer au-dessus de celles des invités, pour tenter de la distinguer parmi la foule. En voulant lui faire un signe, je fus arrêté par une main étrangère sur mon bras. Je me tendis et tournai mon visage vers la propriétaire de ces ongles vernis. Elle ne m'était pas inconnu, loin de là, et je pouvais même me souvenir de son nom: Kwon Syu. En plus de cela, je me souvenais très bien avoir fait de nombreuses collaborations avec elle sur scène. Elle dansait souvent seule avec mon violon en arrière-plan. J'esquissai un sourire, pour détendre l'atmosphère, et je rétrécis l'espace entre nous. « Oui, c'est moi, bonsoir ! Ca fait longtemps, comment vas-tu ? » Je me permis de la tutoyer car de ce dont je me souvenais, nous étions relativement proches tous les deux. De vrais collaborateurs, à se partager notre passion commune pour les arts. « Attends, ne bouge pas, je vais chercher ma fiancée. » fis-je joyeusement, quittant ensuite le buffet pour me frayer difficilement un chemin vers Joo Hee. Je lui tendis son verre et lui pris sa main libre, l'invitant à me suivre jusqu'au buffet où Syu nous attendait. Une fois les deux femmes face à face, je fis les présentations. « Chérie, je te présente Kwon Syu. J'ai fait beaucoup de représentations sur scène avec elle. Syu, voici Sun Joo Hee, ma fiancée. » Voilà, le tableau était posé. Il ne restait plus qu'à savoir si les deux femmes allaient s'entendre. Je ne savais pas pourquoi, mais je le sentais mal.

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Un léger soupire s’échappait des lèvres rouges de la jeune femme qui commençait à le trouver un peu long. Autant, elle ne se serait pas agacée aussi vite si il y avait des gens qui lui sont familiers dans les environs ou qu’au moins, cette soirée fasse partie de son élément. Dans ce cas-ci, ce n’était pas le cas. C’est uniquement parce qu’elle accompagnait Ji Hoon qu’elle était ici. Non pas que la soirée lui était désagréable mais autrement, que ferait-elle dans un gala de danse hein ? Encore s’agirait-il d’une soirée lié à son statut d’actrice ou encore de mannequin, mais là … Elle commençait à se mordre nerveusement la lèvre quand Ji Hoon débarque à côté d’elle comme sorti de nulle part. Elle prend le verre qu’il lui tend avant de le suivre un peu surprise. Eh bien si c’était pour faire ça, ça ne servait à rien de la laisser attendre comme une imbécile tout là bas. Un brin volcanique, elle ne dit cependant rien malgré ces mots qui lui piquent la langue. Ce n’était pas le moment de s’afficher ou encore moins le lieu pour s’engueuler surtout que Ji Hoon n’hésitera pas à appliquer son point de vue à son tour. Alors silencieuse, elle l’écoute lui présenter la jeune femme. Elle lui sourit et lui offre une légère courbette pour la saluée. « Enchantée. » Ce fut les seuls mots qu’elle trouvait à dire pour l’instant, tout simplement parce qu’elle ne la connait pas et ne trouve rien d’autre à dire pour le moment. Ji Hoon trouvera sûrement un truc à dire, elle n’en doute pas.

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Syu est plus que ravie que Ji Hoon la reconnaisse et surtout de ne pas s’être trompée. Elle lui adresse un sourire éclatant et incline poliment la tête. Elle n’a pas le temps de lui répondre. Comme d’habitude, il est enjoué et énergique. Syu ne bouge pas, son verre de champagne entre les doigts, et le regarde s’éloigner. Sa fiancée. Elle savait que le jeune homme était fiancé mais pas à qui. Il ne l’avait jamais vue. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle l’a vu revenir avec la magnifique mannequin blonde à son bras. Une telle beauté. Non seulement elle envie un peu sa beauté fatale mais également en tant qu’hétérosexuelle assumée. Elle en reste presque bouche bée. Pas qu’elle ne pense pas que Ji Hoon mérite une telle beauté fatale, au contraire, mais elle est quand même surprise. Immédiatement, et malgré sa grande taille, Syu se sent toute petite face à elle. Elle a les joues toutes roses de nervosité quand la jeune femme lui sourit. Impossible de la trouver antipathique. Elle respire la bienveillance. Le visage de Syu s’illumine instantanément. Enchantée de vous rencontrer, Joo Hee-ah. Elle va pour lui tendre la main mais s’aperçoit que la jeune femme n’a pas fait de geste pour, et finit son geste de manière un peu maladroite en ramenant sa main contre elle. Ji Hoon m’a beaucoup parlé de vous. En bien évidemment. Elle laisse échapper un petit rire gêné puis se tourne vers son ami. Tu es venu accompagner le Conservatoire ? Oh j’aimerais tellement que tu joues encore !

