muddy waters (darren)
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muddy waters (darren) | Lun 14 Nov - 15:58 Citer EditerSupprimer
in the muddy
waters, we're crawlingdarren & kali (#dali)
I will ask you for mercy, I will come to you blind. What you’ll see is the worst me, not the last of my kind. Oh, in the muddy water we’re falling, in the muddy water we’re crawling ; it holds me down so hold me now, sold me out, in the muddy waters we’re falling.✻✻✻ (music + outfit) Darren, ça va aller. Darren, j’me souviens d’elle quand elle était gamine. Quand elle était moins dure que maintenant, quand elle montrait ses faiblesses plus facilement. Avant qu’elle se fasse un blindage en béton armé, et moi aussi. J’ai choisi son prénom avec maman. Avant qu’elle parte. Comme j’ai aidé à choisir celui de Nancy, aussi. Nancy comme dans Sid et Nancy. J’avais vu leur photo sur la couverture d’un bouquin, à l’époque je savais pas encore qui ils étaient, je savais pas encore à quel point ils avaient une vie décousue.
Une vie comme la mienne.
Mais t’en fais pas, Darren, ça va aller. C’est pas parce que mes mains sont pleines de sang que j’vais clamser. C’est pas parce que la balle vient de se ficher dans mon ventre que j’vais claquer. Je suis plus résistante que ça, tu sais ? J’ai résisté aux professeurs qui me trouvaient limitée, j’ai résisté à moi-même qui me trouvait limitée aussi. Puis j’ai subi les regards des plus riches, des nantis, qui posaient leurs yeux sur ma pauvre personne avec un mélange de compassion et de dégout. J’ai tenu tête aux grands voleurs du milieu, j’suis parvenue à me faire une place parmi eux. Alors tu vois, Darren, que ça va aller ? Ma carrière va pas s’arrêter là, j’vais pas m’arrêter là, j’te le promets.
Pas te laisser là, avec du rien.
Je me rassure, m’exhorte, me pousse à me trainer dans un coin, derrière un camion. Abri sommaire, ma tête repose sur le sol glacé, mes cheveux deviennent poisseux. Tout autour, les Night Riders s’activent pour finir le job et nous sortir de là. Les marchandises qu’on voulait étaient protégés par deux gardiens, qu’on a du mettre hors course avec les moyens du bord, mais entre temps il y avait moi, au milieu, moi qui me vide de mon sang maintenant. L’un de mes hommes fait mine de venir vers moi ; j’hurle : « Arrête ! On a pas le temps pour ça ! J’vais bien, t’occupe pas de moi, j’vais bien, j’te jure j’vais bien… »
Rangi ? Comme j’aimerais qu’il soit là, Rangi. Avec son aura rassurante, avec tout ce qui fait qu’il est lui. Avec Rangi tout parait simple ; on peut jouer à la roulette russe presque sans avoir peur de mourir ; on peut s’embrasser au milieu des bouteilles sans passer pour des ivrognes ; on peut essayer de se dire qu’une vie stable, ça finira par exister, et que dedans on sera pas malheureux.
Et Keith ? Keith, j’aurais du lui dire, tout lui dire. Commencer par des aveux cons, du genre que moi aussi j’ai du sang américain, comme mes soeurs, comme lui. Commencer par lui dire qu’une a une part en commun, un petit truc qui se ressemble, l’amener à penser qu’on est pas que des étrangers. Et lui expliquer ce que c’est, d’être enceinte d’un mec qui n’en sait rien, et de pas réussir à le regarder dans les yeux.
Et puis Naru, Naru, Naru. (« Kali ? Ouvre les yeux, Kali. »). Toutes les fois où je suis allée chez lui, où je l’ai retrouvé prostré, mal en point, toutes ces fois où je me suis battue pour éloigner la dépression de lui. S’il était là, il m’aiderait, c’est certain, s’il était là sa voix me ramènerait à moi, et j’pourrais m’y accrocher, lui dire : qu’est-ce qui se passe entre nous ? (Qu’est-ce que t’es pour moi ?), et ses bras, ses bras auraient assurément quelque chose de rassurant.
Ca va aller, Darren, tu promets de veiller sur Nancy ? Elle est toute fine, Nancy, toute fragile, Nancy. Parfois, quand je la vois marcher, quand elle arrive vers moi avec ses deux jambes qui ressemblent à des brindilles, je m’inquiète. Certains diront que c’est bien, qu’elle rendra parfaitement à l’écran. Mais je m’en fous, moi, qu’elle rende bien à l’écran ou pas. Tout ce que je veux c’est qu’elle rende bien en vrai. Parce qu’elle est si précieuse, Nancy ; comme toi, Darren, parce qu’il y a des gens comme ça auxquels on ne sait pas parler à part dans notre tête, au plus profond de nous, pour leur dire qu’on les aime à en crever.
