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    :: Défouloir :: 2017

not good, not great (naka)

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not good, not great (naka) | Jeu 24 Nov - 23:23
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not good, not great
naru & kali (#naka)

 
(music + outfit) 2h42. J’ai fais tout ce que j’ai pu et j’me suis plantée.
« Ça va, c’est rien, c’est juste plus mauvais que ça en a l’air, ok ? T’as déjà vu ça en cours ou pas ? » Tu sais comment retirer la balle, juste là, celle qui s’est fichée dans mon ventre ? Darren, s’il te plait, dis-moi que tu sais le faire, dis-moi juste que tu sais le faire. « J’te demande pas de faire du travail propre. » T’as pas le matériel qu’il faudrait pour, de toute manière. Alors vas-y, tu peux me saccager. Laisser des traces et recoudre avec des points grossiers. La seule chose que j’te demande, c’est de rien dire à Nancy. S’il te plait, allez, lui dis pas.

3h37. « Tu dors ? »
« Non.
Pourquoi ?
 »
Parce que j’ai besoin de toi, parce que j’ai besoin que tu sois là. J’m’en suis aperçue ce soir, je l’ai vu cette nuit. Ma vie est passée devant mes putains d’yeux à moitié morts et je t’ai vu, toi. J’ai pensé à toi sur le bitume glacé, j’ai pensé à toi avec les cheveux poisseux de sang. « Faut que je me lave. » Darren me regarde l’air de dire que je suis complètement folle. Elle croit peut-être que je divague. « Tu penses que tu pourrais venir ? » Le nouveau sms s’envoie. Le regard de Darren est toujours fixé sur moi. « Naru va peut-être venir » que j’explique, en prenant trop de respirations, trop souvent, parce que j’ai le souffle trop court. « J’veux pas qu’il me voit comme ça. » Alors je tente de me redresser pour me lever et atteindre la salle de bain. Mais ça me fait grimacer de douleur, ça me tue, ça tiraille les fils qui rattachent une peau qui essaye de s’ouvrir de nouveau. J’me bats un peu, quelques secondes à lutter contre la douleur, puis j’me rends et me laisse retomber sur le canapé. Quelques secondes de plus sont nécessaires pour effacer les étoiles qui semblent danser sur le plafond. Encore une poignée de temps pour que la terre arrête de tourner. Darren cache un sourire narquois et des yeux brisés. J’ai tant de choses à lui dire, mais elle s’éclipse sans un mot. Peut-être qu’elle est partie s’enfermer dans la salle de bain pour pleurer. J’espère pas.

3h54. « Me prends pas pour un con ouais, j'arrive t'es où exactement ? » Il a de la rage dans la voix, mais j’en attendais pas moins de lui. Je réponds avec des mots tremblants, essaye de le rassurer en disant que Darren s’est bien occupée de moi ; ça n’a pas l’air de vraiment fonctionner. Dans un geste las, mes mains viennent se glisser sur mon visage dans le but de le revigorer ; à la place, je me rends compte avec horreur que mes doigts fatigués ont étalé les éclaboussures de sang. « Putain. » Naru a raccroché, de toute façon.

Avec moi, tout le monde a raccroché.

Quand je parviens à me redresser sur un coude, c’est pour tatonner de l’autre main afin de trouver les cachets que ma soeur a laissé trainer sur la table basse. Ne pas en prendre trop, elle a dit. C’est que ça doit être fort. Pendant une seconde, j’me demande ou elle a pu avoir ça. Je cherche une boite des yeux - si j’avais le nom, j’pourrais savoir si c’est sur ordonnance ou non. Mais mes yeux n’arrivent pas à se fixer sur quoi que ce soit - et puis comment elle ferait pour obtenir des trucs qui ont besoin d’une ordonnance, de toute façon ? Elle est pas comme ça, ma soeur, elle va bien. Surement, qu’elle va bien. Et puis, elle fait pas dans l’illégal, pas comme moi.

4h28. Les anti douleurs font lentement effet. Quelqu’un toque en bas, j’entends des pas qui vont ouvrir. Ça me sort de ma torpeur, je me force à ouvrir les yeux, je tente d’avoir l’air bien. Des voix, une masculine, une féminine ; Naru et Darren qui se parlent, tandis que j’essaye de me redresser une seconde fois. Cette fois j’y parviens, il me faut poser mes coudes sur mes genoux pour que mes bras arrêtent de trembler, mais j’y parviens. Respirer fait un mal de chien, j’économise les inspirations. Naru est arrivé à la porte du salon ou j'agonise, je l’entends, je le sens, je sais qu’il est là. On reste comme ça un temps, sans mot dire. Il me devine aussi, recroquevillée sur le canapé, plongée de le noir. Alors il allume la lumière, peut-être par automatisme, et j’émets un grognement de protestation et fichant mes doigts craquelés sur mes yeux. « Eteins. » Pas parce que ça fait mal. Plutôt parce que j’veux pas que tu me vois. Pas comme ça. Avec les cheveux emmêlés, tachés de rouge qui sont pas de la teinture. Avec la respiration saccadée, mes membres qui meurent d’envie de convulser. J’veux pas que tu me vois comme ça, me regarde pas comme ça.

