Suicide note.
Invité
Invité
Suicide note. | Sam 3 Déc - 1:34 Citer EditerSupprimer
J'sais pas écrire comme les grands, alors j'tape les mots dans mes limbes pour les recouvrir d'encre jusqu'à les en asphyxier. Tous les deux on va pas s'mentir on a survécu jusqu'à maintenant, t'as été mon compte à rebours, celui qui m'faisait entendre l'évolution des aiguilles dans la chaine du temps et qui attendait dans un coin d'me foutre en panne. Comme elle, dame l'horloge, que j'entends faiblir peu à peu.
Tic tac
Tic... tac
Tic...
C'était inévitable pas vrai ? T'mas coupé du monde pour pas que j'pige tout de suite parce que tu voulais t'amuser avant. J'espère avoir été à la hauteur de tes espérances, avoir foutu correctement la merde avant de toucher le fond, littéralement. Mais j'veux pas tout te mettre sur l'dos, j'ai aussi pas mal merdé... Ouais.
T'as toujours été là toi, contrairement à tous les autres.
Toujours.
Retourneur de temps,
ramène nous là-bas,
dans un passé que j'ai vu trouble grâce lui,
l'ami.
J'suis plongé dans le noir, l'bandeau sur mes yeux y est vachement pour quelque chose. Mais y'a de la vie autour alors ça pourrait être pire, ou pas.
« Froid, froid. »
Hyun Jin, 16 ans, apprenti bourreau.
Il est né tard et a redoublé, grâce à Dieu dont l'existence me laisse dubitatif, il s'est retrouvé dans ma classe. J'ai des problèmes en langue, on suit le même programme de soutien.
J'aurais dû écouter Hyun Ki et bosser plus dur, grâce à ses conseils j'me serai jamais retrouvé dans cette situation. Mais j'aime pas mon grand frère et lui il m'aime parce qu'il est obligé, alors je l'ai ignoré.
« Je t'ai dit que c'était froid par là, t'es teubé ? »
Ils m'ont lié les poignets dans le dos à l'aide d'un cadenas à vélo pour ne pas que je puisse retirer mon bandeau et s'amusent à me guider jusqu'à l'endroit où ils ont posé la clé sauf que l'endroit en question c'est pas un terrain plat sécurisé. Soit je trouve la clé, soit je me mange le vide.
Au début ils avaient pas prévu ça du tout, ils voulaient juste me casser la gueule mais comme j'réagissais pas ou à peine, ça leur a pas suffit. Ils ont ensuite essayé de m'agresser psychologiquement mais j'ai tellement pas été réceptif qu'ils ont recommencé à m'taper dessus seulement encore une fois je les ai déçu. C'est ainsi qu'on en ait arrivé là. Je m'amuse à leur faire des coups de pute en m'approchant du vide de trop près. Je le devine au son de leur respiration, elle se coupe. Et martyriser un gamin ok mais l'buter ça, ils en dormiraient moins bien.
« J'espère que j'chauffe parce que j'en ai marre de ton jeu d'merde. »
J'ai tellement été bizuté que lui et sa clique ça devient juste chiant en fait. Il aurait dû venir y'a deux ans quand je pleurais et hurler à m'en fendre l'être. J'étais un spectacle assez impressionnant. Tremblant de peur, sans même plus prendre la peine de me défendre. Pourquoi ? Ils étaient trop nombreux alors mes bras je les utilisais pour me protéger et mes mains, pour étouffer mes sanglots. À l'époque j'étais plus réceptif à la douleur, sûrement parce que j'étais un enfant, j'dis pas qu'à mon âge j'ai pris en maturité ou j'ignore quoi, parce que j'vais seulement avoir quatorze ans dans moins d'un mois mais... En fait ils ont tué l'gosse, non, ils m'ont tué. Et t'peux pas tuer davantage un mec qui a déjà claqué.