« Kali ? Regarde-moi, accroche toi. » Des bras me soulèvent, j’utilise mes mains pour m’agripper et j’ordonne à mes jambes de me porter quoi qu’il arrive. On s’élance vers l’un des 4x4, je dis bêtement : « J’peux pas conduire ». Pourtant c’est toujours moi qui conduis, d’habitude, c’est moi la plus douée. On me jette sur le siège passager, Min Hwan prend place derrière le volant et démarre en trombe. Un autre des gars (une nouvelle recrue dont je ne me souviens plus du nom, contre coup de la blessure) me file un tissu pour appuyer comme une forcenée sur la blessure dans l’espoir de stopper le flot de sang. Je balbutie une adresse, Min Hwan me répond, incrédule : « Mais c’est chez toi ! » Je lui lance un regard noir parce que parler me coute, parler me demande de longues inspirations pour endiguer la douleur, et de la force pour trouver les mots que je voudrais conserver pour autre chose. « Y’a Darren… à la maison… » Nancy et papa sont absents ; elle s’entraine à l’agence, lui a un rendez-vous amoureux qui aboutira peut-être, peut-être pas. Min Hwan, tais-toi. « Elle saura quoi faire… » La recrue va dans mon sens, surement désireuse de marquer des points auprès de moi pour que je lui permette de consolider sa place : « L’hôpital n’est pas une option, de toute façon. » Je laisse ma tête heurter l’appui tête du siège en signe d’assentiment, la main droite crispée sur le tissu qui commence lentement à être imbibé.
Les secondes sont interminables, alors que pourtant la vitesse nous permet d’arriver en très peu de temps. Min Hwan descend le premier, sans même prendre le temps d’arrêter le moteur, se jette pour tambouriner à la porte de la maison. Une fenêtre est éclairée, elle est forcément là, Darren est forcément là, elle doit être là. Ce soir elle est la seule à pouvoir me sauver, elle est la seule à pouvoir faire quelque chose pour moi. « Min Hwan… tirez-vous, tous les deux. Restez pas là. Rejoignez les autres, et… occupe-toi… occupe-toi du reste. » Occupe toi de tout, tout ce que j’aurais pris en main si j’avais été en état de le faire. Il me lance un regard incertain, puis ses yeux vagabondent jusqu’à se fixer sur un point derrière mon épaule, que je devine être les yeux de Darren, à la fenêtre. Il me lâche, je me maintiens debout grâce au mur, légèrement recroquevillée sur moi-même. Puis il remonte dans la voiture et me laisse, tournant le dos à ma soeur, dont j’entends les pas qui s’approchent. « J’suis désolée » que je dis avant même qu’elle ne découvre mon état, « tellement désolée. »
J’ai fais tout ce que j’ai pu et j’me suis plantée.✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Re: muddy waters (darren) | Dim 5 Fév - 18:30 Citer EditerSupprimer
in the muddy
waters, we're crawlingdarren & kali (#dali)
I will ask you for mercy, I will come to you blind. What you’ll see is the worst me, not the last of my kind. Oh, in the muddy water we’re falling, in the muddy water we’re crawling ; it holds me down so hold me now, sold me out, in the muddy waters we’re falling.✻✻✻ (music + outfit)« Maman, tu penses que ça ira ? Maman, tu crois qu’on va y arriver ? Parce que tu sais, je le dis pas vraiment, mais j’ai un peu peur. J’ai un peu peur de tout ça, tu sais, de la vie. J’ai peur de comment ça se traîne, de comment ça évolue. Maman, je suis pas certaine d’être à la hauteur, tu sais, je suis pas certaine de pouvoir y arriver. Parce que c’est dur, je suis fatiguée. Je suis fatiguée d’être le fantôme de ma vie, parce que moi, je voudrais juste partir, vivre mieux, vivre plus. Je voudrais pouvoir m’en aller, explorer, me découvrir et ne plus faire semblant. Mais tu vois, maman, je suis obligée de rester là, j’ai des responsabilités bien trop grandes pour mes petites épaules. Je suis jeune, maman, je devrais pas à avoir à subir tout ça. Je suis jeune, je devrais pas à avoir à mentir, à me cacher, à avoir peur de la vie. Parce que, tu vois, si je m’en vais, si je pars, si je plaque tout, qui sera là ? Qui se battra ? »
Ce soir-là, j’avais décidé de céder à nouveau, ce soir-là, j’étais trop fatiguée mais je pouvais pas me permettre de me coucher tôt parce que j’avais pris trop de retard sur mes révisions. Je voyais trop vite arriver l’examen du lendemain, je voyais trop vite mon stress face à cette feuille qui devait évaluer mon intelligence. Ce soir-là, j’avais cédé, j’avais pris ma chaise de bureau pour grimper dessus parce que j’étais trop petite pour atteindre le haut de mon armoire seule. J’avais grimpé dessus pour attraper la petite boîte de mes vices bien cachée derrière une latte du mur. Ce soir-là, j’étais seule, je pouvais me le permettre, je savais que personne ne rentrerait avant que je ne redescende de ma lubie. Je l’avais ouverte cette petite boîte, après être descendue de ma chaise et de l’avoir remise à sa place.
