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    :: Défouloir :: 2016

Touch ☽ jaykyu

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Touch ☽ jaykyu | Ven 21 Oct - 19:38
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- J A Y K Y U -






C'est avant tout un désagréable mal de tête qui a sorti le gosse de son sommeil. La sensation d'être sous un marteau qui frappe sans cesse son crâne, prêt à le briser. Il a alors ouvert ses yeux collés par l'humidité d'une fatigue constante pour les refermer tout aussi vite, agressés par la lumière pourtant faible de sa lampe de chevet toujours allumée. Et tout s'est enchaîné rapidement, trop rapidement. Son rythme cardiaque s'est brusquement accéléré, s'est saccadé, l'a poussé à respirer trop fort, si fort que son angoisse s'est à son tour déclarée. Alors il a gardé les yeux fermés Kyu, il a tenté d'appliquer les exercices qu'il connaît par coeur visant à calmer ses craintes, à contrôler son souffle, ses émotions, ses crises. Mais cette fois-ci ça n'a pas fonctionné, ça refuse de marcher. Son palpitant cogne si fort contre sa cage thoracique qu'il lui fait mal. Il a froid. Son corps est secoué par des tremblements, ses dents claquent et pourtant il la sent, la pellicule de sueur qui commence à coller ses vêtements et ses cheveux à sa peau. L'enfant se recroqueville sur lui-même, appuie son poing contre sa poitrine dans une vaine tentative d'ordonner à tout son organisme de se calmer, de cesser cette tempête, mais rien n'y fait. Son sang brûle sous sa peau, pulse contre ses tempes, dans son cou, à ses poignets. Comme une rivière d'aiguilles qui coule tout le long de son corps. Comme une flamme qui suivrait une mèche. Une plainte lui échappe, d'autres suivent. Il a mal, si mal. Ses lèvres entrouvertes peinent à happer de l'air, ses poings crispés serrent les draps à la recherche d'une présence, de quelque chose qui le raccrocherait au monde réel l'empêcherait de dériver, de s'abandonner à toute cette douleur qui s'acharne, s'applique à le torturer, à rendre chaque mouvement, chaque gonflement de ses poumons douloureux.

Il ouvre finalement les yeux, fait face à un monde flou, qui tangue comme le mouvement des vagues qui fait onduler l'océan. Il tente de se relever, une fois. N'y parvient pas. Une seconde. Cette fois-ci il réussit à se redresser mais s'écroule l'instant suivant sur son matelas qui semble plus dur qu'un mur bétonné en cet instant. Le malade gémit, torturé par ses muscles si crispés qu'il a l'impression qu'ils se déchirent, broient ses os. Comme si un quelconque démon avait drainé toute son énergie, ne l'avait laissé qu'avec un poison brûlant qui le consume et le dévore. Cependant il tente encore, son instinct de survie laisse sa douleur de côté, prend le dessus pour l'aider à se redresser. Il chancelle, s'appuie contre le mur, se traîne jusqu'à sa salle de bains. Il n'a pas mis longtemps à comprendre Kyu. Ce qu'il est en train de vivre, c'est le manque. Il a besoin de ses pilules, de ses flacons nacrés. Ses jambes trop fines menacent de le laisser s'écrouler, ses doigts trop osseux se crispent autour du lavabo pour le maintenir debout, pendant que l'autre main tire nerveusement chaque tiroir, chaque placard, secoue tout, fait tomber tout ce qui lui est inutile, dans l'espoir de trouver la petite boite le sauverait. Et un sanglot lui échappe lorsqu'il constate que rien ici ne peut calmer son état. Ses dernières forces l'abandonnent et sa carcasse cogne le carrelage froid du sol duquel il ne tente même pas de se relever. Seuls quelques soubresauts secouent ses membres, et son visage humide s'agite au rythme de son chagrin, de ses plaintes qui s'accentuent tant la douleur devient insupportable. Et l'urgence subite d'une nausée incontrôlable lui permet de se tourner au dernier moment face à la cuvette dans laquelle il vomit tout le mal qui brûle sa trachée de son passage. Le dos de sa main essuie faiblement ses lippes tremblantes et il replie alors ses genoux contre son torse, agonise lentement. Ses ongles percent la chair de ses paumes, quelques perles transparentes coulent de ses tempes, s'emmêlent avec ses larmes désordonnées. Et il a peur.
Si peur.
Et il a mal.
Tellement, tellement mal.
Il fouille alors maladroitement ses poches, sort de l'une d'entre elles son téléphone, peine à trouver le bon numéro de sa vue rendue floue et colle finalement l'appareil à son oreille. Meurt un peu plus à chaque bip sans réponse. Revit un peu lorsqu'une voix les remplace. Et il peine à articuler Kyu, sa respiration trop irrégulière rend sa gorge douloureuse, ses tremblements crispent sa mâchoire. « Jay.. Appart.. s'il te plait » et de nouveau de la bile acide remonte son œsophage, termine son voyage dans la cuvette et le drogué oublie son téléphone, oublie tout le reste. Il s'abandonne à cette douleur qui le plaque au sol, qui, selon son raisonnement influencé par son état, va le tuer. Il lui faut ses pilules. Qu'importe si elles le détruisent, elles ont le mérite de le maintenir en vie.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Sam 22 Oct - 1:11
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Allongé dans son lit, fuyant Morphée et ses bras-réconfort, le gamin peine à maintenir les yeux ouverts. Les paupières se lèvent et s’abaissent à un rythme irrégulier, puis s’ouvrent sur les prunelles terrorisées de celui qui part alors en quête de cette petite chose, de ce point lumineux. Yeux écorchés à force de fixer l’écran éblouissant. Mais ce sourire, qui fleurit lentement sur ses lèvres, gagne ses iris quand les quelques mots s’affichent. Et il roule, le gosse, attrape l’appareil pour taper de ses doigts fébriles, impatients, alors qu’un léger rire s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Insouciant, insoucieux, ignorant du monde qui l’entoure, des respirations qui résonnent entre les quatre murs de la chambre. Mais il est pas dans sa chambre, Jay, il est plus dans sa chambre. Il est là-bas, là-haut, très haut, sur son nuage, le nuage de ses rêveries enfantines, le nuage de ses plaisirs naïfs. Sa tête vient lentement rejoindre l’oreiller, ses lèvres esquissent un sourire aussi furtif que léger, alors qu’il baisse les armes, abandonne le combat. Et le sommeil tombe sur ses membres fourbus avec la douceur d’une couverture, tandis qu’il plonge dans son monde à lui.
Et il vole et virevolte, au grès des courants, au grès de ses envies, rayonnants, lumineux, heureux. Et ses doigts vifs viennent effleurer les étoiles, jouer avec les planètes. Et il rigole, laisse éclater son hilarité, qui résonne sans fin dans l’immensité de l’espace. Un rire qui lentement se transforme, devient vibrations, agite son corps d’une multitude de secousses. Secousses qui s’accélèrent, gagnent en ampleur, deviennent violences, alors qu’il se redresse brusquement. Rêve interrompu trop tôt, gamin désorienté qui retrouve brutalement la terre ferme. Sa main hésitante tâtonne, parvient jusqu’à son oreiller où luit faiblement la forme échouée de son appareil, qu’il ramène à lui. Pas encore totalement réveillé, les paupières fermées, prêt à replonger dans la douceur de ses songes, il se fige pourtant soudainement quand cette voix qu’il connaît si bien, dont il pourrait retracer la moindre des intonations, retentit à l’autre bout du fil. Le souffle lui manque, le cœur rate un battement, puis reprend sa course effrénée alors que le gamin jaillit de son lit, sans réfléchir, sans attendre. Pull ramassé à l’aveugle, enfilé nonchalamment au-dessus de son torse dénudé, de son bas de pyjama. Et sans s’arrêter, il atteint la porte, qu’il pousse un peu trop brutalement, cogne un peu trop bruyamment. Armé de son seul téléphone, il se fraye un chemin dans l’obscurité, parmi ces couloirs qu’il connaît si bien, qui lui semblent pourtant si hostiles en cette nuit où son cœur bat si vite, si fort, comme s’il voulait s’échapper, comme s’il voulait le rejoindre – lui.
Ses pas prennent instinctivement le chemin de l’appartement, ses jambes parcourant à un rythme effréné ce trajet qu’il se revoit faire, en une autre journée, et d’un pas beaucoup plus calme, aux côtés de celui vers qui vont toutes ses pensées. Et il regrette de ne pouvoir aller plus vite, maudit ce corps bien trop lent, bien trop faible, alors que ses membres commencent à renâcler, refusant de garder cette cadence qui les affaiblit, les détruits. Mais il continue, pourtant, cesse d’écouter les récriminations désespérées de son corps malmené. Et il a peur, le gamin, terrorisé par son impuissance, terrorisé par sa peur – sa peur pour lui, sa peur de lui, sa peur de l’inconnu, et de cette voix si désespérée qui résonne encore dans sa tête. Alors il pousse une dernière fois, puise dans ses réserves, dans l’adrénaline qui coule à flot dans ses veines, parcourt son être tout entier.
Et son bras se lève difficilement, ses doigts tapent le code qu’ils ont appris par cœur, par l’entrainement, par la répétition, lui si soucieux de ne pas oublier ces quelques chiffres. L’escalier lui paraît interminable, alors qu’il gravit les marches sans les voir, sans les sentir, dans un état second, oublieux de tout si ce n’est son objectif. Qu’il atteint rapidement, dans cette petite clé, astucieusement cachée, si vite extirpée, qui trouve immédiatement le chemin de la serrure et s’y engouffre. La porte s’entrouvre, laisse émerger le gamin qui se rue à l’intérieur, appelle, tente d’écouter, les oreilles peuplées de son souffle rauque. Ses pas le guident jusqu’à la salle de bain, son regard se pose sur la silhouette prostrée, qui lui tire un gémissement. Et ses muscles abandonnent, le déposent aux côtés de cette forme souffrante. « Kyu ? » Guère plus qu’un murmure, qui retentit dans la pièce hantée par leurs respirations laborieuses. « Il… se… passe quoi… Kyu ? » Et la question fuse entre ses lèvres, alors que la simple idée d’une réponse le terrorise au plus haut point. Il sait pas à quoi s’attendre, le gosse, et c’est ce qui le cloue sur place, c’est ce qui fait briller ses prunelles, alors que son bras tremblant se tend, cherchant le contact, cherchant le réconfort. Et ses yeux ne quittent pas ce visage, qu’il connaît si bien, reconnaît pourtant à peine, sous cet éclairage, sous cette expression. « Kyu ? » Pas plus qu’un filet de voix, qui s’échappe de sa gorge desséchée. Et il ne parvient toujours pas à calmer les battements effrénés de son cœur, de ce cœur qui aimerait s’échapper, qui aimerait s’envoler, rejoindre son jumeau.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Sam 22 Oct - 1:13
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On lui avait dit pourtant, que ce ne serait pas simple mais douloureux, il avait espéré cependant, que tout se passerait bien. Gamin désespéré mais débordant malgré tout de vains espoirs naïfs. Il n'a jamais été fort Kyu, mais l'a souhaité avec tant de ferveur qu'une part de lui a osé y croire un instant, celui de trop. La chute est brutale, la descente se fait torture pour l'enfant qui se retrouve impuissant face à lui-même, désarmé dans ce combat contre son propre corps animé par ce besoin viscéral, ce manque brûlant. Il est dépassé le môme, enseveli sous l'ouragan qui s'est installé, l'a pris au dépourvu comme un cobra enroulé autour de sa proie qu'il laisse suffoquer jusqu'à frémir de son dernier souffle. Et toute notion de réel l'a abandonné à son sort, l'a laissé dans un monde parallèle où rien n'existe, comme une dimension dont le vide crée l'écho de ses douleurs, les amplifie. L'irrégularité de son rythme cardiaque est ce qui l'inquiète le plus, augmente sa panique qui à son tour détériore le travail de son organe vital. Ses oreilles sifflent comme s'il avait été trop près d'une explosion, et que le souffle avait consumé ses tympans, ses iris brûlent, sont incapables de s'ancrer quelque part, comme un objectif qui peine à faire une mise au point, rend tout flou en formes abstraites colorées. Trop vives, surexposées. Alors ses paupières restent soigneusement closes dans cette pièce plongée dans le noir, à l'opposé de ses lippes ouvertes dans un espoir désespéré de parvenir à happer l'air nécessaire pour gonfler ses poumons. Ses doigts si crispés que leurs jointures sont rendues blanches s'accrochent aux manches de son pull, froissent le tissu entre eux, tremblent comme le reste de son corps.

