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I'll be good ☾ jaykyu

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I'll be good ☾ jaykyu | Dim 20 Nov - 19:38
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- J A Y K Y U -




PREMIER JOUR -


C'est arrivé trop vite, si rapidement qu'il n'a pas eu le temps de réagir, pas eu le temps de s'écarter dans un élan instinctif qui aurait surgi avec l'adrénaline. L'urgence du moment n'a pas su dépasser sa maladie. Son esprit embrumé n'a pas été assez attentif, son empressement poussé par le désir de rapidement rentrer chez eux a éradiqué sa prudence acquise au fil du temps. Il l'a pas fait attention Kyu, lorsqu'il s'est engagé sur le passage strié de la route pour la traverser, a mal évalué la distance et la vitesse du véhicule qui arrivait vers lui. Et la narcolepsie l'a frappé. Comme la foudre, comme une arme à feu. Son corps n'a pas eu le temps de s'écrouler au sol, percuté trop violemment, projeté plus loin. Il n'a rien senti, son cerveau s'est déconnecté avant même qu'il n'ait eu le temps d'entendre ses os se briser, avant même de voir les premières perles de sang tacher son pull clair.

Plus rien.
Juste le silence. Juste l'inconscience.

Et les jours se sont écoulés, le soleil l'a observé endormi par la fenêtre de sa chambre d'hôpital pendant plus d'une semaine, une semaine où il n'était conscient de rien. Pas de ses rayons qui éclairaient ses blessures recousues, pas des bips incessants des machines connectées à son corps, pas même du temps qui passait, des allées et venues, des aiguilles transperçant sa peau, des voix pourtant si familières. Il ne sent plus rien, comme s'il n'était pas là (plus là) malgré son coeur qui bat encore, aidé par les instruments des médecins. Et progressivement, un son répétitif a commencé à résonner dans sa tête. D'abord flou, lointain, puis de plus en plus clair, de plus en plus fort. Assez pour le sortir de son sommeil involontaire. Il a mal aux yeux Kyu, quand il tente de les ouvrir. Ses cils papillonnent, tentent vainement de chasser l'éclairage trop fort qui se répercute sur le plafond blanc, brûle ses pupilles encore habituées à l'obscurité de ses paupières trop longtemps closes. Il ne comprend pas vraiment, n'est pas réellement en état de réfléchir, se contente d'observer, tente de reprendre contenance pour analyser la situation. Mais c'est trop abstrait, comme si on avait drainé tous ses souvenirs, effacé une partie de sa vie, de sa mémoire.

Il se souvient de l'Australie.
Et seulement de l'Australie.

Se rappelle de son petit frère. Mais de rien de plus. Et elle s'éveille enfin, la panique. Son rythme cardiaque s'accélère, les bips en font de même. Il tente de se redresser, geint sous la douleur, observe ce visage qui le regarde à sa droite, cet inconnu qui semble si fatigué, avec ses yeux rougis. Il a peur Kyu, parce qu'il ne connaît rien, ne reconnait rien. Sa main tremblante retire le masque à oxygène posé sur son visage, arrache ses perfusions, son corps se tasse au fond de son lit et ses lèvres sèches parviennent à laisser échapper quelques mots en anglais. « Je suis où ? Il.. il s'est passé quoi ? »
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Sam 26 Nov - 19:13
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C’est court, une semaine. Ça passe vite, une semaine. C'est rapide, une semaine. Sauf quand on attend. Sauf quand on sait pas, sauf quand on la passe, le corps vissé à une chaise, le regard écorché à force d’observer ce visage endormi, les oreilles endolories par les bips incessants, bien trop calmes pourtant. Les bips qu’il aimerait voir s’exciter, résonner bien plus fort, percer le silence presque oppressant de la petite chambre.

Et les paupières qu’il aimerait voir se relever.
Et le regard qu’il aimerait pouvoir recroiser.