En bonne curieuse, Syu a envie de poser pleins de questions. Elle a les mots sur le bout de la langue et doit se retenir pour ne pas inonder la jeune femme de questions. Bien qu’ils soient assez proches, Ji Hoon a toujours été très discret sur sa vie privée. Une qualité qui n’en est pas une quand on s’appelle Syu et qu’on est curieuse comme tout. Malgré tout, la blondie n’est pas non plus une fouine. Elle préfère simplement s’intéresser à l’histoire des gens car la sienne ne lui convient pas et qu’elle ne sait plus comment la réécrire. Alors, elle se tourne vers Joo Hee à nouveau. Vous êtes aussi musicienne ? Je vous aurais plutôt prise pour une mannequin !

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C'était étrange. Joo Hee restait étonnamment calme. Elle n'avait pas l'air à l'aise à ce gala. Je pouvais la comprendre, cela ne faisait pas partie de son environnement habituel. Elle qui était une actrice et mannequin, fréquenter les lieux huppés de la musique et de la danse devait être relativement différent. C'est pourquoi j'avais prévu de ne pas la laisser trop longtemps seule au milieu de cette jungle artistique. Non pas que j'avais peur qu'un des nombreux retraités vienne la draguer, mais je ne souhaitais vraiment pas délaisser Joo Hee qui avait accepté de m'accompagner pour me rendre service. Elle aurait pu refuser, affirmer qu'elle n'avait rien à faire à ce genre de soirée. Mais elle avait accepté. Et elle était là. Pour quelle raison, cela n'appartenait qu'à elle, mais moi j'étais ravi de sa présence à mes côtés. Et puis, elle faisait connaissance avec Syu comme ça.

Je portai le verre de ponche à mes lèvres pour les tremper dans le breuvage sucré, goûtant à ce dernier. C'était du ponche, rien de bien extraordinaire. En revanche, c'était la conversation platonique qui s'opérait entre les deux demoiselles qui attirait mon attention. Elles se regardaient, se dévisageaient avec une certaine réserve que je parvenais à déceler. Je voyais bien que mon silence n'arrangeait en rien les choses, alors je me permis de meubler un peu la discussion en y ajoutant ma propre intonation. « Jouer ? Moi ? Oh, je ne pense que ça sera possible ce soir, ahah... » Il me restait plus qu'à espérer que Joo Hee n'ait pas mis exprès mon violon dans le coffre sans que je rende compte, sinon j'étais foutu. Syu savait si bien insister, de ce que je me souvenais, et j'avais changé depuis le temps. Me reproduire tout seul, devant tout ce gratin mondain, il fallait croire que j'avais perdu bien du courage avec l'âge. Si je pouvais fuir la scène ce soir, cela m'arrangerait, surtout que je ne pouvais plus tenir debout en jouant. Je poussai un petit soupir pour extérioriser ma nervosité, puis je bus une nouvelle gorgée de ponche. Syu reporta son attention sur Joo Hee, mais je ne préférais pas m'interposer entre elles. Elles semblaient faire des efforts pour faire connaissance. Peut-être que ça pourrait décoincer Joo Hee ? Je la savais si pétillante, ça me faisait de la peine de la voir autant sur la réserve. Je comptais bien sur Syu pour la mettre à l'aise.