Il a froid Kyu, mais il meurt de chaud, sa peau recouverte d'une couche humide rafraîchie par l'air frais de son appartement mal isolé. Et il oublie tout, comme s'il ne restait plus que la douleur, plus que ses supplications muettes de voir arriver les flacons qui calmeront son état. Le peu de lucidité qui avait alors survécu jusqu'à là s'est envolé avec ses mots envoyés à l'appareil lorsqu'il est parvenu à puiser dans sa mémoire le fait que son Soleil soit le seul en mesure de l'aider. Alors il attend. Et chaque seconde est pire que la précédente, plus douce cependant que celle à venir. Son corps lui hurle son besoin de pilules, du liquide nacré qui paralyse sa douleur et calme ses maux. Il veut tout abandonner, effacer de sa vie ce jour où il a décidé d'arrêter sa prise excessive quitte à être dépendant jusqu'à la fin. Il le sait de toute façon, les médecins lui ont menti, il ne pourra plus s'en passer, sa tentative bien que respectable reste vouée à l'échec. Et il la maudit une énième fois, Kyu, sa maladie qui rend tout si compliqué, si fragile. Il déteste ce qu'elle implique, ce qu'elle oblige, interdit. Il se déteste d'être né avec ce gêne défectueux qui ne pourra jamais guérir, qu'aucun réel remède ne peut éradiquer. Mais tout ça le dépasse bien trop pour le moment, l'enfant si focalisé sur sa douleur qu'il n'entend pas la porte s'ouvrir, la voix s'élever dans l'air chargé  de son souffle erratique . Il ne voit pas l'ombre ni les jambes face à lui, n'aperçoit pas la silhouette abaissée à sa hauteur, ses paupières fermées avec force l'en empêchent. Il ne sent même pas la présence, ne réagit pas lorsque son nom résonne dans la pièce, à dire vrai il a l'impression de délirer, que cette voix n'existe que dans sa tête.

Ce n'est que lorsqu'une main alors étrangère le frôle que son corps sursaute, que ses yeux s'ouvrent brusquement mais ne lui permettent de ne distinguer qu'une vague forme humaine que seul son flair parvient à reconnaître. La fragrance chaude de son Soleil. Il est venu. Alors il bascule précipitamment en avant Kyu, capture cette main tendue, geint lorsqu'il la sent vide, et les siennes fouillent ce corps face à lui, secouent les tissus qui le recouvrent. « Sont où ? » Il n'est pas lui-même le gamin, animé par son manque avide qui contrôle ses gestes, ses mots, même ses pensées. « Jay mes pilules ! J'en ai besoin ! » sa panique s'accroît lorsque sa fouille ne mène à rien, qu'il ne trouve aucune boite et ses plaintes désespérées, teintées d'impatiences sont déformées par ses sanglots qui ont repris derechef. Ses gestes perdent en précision, il supplie comme une litanie, implore son aîné, cogne trop faiblement son torse d'un poing fatigué pendant que l'autre main s'accroche à son pull. Il ne comprend pas pourquoi son Jay ne lui donne pas ses flacons, pourquoi il le laisse ainsi souffrir, en vient même à se demander s'il n'est pas comme ces foutus médecins, à vouloir seulement le voir se consumer. Et il perd espoir Kyu, appuie sa tête contre ce torse chaud, ses mains toujours agrippées au pull qu'il inonde sans s'en soucier. « S'te plait Jay, j't'en supplie.. j'peux pas y arriver, j'en ai besoin , rend les moi maintenant.. » Et il se souvient alors, du jour où il lui as confié tout son traitement, insistant bien sur le fait que jamais il ne devait le laisser en prendre plus, même s'il le suppliait. Mais ce soir il a besoin qu'il cède. « Jay donne les ! »

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Re: Touch ☽ jaykyu | Dim 23 Oct - 22:04
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Et il avance sans vraiment avoir conscience de l’endroit où il se trouve, Jay. Il traverse l’appartement plongé dans le noir, tâtonnant, appelant, cherchant. Son regard perdu, son regard terrorisé fouille les lieux déserts, jusqu’à finalement se poser sur la forme prostrée sur le sol de la salle de bain. Et il la reconnait immédiatement, cette forme, qui pourtant ne ressemble plus à ce qu’il a connu, qui pourtant lui fait peur, l’espace d’une poignée de secondes, avant qu’il ne s’effondre à ses côtés. Il est paniqué, Jay, terrorisé par cette silhouette immobile, qui ne répond pas à ses appels désespérés, qui pour la première fois de sa vie, l'ignore lui, comme s'il ne le voyait pas, comme s'il n'existait pas. Et sa voix claque bien trop faiblement dans le silence de la pièce et il attend une réponse qui tarde trop à venir – une réponse qui ne vient pas. Alors il insiste, tend la main, espère. Alors il insiste, tend la main, prie pour un mouvement, prie pour un contact, pour retrouver cette chaleur, retrouver sa chaleur. Et se persuader qu’il est encore en vie. Que cette respiration qu’il entend, c’est la sienne à lui. Ses yeux écorchés fouillent l’obscurité, le cherchent lui, cherchent dans ses traits une preuve qu’il va bien, une preuve que c’est rien.