J'suis devenu insolent après cette prise de conscience. J'ai arrêté de chialer, j'affronte les gens avec mes silences et mon regard de psycho. Alors qu'ils s'amusent avec moi ça m'fait plus rien. Un jour ils oseront même plus marcher dans l'même couloir que l'mien et encore moins m'regarder dans les yeux, qu'ils en profitent jusqu'à ce que ce soit trop tard. « Répète, c'que tu viens de dire ? » J'lui fais pas ce plaisir, j'continue de tâter son chaud ou son froid à la con mais j'vais trop loin, mon pied frôle du rien. Mon corps penche dans l'vide dangereusement et j'sens que j'vais tomber. Dans ma tête y'a un gros blanc précédé d'une peur morbide. La première seconde j'ai pensé à rien et la deuxième putain, j'ai flippé. J'me suis dit que j'allais mourir mais très vite cette pensée à été écrasée par une autre : putain Aecha, elle va se retrouver toute seule. J'peux pas mourir, je peux pas, je peux pas. Putain, putain, Aecha...
Putain,
MERDE !
Plus je me sentais partir, plus l'angoisse me prenait aux tripes mais y'a Niran qui m'a retenu par le bras et il m'a sauvé.
J'ai appris par la suite qu'il m'avait suivi à la trace tout le long du « jeu » pour me v'nir en aide si jamais j'merdais. Je lui en ai tellement voulu à cet enculé qu'on s'est battu dès qu'ils ont eu le malheur de me délivrer.
Après que j'me sois calmé, ils m'ont avoué que tout ça ça avait été rien d'autre qu'un rite de passage pour entrer dans le gang.
Bande d'enfoirés... Par contre ce qu'ils ont oublié de transmettre à Niran c'est qu'ils m'avaient grave défoncé la gueule juste avant leur rite de merde ( il était arrivé plus tard, juste pour l'truc du bandeau. )
Mais c'était même pas la faute aux autres mecs, c'était celle de Hyun Jin, le « second du chef. » Qui aujourd'hui est en taule grâce à moi, l'gang voulait plus l'voir. Je nous en ai débarrassé avec Niran puis d'un commun accord, j'ai pris la tête du réseau.
Qu'est-ce que je disais ?
Qu'il pourrait plus jamais croiser ma route ? Ni même me regarder dans les yeux ?
De là où il est, sa route et la mienne risque pas de se croiser beaucoup.
Quant à ses yeux c'est con hein, mais il en a plus.
JE DOIS RÉECRIRE LA PARTIE EN ITALIQUE ANNA TKT
Y'a très peu de circulation par ici, parfois y'en a une qui vient m'éblouir avec ses phares mais elle repart aussitôt, tout comme cette ville qui se dessine, la nôtre, celle d'Ae et la mienne. Y'avait notre école, mon enfer, notre apart, ma prison, mon frère, mon rival et ma mère.
Ma maman.