✻✻✻
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Re: not good, not great (naka) | Ven 25 Nov - 22:38
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not good, not great
naru & kali (#naka)

 
(music) « Tu dors ? »

J’dors pas, non. Ça fait des jours que j’dors pas, que j’dors plus – plus beaucoup, plus vraiment. Les jours s’enchaînent et moi j’survis, les jours s’enchaînent et j’suis même plus capable d’me rappeler si on est lundi, ou mardi. Peut-être même qu’on est déjà samedi. J’sais pas, j’sais plus.

Mais peut-être qu’au fond j’veux pas savoir.

J’veux juste dormir, j’veux juste me reposer. Mais y a Kali. Y a Kali et ses sms qui suintent les problèmes, ses sms qui puent la détresse. Et j’peux pas la laisser comme ça. J’me suis promis pourtant. J’me suis promis d’arrêter les conneries, promis d’arrêter d’essayer d’aider. J’sais pas comment faire de toute manière, j’ai jamais su. Alors j’tente même plus.

Mais c’est Kali.

Et Kali j’peux pas la laisser comme ça. J’peux pas c’est plus fort que moi, c’est incontrôlable. J’ai même pas l’temps d’y réfléchir que j’suis déjà en train de l’appeler. Et ça m’inquiète et ça m’énerve et ça m’rend dingue. J’les crois pas, ses mots, j’sais qu’y a un truc qui cloche. Mais j’sais aussi qu’elle dira rien. Alors j’raccroche et j’récupère les clés d’ma bécane, j’réfléchis pas, j’attends pas. Pas une minute, pas un instant. J’le sais, que j’vais juste me jeter dans les emmerdes. Et j’me déteste de faire ça, j’me déteste de céder.

(Mais c’est Kali.)

C’est par automatisme que j’grimpe sur ma moto et que j’roule. J’regarde même plus la route, j’le connais par cœur le chemin de toute manière, j’l’ai pris trop de fois. Même à moitié bourré, même à moitié en train d’crever. J’pourrais l’emprunter les yeux fermés, j’pourrais l’dessiner sans l’regarder.

Mais ce soir j’me contente de rouler. Sûrement au-dessus d’la limite, j’sais pas, j’fais pas gaffe. J’pense qu’à une chose. Parce que j’suis terrifié en fait, j’suis paniqué ouais. J’suis inquiet aussi. Beaucoup trop inquiet. Terriblement inquiet. Et ça m’tue et ça m’rend fou et j’ai juste envie d’tout fracasser. Mais j’me contente d’avancer. Parce que y a qu’ma moto qui peut m’sauver.

Sauf qu’même elle, elle parvient pas à m’sauver.
Sauf qu’même en accélérant, j’pense qu’à elle.

Et quand j’arrive enfin, j’ai l’impression qu’y a une éternité qui s’est écoulée. J’ai jamais été aussi rapide pourtant. Mais pas assez. J’arrive à la porte, j’toque une fois. Une deuxième. Et puis une troisième. C’est trop lent, elle met trop d’temps (pourquoi t’ouvres pas, il t’arrive quoi, t’es où ?) mais quand j’vois le visage de Darren, j’me calme. Un peu. Le temps d’croiser son regard.

J’lis la détresse dans ses yeux.
Et elle doit lire la même chose dans les miens.

On s’observe un instant, on parle un peu, elle m’indique le salon, m’laisse monter. Elle a pas besoin d’m’accompagner, de toute manière, elle me connaît. Elle a pas besoin d’m’accompagner, elle doit probablement vouloir rester seule. Peut-être même qu’elle va pleurer. J’sais pas, j’sais plus, j’suis pas capable de savoir. J’ai jamais été doué pour décrypter les gens de toute manière. Y a qu’en regardant ses prunelles à elle que j’étais capable de deviner si elle était triste. Et elle l’était. Tout le temps. J’crois que j’l’ai jamais vraiment vu heureuse. J’sais même pas si elle était capable d’être heureuse.

Mais Kali, elle l’est, capable d'être heureuse.
Et c’est probablement celle qui l’mérite le plus dans c’putain d’monde.