Il voulait qu’il bouge, Jay. Mais il avait pas prévu ça, il avait pas anticipé ça. Et son cœur bondit dans sa poitrine quand il sent une main comprimer la sienne – un bondissement de joie qui ne dure pas longtemps, s’interrompt brutalement quand il entend la question, quand il le sent fouiller ses vêtements. Et il comprend pas, Jay. Au début il comprend pas. Et puis ensuite il refuse de comprendre. Il secoue la tête, impuissant. « Quoi ? Tu… tu veux quoi ? » Et il sait Jay, oh oui, il sait, même s’il veut pas, même s’il veut continuer à ignorer, même s’il veut continuer à nier. Son corps tremblants perçoit chaque coup, et les soubresauts s’intensifie, sous les attaques de ses mains rageuses, pourtant si faibles. Mais il se laisse faire vaillamment, les bras ballants. Il abandonne, Jay, il abandonne, déclare forfait, parce qu’il a jamais voulu lutter de toute manière, parce qu’il veut juste attendre, attendre que la tempête passe, attendre de pouvoir le reprendre dans ses bras. Alors en attendant, il essaye, tente désespérément de ne pas se laisser atteindre par la voix, par les mots qui jaillissent, heurtent ses oreilles – il le sait, que Kyu le pense pas vraiment, il le sait qu’il y a quelque chose qui cloche, que ça doit être une crise comme il l’a vu sur internet. Il le sait oui. Pourtant il n'entend que les supplications, ne mémorise que les reproches. Et il s’en veut. Et son cœur se serre. Et ses yeux embués laissent échapper une larme, qui roule sur sa peau, atteint son cou, sans qu’il ne cherche même à l’arrêter. « Je… je peux pas Kyu. Je peux pas. Je… je les ai pas. » Et il aurait dû y penser, regrette de ne pas l’avoir prévu. Il visualise les flacons, précieusement déposés dans son tiroir et se maudit de ne pas avoir pris le temps de les récupérer, se maudit de ne pas avoir imaginé la scène. Parce qu’il aurait tout fait, Jay, tout pour qu’il se calme. Il aurait tout fait, Jay, tout pour qu’il arrête. Parce qu'il supporte pas de le voir comme ça, parce qu'il supporte pas cette souffrance qu'il ressent dans sa propre chair. « Je suis désolé, je suis désolé, oh Kyu je suis tellement désolé. J’les ai pas. J’suis désolé, désolé, désolé, me déteste pas. » Et il tremble, Jay, et il a peur, Jay. Peur que tout ce qu’il a pu dire, lui, ne se révèle juste. Peur que celui à qui il tient plus que tout, ne se retourne contre lui, ne cesse de l’aimer. Peur qu’il ne le voit que comme il est réellement – incapable de prendre soin de lui, incapable de lui ramener cette délivrance qu’il cherche si fort, incapable de faire taire la douleur qui pulse dans sa voix. Incapable de le guérir. Et il sait, Jay, il sait que c’est mieux comme ça, il sait qu’il aurait pas dû lui donner ses pilules. Il sait qu’il a pas le droit. Parce qu’elle résonne encore à ses oreilles, cette promesse qu’il lui a faite, cette promesse si sincère, prononcée de toute la force de son cœur. Et quand il l’a dite, il y croyait, fermement. Il aurait été prêt à tout pour la respecter. Prêt à tout, oui, mais pas à ça. Certainement pas à ça. Et devant le désespoir de Kyu, il perd pied. Et devant sa propre terreur, il parvient plus à lutter. Alors, tête basse, il les lâche ces quelques mots qui lui arrachent le cœur, scellent la rupture de sa parole. « Tu veux… que j’aille les chercher? » Et il pense plus à rien – plus à rien à part l’être qui lui fait face. Promesse sitôt oubliée, abandonnée, piétinée, par celui qui préfère se faire menteur et traître, plutôt que de se faire haïr.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Dim 20 Nov - 18:56
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C'est comme un venin. Un poison qui glisse dans ses veines, si épais et brûlant qu'il le sent même se répandre dans tout son organisme. Et la douleur ne cesse de croître, trempe sa peau d'une pellicule de sueur, fait trembler ses membres. Il a l'impression qu'il va mourir Kyu (l'impression qu'il survivra pas) tant ses forces s'affaiblissent, ses sens lui font défaut, il ne ressent rien d'autre que le mal qui le dévore. Il n'est plus conscient de rien, ni du froid, ni de la chaleur. Ni de ses plaintes qui résonnent contre le carrelage de la pièce, ni du son erratique de sa respiration si laborieuse. Tout ce qu'il sait c'est qu'il souffre, plus qu'il n'a jamais souffert. Plus fort que toutes les fois où il s'est fait tabasser, plus fort qu'avec son premier client, plus fort encore que lorsqu'il a failli mourir. Et il veut tout abandonner Kyu, ne plus jamais se priver de ses pilules, malgré le risque d'overdose, malgré la dépendance qui ne fera que s'aggraver. Parce que là douleur qu'il ressent là tout de suite, ça dépasse tout. C'est insupportable, ça pulse dans ses veines et résonne dans sa tête comme on sonne le gong et ce même s'il se replie sur lui même et presse ses mains tremblantes contre ses oreilles, même s'il crie pour couvrir ce sifflement infernal qui le maintient bloqué au sol. Pas un seul instant il n'avait imaginé que le manque aurait un tel effet sur son organisme trop dépendant, auquel cas sa peur l'aurait probablement empêché même d'essayer de se détacher de ces médicaments devenus drogue. Il n'est pas prêt Kyu, pas prêt pour pouvoir vivre sans (pas prêt pour vivre, pas prêt pour mourir non plus cependant). Plus rien n'existe, seule la douleur est réelle. Il n'arrive pas à penser à autre chose, est incapable de même tenter de calmer sa crise, inapte à focaliser son esprit sur quelque chose de plus stable, d'apaisant. Il se dit seulement qu'il a mal (mal à en crever), qu'il va pas s'en sortir.

Mais il n'arrive même plus à avoir peur, même plus à se demander qui retrouvera sa carcasse sans vie, il ne pense pas à ce qu'il aurait aimé faire avant de mourir, à ce qu'il aurait voulu dire. Il a oublié les visages habituellement capables de l'apaiser, se souvient à peine de leurs noms comme d'une notion abstraite. Alors il peine à réaliser qu'il est là, que Jay est là. Il reconnait pourtant sa voix, son parfum, sa chaleur, mais n'arrive pas à vraiment ressentir sa présence. Comme s'il n'était que le fruit de son imagination désespérée, de ses hallucinations meurtrières. Il est convaincu que ce n'est pas lui, qu'il n'est pas là. Parce que quand il est là son Soleil, tout va bien, quand il est là tout le mal s'en va. Mais pas aujourd'hui, pas maintenant. Il ne fait que gagner du terrain, rend chaque seconde plus douloureuse que la précédente, plus douce que la suivante. Et sa peur monte crescendo, quand il réalise qu'il n'est pas encore à l'apogée de sa souffrance, qu'elle continue d'augmenter (il ne sait pas jusqu'où elle ira, il ne sait pas s'il la supportera). Sa gorge brûle, attaquée par sa respiration rauque si irrégulière qu'elle crée des fourmillements dans ses mains, trempe plus encore sa peau. Il ne pense plus qu'à ses pilules, plus qu'à ses flacons qui sont les seuls à pouvoir éteindre l'incendie qui le ravage de l'intérieur. Il en a besoin, plus que tout. Et le seul lien qu'il parvient à faire, la seule réflexion qui réussit à se frayer un chemin dans son esprit envahi est qu'il ne les as pas, qu'ils ne sont pas ici. Que Jay en est le gardien. Et il comprend pas Kyu, est totalement déstabilisé par son absence de réaction, par le fait qu'il ne lui ait pas déjà tendu ses précieuses boites s'il est vraiment là. Alors il supplie le gamin, il ordonne aussi, sans vraiment entendre les réponses (sans vouloir les entendre). Il refuse de l'écouter, accepter le fait qu'il ne les auras pas, qu'il ne les a pas amenées. Il a mal, si mal lorsque son esprit contaminé fais de lui-même des déductions si douloureuses, lorsqu'il lui répète que Jay est comme les autres, qu'il veut juste le voir souffrir, agoniser (mourir).