La télé fonctionne plus mais ça ne l'empêche pas de la regarder. Elle la fixe avec toute le blasance du monde et moi, c'est elle que j'observe. J'suis malade et j'ai eu interdiction d'aller à l'école pour les trois prochains jours au risque de contaminer les autres élèves. Hyun Ki ça l'inquiète ( comme tout ) Ae Cha ça la bouffe ( comme tout ) et ma mère ça la saoule ( comme tout aussi mais surtout à cause de son pote Jack Daniel . ) « Arrête de m'fixer. » Je baisse les yeux, elle soupire puis jette un coup d'oeil au vieux magazine qui traine sur la table basse. J'sais qu'elle le veut mais qu'elle a trop la flemme de tendre le bras pour l'attraper alors j'me lève pour lui donner et ensuite j'me rassois le regard toujours tourné vers le sol. « Merci. » J'attends sagement qu'elle finisse sa rubrique sur les potins mondains en toussant entre deux bruits de page qui se tournent ( des fois j'essaie d'étouffer ma toux pour ne pas la déranger mais ça ne fonctionne pas. J'vois bien qu'elle a qu'une envie, celle d'me demander d'aller dans ma chambre mais y'a sa conscience de mère qui lui souffle que ça serait pas cool de laisser sa progéniture à l'agonie tout seul dans sa piaule. ) « Bon Wei, tu sais réparer une télé ? » On m'a jamais appris alors je réponds que non, elle soupire. « Ton frère sait lui. » J'voudrais lui répondre qu'il est pas là, qu'elle devra se contenter du fils qui sait rien faire mais je le fais pas parce qu'Aecha aimerait pas que je froisse maman. « Il devrait t'apprendre. » Je tire sur les manches de mon pyjama anxieusement avant de lui souffler. « J'aime bien quand la télé est éteinte parce qu'on peut se parler. » On se regarde sans savoir ce qu'on cherche dans le regard de l'autre, c'est perturbant, comme si là elle venait de me confier : « on se comprendra jamais. »
« C'est bien l'école ? » Elle essaie... « Ça va. » J'ai encore les vestiges d'une bagarre sur le visage, une lèvre fendue et une pommette mauve qui commence à virer au jaune. Elle n'est pas stupide mais elle ne sait pas comment gérer ça alors, elle l'ignore. « C'est pour l'année prochaine le collège mon grand ? » J'me pince la cuisse en essayant de prendre un air neutre. « J'ai douze ans, j'suis déjà au collège. » Elle se recale contre le canapé pour se réapproprier la même position, signe qu'elle cherche quoi dire, qu'elle essaie de gratter du temps pour trouver un truc qui risque de ne pas trop me vexer à nouveau. « Et sinon avec les copains du foot ça va bien ? » Le foot c'était le truc de Hyun Ki, j'en ai jamais fait. Sauf avec lui quand j'étais tout petit et que j'ignorais encore que je vivrai dans son ombre jusqu'à la fin des temps. Même après sa mort j'suis sûr qu'il continuerait de briller plus que moi. « J'apprendrai à réparer la télé, promis. » Au moins on pourra continuer de faire semblant que j'suis ton fils préféré et toi la mère aimante qui existe que dans les bouquins.
C'est étrange à dire mais ça fait peur d'se retrouver seul dans sa tête.
Il est plus là pour fermer mes yeux sur c'qu'on a fait.
J'me souviens d'tout maintenant, j'ressens tout.
C'est horrible de... Ressentir. D'réaliser, d'avoir une conscience.
C'est horrible d'être humain.
« Ça va passer, elle va revenir. » J'coince le stylo à plume entre mes doigts, un des rares trucs que j'ai pu récupérer d'ma sœur. Elle l'utilisait pour ses mots trashs qui fendaient l'papier. Ils étaient si puissants ses mots qu'j'ai toujours cru qu'ils avaient une âme. Mais elle l'a oublié, c'était par terre dans sa chambre. Elle a dû le laisser tomber dans son sillage parce que j'suis certain que jamais de la vie elle aurait pensé à m'donner un truc avant d'partir. La seule chose qu'elle m'a légué c'est une déchirure béante qui ne cesse de saigner... À force j'vais m'vider d'mon sang, ça d'vait être son plan.
J'réponds pas, j'dessine. Niran a pigé, il récupère ses clés. « Quand tu voudras qu'on parle, tu m'appelles d'accord ? » Il m'regarde dans l'attente d'un « ok » qui ne vient finalement jamais. Il prend la porte, m'laisse seul face à moi-même, le stylo d'Aecha et Nuo.