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SComme il commençait à en être bien trop souvent le cas depuis que la blonde débutait doucement mais sûrement sa carrière, elle craignait de faire un faux-pas. Elle n’est pas de ce monde et ce calme ne lui ressemble absolument pas. Joo Hee est ce genre de personne très extravertie, qui s’agite un peu trop et qui rigole pour pas grand-chose. Les phrases tournées en poème remplie de classes ne sont pas vraiment pour elle. Elle préfère très largement les concours d’insultes avec son imbécile de frère et dire les choses telles qu’elle les pense. Mais elle ne voulait pas attirer l’attention sur elle de manière négativement et sûrement encore moins afficher Ji Hoon aux yeux de tout ce beau monde. Elle se contentait de sourire, répondre poliment et de tenter de faire taire cette petite voix qui lui chuchotent des blagues ou des remarques qu’elle pourrait faire. Elle savait que les rumeurs pouvaient circuler très vite et que certaines, pourraient nuire à son image ou à celle de Ji Hoon. Alors plutôt que de parler trop dans le risque de faire une boulette, elle préférait se taire.

Son verre entre ses mains, elle sourit à la jeune femme qui après les banalités des présentations, semblait vouloir lui présenter sa main avant de la reprendre maladroitement. Un brin gênée de ne pas avoir pris cette initiative et craignant d’être vue comme quelqu’un de froide et de hautain, elle lançait un petit regard à Ji Hoon comme si cela allait lui venir en aide. Elle reporte très vite son attention sur la jeune femme  qui lui déclare que Ji Hoon lui avait dit beaucoup de bien d’elle. Elle haussait un sourcil un peu étonnée, un peu curieuse, en lui offrant un nouveau sourire. « Vraiment ? » Elle tournait ensuite les yeux vers son fiancé comme pour avoir sa confirmation. Qu’est-ce qu’il lui avait dit ? Etait-ce vraiment ? Evite-t-il vraiment de raconter aux autres combiens elle peut être chiante ? Après s’être tu pendant bien trop longtemps, l’attention se reportait sur lui. « Pourquoi ? » Bien sûr qu’elle savait qu’il n’en avait pas vraiment envie ou du moins, qu’il n’en a plus le cran. Pourtant, la jeune femme voulait l’inciter à le faire. Ce n’est parce qu’il ne fait plus partie de cette école qu’il n’était plus talentueux ou quoi que ce soit. Elle avait prit son violon dans la voiture, anticipant toutes excuses.

La jeune femme se tournait à nouveau vers elle lui posant certainement la question la plus drôle du monde pour tout ceux qui connaissent Joo Hee : est-ce qu’elle est musicienne ? « Oh, non très loin de là même. Je crois que je suis même une sorte de danger public de la musique. Ji Hoon en a souvent fait les frais. » Elle émit un petit rire en se tournant un peu vers lui, repensant à ces fois où elle a essayé de faire le musique. Talent pour le piano : elle a réussi à péter une touche. Talent pour la guitare : Elle a réussi à tuer toutes les cordes. Talent pour la flûte : Son professeur au lycée a fini sourd et dépressif. « Je suis actrice mais il est vrai que j’ai fait un peu de mannequinat. » Reprit-elle plus sérieusement, toujours souriante. Enfin, lorsqu’elle disait un peu, c’est tout de même ce qui a en quelque sorte lancé sa carrière.

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Syu adresse un sourire entendu à Ji Hoon. Pourquoi ta femme a-t-elle l’air si surprise de ces mots ? Pourquoi est-elle surprise d’apprendre que son mari dit du bien d’elle aux autres ? Toute la situation semble légèrement étrange. Ji Hoon a l’air d’avoir avalé un balai et Joo Hee ne cesse de lui jeter des regards nerveux. Tout ça est assez étrange pour la jeune femme qui n’a pas l’habitude d’une telle ambiance guindée. Le petit diablotin sur son épaule lui susurre que ça ne doit pas être la joie à la maison. Elle arrive bien à les imaginer en aristocrates coincés qui n’ont pas de télévision chez eux et passent leurs soirées à lire sur le canapé et à se parler avec un accent pète-sec. Bon, en soi, elle se doute que ce n’est peut-être pas vraiment le genre de Ji Hoon, mais à ce moment-là, c’est l’impression qu’ils donnent tous les deux. Pendant ce temps-là, la blonde les regarde en souriant calmement. Comme avant chaque spectacle, elle se sent comme sur un nuage – ou comme sous crack – et ne ressent plus de stress ni de nervosité. Elle est toujours envahie d’un grand calme avant un spectacle et ne peut jamais s’empêcher de sourire. Elle oscille doucement sur ses jambes.