Son visage appuyée contre l'épaule du plus grand trempe son haut de ses larmes, de sa sueur, ses poings trop épuisés cessent les coups faibles pour s'accrocher rageusement au tissu froissé. Et il l'entend finalement, la question. Celle qui espérait sans doute, celle qu'il aurait probablement posé lui-même tôt ou tard. Pourtant la réponse se veut contradictoire, tranchante, d'un « Non ! » presque crié. Et il s'accroche plus fort encore, se serre contre lui. Il les veux le môme, ses pilules, mais veut plus encore ne pas rester seul. Et si son Jay part, s'il s'en va, Kyu est convaincu qu'il n'y survivra pas, qu'à son retour il sera trop tard, qu'il aura claqué là, qu'il aura claqué seul. Et ses sanglots redoublent d'intensité lorsqu'il s'accroche si désespérément à lui pour le supplier de rester, de ne pas le lâcher, de ne pas briser le seul lien qu'il a avec le monde réel duquel son angoisse l'éloigne de plus en plus. Il a besoin de ce contact, que jamais il ne le lâche, qu'il ne le laisse pas se faire engloutir par ses démons. Et il se moque du reste, se fiche de ses pilules même s'il crève d'envie d'ingurgiter tout le contenu de son flacon. Il presse son corps avec toute la force qu'il lui reste contre celui plus chaud du roux, laisse aller son chagrin qui ne cesse de croître qu'après de longues minutes, avant de finalement être de moins en moins fort tant l'énergie lui manque. Sa respiration reste cependant saccadée, bruyante, son corps est secoué de quelques spasmes causés par les sanglots bloqués dans sa gorge, les doigts restent accrochés à son haut et ses paupières sont à demi closes. Il n'a pas réellement moins mal Kyu, il est juste drainé de toute sa force, vidé de toutes ses larmes.
Épuisé.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Jeu 24 Nov - 0:07
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Il a pas tout compris, Jay. Pas vraiment, en tout cas. Pas à ce point-là, certainement. Il se rappelle de ce jour où Kyu lui a confié ses pilules, des mises en garde si vite oubliées, effacées, ignorées. Il se rappelle, Jay, mais il ne comprend que maintenant l’importance des ces mots, ne comprend que maintenant la douleur du sevrage. Et devant son Kyu détruit, à peine vivant, à peine conscient, amas de rage et de larmes, il regrette presque. Regrette presque d’avoir dit oui, d’avoir accepté, regrette ces pilules qu’il revoit, planquée dans sa chambre, hors de portée, hors de pensée aussi. Ces pilules à peine récupérées, déjà oubliées. Gamin un peu trop insouciant, un peu trop inconscient, si pressé d'oublier ces maux, objets qu’il sait source de douleur, mais ignore vraiment pourquoi, ignore vraiment comment.

Maintenant il sait. Maintenant il voit. Et il devine aussi pourquoi il voulait pas voir. Et son cœur se brise un peu plus devant ce spectacle, devant cette hargne qui devient larme, devant ces coups qui deviennent étreinte, étreinte désespérée de ce poings qui serre un peu trop fort sûrement. Mais il bouge pas, Jay, peut pas bouger, arrive pas à bouger. Aveuglé par l’obscurité ambiante, aveuglé par les larmes qui peuplent ses yeux, perlent au coin de ses paupières, s’écoulent lentement sur ses joues, traçant un chemin  le long de ses joues, formant une rivière, un torrent. Et pourtant il peut pas, parvient pas à les endiguer, à les calmer, à les effacer. Alors il reste là, sans bouger, sans rien dire. Mais il reste là. Pour lui, pour eux. Parce qu’il peut pas partir, non plus. Ne sait même pas s’il parviendrait à se lever, ne sait même pas s’il parviendrait à s’éloigner de lui. Alors lentement ses bras se referment autour du corps maintenant inerte, à peine secoué par quelques sanglots. Et doucement sa main caresse le dos tremblant, ses doigts hésitants frôlant le tissu bien trop rugueux, en une tentative de réconfort. « Ça va aller… » Mots chuchotés, manquants bien trop de conviction. Il n’y croit pas lui-même, sait que Kyu ne fera pas cette erreur non plus. Mais il essaie quand même. Il essaie parce que c’est tout ce qu’il peut faire, essaie parce que c’est tout ce qu’il sait faire. « Ça va aller, j’suis là, ça va aller, ça… je… j’te jure. J’suis là. Ça va aller. » Il répète en boucle le même refrain, se reproche sa faiblesse, sa voix bien trop fragile, les trémolos, témoins de ses larmes, de ses sanglots à peine masqués, même pas vraiment dissimulés. Ses dents rageuses viennent attraper sa lippe, la mordre brusquement, sauvagement, alors qu’il resserre son étreinte, le presse un peu plus contre lui. Comme si à force, il  finirait par intégrer sa douleur, par l’absorber, enfin lui accorder la paix à lui, lui qui la mérite tant, lui qui ne l’a jamais connue.

Mais malgré ses efforts, il y arrive pas.
Malgré ses efforts, il y arrivera jamais.

Il le sait, Jay, qu’il est pas un faiseur de miracles, qu’il parviendra pas à endiguer la souffrance. Mais il essaie quand même, parce qu’il veut, parce qu’il peut pas faire autrement. Instinctivement, sans vraiment réfléchir, sans vraiment anticiper, sa main glisse, rejoint le visage humide, essuie quelques gouttes salées, sans réussir à effacer toutes les traces. Sans vraiment essayer, à vrai dire. Juste pour lui montrer qu’il part pas, juste pour lui faire sentir qu’il est là – pour toujours. Sa deuxième main vient s’insérer dans les mèches collées à son épaule, caresser ces cheveux en un geste de réconfort, si souvent adopté, presque mécanique maintenant. « Kyu je… je… ça va aller… hein ? Je suis désolé… tellement désolé… » Désolé de pas pouvoir t’aider, désolé de ne pouvoir rien faire, désolé d’être toujours aussi inutile. Il prend une inspiration, laborieusement, difficilement, laisse l’air s’éjecter de ses poumons, souffle comme s’il rejetait son âme, comme s’il essayait d’éloigner la peine – sans succès. « Mais j’vais… j’vais… j’vais t’aider d’accord ? Et ça va aller. D’accord ? » Voix toujours hésitante, de celui qui a peur au fond, du gamin paniqué à l’idée de le perdre, paniqué à l’idée de le voir dévorer par ses maux. Paniqué de ne pouvoir effacer sa douleur – et effondré en pensant que peut-être, quelqu’un d’autre aurait pu y parvenir. Effondré en pensant que peut-être, lui, aurait dû être à sa place, aurait su réagir à sa place. Mais il se refuse à y croire, se refuse à imaginer, préfère essayer de s’en sortir, préfère essayer de l’aider, seul. Gamin qui veut trop bien faire, mais surtout bien faire pour lui.

Alors lentement il bouge, change de place, se redresse un peu, ses bras enserrant de nouveau Kyu, plaquant son corps frêle, bien trop léger, bien trop lâche, contre le sien. Un corps qui ne résiste pas, probablement trop faible – et ça le tue, de constater ça, ça le tue, de voir ça. Nouvelle inspiration. Profonde expiration. Et il se lève, le soulève doucement, délicatement, le porte à moitié. Ses pieds tâtonnent, ses yeux toujours embués cherchent, guettent, percent suffisamment la pénombre pour trouver enfin. Et il l’entraîne vers le lit, le traîne aussi, le traîne surtout, pour le déposer sur la couette, et se dépêche de le rejoindre, sans le lâcher – jamais. « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, ça va aller, je t’aime. » Comme une litanie, il marmonne ces quelques mots, sans interruption, sans presque reprendre son souffle. Et il pense à rien, Jay, parvient pas à réfléchir, l’esprit trop occupé par ce corps contre le sien, par cette vie à côté de lui, si proche, si loin aussi. Il pense à rien, Jay, mais laisse sa main danses contre sa peau, caresses ses cheveux, sa joue, son cou, son dos.