La fenêtre ouverte, je m’étais bien installée à mon bureau pour sortir une feuille et du tabac, je m’étais bien installée pour effriter mon plaisir sur ce morceau de papier, ce morceau de papier que je roulais soigneusement entre mes doigts fins, que je léchai pour qu’il colle à son extrémité et ce même papier que je finis par fumer, tout près de la nuit, tout près du vent. Je voulais pas que ça sente à l’intérieur, je voulais pas que quelqu’un rentre et se doute de quoi que ce soit, parce qu’ils allaient se suivre, un puis deux puis peut-être trois. J’avais besoin d’évacuer pour oublier ma boule au ventre, j’avais besoin de cet air empoisonné pour me concentrer, pour ne pas piquer du nez.
Après de longues minutes à méditer, j’avais fermé la fenêtre, et j’avais fini par me pencher sur mes cours sur la bioénergétique. Etrangement, tout devenait beaucoup plus facile, tout devenait plus limpide (comme à chaque fois). J’avais besoin de cette énergie pour y arriver, pour m’accrocher, pour ne pas sombrer. J’avais besoin de cette énergie pour ne pas les décevoir, papa, Kali, Nancy. J’avais besoin de faire tout ça pour eux, fallait pas que je les laisse, fallait que j’y arrive. J’avais la rage au ventre de réussir, de continuer, parce que j’avais pas le droit de tout laisser tomber, moi, j’avais pas le droit d’être égoïste ; je devais penser à eux surtout, à eux avant tout. J’avais des rêves plein la tête que je faisais taire en me concentrant sur des chiffres et des formules, à les apprendre par cœur, les termes médicaux, les termes qui me feraient réussir mon année. J’avais construit ma bulle autour de mon avenir professionnel parce que je pouvais pas me permettre de suivre le même chemin que Kali et que Nancy, moi, je pouvais pas tout laisser tomber. Alors, je fumais, je fumais jusqu’à pleurer sans m’en rendre compte, jusqu’à ce que les mots s’ancrent dans mon esprit pour les ressortir sur cette foutue feuille d’examen.
J’écrivais beaucoup, depuis longtemps, pour imprégner chaque lettre, chaque chiffre, pour tout réfléchir et tout comprendre. Consciencieuse, obstinée, je caressais le papier de mes doigts qui tremblaient. Concentrée, je fus tirée de mon antre d’un sursaut, concentrée, désormais presque paniquée, je me demandais qui pouvait bien tambouriner à ma porte à cette heure si tardive. Lentement, je me glissai jusqu’à la fenêtre de la cuisine, là où j’aperçus une sorte de camionnette noire. Je ne voyais pas très bien dans la nuit, je voyais juste deux yeux me fixer, juste devant ma porte. Je ne voyais pas très bien dans la nuit mais je les ai vus ces deux yeux partir presque en courant jusqu’au véhicule. J’avais peur d’halluciner, j’avais peur d’avoir trop fumé. Peut-être que c’était la drogue dans mes veines qui me donna le courage d’aller ouvrir la porte, peut-être la curiosité, peut-être que j’étais juste complètement folle mais doucement, lentement, j’ouvris la porte d’entrée où une silhouette m’attendait « Kali… ? » mes yeux étaient sûrement rougis, mes gestes imprécis, pourquoi était-elle rentrée ? Ma main sur son épaule je la fis se retourner mais je n’eus pas le temps de penser à ce qu’elle aurait pu dire sur mon état que je m’inquiétais sur le sien « Kali ? ça va ? qu’est-ce que tu as ? » la poussant à entrer à l’intérieur, ce n’est qu’à la lumière du salon que je vis le sang sur ses mains, sur ses vêtements, même dans ses cheveux. Mes yeux la dévisageaient, mes yeux s’embuaient. « Kali ? » je cherchais des réponses, je priais pour que ce ne soit qu’un cauchemar, qu’on me jouait un tour. Le sang coulait.« Maman, je vois tout le temps dans les yeux de papa, dans ceux de Kali aussi, la peur, mais je dis rien, parce que y a pas grand-chose à dire. Mais je les vois, eux aussi ils ont peur. Ils ont l’espoir, comme moi, mais on a peur. Parce qu’on sait pas de quoi demain est fait, on sait pas si on va un jour on va réussir à s’en sortir. Je peux pas partir, parce que papa, il m’en voudrait, il m’en voudrait de réduire ses espoir à néant, il m’en voudrait de lâcher tout ça, moi aussi. Si je pars, je serai lâche, maman, comme toi. Si je pars, ça voudrait dire que je me réduis à ton niveau. Si je pars, je pourrais plus me regarder dans un miroir parce que tu seras là, devant moi. Je les détruirai, comme tu l’as fait, je les laisserai seuls, dans leur merde. Si je pars, je choisirai la facilité de ne pas assumer ma vie, comme tu l’as fait. Et je veux pas être comme toi, parce que tout ça, c’est à cause de toi. »✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.