Seigneur, ce qu’elle est coincée, celle-ci ! s’exclame le diable rouge sur l’épaule de Syu. Tais-toi, arrête de me faire penser du mal des gens. La jeune femme a l’air très gentille mais surtout timide. Presque par réflexe, elle pose une main sur son épaule comme pour en virer le petit diablotin. Ah, j’étais sûre de vous avoir déjà vue quelque part. Je ne me rappelle pas exactement où, mais votre visage m’est familier. En tout cas, je suis ravie de vous connaître enfin. Tu en as de la chance, Jiji. Elle se tourne vers son ami et lui adresse un sourire félin. Cependant, il est légèrement compliqué pour Syu de combler la conversation. Elle ne se souvient pas d’où elle a vu Joo Hee et ne se sent pas particulièrement de lui demander des détails. Un ami m’a souvent dire que je devrais faire du mannequinat, mais honnêtement… Elle sourit et penche la tête. Elle ne se trouve pas particulièrement jolie et ne pense pas avoir assez de formes pour avoir ne serait-ce qu’un peu de succès. Quoi qu’il en soit, peu lui importe, elle a d’autres chats à fouetter en ce moment.

Mais alors, Jiji, tu es sûr de ne pas vouloir jouer ? Tu manques beaucoup, tu sais. La directrice me disait tout à l’heure que certains tableaux ne sont plus les mêmes sans toi. Même à moi, tu manques ! Je danse déjà comme un pied, au moins ça avait l’air plus joli avec toi. L’air de rien, elle s’est mise à le regarder avec ses fameux yeux de Bambi, comme l’implorant de faire son retour avec eux.

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Le malaise était palpable. Nous étions tous les trois en train de nous forcer à parler, à faire la conversation. J'étais persuadé que dans une autre situation, bien loin de ce gratin mondain, nous serions bien plus à l'aise. Je pouvais comprendre, je devais avouer que toutes ces personnes qui nous entouraient m'intimidaient aussi. Ils avaient tous de l'expérience, exerçaient une grande influence sur le conservatoire et l'école de danse. Nous n'étions que les produits de leurs financements et enseignements. Des jeunes quoi. Même Syu qui était un peu plus âgée que Joo Hee ou moi devait sûrement se sentir minuscule autour d'eux. Je n'étais pas à l'aise, c'était grisant, et mes sourires étaient plus forcés qu'autre chose. Je me collai un peu plus contre Joo Hee pour sentir le soutien de ma fiancée au maximum, ceci avant de vider mon verre de ponche d'une traite tandis que les deux femmes conversaient. Peut-être qu'en me saoulant, j'allais pouvoir décompresser ? Oui, je le savais, c'était une mauvaise idée.

Les commentaires sur le violon reprirent de plus belle. Décidément, Syu était têtue comme une mule ! Et sachant que Joo Hee l'était aussi, si ce n'était plus, si jamais elle décidait de faire preuve de solidarité féminine, j'allais avoir deux lionnes contre moi. C'était difficile de dire non quand on insistait tant. J'étouffai un rire nerveux en passant ma main sur ma nuque, très perturbé par les propos de Syu. « Oh voyons, il y a des jeunes violonistes bien plus talentueux que moi. » fis-je timidement à mon aînée avant de reporter mon attention sur Joo Hee. Je la suppliais du regard d'être de mon côté. Je n'avais pas envie de me reproduire en public, sur la scène, le violon à la main. Car oui, j'étais désormais sûr que mon instrument se trouvait dans le coffre de la voiture. Décidément, ma fiancée ferait tout pour me contrarier. Le faisait-elle exprès ? Allez, je devais me persuader du contraire. Je pris une grande inspiration et pris la main de Syu pour la tapoter, essayant de la caresser dans le sens du poil, au sens figuré du terme évidemment. « Tu es une danseuse très talentueuse, Syu. Tu n'as pas besoin de moi pour briller, tu rayonnes déjà. » Je finis même par lâcher sa main et approcher Joo Hee vers elle, pour qu'elles soient côte à côte. « Je vois deux magnifiques jeunes femmes devant moi. C'est suffisant, n'est-ce pas ? » Elles devaient dire oui et ne pas insister. Pitié, pitié. Il en valait de ma santé mentale là, j'avais l'impression de lutter contre ma propre incapacité.