J’suis là, regarde, j’pars pas, et j’te quitterai pas,
jamais.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Jeu 24 Nov - 17:56
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Touch

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Il n'est plus conscient de rien Kyu, même plus capable de penser, noyé par les torrents de douleur qui claquent comme l'océan contre les rochers. Son corps n'arrive plus à suivre, ne parvient plus à d'adapter au rythme bien trop désordonné, bien trop irrégulier de son coeur. Ses doigts si serrés, étouffant les mailles du pull de son Soleil lui font mal, sont assaillis par les fourmillements témoins de son flux sanguin rendu difficile. Ses yeux fermement clos brûlent, comme si chaque larme qui s'en échappait était une étincelle, une braise encore chaude. Sa gorge prise d'assaut par ses cris, ses plaintes, sa peur, lui donne l'impression d'être ouverte, à vif, déchiquetée. Et le manque d'oxygène dans ses poumons compressés le fait lentement agoniser. Ses facultés à lutter contre l'intensité de sa crise s'amenuisent lorsque cette dernière le prive même de réceptivité sensorielle. Chaque son, allant de ses propres geignements aux mots de son Jay lui semble lointain, étouffé au point qu'il ne les entend presque pas, n'en comprend même pas leur sens. Et même lorsqu'il relève ses paupières dans l'espoir que ses pupilles trop dilatées s'ancrent quelque part, il ne perçoit rien dans la pénombre hormis quelques tâches floues, quelques éclats comme des paillettes de verre causés par son hyperventilation.

C'est à peine s'il sent cette main qui glisse sur son visage, à peine s'il frémit de sentir ces doigts se perdre dans ses cheveux humides, à peine s'il reconnaît la voix de son Soleil tant elle lui semble éloignée. Il est vidé de toute son énergie Kyu, n'est plus rien d'autre qu'une coquille vide, qu'une carcasse creuse à peine secouée par le froid qui s'est engouffré. Son corps endolori, épuisé à cause du mal qui s'est acharné contre lui ne bouge presque plus, comme inanimé avec pour seule source de tension ses mains qui refusent de lâcher le tissu, si crispées dessus que s'en détacher serait douloureux. Il ne réagit plus aux mots, aux caresses, trop épuisé pour ça, trop à bout de forces pour résister lorsqu'il le soulève, lui qui parvient tout juste à maintenir sa tête droite. Il se laisse simplement faire, s'appuie sans doute un peu trop contre ce corps qui est son unique point d'ancrage dans le monde réel, geint un peu lorsqu'il se retrouve allongé sur ce matelas froid, comme pour réclamer le retour de ses bras qui ne tardent pas à l'entourer de nouveau, apaisant au moins un peu sa peur.

Apaisant un peu son coeur.



Et il a mal à la tête Kyu, lorsqu'il ouvre les yeux, que ses paupières collées papillonnent trop de fois pour s'adapter à la lumière du jour, aux rayons qui reposent sur les draps. Et il se rappelle de la veille, le gosse. Se souvient du début de sa crise, du manque trop important. Il se souvient de la douleur, de son appel à l'aide désespéré. Mais il a oublié les cris, les larmes, les étreintes, les mots que son état l'a empêché d'entendre. Il ne se souvient pas d'avoir vu Jay, se demande un instant si sa présence n'était pas qu'une illusion, qu'une hallucination. Pourtant le parfum encore imprégné sur sa propre peau, sur les draps à côté de lui balayent cette hésitation. Et ses yeux encore brûlants se posent alors sur son réveil, constate l'heure tardive de presque début d'après midi. Et ils se posent encore sur le matelas qu'il est le seul à occuper. Il est parti, Jay. Mais il peut pas lui en vouloir, jamais, certainement pas pour ça. Alors il reste encore quelques secondes infinies sans bouger, se décide finalement à se lever, à se traîner jusqu'à la salle de bain après s'être emparé d'un pull trop grand, d'un jean trop abîmé. Et il laisse couler l'eau contre son corps Kyu, comme si son ruissèlement allait effacer ce qui s'est passé. Parce qu'il se revoit convulser, rejeter son mal au dessus de la faïence, et il frotte sa peau comme s'il voulait l'arracher lorsqu'il constate sa pâleur presque translucide. Et il nettoie sa bouche trop sèche, enfile les vêtements sans grande conviction, quitte la pièce en traînant des pieds -encore.

Et il bondit, son coeur, lorsque ses yeux se posent sur la silhouette de son Soleil.
Et il bondit, son corps, lorsqu'il se presse brusquement contre le sien.
Et il bondit, son monde, lorsqu'il plonge sur ses lippes sans hésiter, sans se retenir.

Parce qu'il réalise Kyu, il comprend que Jay est resté avec lui, il comprend que malgré l'enfer qu'il lui a imposé, il n'est pas parti. Il comprend aussi, que sans lui il ignore s'il se serait réveillé. Et il en a marre Kyu, ne supporte plus de devoir lui mentir, de refouler ses sentiments, et quitte à tout perdre, il aura au moins tout essayé. Ses mains trouvent refuge dans son cou, son coeur bute si fort dans sa cage thoracique qu'elle va l'exploser d'un instant à l'autre, alors il se recule, les joues rougies, mais la ferme intention de ne pas se défiler, de ne pas renoncer encore. Plus jamais. De ne plus détourner le regard. Plus jamais. « Écoute Jay je.. ce que je t'ai dit cet été c'était pas une blague.. je t'aime. J’t'aime je suis même amoureux de toi depuis tellement longtemps que j'sais même plus quand ça a commencé et.. j'peux plus te mentir. J'sais que tu dois penser que j'plane et que je dis n'importe quoi mais j'ai jamais été aussi lucide j'te jure, j'ai jamais rien dit parce que.. parc'que j'avais peur de t'perdre et ça, ça j'y survivrais pas. Parce que je t'aime putain. Pas comme un frère ni un meilleur ami, j’t'aime plus que ça. Et j'voudrais… j'voudrais pouvoir t'embrasser quand j'le veux et tu sais j'en ai toujours envie, tout le temps. J'ai b'soin de toi, de tes bras de ta voix de tout. J'veux plus cacher ça, j'y arrive plus, dès que j'te vois j'crève d'envie de te dire que j’t'aime et qu'tu comprennes c'que ça veut dire pour de vrai. Ouais j'sais c'est n'importe quoi, j'sais que je devrais me taire mais j'peux plus. Y'a trop d'choses, trop de fois où j'ai rien dit qui se sont accumulées et l'pire c'est que j'contrôle plus rien, faut qu'ça sorte sinon j'ai l'impression que j'vais exploser. Je t'aime Jay, j'veux rester avec toi pour toujours. » Il respire, juste à peine. « Mais.. mais j'comprendrais si j'te dégoûte, et si tu veux partir j'te forcerais pas à rester, surtout pas après c'que j't'ai fait vivre hier soir, et promis j’t'en voudrais pas alors… alors je sais pas, je.. j'voulais juste que tu l'saches. »

J'veux juste que tu saches que
Je t'aime.

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Re: Touch ☽ jaykyu | Mar 29 Nov - 20:27
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Il a pas dormi de la nuit, Jay. Les yeux écorchés à observer dans la pénombre le corps à ses côtés, le cœur lacéré par les tremblements, les gémissements, et la gorge en lambeau à force de trop parler, de trop supplier. Ses mots ont résonné inlassablement dans le silence de cette pièce bien trop froide, bien trop vide et pourtant peuplée par leurs démons, le spectre de cette nuit mouvementée, des paroles qu’il préférerait oublier, celles qu’il aurait aimé dire, qu’il se retrouve à répéter, encore et encore, à l’être endormi. Il perd vite le fil, cependant, se contente d’enchaîner les idées, mots sans substance alors qu’il ne pense qu’à apaiser au moins pour un instant, le sommeil de celui qu’il aime tant.

