Je ne suis pas peintre. Je ne sais pas dessiné. Mais je suis une artiste, c’est certain. Si je ne parviens pas à tenir un pinceau ou un crayon entre mes doigts sans être maladroite, je pouvais m’exprimais avec d’autres instruments. Outre la danse, mes doigts manipulaient avec habilité la machine à bobines qui ancrait la peau avec une dextérité à haute épreuve. « Ca avait l’air si facile » m’étais-je dit en voyant mon père faire pour la première fois quand j’étais encore une enfant. J’appris à mes dépends que ce n’était pas si facile de ne pas faire des erreurs. Pourtant, grâce à son enseignement, c’était devenu un art dans lequel j’excellais. Outre le tatouage, les bombes de couleurs étaient devenues bien vite mes amies. Facile d’utilisation, de mon point de vue toujours, à défaut de ne pouvoir marquer la peau des gens à tout va, je marquais la ville de mon passage par ci par là. J’aimais voir les couleurs que je laissais dernière moi, illuminer Séoul le jour. Voir les gens s’interloquer devant ses graffitis qui n’en étaient pas vraiment. Autant en bien qu’en mal. L’art n’était pas noir ou blanc. Il était comme l’être humain, avec une variété incalculable de nuances de gris. J’aime. Je n’aime pas. Était-ce vraiment des mots adéquats pour illustrer ces envies ? Pas vraiment, mais chacun avait sa façon d’apprécier la chose. Ou de la détester. Et c’était éveiller ce questionnement intemporelle chez autrui que j’aimais. Sans jamais signer mes œuvres, j’étais un artiste anonyme, et ca me convenait parfaitement. Je désinfectais justement mes instruments de tatouage apres une visite à domicile quand mon téléphone retentit. Un sourire étirait mes lèvres alors que je vois qui en était le destinataire. Je décrochais en oubliant presque ce que je faisais. Lan m’invitait à boire un verre tout bien tout honneur. Il est si insistant et si secret d’un coup que cela en attirait d’avantage mon attention, je ne pouvais qu’accepter. Ma curiosité me perdrait un jour. Mon rire résonnait au bout du fil alors que j’acceptais sous son insistance maladroite. C’était un lien particulier qui s’était développé entre le jeune homme et moi. Loin des jeux de séduction dont j’avais l’habitude, il s’agissait d’une amitié nait d’un art partagé à notre manière. J’étais devenue sa muse alors qu’il était mon inspiration. De quoi voulait-il me parler de si important ? Parce que même si il ne l’avait pas précisé, ca ne pouvait que s’agir de cela. Il ne faut pas l’autant pour que je sois prête. Trop impatience de découvrir son secret, j’enfilais ma veste et je montais sur ma bécane, filant dans la nuit jusqu’à l’endroit désigné. Je m’arrêtais devant un bar, mon casque dans une main, j’entrais dans le bâtiment alors que mes talons claquaient sur le carrelage. J’aperçus mon ami non loin, et un sourire étira la commissure de mes lèvres. M’approchant, je plaquais un baiser sur sa joue, et lançais-je gaiement. « Alors ? Qu’est-ce que tout ce mystère ? »