Et j’ferais tout, ouais, tout, pour qu’elle le soit. Mais j’peux pas. J’y arrive pas. J’ai jamais réussi. Et j’sais d’avance qu’j’y arriverai pas, quand j’arrive dans le salon obscur. Elle dit pas un mot, mais elle est là, j’le sens. Elle dit pas un mot et j’supporte pas ça. Et j’ai besoin d’voir, de m’assurer qu’elle va bien, qu’elle est en un seul morceau. J’ai besoin d’voir (mais j’veux pas voir, mais ça m’terrifie d’voir). Alors j’tâtonne, j’trouve l’interrupteur, j’allume.

Et j’vois,
enfin.

J’la vois elle, d’abord. Elle qui a l’air si fatiguée, elle qui grogne à cause de la lumière, se cache les yeux. Et puis j’le vois, lui. Le sang. Partout. Partout sur elle. Comme dans mes souvenirs, comme dans mes cauchemars. Comme ce fameux jour. Et j’ai juste envie d’prendre mes jambes à mon cou, d’déguerpir, d’partir le plus loin possible. J’ai envie d’me casser et puis d’crier, et puis d’hurler. J’ai juste envie de tout casser, de tout brûler, de tout détruire. J’sais pas c’qui s’passe dans ma tête, y a un truc qui déconne, y a un truc qui débloque.

Et y a moi qui explose.

J’sais même pas trop comment mais j’sais que j’m’avance. J’sais même pas trop pourquoi, mais j’me retrouve à ses côtés. Et j’ai les membres qui tremblent, et j’ai les mots qui se coincent  dans ma gorge, veulent pas sortir, commencent à étouffer, à m’étouffer. Et j’ai les mots que j’peux pas sortir, parce qu’ils sont trop haineux, parce qu’ils sont trop violents. Mais j’ai les mots qui finissent quand même par sortir – et j’peux pas les retenir. « Qu’est-ce qui s’est passé putain Kali qu’est-ce que t’as foutu ? » J’sais pas m’inquiéter, j’sais juste m’énerver. J’sais même pas respirer, j’sais juste hurler. « Bordel Kali pourquoi t’as pas appelé ? » Et j’sais même pas quels reproches lui faire, j’ai juste envie d’lui crier dessus, d’lui faire comprendre ma frustration, ma rage, j’ai envie qu’elle regrette, qu’elle s’excuse.

J’ai envie qu’elle aille bien,
j’ai envie qu’elle aille mieux.

✻✻✻
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Re: not good, not great (naka) | Dim 18 Déc - 16:29
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(music + outfit) Il a les yeux un peu fous, l’air de voir beaucoup trop de choses défiler, juste là,
dans sa tête, là où on voudrait pas qu’elles soient.
J’peux me figurer les souvenirs l’assaillir,
le bruler et le glacer, le pousser à défaillir.
J’sais - j’sais, ce que Naru a vécu, ce qu’il a vu, je peux mettre un nom sur celle qui l’a détruit
et j’peux me rappeler de chaque seconde de son enterrement, ce putain de jour maudit,
où je l’ai pris dans mes bras en lui faisant croire qu’un jour ça irait, que tout irait mieux,
et maintenant, j’crois qu’on va clamser si vite qu’on pourra jamais s’offrir le privilège d’être vieux
(l’important c’est qu’on meure tous les deux, tous les deux).

J’ai perdu le fil au moment où cette balle m’a transpercée,
j’ai perdu quelque chose au moment où le sang a suinté.
Et j’suis là, assisse dans tout mon égoïste, à lui faire revivre l’enfer alors qu’il l’a déjà vu de ses propres yeux.
J’suis désolée, tu le sais ça, hein ? Pas vrai, que tu le sais ? J’suis désolée, j’suis horrible, j’m’en veux.
"Qu’est-ce qui s’est passé putain Kali qu’est-ce que t’as foutu ? »
Ses poings se crispent, puis tremblent, et sa mâchoire hurle de colère tandis que ses yeux m’incriminent. Ce que j’ai foutu ?
Mon job, mon putain de boulot qui me pousse toujours jusqu’à la mort,
pourtant c’est pas c’que je veux, pourtant j’veux vivre et arrêter de causer du tort.

Pour darren pour nancy pour papa.
Et puis pour toi, vraiment pour toi.