Elle m'a quitté. J'ai eu mal, plus mal que je l'aurais imaginé. Elle m'faisait m'sentir mieux et j'crois que je l'aidais aussi, personne comprenait c'qu'on foutait ensemble mais j'm'en foutais. Elle était envahissante mais pas comme les autres, elle était différente. À elle j'ai tout donné : mon temps, ma voix, mes clés. Elle a tout eu très vite sans que j'puisse expliquer pourquoi. J'ai jamais pu non plus définir c'qu'on était mais elle si, elle a été plus rapide que moi là-dessus et c'est pour ça qu'elle est plus là, je lui ai laissé penser qu'elle était qu'une fille comme les autres alors que c'était... C'est la fille. J'aurais dû la retenir mais j'ai pas eu la force. J'voulais la protéger d'moi, du gars qu'elle connait pas. Si elle avait pas rompu, je l'aurai sûrement fait un jour ou l'autre. Je l'aurai dégouté de qui j'suis jusqu'à ce qu'elle me déteste, qu'elle nourrisse un tel sentiment de dégoût à mon égard qu'elle finisse par en souhaiter ma mort.
« Tout ce temps… tout ce temps, tu m’as putain de menti ! Et moi parfois, j’te regardais dormir, et j’me demandais, qu’est-ce qu’il me cache ? J’imaginais des trucs, c’était horrible d’avoir que ça, juste l’imagination, mais tu voulais rien cracher et j’me disais que c’était pour le mieux. Comment t’as pu… comment t’as pu ? »
Si j'avais dû rompre avec elle, j'aurais ravalé le peu d'trucs qu'elle est capable de réveiller en moi, les trucs bien j'veux dire. C'est la seule ici capable d'm'arracher un sourire quand tout s'casse la gueule, la seule qui comble mes silences sans avoir à émettre un seul son... T'es la seule pour moi. Capter tout ça chez une meuf qu'on a fréquenté que quelques mois c'est hors du commun. Fin j'imagine, j'y connais rien en relation humaine mais elle, j'avais l'impression de la connaître, de la comprendre sans même rien savoir de son histoire. Au bout de deux semaines j'en savais pas plus sur elle que le premier jour et pourtant on agissait comme un couple, c'était naturel, instinctif.
Comme si on avait toujours été un nous.
« Pas de remords, pas de remords, j’espère que t’en auras et que t’en crèveras.»
Parce que j't'aime tellement Nuo, que j'préfère un monde sans moi, qu'un monde avec toi et moi.
J'appuie la plume contre le papier, des traits réguliers d'un noir de jais en jaillissent. J'dessine comme ça un bon quart d'heure jusqu'à c'que ma main tremble trop. Le stress, le manque, la fatigue, la détresse, l'envie de rien... Sauf de sa présence peut-être mais c'est égoïste, j'suis qu'un putain d'attardé qui pense qu'à sa gueule. C'est pour ça qu'Aecha s'est barrée et que Nuo a suivi l'même chemin. Je m'empare de la bouteille en plastique qui contient mes anti-dépresseurs, en avale deux de plus que d'habitude avant de reprendre la scène fictive qui baigne dans l'encre. J'essuie mes mains tachées de cette substance aqueuse colorée, m'en étale sur les poignets en remontant mes manches puis j'fais une pause.
Certaines personnes écrivent des lettres avec tous leurs ressentiments puis les réduisent en cendres ou en confettis. Parfois j'conserve les dessins, parfois j'y mets le feu. C'est un sentiment assez satisfaisant de voir ça se consumer, je le fais pas dans un but thérapeutique parce que j'crois pas qu'en faisant cramer un papelard ça puisse résoudre quoique ce soit, j'le fais parce que ça m'soulage. Mais ça reste une sensation trop éphémère, quand tout est dissous, c'est presque pire qu'avant. Toutes ces heures à dessiner pour qu'au final ça se mange des flammes. Tout ce temps perdu, ce mal être concentré qui n'existe plus du moins visuellement, physiquement. Y'a personne pour le voir, pourtant il est toujours là.
C'est peut-être pour ça qu'après j'me sens toujours mal, y'a plus d'autres yeux que les miens pour voir ma déchéance.