Et il sait pas vraiment, Jay, ignore s’il a effectivement fermé les paupières, ignore si le sommeil a fini par le rattraper, ignore combien de temps il a dormi - ignore même s’il a dormi. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il fait déjà jour, quand il se reconnecte avec la réalité. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il fait déjà jour, quand il se détache de l’être en morceau, rejoint rapidement la salle de bain, et finit par s’échouer dans la cuisine. Ses prunelles visitent  un peu les lieux, s’attardent sur les différents meubles, finissent par en accrocher un. Et il s’approche, ouvre les portes, fouille un peu, fouine surtout. Sans vraiment savoir ce qu’il cherche, esprit déconnecté, bien trop épuisé pour fonctionner normalement. C’est pourtant quand il se surprend à fixer pendant de longues minutes un sachet de riz, qu’il finit par secouer la tête, par se réveiller un peu - tenter, en tout cas. Et pendant un instant, il hésite, à sortir, aller acheter quelque chose, pour lui, pour eux. Mais il change bien vite, abandonne l’idée, refuse de s’en aller, de le laisser seul ne serait-ce que quelques instants, que quelques secondes, bien trop longues pour lui qui tremble de ne seulement pouvoir le voir. Alors il repart en quête distraitement, sans vraiment y penser, et ses yeux fatigués fouillent sans vraiment voir, s’attardent sur les produits qu'ils oublient ensuite, en un éclair.

C'est finalement un bruit qui le tire de sa léthargie, en un sursaut de pure surprise. Un corps qui se meut, une porte qui se ferme, et Jay qui reste là, figé sans trop savoir quoi faire, sans trop savoir quoi dire. Et il a envie, Jay, de le rejoindre, lui demander si ça va, le prendre dans ses bras. Et il a envie, Jay, de le rassurer, de lui dire qu'il l'aime, qu'il l'aimera toujours, que tout ça c'est déjà oublié (sauf la peur, encore là, la peur qui partira probablement jamais, torture ses entrailles). Pourtant il fait rien, Jay. Pourtant il bouge pas, se contente d'attendre, dans le brouillard, dans le silence. Il dort debout, Jay, épuisé à cause de cette nuit trop courte (a-t-elle seulement existé?), épuisé à cause de ces sentiments trop forts (beaucoup trop forts), destructeurs. Il dort debout Jay, mais ça l'empêche pas de guetter les bruits de l'autre, cet autre qu'il aime tant, sûrement trop. Cet autre qui revient, qui s'approche, qui le regarde si intensément. Si intensément qu'il se sent mourir, si intensément qu'il se sent vivre. Et il perd les mots, Jay, oublie cette phrase toute prête, qui flirte avec sa langue depuis qu’il s’est levé. Et il perd les mots, Jay, oublie même de respirer, quand les lèvres du plus petit viennent se poser sur les siennes.

Et le temps s’arrête, se fige sur cette instant.
Et plus rien ne bouge, à part le coeur affolé du gamin.

Il comprend pas, Jay, sait pas trop. Alors il bouge pas, n’esquisse pas un mouvement. Mais ça fait mal là-dedans, là, dans sa poitrine. Et ça frissonne, là, plus haut, la peau de son cou qui s’embrase sous le contact de ces doigts avides. Et il sait pas trop, Jay, arrive pas à mettre de mots sur ses émotions, sur ses sentiments. Il sait juste qu’il se sent vide, quand Kyu s’éloigne enfin, il sait juste qu’il se sent seul, quand leurs bouches s’abandonnent. Et il arrive pas à interpréter ça, Jay, ça le dépasse, c’est trop pour lui, bien plus qu’il ne peut en supporter, bien plus que son cerveau n’arrive à accepter. Et pourtant c’est là, dans un coin de sa tête. C’est là, dans un coin de son coeur. Et ça gonfle quand Kyu commence à parler. Ca gonfle encore et encore, ça l’étouffe, il suffoque, ne montre rien - que cette lueur de surprise dans son regard, surprise teintée d’incompréhension. Il entend, Jay, il entend tout, mais il peut pas, est incapable de réagir, pas correctement en tout cas, pas comme il devrait. Alors il laisse le silence, prendre possession des lieux pendant des secondes qui se transforment en minutes, pourraient frôler les heures. « Je… t’es… sérieux ? » Ce sont les seuls mots qui parviennent à percer le barrage de ses lèvres étroitement serrées, une question pas vraiment anodine, dont il veut connaître la réponse, mais hésite aussi. Hésite surtout. « Tu me… tu me dégoûtes pas mais je suis… je suis pas gay, kyu, je… » Non, il est pas gay, le gamin qui rêve de sa princesse, d’un mariage, de joyeux marmots. Non, il est pas gay, Jay, certainement pas. « Je suis pas gay mais… » Il parvient pas à finir sa phrase, poser cette question dont lui seul à la réponse. Il se rappelle de ce baiser volé quelques mois plus tôt, de cette langue qui s’est lentement infiltrée dans sa bouche, de ce contact un peu pressé mais doux et qui pourtant l’a laissé de marbre. Il se rappelle de cet autre baiser, rapide, involontaire, chargé de vapeurs d’alcool, échangé avec cet homme qu’il n’apprécie pas, déteste même. Et puis cette autre fois, et puis celle-là, et puis il comprend pas. Il comprend pas pourquoi ça fait pas pareil, il comprend pas pourquoi son coeur n’a jamais bondit que deux fois à ce contact – et pourquoi toujours avec la même personne.

Il comprend pas, Jay.
Il comprend jamais rien, Jay.

Gamin d’amour, qui s’est forgé auprès des films, à appris à rêver au fil de ces histoires. Gamin d’amour qui n’a jamais vécu, jamais vraiment ressenti, à part avec cette fille, si lointaine, qui faisait voltiger son coeur, trembler sa voix. Il sait c’que c’est, Jay, l’amour tendresse, l’amour caché, l’amour de loin. Mais il sait pas c’que c’est, Jay, l’amour passion, qui tord les tripes, retourne le cerveau. L’amour passion qui provoque des ouragans, bien loin des papillons. L’amour passion qui détruit, qui reconstruit aussi un peu, et qui empêche de réfléchir surtout. Qui l’empêche de réfléchir quand il lève la tête, croise ces yeux si noir, si sombre, dans lesquels il plonge, se noie, se perd – et se retrouve.

Et c’est dans son regard, qu’il abandonne.
Et c’est dans son regard, qu’il s’abandonne.

Son corps se met à trembler, ses mains hésitantes se tendent vers lui. Et il réfléchit plus, Jay, se laisse dicter par l’instinct, l’instinct qui lui hurle qu’il mourra, s’il ne s’approche pas. Alors il s’approche. Alors il pose ses lèvres sur les siennes. Je suis pas gay mais pourquoi j’ai le cœur qui bat si vite, quand t’es si proche de moi ?
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Re: Touch ☽ jaykyu | Dim 4 Déc - 2:01
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Il n'est pas conscient Kyu, pas conscient des événements de la nuit passée. Il tente de se souvenir, ne se rappelle plus que du début cependant. Il n'en est pas à sa première crise d'angoisse le môme, pas même à sa première attaque de panique. Il a aussi déjà ressenti les effets du manque depuis qu'il a décidé de soigner son addiction, mais ceux-ci ne se manifestaient qu'au travers d'un peu de stress, d'irritabilité parfois, rien qu'une hypersensibilité passagère. C'est la première fois que son corps lui demande avec tant de violence sa quantité trop élevée de pilules, la première fois qu'il le fait souffrir à ce point, si fort que son cerveau a décidé de tout effacer de sa mémoire. Il était prévenu, on l'avait prévenu. Ils lui avaient dit que ce ne serait pas facile, que ça ne se ferait pas sans douleur, pas sans un certain temps d'adaptation entre chaque étape. Mais il n'a pas respecté les délais Kyu, son désir d'être libéré de sa dépendance s'est embrasé lorsqu'il a retrouvé son Soleil pour qui il voulait guérir immédiatement, pour ne plus jamais voir l'inquiétude habiter ses pupilles, pour ne plus sentir ses doigts se crisper autour des siens dès que, de sa main libre, il mettait bien trop de cachets entre ses lèvres. Alors il n'a pas suivi le protocole, a totalement arrêté, n'a pas ouvert ses flacons depuis deux jours, sans même prendre sa dose normale, celle destinée à apaiser les effets de sa narcolepsie.

Et son corps bien trop dépendant ne l'a pas supporté, lui a hurlé son besoin de ces drogues légales, a assassiné l'espoir naissant dans son esprit, celui qui lui disait qu'il s'en sortirait, qu'avec sa seule volonté (sa si faible volonté) tout irait bien. Il ne se souvient de rien Kyu, mais il sent encore chacun de ses organes protester, réclamer violemment sa dose dès son réveil. Et il tente pourtant le gamin, fais de son mieux pour se souvenir, noie le trou noir sous le jet d'eau brûlant de la douche, en vain. Il ne lui reste plus que du vide, plus que cette haine envers lui-même, envers sa faiblesse, son addiction, sa maladie. Il ne lui reste plus que ses pensées obscurcies, tourmentées par ce mal qui martèle son crâne, continue de faire trembler ses mains. Et il ne lui reste plus que son Jay pour seul point d'ancrage, focalise son esprit sur lui, lui qui a tant subi, lui qui a tant supporté par sa faute. Il se demande quelle image il peut bien avoir de lui à présent, s'il lui a fait peur, s'il l'a écoeuré. Si il est parti parce qu'il s'est rendu compte qu'on ne peut plus rien pour lui, qu'il doit l'abandonner pour vivre heureux, pour ne plus le laisser l'empoisonner. Et elles sont réduites au silences, ses interrogations dès que son regard se pose sur lui. Et elles sont balayées, ses inquiétudes quand il réalise qu'il a toujours été là, qu'il n'est jamais parti.