Il s’avance, me lance au visage : « Bordel Kali pourquoi t’as pas appelé ? »
Je l’ai fais, de façon détournée.
Je t’ai appelé à l’aide malgré moi
parce que : « J’voulais pas te faire revivre ça. »

Je serre les dents, prends sur moi, ma tête tourne et virevolte ;
lentement je tente de me relever même si j’ai l’impression d’être moitié morte,
et j’y parviens, difficilement,
lentement.
Puis j’me tiens, chancelante devant lui, un peu plus petite mais les yeux relevés, les yeux farouches : « J’pouvais pas légitimement espérer que ça m’arrivait jamais. »
On le savait tous les deux, ce à quoi je m’exposais.
On le savait, et on le sait encore, un jour j’vais surement en claquer,
et il restera plus rien de moi à part de la poudre aux yeux, de la poussière sur laquelle on pourra souffler.
Et toi, surement que tu penseras que t’es maudit,
ce qui est faux,
totalement faux,
parce que t’es la meilleure chose qui m’est arrivée dans toute cette sale vie.

« Tu peux t’énerver » j’t’en voudrais pas,
j’aurais surement fait pareil à ta place. Je me serais mise dans des états,
t’as pas idée,
j’aurais eu envie de t’étriper,
de te faire la peau
et de te noyer sous l’eau.

« Mais tu peux rien me reprocher », j’ai fais ce que j’avais à faire,
j’ai fais ce que je pouvais pour pas trop mordre la poussière.
« J’veux pas qu’ils soient au courant », la famille doit pas savoir, toi tu sais déjà,
toi t’as toujours su, c’est impossible de te cacher quoi que ce soit.
Mais eux ? Eux ils pourraient pas, tu sais, supporter ça,
endurer ça, m’endurer moi.

Les jambes tremblantes, je me cramponne à l’un de ses bras pour ne pas m’effondrer.
Je lui broie les veines avec mes doigts, angoissée,
le coeur au bord des lèvres.

Les larmes veulent m’embrouiller la vue, m’embrouiller la vie aussi, et moi je m’efforce de lutter, de résister contre vents et marées.
Mais j’sens le sel piquer, j’ai besoin de m’effondrer.
Y’a une force que je comprends pas.
Une putain de force qui me tire vers le bas.
Alors soudainement, je dis : « Je crois que j’peux plus arrêter ce que j’ai commencé.
Parfois j’le voudrais mais… mais il me manquerait quelque chose, j’suis certaine que tu comprends ça, tu vois, j’peux plus arrêter…
 »
J’suis sure que tu sais ce que ça fait, tu peux pas nier,
de manquer d’équilibre alors qu’on s’acharne à le conserver.

Et mon équilibre, ça pourrait être toi,
si seulement toi aussi t’en manquais pas.  

✻✻✻
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Re: not good, not great (naka) | Ven 6 Jan - 23:46
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naru & kali (#naka)

 
(music) J’ai juste envie d’frapper, j’ai juste envie d’hurler, j’sais pas comment j’fais pour retenir j’sais pas comment j’fais pour m’contenir, j’sais juste qu’j’y arrive, j’sais juste qu’j’parviens à rester devant elle sans lui en coller une (comme si j’en étais capable de toute façon). Elle fait la fière et moi ça m’rend dingue. Putain Kali, t’es sérieuse ? Putain Kali, tu t’fous d’ma gueule, dis-moi qu’tu t’fous d’ma gueule. Mais elle s’évertue et j’peux pas continuer à nier, à espérer. C’est faux, elle s’fout pas d’ma gueule. Elle est sérieuse. Et j’ai les poings qui se serrent, et j’ai le cœur qui s’ratatine.

Et j’ai juste envie d’me casser,
envie d’me casser et d’hurler
(et peut-être au fond, envie d’la casser aussi)

Mais ça m’fait peur tout ça, ça m’terrifie tout ça. Y a un démon dans ma tête et j’ai peur, j’ai peur d’céder, j’ai peur d’finir par l’écouter. Et j’ai peur d’lui faire peur à elle. Elle mérite pas ça putain, elle mérite pas cette haine, elle mérite pas cette rage. Mais c’est tout c’que j’peux lui donner. Parce que j’ai jamais été bon à rien d’autre.

(J’sais juste rendre les gens malheureux.)