Sauf que le constat est alarmant, les médecins loin d’être rassurants. Ils le savent, il y aura des séquelles. Corps endommagé, cerveau touché, il est dans un piètre état, l’être qui gît sur le lit. Et il fait peine à voir l’homme, l’homme qui reste à son chevet, les yeux rougis par les larmes trop nombreuses, par les sanglots trop déchirants, trop douloureux. Il souffre de rester là, sait que ce serait bien pire de s’en aller - alors il bouge pas. Depuis des jours, depuis des semaines, prenant à peine le temps de manger, prenant à peine le temps d’exister.

Et il ne vit que plus que pour la forme prostrée sur le lit, ne respire plus qu’au gré des caprices de la machine qui l’aide, lui, l’assiste dans chacune de ses inspirations. Cette machine qui le maintient en vie, sans laquelle il aurait peut-être poussé son dernier souffle, aurait peut-être fini par quitter ce monde – mais pas seul, non, pas seul. Pas sans celui qui partage sa vie, pas sans celui qui partagerait sa mort aussi.

Et il s’inquiète, le gosse maintenant adulte, peine à respirer dans cette chambre aseptisée, mais refuse de s’en aller, refuse de s’éloigner. A peur. Peur de le perdre. Peur de le perdre alors qu’il n’est pas là, pas là pour lui dire au revoir, pas là pour le voir une dernière fois. Alors il ne quitte pas sa chaise. Et il le fixe. Sans cesse. Inlassablement. Et il rêve, aussi, un peu. Rêve de son réveil, rêve de le prendre dans ses bras, rêve de lui. Il en rêve tant, il en rêve si fort, que quand il entend les machines, il croit à une hallucination. Et il souffre de cette idée, et une larme perle au coin de sa paupière, témoin de cette douleur qui ne le quitte plus, gangrène son cœur. Et il a mal, mal, mal, mal. Jusqu’à ce que les battements reprennent de plus belle, jusqu’à ce que ses yeux parcourent son corps à lui, pour voir ses paupières se soulever, ses mains se mouvoir et sa bouche s’entrouvrir. Et il prend pas la peine de réfléchir, Jay, se contente d’agir. Ses jambes le propulsent en avant, sa main attrape celle de son amour. Et elles coulent, les larmes, sans interruption sur ses joues déjà trempées. « Oh mon Dieu Kyu j’ai eu peur, j’ai eu si peur, j’ai cru que, j’ai cru que… » Il parvient pas à finir sa phrase, hoquette, tente difficilement (douloureusement) de reprendre sa respiration, de mettre de l’ordre dans ses pensées. « T’es… t’es à l’hôpital, t’as eu… un accident mais, mais c’est pas grave parce que… parce que t’es en vie. Hein ? » Et les larmes coulent de plus belles.

Parce qu’il a cru mourir, Jay.
Mourir à l’idée de devoir vivre sans lui.
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Lun 28 Nov - 23:23
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PREMIER JOUR -


Tout lui fait mal à Kyu depuis que ses paupières se sont soulevées. Sa gorge brûle, l'air qui y pénètre incendie ses poumons. Ses oreilles sifflent, comme si une explosion l'avait frappé, avait détruit ses tympans devenus trop sensibles, si sensibles que chaque bip résonne trop fort dans sa tête comme martelée violemment. Il a peur, bien trop peur face à toute cette douleur, face à ses blessures dont il ne connaît pas la cause. Le décor lui semble bien trop étranger, et ses souvenirs effacés l'empêchent de calmer ses craintes, de comprendre la raison de sa présence ici. Et la panique a guidé ses gestes, la terreur a précipité ses actions, lorsqu'il s'est débarrassé de ce masque qui envoyait trop d'air dans ses poumons, lorsqu'il a arraché les aiguilles plantés dans son bras sans se soucier des risques. Il a serré les dents Kyu, assailli par la douleur de son autre bras recouvert de pansements, de bandes rougies, paralysé un instant lorsque son thorax s'est plié un peu trop brutalement, quand cette côte dont il ignore la fracture lui a donné l'impression de le trancher en deux. C'est comme si chaque partie de son corps était terriblement douloureuse, comme si rien n'avait été épargné.