Il n'a pas réellement compris ce qui est arrivé ensuite, s'est contenté de ne plus écouter ses pensées qui envahissent continuellement son esprit et le dévorent. Il a décidé d'agir à l'instinct Kyu, d'agir sans penser aux et si, sans imaginer le pire, sans rien imaginer du tout, en fait. Et il n'a pas pu le contenir tout cet excédant d'amour trop longtemps laissé sous silence, n'a pas cherché à le contenir d'ailleurs. Il ne veut plus lui mentir, ne veut plus se taire, étouffer ses sentiments qui l'étouffent en retour. Il veut être sincère avec lui, transparent sur tous les points.

Il veut prendre un risque pour une fois dans sa vie.
Le pire de tous,
celui de le perdre.
Mais il est prêt à essayer, pour lui. Pour eux.

Et chaque instant passé contre ses lippes semble trop court, trop long. Trop réel, trop illusion. Et tout s'enchaine sans même qu'il n'ait le temps de voir le temps passer, le temps s'arrêter. Il oublie de respirer Kyu, se perd sans ses mots, dans ses sentiments, vide chaque parcelle de cet amour trop longtemps caché, lui dévoile tout. Ses désirs, ses besoins, cette sensation d'addiction à lui bien plus forte que celle envers ses pilules. Lui fait part de son envie constante de l'embrasser, de l'avoir à ses côtés, de ne jamais lâcher sa main, de lui hurler qu'il l'aime. Qu'il l'aime à en crever. Qu'il l'aime à en vivre. Que chacune de ses respirations lui crie son amour, que chacun de ses souffles lui est dédié, destiné. C'est au delà de l'amour, il n'est pas qu'amoureux. C'est plus fort que ça, plus fort que tout. C'est une incapacité à vivre autrement, l'unique sentiment qui survit dans sa carcasse, le brasier qui ne cesse de brûler même sous la tempête. Et il ne trouve pas les mots pour réellement l'exprimer, sans doute qu'aucun d'entre eux n'est assez fort, assez représentatif, qu'il n'a pas l'habileté, l'aisance suffisante pour les manier comme il le devrait. Mais c'est pas grave, c'est pas grave. Parce qu'ils n'ont jamais eu besoin de mots pour se comprendre, parce que leurs regards connectés ont créé leur propre langue.

Pourtant il a peur Kyu. Il ne regrette pas, mais redoute malgré tout la réaction de son Soleil. Craint d'avoir définitivement tout gâché, lui qui a réussi à sauver la situation la première fois, quand il ne l'a pas cru. Et il refuse de le perde, sait qu'il n'y survivrait pas, sait aussi que cette éventualité n'est pas à négliger, que Jay l'a toujours vu comme un ami, le meilleur peut-être, mais jamais plus qu'un amour platonique, qu'une amitié forte. Et la peur lui broie le ventre, enserre sa gorge, et ils finissent finalement par se baisser, ses yeux. Il ne sait pas quoi dire, pas quoi faire, voudrait le supplier de dire quelque chose, n'importe quand tant qu'il fait taire le silence, mais les mots restent bloqués, ne parviennent pas à s'échapper de ses lèvres pourtant entrouvertes. Et sa tête se relève brusquement, dès que cette voix qu'il connait par coeur voyage jusqu'à ses oreilles. Son coeur oublie de fonctionner, dès que les mots sont analysés. Ses canines plantent violemment la chair rose de sa lippe inférieure, ses paupières se ferment et il ne parvient qu'à hocher positivement la tête à sa question. Il a mal Kyu, parce que le même schéma se reproduit, parce que c'est comme la dernière fois. Quand il ne le croyait pas, pensait à une plaisanterie. Pourtant aujourd'hui encore c'est sérieux, c'est réel. Et c'est l'ouragan dans sa tête, et c'est la tempête dans son coeur si douloureux qu'il a l'impression d'avoir été poignardé d'une lame de feu. Il ne le dégoûte pas. Il ne le dégoûte pas, mais. Il voudrait lui dire de se taire, pour ne pas devoir entendre de justification, puisque ses espoirs ont été balayés par ce simple mot.

Il le sait pourtant Kyu, le savait, que Jay n'est pas gay. Que Jay il rêve de la famille idéale des romances qu'il regardait tout le temps à la télé. Mais il a espéré. Lui pourtant si négatif habituellement, si pessimiste de nature a espéré. Parce que son Soleil ne l'a pas rejeté, la première fois qu'il l'a embrassé. Parce qu'il est resté à ses côtés malgré les révélations, tout ce qu'il a fait de mal, chacune des horreurs qu'il lui a raconté ce soir là, et aujourd'hui encore, alors qu'il s'est retrouvé face à son addiction. Et il reste figé Kyu, incapable de parler, de bouger, de s'excuser pour ce baiser volé. Il a envie de fuir pourtant (c'est tout ce qu'il sait faire, après tout), mais son corps refuse de se déplacer, commence à trembler un peu, à gorger ses paupières de larmes qu'il retient pourtant, de peur de voir son Jay culpabiliser, de le voir s'en vouloir comme s'il pouvait contrôler ses sentiments. Il veut lui demander pardon, le supplier de ne pas le laisser, qu'il fera tout pour détruire cet amour dont le plus grand ne veut pas, pour que tout redevienne comme avant. Mais il reste immobile, il reste silencieux. Il n'y arrive pas, c'est tout juste s'il réussit à respirer en fait. Alors il refoule ses larmes une fois de plus, relève un peu le regard vers lui pour s'assurer qu'il n'y ait aucun dégoût dans le sien, et ses pupilles se font happer, se verrouillent dans les siennes.

Et la surprise lui fait tout oublier. Il lui faut une petite éternité pour réaliser que c'est du vrai, que c'est réel. Il lui faut plus de temps encore pour pleinement se rendre compte que son Jay n'est pas parti, qu'il s'est même rapproché, rapproché si près que cette fois, ce sont ses lippes maltraitées par ses canines qui reçoivent le baiser, au lieu de le donner. Et il se libère enfin de sa paralysie, se hisse sur la pointe des pieds pour se rapprocher, accrocher désespérément ses bras autour du cou du plus grand, répondre enfin à ses lèvres , laisser quelques larmes rouler sur ses joues sans y accorder d'importance. Plus rien ne compte, plus rien n'existe. C'est juste Jay, lui et Jay. C'est juste eux. Et il recommence enfin à battre, son coeur. Un peu trop vite, un peu trop fort, et on s'en fiche. L'une de ses mains glisse sur sa joue, la caresse lorsqu'il se sépare à regret de sa bouche, redescend de quelques centimètres quand ses talons retrouvent le sol. Et ses iris charbon restent bloquées dans les siennes, rendues brillantes par l'excédant d'eau qui s'accroche à ses cils, trace un sillon sur ses pommettes. Mais ils refont surface, les doutes, ceux qui nouent de nouveau sa gorge. « Jay je... t'as pas à faire ça pour moi. T'as pas... t'as pas à te forcer. J'suis désolé, désolé, je sais que t'es pas gay c'est juste... j'voulais juste arrêter de te mentir sur ce que je ressens, j'veux pas t'obliger à faire ça, j'attendais rien en retour tu sais, j'voulais juste que tu saches la vérité et.. » Et ça le tue, de constater ça, et ça lui fait mal, de réaliser qu'il a une fois de plus volé un baiser qu'il ne mérite pas. « Je t'aime Jay je.. j'peux pas changer ça, j'ai essayé, j'y arrive pas. Et puis, et puis j'veux pas non plus. Alors... alors c'est pas grave te force pas faut pas. On peut juste.. redevenir comme avant, et faire comme si de rien n'était si tu veux, et j'te promet que j'ferai plus jamais ça je.. j'veux juste pas te perdre. »

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Re: Touch ☽ jaykyu | Dim 4 Déc - 19:03
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Il se rappelle, Jay, de ces années de solitude. Il se rappelle, Jay, de ce baiser volé, si court, si rapide (peut-être bien trop rapide). Et il se rappelle, Jay, de ces mois d’absence, d’attente, de ces hésitations, ces doutes, ces incertitudes. Il se rappelle, Jay, avoir cru un instant qu’il reviendrait pas, qu’il le verra plus, que ce sera plus jamais kyu et lui, que ce sera juste kyu, juste lui – lui tout seul. Et il se rappelle surtout des larmes, de la peine, de la douleur, de ce vide dans la poitrine, dans lequel il a été aspiré, dans lequel il s’est étouffé. Et puis l’alcool, qui a aidé, l’alcool qui a fait oublier, mais aussi le retour à la réalité et les larmes, encore, et la tristesse, toujours, et le manque, aussi, le manque surtout. Ce manque qu’il avait jamais connu avant, jamais à ce point, qui a failli le briser.