« Me refaire vivre quoi Kali putain, tu vois pas qu’c’est trop tard ? » Y a l’sang qui pulse dans ma tête, dans mes pensées, derrière les yeux, là où j’peux pas les effacer, là où j’peux pas les éviter. Y a l’sang et j’vois qu’ça, et j’perçois qu’ça. Ça et cette main qui s’agrippe à mon bras, me broie la peau, me broie le cœur aussi un peu. Mais j’sais pas si elle s’en rend bien compte, j’sais pas si elle se rend compte de quoique ce soit, à part c’qu’elle dit, à part toutes les conneries qu’elle me balance au visage. Et j’lui en veux, j’lui en veux d’me dire tout ça, j’lui en veux tellement qu’j’arrive pas à parler, j’lui en veux tellement qu’j’me contente de l’écouter, les poings serrés, l’cœur qui s’ferme lentement. J’encaisse les mots brutaux, qui s’insinuent dans ma tête, réveillent les souvenirs, les souvenirs-poisons qu’j’tais depuis trop longtemps, ui m’détruisent depuis trop longtemps. Et y a même plus d’rage, y a plus rien.

Y a qu’du vide, là, dans mon âme.

Elle s’est calmée, la tempête, à la place y a plus qu’des déchets, les lambeaux d’la colère, des bouts d’rancœur aussi. « Fais c’que tu veux (faut pas, faut pas qu’elle voit que j’déteste ça, faut pas, faut pas qu’elle voit qu’j’ai envie d’crever à la simple idée d’la perdre) j’en ai rien à foutre, fais c’que tu veux, détruis-toi si ça t’fait plaisir, j’m’en fous (j’m’en fous pas, mais j’peux pas, j’peux pas accepter ça) et tu m’connais, j’le dirai à personne. » J’détourne les yeux, j’veux pas la regarder, j’peux pas la regarder, j’ai peur qu’elle en voit trop, peur qu’elle voit la vérité, peur qu’elle me voit moi. Et ça j’veux pas, non, j’veux pas. Elle en sait déjà trop sur moi Kali, beaucoup trop pour mon bien, beaucoup trop pour son bien.

J’suis qu’un poison Kali, putain.
Comment tu peux rester après tout c’que t’as vu ?

J’ai envie d’me casser, d’me défaire de son emprise, d’m’envoler, d’m’évader, mais j’sais qu’elle y arriverait pas, à se tenir debout sans moi. J’sais qu’elle est pas capable, d’rester droite sans s’accrocher. Et j’sais qu’c’est déjà trop dur pour elle, d’survivre en ce moment. Alors j’reste. Alors j’reste et j’m’assois, j’l’entraîne avec moi sans un mot sans un regard (c’est trop tôt, trop tôt). J’reste mais j’me rends compte qu’tout ça c’est des excuses. Qu’en vérité j’veux pas partir, qu’en vérité j’veux rester avec elle.

Rester avec elle,
pour toujours peut-être ?

Mais faut qu'j'la retienne, faut qu'j'l'en empêche, parce que j'ai peur, si peur qu'la prochaine fois ce soit la bonne, j'ai peur, si peur qu'la prochaine fois elle y passe. « Tu peux faire c’que tu veux Kali mais tu peux pas m’demander ça (tu peux pas m’demander tout) si tu veux crever fais-le sans moi (j’suis pas prêt à subir ça une nouvelle fois, pas prêt à t’regarder mourir sans pouvoir rien faire, pas prêt à voir ton corps détruit, pas prêt à assister à un nouvel enterrement) parce que j’peux pas Kali, t’sais que j’peux pas et t’sais qu’t’as pas l’droit d’infliger ça aux autres, t’sais qu’t’as pas l’droit d’infliger ça à Darren. » J’sais qu’elle a toujours aimé sa famille, j’sais qu’elle ferait tout pour eux, et j’sais qu’j’suis un monstre d’lui dire ça, mais j’réfléchis pas, j’réfléchis plus. Y a plus qu’du silence en moi, y a plus d’bruits, y a plus les pensées, y a plus la haine, plus la colère. Et j’suis quoi sans ma rage moi ? J’suis rien. Et j’suis quoi sans elle moi ? J’suis rien,

((j’suis rien.))

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Re: not good, not great (naka) | Mer 25 Jan - 23:08
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« Me refaire vivre quoi Kali putain, tu vois pas qu’c’est trop tard ? » Tu crois que je l’ai voulu ? Te faire souffrir, tu crois que je l’ai souhaité ? Tu penses que ça me fait plaisir, hum ? Pourquoi tu crois que j’ai mis si longtemps à te texter, que je t’ai demandé de venir de façon aussi détournée ? Il s’énerve, enrage, moi aussi. On se fusille du regard, mes doigts toujours enfoncés dans son bras. Il a envie de me faire la peau, c’est évident, et on est deux dans cet état parce que je lui reproche de façon muette de pas y mettre du sien. Il me reproche de le plonger dans des souvenirs qu’il voulait pas voir et j’lui reproche de me faire culpabiliser alors que la balle tout juste extraite de mon corps me semble être une punition suffisante.