Et il aimerait comprendre, savoir pourquoi, savoir comment. Qu'on lui rende ses souvenirs, lui qui se retrouve démuni de mémoire. Il n'y a plus rien, ses pensées se bousculent, fouillent à la recherche de quelque chose, d'un indice, mais il ne se souvient que de sa maison, que de son petit frère. Tout le reste n'existe plus, aucun autre visage ne semble présent dans sa mémoire, aucun événement, rien, plus rien. Et ça le terrorise, lui qui s'imagine déjà mille scénarios, se torture l'esprit à s'imaginer devoir reconstruire toute sa vie, repartir de zéro sans savoir où il en était avant. Et c'est cette hantise qui le pousse à prendre la parole, à s'adresser à cet inconnu qui semble brisé, trop faible pour être un infirmer. Son corps s'électrifie lorsque sa main se retrouve prisonnière, il a envie de reculer Kyu, mais son corps endolori l'en empêche. Et il écoute, entend sans comprendre, incapable de compatir à la peine qui déchire cette voix puisqu'il n'en comprend pas la cause. Tout lui semble encore plus confus, ses mains tremblent, son rythme cardiaque perd en régularité. Et il libère ses doigts de l'emprise de ce garçon un peu trop brutalement, sent ses yeux s'inonder sans réellement savoir pourquoi. « Vous... Vous êtes qui ? Vous me voulez quoi..? » C'est trop confus dans sa tête, il manque trop d'éléments pour lui permettre de trouver une théorie plausible, une raison qui justifierait tout ça.

Sa respiration s'affole plus encore, de son bras libéré des perfusions, griffé par les aiguilles retirées si rapidement qu'un léger saignement tâche sa peau il se recule, un peu. La panique monte crescendo, la peur aussi. « Qu'es-ce que.... que... vous m'avez fait quoi ! » Il peine à respirer Kyu, ses poumons sont encore trop affaiblis pour pouvoir fonctionner seuls, pour sans sortir sans ce masque qu'il a poussé au sol, et sa vision se trouble, et il veut partir, s'en aller, courir. Cependant sa jambe qu'il devine entourée de plâtre le maintient sur ce matelas trop dur, et il se sent devenir dingue, obnubilé par son angoisse. « Laissez-moi je...je veux pas mourir ! » Cet homme face à lui l'effraie, cet homme qui est pourtant toute sa vie, qui doit la sauver encore, encore une fois.
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Mer 21 Déc - 19:12
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PREMIER JOUR -

Il était prêt à tout, Jay. Prêt à attendre encore mille ans pour le voir se réveiller. Prêt à le savoir handicaper à vie. Prêt à subir avec lui la rééducation. Peut-être, au fond, même prêt à le voir quitter ce monde pour toujours – ce monde qui lui paraîtrait pourtant bien vide sans lui.

Il était prêt à tout, Jay.
A tout mais pas à ça.

Et quand il voit ce regard se poser sur lui et quand il entend cette voix, ces mots, il sent son cœur se figer dans sa poitrine, louper un battement, se ratatiner. Il perd la parole, perd le souffle aussi, se contente de le regarder, perdu, totalement perdu. Sa bouche s’ouvre, rien n’en sort, il est à court de mots, à court de vie. Il se contente de rester là, de regarder, sans bouger, sans rien dire. Et sa main vide lui semble si froide.

Et son être tout entier lui semble si froid.
Comme s’il avait perdu sa chaleur.
Comme s’il avait perdu un bout de lui.