Et c’est pour ça qu’il a été si heureux, Jay, de le voir revenir. C’est pour ça qu’il a été si heureux, Jay, de cette si belle surprise. Et c’est pour ça qu’il a décidé, Jay, de plus jamais le laisser partir, quitte à perdre tout le reste, quitte à se perdre lui-même. Mais il le sait aussi, Jay, qu’il se retrouvera toujours s’il est avec lui, qu’il se perdra jamais totalement – qu’il a juste besoin d’être eux, pour pouvoir être lui, pleinement lui, totalement lui. Alors il s’est accroché, Jay, désespérément, de toutes ses forces, n’a plus voulu le lâcher – plus jamais. Et il s’en fiche de tout le reste, Jay. Des mots poisons, haineux, lancés dans son moment de faiblesse. Il s’en fiche, Jay, du piètre spectacle qu’il lui a offert, ne se soucie que de lui, de son bien-être, ne s’inquiète que pour lui, pour sa santé.

Mais il sait pas comment faire, Jay, pour prendre soin de lui. Il sait pas comment faire pour le rendre plus heureux, moins triste, sait pas comment faire pour calmer ses crises, craint qu’elle ne se répète, qu’il ne sache une nouvelle fois pas de quelle manière s’y prendre. Craint que son incapacité à agir le brise, lui, l’éloigne, le fasse partir, une nouvelle fois. Et depuis son retour, il a peur, Jay, peur tout le temps, sait qu’il n’y survivrait pas, à un nouvel abandon – même à une perte. Il refuse de perdre face aux démons, refuse de leur laisser cet homme qu’il aime tant, serait prêt à tout pour le sauver, pour le garder, quitte à plonger avec lui, quitte à plonger à sa place.

Et il était prêt à tout, Jay, tout écouter, tout accepter.
Mais certainement pas ça.

Et il est pas préparé, Jay, sait pas vraiment comment réagir, quoi dire, quoi faire. Il est perdu dans ses pensées, perdu sans ses émotions, un enchevêtrement beaucoup trop complexe pour son jeune cerveau, lui si peu habitué, lui encore bien peu initié. Lui qui n’a jamais reçu un telle déclaration auparavant, à peine quelques baisers échangés, souvent volés. Lui qui sent son cœur battre plus fort, plus vite, s’agiter dans sa poitrine à un rythme effréné, s’agiter à lui faire presque mal. C’est la première fois, pour Jay, il a jamais connu ça, jamais à ce point-là, alors il sait pas, alors il parvient pas à réfléchir, trouver les bons mots. Et il se contente donc de les laisser sortir de sa bouche, sans vraiment les anticiper, sans vraiment les penser. Enfin, si. Il est pas gay, Jay, il le sait, l’a toujours su. Il est pas gay, Jay, Kyu le sait, l’a toujours su – lui qui l’a tant de fois entendu s’extasier sur ses films romantiques, lui qui l’a tant de fois entendu parler de son futur idéal peuplé d’enfant et d’une femme aimante, lui qui l’a tant de fois entendu parler de cette fille, qu’il aimait tant, quand il était plus jeune.

Il est pas gay, Jay.
Il est pas gay, Jay, mais.

Mais il se contrôle pas, quand il s’avance, contrôle plus rien quand il s’approche, vient déposer un baiser sur ses lèvres, savoure ce contact, probablement bien plus qu’il l’aurait pensé, bien plus qu’il l’avait envisagé. Il a peur, au fond de son cœur, est paniqué, mais peut pas faire abstraction, peut pas ignorer ce sentiment qui lui tord les tripes, fait voltiger les papillons dans son estomac. Encore plus quand il sent les bras autour de son cou, la caresse sur son visage, qui fait frissonner sa peau, bouleverse son âme. Et puis l’éloignement, qui le rend triste, si triste. « Je… je me force pas, Kyu, je… tu me perdras pas, mais… » Il a la gorge noué, parvient pas à parler, parvient pas à s’exprimer, trop perdu dans ses prunelles, trop perdu dans ses sentiments. Alors ses pupilles se détournent, le fuient, se fixent ailleurs, loin, si loin de cet homme qu’il aime un peu trop (il s’en rend compte). Et pourtant il bouge pas, perçoit toujours ce corps si près du sien, sent toujours cette odeur qui lui taquine les narines et n’ignore pas, qu’elles sont toujours là, les larmes qui lui brisent un peu le cœur, lui mettent l’esprit en pagaille, lui qui ne supporte pas le voir si triste. Et ses mots, qui aggravent tout, l'empêchent un instant de respirer. Il pourrait, Jay, faire marche arrière, il le sait, la voit cette porte de sortie, mais il veut pas, mais il peut pas. « Je suis pas gay, Kyu, mais… » Il s’arrête une nouvelle fois, prend une inspiration, essaie de se calmer, essaie de comprendre, de se comprendre (mais c’est tellement dur). « Mais alors pourquoi est-ce que j’pense à toi tout le temps ? Pourquoi j’veux être avec toi tout le temps, pour toujours ? Pourquoi tu me manques à en mourir, quand t’es pas là ? Pourquoi… » Il parle, sans faire de pause, prend à peine le temps de respirer, s’étouffe dans ses mots, s’étouffe dans ses sentiments – mais il a besoin, de les exprimer, mais il peut plus, garder pour lui toutes ces interrogations, qui le hantent depuis trop de temps, toujours dans un coin de son esprit depuis son départ, même s’il arrive souvent à faire abstraction. « Pourquoi est-ce que… est-ce que j’ai aimé ça… ? » Ce baiser, qui le torture encore un peu, cette réaction qu’il n’a pas comprise et cette envie, ce besoin, d’y goûter une nouvelle fois, de déposer ses lèvres sur les siennes, imprimer un sourire sur ce visage. « Pourquoi… pourquoi est-ce que j’ai… pourquoi est-ce que j’ai mon cœur qui bat si vite quand t’es… quand t’es si proche ? » Ce cœur qui lui fait mal, à s’acharner ainsi contre les parois de sa cage thoracique.

Et il prend conscience, Jay, de tout ce qu’il vient de dire, rougit un peu – rougit beaucoup. Et il a honte, Jay, un peu, veut reculer, cherche à s’éloigner, le temps de reprendre contenance, le temps de comprendre un peu. Mais il peut pas, y arrive pas, c’est plus fort que lui, c’est incontrôlable – il se sent si seul, quand il est trop loin. Et son regard, timide, se lève, parvient pas à se fixer dans le sien néanmoins, s’attarde sur ces traces sur ses joues. Et sa main réagit instinctivement, s’approche, se pose, vient essuyer les larmes salées, veut les faire disparaître, à jamais, ne plus jamais les revoir, ne plus jamais qu’elles existent. Parce qu’il comprend pas tout, Jay, parvient pas à mettre de mot sur tout ça – mais qu’il comprend une chose, qu’il sait une chose, c’est qu’il veut pas voir ça, qu’il veut pas que ça arrive encore, qu’il veut juste le voir heureux, qu’il veut juste le voir sourire. Parce qu’il donnerait tout pour voir ses traits s’illuminer, irait jusqu’à lui céder la plus petite partie de lui-même. Mais c’est pas pour cette raison qu’il a fait ça, Jay, c’est pas pour cette raison qu’il a déposé ses lèvres sur les siennes, pas pour cette raison qu’il a frôlé ses joues de ses doigts.

Non, c’est pas pour tout ça,
c’est parce qu’il pouvait pas se retenir.
(c’est parce qu’il pouvait plus s’empêcher, de l’aimer)
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Re: Touch ☽ jaykyu | 
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