Par la suite j’tente de me confier mais il rétorque : « Fais c’que tu veux » et ça me scie sur place, ça me scotche, je reste pantelante comme une conne parce qu’il a osé, il l’a dit, il a montré qu’il n’en avait strictement rien à faire de moi. Ça fait mal, ça brule, mais j’encaisse tant bien que mal en fermant les yeux tandis qu’il remue le couteau dans la plaie : « j’en ai rien à foutre, fais c’que tu veux, détruis-toi si ça t’fait plaisir, j’m’en fous. » J’laisse échapper un genre de rire, aussi court que mauvais. Ça pouvait pas être plus clair, j’imagine. Maintenant au moins c’est évident, maintenant ça a le mérite d’être limpide. Ce qu’il y avait entre nous, peu importe ce que c’était, ce sentiment naissant qui nous paumait tous les deux, c’est terminé avant même d’avoir commencé, c’était du rien. J’me faisais surement des idées. Comme toujours. Ça m’est déjà arrivé, avec d’autres gars aussi, de penser qu’il y avait un avenir. Oh, bien sur, jamais autant que je l’ai pensé avec Naru - mais quand même. Et chaque fois, on en revenait au même point : j’étais simplement la fille jolie avec laquelle on peut coucher, pas trop prise de tête avec laquelle on peut fumer. Mais jamais la fille avec qui on reste, jamais la fille qu’on aime vraiment, qu’on choisit parmi des milliards d’autres gens, avec laquelle on aimerait bien se poser, abandonner la truande pour fonder quelque chose d’autre, de plus concret, fonder une famille.

Non, toujours celle à qui on balbutie : j’en ai rien à foutre, fais c’que tu veux, détruis toi si ça te fait plaisir, je m’en fous.

« Je vois.Tu m’connais, j’le dirai à personne. » J’me contente de hocher la tête, je m’escrime à ne surtout pas ouvrir la bouche parce que sinon, je sais d’ores et déjà ce qui va en sortir : casse-toi. Ouais tire-toi, après c’que tu viens de me balancer au visage on a plus rien à se dire. Je prends sur moi (comme toujours) et lui dit : « Merci. C’est nice de ta part de garder ça pour toi. » Ça sonne tellement sarcastique que j’ai envie de me détourner, de plus le voir. J’sais pas si c’est parce que j’ai honte ou juste parce que j’ai envie de le tuer. Lui aussi fuit mon regard, on est l’un en face de l’autre comme deux cons mais on fixe chacun un bout de la pièce. Ils sont beaux, les enfants téméraires qu’on était, ils sont magnifiques. Et devenus quoi ? Des lâches.

On s’fuit.

Puis il fait un truc totalement imprévu, totalement inattendu : il s’assoit et il m’emmène avec lui. Ça change la donne, j’prie pour qu’il ne décide pas de l’ouvrir pile à ce moment parce que ça risquerait de tout casser. Forcément, il parle. « Tu peux faire c’que tu veux Kali mais tu peux pas m’demander ça, si tu veux crever fais-le sans moi. » Tu me laisserais ? Vraiment, tu me ferais ça ? Après ce qu’on a vécu, tout ce qu’on a vu, ce qu’on a subi ensemble et… pourquoi, dis-moi pourquoi, juste ça, au moins. « Parce que j’peux pas Kali, t’sais que j’peux pas et t’sais qu’t’as pas l’droit d’infliger ça aux autres, t’sais qu’t’as pas l’droit d’infliger ça à Darren. » Mon coeur loupe un battement, bêtement je réponds : « … Darren ? Mais ça n’a rien à voir avec Darren. Rien, rien du tout. Elle est… il lui arrivera jamais rien. A Nancy non plus. Pourquoi tu… ? » Et enfin une idée étrange commence à s’faire un chemin.

J’peux pas Kali, t’sais que j’peux pas.

Pas quoi ? Me regarder dépérir ? Mais qu’est-ce que tu crois que j’ai fais, moi, après l’enterrement, durant les jours interminables qui ont suivi où tu te laissais pourrir lentement ?  « Tu… tu parles de toi ? » Le ton est hésitant, puis l’idée devient plus persistante, plus ancrée, plus réelle. J’peux pas imaginer qu’il ressente un truc pour moi, même infime, j’peux pas imaginer que ce soit réciproque mais pourtant, ça s’emboite, comme des pièces de puzzle : « Putain, c’est à toi que j’ai pas le droit d’infliger ça, c’est ça qu’tu veux dire, pas vrai ? » J’suis partagée entre la réalisation de cette réalité et une sorte de rage parce que j’sais pas gérer ce que ça impliquerait, des sentiments. « Tu me reproches de t’faire subir des horreurs mais tu t’es pas vu - t’as - enfin on - après l’enterrement, toutes ces fois où j’allais chez toi pour vérifier que tu t’étais pas foutu en l’air, t’as oublié ? T’y as pensé, à ça ? T’es qu’un putain d’égoïste, Naru, UN PUTAIN D’ÉGOÏSTE de te pointer comme ça chez moi pour me balancer que j’te fais du mal parce que TOI AUSSI TU M’EN AS FAIT. » J’suis à bout de souffle, à bout de tout, il est juste à côté de moi sur ce foutu canapé pendant que je crache mes poumons. Je m’étouffe, me racle la gorge quelques fois, essaye de reprendre pied.