Il recule de quelques pas sous le choc, recule sous la violence, sous les mots trop durs – fruits de panique pourtant. « Je… » Un murmure, rauque. Il toussote un peu, essaie de respirer, de reprendre contenance. Il veut sourire, le rassurer, n’y arrive pas. « J’ai rien fait c’était… un accident mais… » Et les larmes menacent de revenir, de dévaler ses joues avec fracas. Et les larmes menacent de revenir, de le noyer pour de bon cette fois. « Mais tu me… tu me reconnais vraiment pas ? C’est moi, c’est… c’est Jay. On a grandi ensemble. On était… toujours ensemble quand on était gosses. On a tout fait ensemble presque. » Et tu t’es débrouillé pour que j’tombe amoureux de toi, tu t’es faufilé jusqu’à devenir ma vie, mon tout, la raison même de mon existence. Sans toi j’peux plus vivre, et tu m’as oublié ? T’as oublié tout ça ? « Tu… tu me reconnais pas ? Vraiment pas ? C’est… c’est pas grave, c’est rien, j’vais chercher un médecin tu vas pas mourir ! D’accord ? Tu me fais confiance ? » Et il se mord les lèvres, se rappelle  que son Kyu lui ferait confiance – pas lui, pas ce presque inconnu qui le repousse comme un étranger. Alors sans un mot de plus il tourne les talons, s’avance vers la porte. Il veut être plus rapide, n’y parvient pas – ses jambes tremblante menacent de s’effondrer à tout moment. Lui qui ressent trop, lui qui se sent submerger sous l’émotion – lui qui n’a presque pas bougé depuis tant de temps qu’il croit ses jambes faites de pierre. Pourtant il y arrive, atteint la porte, sort dans le couloir, attrape la première personne qui passe. Une infirmière ? Sûrement. Il sait pas, il sait plus, réfléchit pas, se contente de parler comme un automate, raconte ce qui s’est passé, voit un médecin accourir avant d’avoir fini son discours. Probablement qu’il a entendu les bips frénétiques de la machine paniquée. Et il se sent bousculé, gêne le passage, s’écarte un peu, revient, se poste à la porte. Mais pas à l’intérieur, non, à l’extérieur. Comme un inconnu, comme un étranger.

Comme s’il n’était plus le bienvenue là.
Comme s’il n’était plus le bienvenue auprès de lui.
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Dim 15 Jan - 15:49
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TROISIÈME JOUR -


Le soleil s'était couché deux fois depuis son réveil, depuis que sa panique avait été éliminée à coups de seringues plantées dans son bras pâle. Les hommes en blouse ne s'étaient pas imaginés un tel diagnostic, il est pourtant aujourd'hui confirmé. Le choc de l'accident à drainé tous les souvenirs de l'esprit du gamin-adulte, n'a laissé que quelques bribes de son passé dans son pays natal, n'a sauvegardé que le visage de son frère cadet comme s'il était l'unique personne qu'il avait connu. Alors tout le reste lui semblait étranger, ne faisait qu'accroître sa terreur  qui rendait sa respiration plus difficile encore qu'elle ne l'était déjà, alors ils ont décidé de l'endormir pour laisser encore un peu de temps à son corps pour récupérer de ses blessures, pour le préparer à devoir soigner son cerveau endommagé. Et pour l'instant tout n'est qu'interrogations. Les visites ont été interdites pour ne pas l'effrayer, le temps de lui expliquer la situation, alors à présent Kyu sait qu'il est amnésique. On lui a expliqué que la majorité de ses souvenirs ont été effacés, qu'ils ignorent quand ils reviendront, si ils reviendront. On lui a raconté qu'il est en Corée depuis plusieurs années, lui a vaguement parlé de ses proches dont il ne se souvient ni du nom ni du visage. Il a peur, peur de devoir vivre cette vie qui lui est aujourd'hui étrangère, peur de tout devoir recommencer à zéro. Il veut rester ici pour toujours, à l'abri du monde, de ces gens qu'il ne connaît plus. Pourtant les médecins insistent, lui demandent d'accepter les visites à présent, que renouer le dialogue pourrait éveiller des souvenirs, remettre chaque chose à sa place, alors il a cédé.