Peut-être qu'au fond, j'voulais que quelqu'un ait le pouvoir de ressusciter ces cendres pour voir,
me voir.
J'passe par-dessus la barrière de sécurité, mes doigts s'agrippent encore à elle, pas que j'veuille changer d'avis loin de-là car c'est triste à dire mais j'ai toujours su que j'en arriverai là. La vie est pas faite pour moi, j'suis pas fabriqué pour elle non plus, tous les deux on a cohabité jusqu'à maintenant pour m'porter jusqu'à ce moment. J'devrais avoir peur de mourir mais c'est pas l'cas, ça va faire comme les dessins brûlés sauf que cette fois-ci j'serai plus là pour voir les miettes qui reste de moi. J'savais pas trop à quoi j'm'attendais, peut-être à avoir des jolis flashback d'ma vie, comme dans tous ces films mais y'a que le mauvais qui ressort.
Ma dépendance aux medocs, à l'auto-destruction...
L'abandon, la solitude, ces souvenirs du noir, de cette nuit à la casse dans cette voiture en ruines. Les coups, les humiliations, les injures. J'ai encore leurs échos en tête, ça sonne comme dans un chaos. Ils hurlent tous que j'suis rien, que j'mérite pas d'être là. J'suis rien, j'suis rien, faut que j'disparaisse. Ça gueule, ils tapent tous contre cette porte qui me séparent d'eux, ils proférent des menaces insensées qu'ils sont incapables de pouvoir appliquer, j'y croyais pas pourtant ça m'empêchait pas de flipper. J'étais seul, courbaturé et j'avais entendu ces intimidations tellement de fois... Puis un jour j'ai eu un blackout, j'avais arrêté de pleurer, de réagir, j'avais même cesser de parler. J'étais devenu ma propre ombre et c'est sûrement là que j'me suis scindé en deux et qu'il en a profité pour s'pointer. L'monstre, celui qui depuis que j'suis sur ce pont a cessé d'se manifester. Il doit avoir la trouille, pour une fois c'est moi le plus fort des deux. Pas de beaux souvenirs d'enfance pour moi donc, j'arrive pas à remonter au bonheur tellement c'est noir ici, puis l'obscurité a fini par devenir un endroit où j'trouve du réconfort c'est pour ça que j'sais que dans la mort j'serai dans mon élément. J'y cherche même pas le bonheur, juste la paix.
Mes yeux embrassent le vide un instant, je clos les paupières et dis adieu. À Niran, Aecha, Nuo. Adieu.
Mes doigts desserrent leur emprise, mon corps bascule vers l'avant un court moment avant de percuter l'eau. Elle est glacée, mon souffle se coupe, je m'y enlise, m'y noie.
Adieu.
SUICIDE NOTE
“After a year of therapy, my psychiatrist said to me, "Maybe life isn't for everyone.”
― Larry Brown
― Larry Brown
SUICIDE NOTE,
26/09/16
1:14:16
26/09/16
1:14:16
J'sais pas écrire comme les grands, alors j'tape les mots dans mes limbes pour les recouvrir d'encre jusqu'à les en asphyxier. Tous les deux on va pas s'mentir on a survécu jusqu'à maintenant, t'as été mon compte à rebours, celui qui m'faisait entendre l'évolution des aiguilles dans la chaine du temps et qui attendait dans un coin d'me foutre en panne. Comme elle, dame l'horloge, que j'entends faiblir peu à peu.
Tic tac
Tic... tac
Tic...
C'était inévitable pas vrai ? T'mas coupé du monde pour pas que j'pige tout de suite parce que tu voulais t'amuser avant. J'espère avoir été à la hauteur de tes espérances, avoir foutu correctement la merde avant de toucher le fond, littéralement. Mais j'veux pas tout te mettre sur l'dos, j'ai aussi pas mal merdé... Ouais.