Il bouge, j’ai peur que ce soit pour se relever, je hurle : « RESTE LÀ ! » J’ai envie de chialer, j’sais pas pourquoi, j’comprends pas. Un truc débloque chez moi, chez nous. « T’en vas pas… » Dans la panique l’une de mes mains serre son genoux, l’autre son épaule. On se regarde enfin, j’saurai pas décrire ça, ce qui est en train d’arriver, ce qui va surement se passer. « J’te déteste. » J’te déteste tellement que je t’aime, ou alors c’est l’inverse, je t’aime tellement que j’te déteste. « Pars pas, s’il te plait m’laisse pas. Pas cette nuit, t’auras qu’à partir demain matin si tu veux, comme tous les autres l’ont toujours fait. » J’ai les yeux qui supplient, la douleur qui me lance, les lèvres si proches des siennes.

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Re: not good, not great (naka) | Jeu 2 Fév - 21:09
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not good, not great
naru & kali (#naka)

 
C’est pas très beau là-dedans Kali tu sais. Là-dedans, là-haut, dans mon crâne. C’est pas très beau, c’est même plutôt laid. C’est pas très sain non plus, voire même malsain. C’est l’démon, la saloperie, la maladie qui m’troue l’crâne, salit un peu plus mon âme. C’est la chose qu’personne peut voir, qu’personne veut voir – c’est la chose qu’ma mère essaie d’détruire à coup d’antidépresseur. Elle a jamais voulu m’entendre maman, elle a jamais voulu écouter mes cris. Elle est comme les autres, elle peut pas. La seule qu’a pu, c’est toi. Et j’sais qu’tu regrettes. Parce qu’tu l’as vu, le moi, parce qu’il t’a fait du mal, le moi.

Parce que j’t’ai fait du mal.

Alors on crie, on hurle, on s’bat, j’crois qu’c’est notre façon d’communiquer, j’crois qu’c’est notre façon d’rester ensemble. J’crois qu’c’est notre façon d’nous accrocher, d’nous retenir, d’nous haïr. Et puis d’nous aimer aussi. On est pareils au fond Kali, on a jamais su aimer,

(on a jamais su s’aimer).

J’la regarde s’énerver, j’la regarde devenir folle, crier. J’la regarde et j’l’entends, j’peux pas faire autrement. J’la regarde, j’l’entends, et j’sais qu’elle a raison. J’sais qu’elle a raison, elle peut pas pas avoir tort. J’ai failli crever, t’as failli crever, alors on est quittes maintenant Kali, non ? On est quittes alors pourquoi on arrête pas ? Pourquoi on arrête pas tout ? On a failli crever, mais on est en vie alors pourquoi ça suffit pas, pourquoi ça a jamais suffit ? Sûrement qu’on a jamais su vivre non plus. Pourquoi on est comme ça Kali, tu sais ?

Depuis quand on est aussi brisés Kali, tu sais ?

« Ouais j’suis qu’un putain d’égoïste, tu l’découvres que maintenant ? Mais j’t’avais prévenue putain, j’t’avais prévenue, DE QUOI TU TE PLAINS ? » J’me rappelle de c’jour-là, j’me rappellerai toute ma vie de c’jour-là. J’ai jamais été quelqu’un d’bien, j’te l’avais dit. J’te l’avais di mais t’es restée alors c’est ta faute, ouais, c’est ta faute. T’es restée et maintenant c’est trop tard, t’es restée et maintenant tu peux plus repartir. Enfin tu peux, t’as le droit. J’te retiendrais pas, tu l’sais. Mais ça veut pas dire qu’j’en crèverais pas. Ça veut pas dire qu’j’aurais envie d’survivre si t’es pas là. Parce que sans toi j’serais probablement entre quatre planches. Parce qu’sans toi, j’finirai probablement entre quatre planches.