Et c'est le garçon qui était là à son réveil qui est venu le premier. Il ne sait pas quoi dire Kyu, pas quoi faire non plus. Sa main libre, celle qui n'est pas plâtrée joue nerveusement avec le drap qui recouvre son corps meurtri, son regard ose à peine se poser sur lui quelques secondes avant de fixer les machines, le plafond, le vide. Tout ce qui n'est pas lui. « On m'a expliqué ce qui s'est passé. » Sa voix est enrouée, il racle sa gorge, grimace sous la douleur que cette action lui provoque. « Je.. désolé, je me souviens pas de vous. » Il sait que c'est probablement difficile à entendre mais ne peut se permettre de mentir. En réalité, les médecins ne lui ont pas parlé de ses relations, et il ignore si l'homme face à lui est un ami, un membre de sa famille, son collègue, une simple connaissance. Et il ignore quoi dire, craint de le blesser de par son ignorance totale. Mais il a besoin de réponses Kyu, besoin de savoir, qu'on comble tous les vides que sa collision a créé dans son esprit. « Vous.. vous êtes qui ? Et vous êtes qui pour moi ? » Il veut tout connaître l'australien, savoir où ils se sont rencontrés, comment, quelle relation ils entretiennent. Il se souvient vaguement que lors de son réveil cet inconnu lui a affirmé avoir grandi avec lui, pourtant lorsqu'il fouille les débris de sa mémoire, il ne voit qu'Andreas dans son enfance. « Est-ce que.. on était proches ? »
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Ven 10 Fév - 23:08
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TROISIEME JOUR -

Ça fait mal, là, dans son cœur. Là où il devrait pas avoir mal, jamais, là où on aimerait pas qu’il ait mal, jamais. Dans cet endroit caché, secret, dont une seule personne à la clé. Seule personne capable d’accélérer ou ralentir les battements, seule personne dont le moindre mot peut le rendre si heureux. Et si malheureux aussi. Comme ce jour-là. Comme ce vouvoiement qui lui arrache l’âme, provoque un soubresaut dans son organisme. Et cette phrase, aussi. Je me souviens pas de vous. Il était prêt, Jay, s’était préparé pendant deux jours, dans l’attente de ces retrouvailles. Il le savait, que rien ne serait plus comme avant, il le savait, que l’homme qu’il aime n’allait pas le reconnouaître. Mais il y arrive pas, à accepter tout ça. Il veut juste lui sauter dans les bras, sentir son odeur, caresser sa peau de ses doigts curieux, dévorer ses lèvres avec avidité. Sauf qu’il peut pas. Alors il reste là, planté à côté de la porte, les mains tremblantes, témoins de sa retenue qui fait hurler chaque parcelle de son corps.
Le silence qui s’empare de la pièce, percée ici et là par le bruit sonore de la machine. Un toussotement. Et puis le sourire. Forcé. Mais le sourire quand même. « Je suis désolé pr l’autre jour, si j’t’ai fait peur ! Je savais pas du tout, les médecins avaient pas prévu… ça. » Silence gêné. « Enfin moi c’est Jayden. Ahn Jayden. J’espère que t’oublieras pas hein, parce que tu risques de me revoir souvent ! » Il tente la plaisanterie, appuie le tout d’un clin d’œil. Mais au fond il respire plus, au fond son cœur a arrêté de battre au moment où il a pénétré dans la pièce. « Donc euuuuuuuuuuuh oui on était proches. Très proches même. On a grandi ensemble en fait, on était voisins là-bas en Tasmanie. J’crois que du plus loin que j’me souvienne, depuis qu’on se connaît, on a toujours tout fait ensemble. Même essayer de rendre folles nos mères. » Il rigole, tente de se rappeler ces souvenirs d’enfance si tendres à son cœur, tente de se dérider à leur contact. Pourtant les images se couvrent de nostalgie, de cette pellicule de tristesse, de douleur. De regrets, aussi. Le regret de ne pouvoir se les remémorer avec lui, le regret de n’y arriver peut-être plus jamais. Et puis le regret de n’avoir pas été là, le regret de ne l’avoir pas aidé, secouru. Sauvé. « On s’est un peu perdue de vue mais on s’est retrouvés en Corée et j’crois qu’on s’est plus quittés depuis aha. On était meilleurs amis quand on était gosses… » On était. Son cœur se serre, il déglutit. Il ne parvient pas à retenir ces quelques mots lourds de sens, pas plus que le reste de sa phrase, qui s’écoule de sa bouche sans qu’il puisse la retenir. « …et puis un jour on est tombés amoureux. » Ses joues s’embrasent, un peu, son regard se promène à la ronde, gêné, vient ensuite se fixer dans le sien, presque téméraire. « Enfin euh cette partie-là, oublie-la, c’est rien ! On était meilleurs amis. On l’est toujours. Si tu veux quand même de moi ? » Parce qu’il a peur, le gosse, d’être supprimé de son futur, comme il l’a été de son passé. Il a peur, le gosse, de le perdre définitivement.
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | Lun 1 Mai - 2:03
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TROISIÈME JOUR -


Il a mal à la tête Kyu, mal à cette tête si vide de souvenirs, d'informations nécessaires pour que la situation ne lui semble pas totalement absurde. On lui a effacé dix ans de sa vie, comme s'ils n'avaient jamais existé, comme si son coma avait duré toutes ces années. Les médecins lui ont dit pourtant de ne pas trop y penser, de ne pas forcer sur sa mémoire abîmée dans l'espoir de retrouver les bribes d'un passé qu'il a oublié. Mais ah il a toujours été trop têtu Kyu,  il a toujours eu ce besoin de tout savoir, cette avidité de connaissances, de ne jamais rien laisser au hasard. Et aujourd'hui c'est pourtant le cas, lui qui ignore toujours comment il est arrivé en Corée,  et même si on le lui a expliqué ça ne suffit pas. Il veut s'en rappeler, pouvoir expliquer de lui-même pourquoi il ne réside plus dans son pays natal, pourquoi sa peau est tant marquée par l'encre et les cicatrices,
pourquoi, pourquoi, pourquoi.

Et quand ce garçon entre dans la pièce il se sent obligé de les poser, toutes les questions qui le tracassent, sans doute dans l'espoir que lui ait les réponses. Et c'est maladroit, c'est hésitant, il faut dire qu'il a rarement été habitué à ce que ses souvenirs dépendent de quelqu'un d'autre que de lui-même. De quelqu'un qu'il ne connait pas. Qu'il ne connaît plus. Alors il s'accroche à chaque mot de son vis-à-vis, l'analyse comme si le remède était dissimulé entre deux syllables prononcées si doucement. « Ah.. non c'est pas grave, ne vous en faites pas. » Il n'y arrive pas Kyu, est incapable de tutoyer cet homme comme s'ils étaient proches. Comme ils l'ont été d'après ses mots. Et Moonkyu se noie un peu plus dans la masse d'informations, n'arrive pas à comprendre pourquoi son visage et son nom ne lui rappellent rien si lui aussi était en Tasmanie, s'ils ont réellement tout fait ensemble. Alors pendant l'espace d'un instant il doute, se méfie. Il pourrait mentir. Tout inventer en profitant de son amnésie.

Alors son corps se décale par pure crainte, s'éloigne légèrement de lui malgré la complexité de chaque mouvement causée par les perfusions qui s'emmêlent sur ses bras. Il la ressent pourtant, cette nostalgie qui gonfle chaque mot d'une sincérité qu'il peine alors à remettre en question. Alors ses muscles crispés par l'angoisse se détendent, puis une remarque attire son attention. « Amoureux ? J'ai.. j'ai une copine ? Pourquoi elle n'est pas venue ? Ça a changé quelque chose à notre..amitié ? » Il n'arrive pas à comprendre Kyu, réfléchit encore et encore, puis rougit subitement. « Vous voulez dire... vous et moi on.. » Son coeur tambourine, accélérant le rythme des bips pénibles de la machine, sa tête se charge plus encore de questions. « Je suis gay ? » la question est réthorique, n'est rien de plus que ses pensées exprimées dans un murmure avant que ses yeux  embués par les doutes ne se relèvent vers cet homme « On.. c'est vrai ? »
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Re: I'll be good ☾ jaykyu | 
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