J’me dis qu’j’aurais sûrement dû fuir, j’me dis qu’il est peut-être trop tard maintenant. Maman, elle aurait dit qu’il est jamais trop tard. Mais maman, c’est pas moi. Maman à ma place, elle aurait jamais réagi comme ça. Maman elle aurait pas essayé de s’lever, maman elle aurait pas envisagé d’se barrer. Mais moi, j’suis pas maman. Et moi j’sais pas quoi faire, moi j’sais juste m’casser (moi j’sais juste m’briser aussi). Un jour Sana m’a dit que c’était que d’la peur tout ça. Que si j’veux pas m’lier c’est parce qu’j’ai peur. Que si j’aime pas les gens c’est parce qu’j’ai peur. Que si j’parle pas c’est parce qu’j’ai peur. J’ai peur en permanence. J’ai peur en permanence, mais avec elle un peu plus.

Alors j’crois qu’maman avait tort, il est trop tard.

J’suis terrorisé, j’suis enragé, j’suis beaucoup trop inquiet – pourtant quand elle pose sa main sur ma jambe, j’peux pas lutter. Pourtant quand elle s’accroche à moi, j’peux plus m’en aller. Pourtant quand elle m’hurle d’rester, j’fais qu’lui obéir. Quand est-ce que j’suis devenu comme ça ? Sûrement quand on s’est rencontrés, quand on s’est rencontrés pour de vrai. « J’te déteste aussi. » J’te déteste ouais. J’te déteste si fort. J’te déteste parce qu’t’as réveillé quelque chose en moi. J’te déteste parce qu’avec toi mon cœur il a recommencé à battre. J’te déteste parce qu’tu m’forces à faire quelque chose que j’veux pas, j’te déteste parce que tu m’forces à ressentir quelque chose que j’veux pas, que j’veux plus. C’est fini pour moi tout ça, c’était fini pour moi tout ça. C’était fini jusqu’à c’que tu reviennes. J’te déteste pour tout ça ouais. Mais pas que.

J’te déteste parce que j’t’aime.

« J’pars pas. » C’est pas que j’veux pas. Probablement même qu’c’est qu’j’veux trop. J’veux tellement qu’j’y arrive pas. J’veux tellement qu’y a cette voix qui m’chuchote qu’c’est faux, qu’c’est qu’des mensonges. Y a cette voix qui m’chuchote que j’peux mentir à tout le monde, mais pas à elle, pas à elle non plus. Parce qu’elle a toujours su, elle a toujours vu. « J’pars pas. » J’pars pas, j’peux plus.

Et quand j’lève la tête, quand j’croise ses yeux, quand j’la vois elle, il s’passe quelque chose. J’sais pas quoi, j’saurais pas dire. Quelque chose, c’est tout. Quelque chose. Le déclic. Et puis…

Et puis…

C’est pas très doux, c’est même plutôt violent. J’ai jamais su être doux, pourtant j’aurais voulu. Pour elle, j’aurais voulu. Mais là j’parviens même pas à essayer. Parce qu’y a le monde qui tourne tout autour, parce qu’y ma vision qui s’trouble. Parce qu’y a plus qu’elle, parce qu’y a plus qu’nous. Parce qu’au fond y a toujours eu qu’nous. Et y a l’temps qui s’arrête sur notre éternité, quand j’écrase mes lèvres contre les siennes. Comme un affamé, comme un assoiffé.

Alors oui c’est pas très doux, oui, c’est même plutôt violent. Mais c’est moi, mais c’est toi – et puis c’est nous. C’est mes doigts qui parcourent ta peau, s’abreuvent de toi. D’abord ta joue, et puis un peu plus bas. D’abord ton cou, et puis un peu plus bas. J’ai les mains qui explorent ton corps, dessinent tes courbes, finissent par se déposer sur tes hanches. J’ai les bras qui s’enroulent autour, te pressent un peu plus contre moi. J’ai les lèvres qui s’appuient toujours plus contre les tiennes, forcent un peu l’passage. Y a quelque chose qu’a lâché dans ma tête, y a quelque chose qu’a débloqué chez moi. J’réfléchis plus, j’peux plus réfléchir, j’crois qu’j’ai même oublié qu’t’étais blessée. Mais c’est loin ça. Et maintenant y a plus que toi. Y a plus que moi. Y a plus que nous. Et nos corps si proches, trop proches, pourtant bien trop éloignés. J’en veux encore, j’en veux toujours plus. Vorace, avide, insatiable de cette chaleur, de ta chaleur (de toi).

J’ai jamais su t’aimer, j’suis désolé, j’saurai probablement jamais t’aimer.
Mais j’peux essayer. Si c’est toi, j’peux essayer.

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Re: not good, not great (naka) | 
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