T'as toujours été là toi, contrairement à tous les autres.
Toujours.
Retourneur de temps,
ramène nous là-bas,
dans un passé que j'ai vu trouble grâce lui,
06/11/2007
17:02:02
Au bord du vide.
17:02:02
Au bord du vide.
J'suis plongé dans le noir, l'bandeau sur mes yeux y est vachement pour quelque chose. Mais y'a de la vie autour alors ça pourrait être pire, ou pas.
« Froid, froid. »
Hyun Jin, 16 ans, apprenti bourreau.
Il est né tard et a redoublé, grâce à Dieu dont l'existence me laisse dubitatif, il s'est retrouvé dans ma classe. J'ai des problèmes en langue, on suit le même programme de soutien.
J'aurais dû écouter Hyun Ki et bosser plus dur, grâce à ses conseils j'me serai jamais retrouvé dans cette situation. Mais j'aime pas mon grand frère et lui il m'aime parce qu'il est obligé, alors je l'ai ignoré.
« Je t'ai dit que c'était froid par là, t'es teubé ? »
Ils m'ont lié les poignets dans le dos à l'aide d'un cadenas à vélo pour ne pas que je puisse retirer mon bandeau et s'amusent à me guider jusqu'à l'endroit où ils ont posé la clé sauf que l'endroit en question c'est pas un terrain plat sécurisé. Soit je trouve la clé, soit je me mange le vide.
Au début ils avaient pas prévu ça du tout, ils voulaient juste me casser la gueule mais comme j'réagissais pas ou à peine, ça leur a pas suffit. Ils ont ensuite essayé de m'agresser psychologiquement mais j'ai tellement pas été réceptif qu'ils ont recommencé à m'taper dessus seulement encore une fois je les ai déçu. C'est ainsi qu'on en ait arrivé là. Je m'amuse à leur faire des coups de pute en m'approchant du vide de trop près. Je le devine au son de leur respiration, elle se coupe. Et martyriser un gamin ok mais l'buter ça, ils en dormiraient moins bien.
« J'espère que j'chauffe parce que j'en ai marre de ton jeu d'merde. »
J'ai tellement été bizuté que lui et sa clique ça devient juste chiant en fait. Il aurait dû venir y'a deux ans quand je pleurais et hurler à m'en fendre l'être. J'étais un spectacle assez impressionnant. Tremblant de peur, sans même plus prendre la peine de me défendre. Pourquoi ? Ils étaient trop nombreux alors mes bras je les utilisais pour me protéger et mes mains, pour étouffer mes sanglots. À l'époque j'étais plus réceptif à la douleur, sûrement parce que j'étais un enfant, j'dis pas qu'à mon âge j'ai pris en maturité ou j'ignore quoi, parce que j'vais seulement avoir quatorze ans dans moins d'un mois mais... En fait ils ont tué l'gosse, non, ils m'ont tué. Et t'peux pas tuer davantage un mec qui a déjà claqué.
J'suis devenu insolent après cette prise de conscience. J'ai arrêté de chialer, j'affronte les gens avec mes silences et mon regard de psycho. Alors qu'ils s'amusent avec moi ça m'fait plus rien. Un jour ils oseront même plus marcher dans l'même couloir que l'mien et encore moins m'regarder dans les yeux, qu'ils en profitent jusqu'à ce que ce soit trop tard. « Répète, c'que tu viens de dire ? » J'lui fais pas ce plaisir, j'continue de tâter son chaud ou son froid à la con mais j'vais trop loin, mon pied frôle du rien. Mon corps penche dans l'vide dangereusement et j'sens que j'vais tomber. Dans ma tête y'a un gros blanc précédé d'une peur morbide. La première seconde j'ai pensé à rien et la deuxième putain, j'ai flippé. J'me suis dit que j'allais mourir mais très vite cette pensée à été écrasée par une autre : putain Aecha, elle va se retrouver toute seule. J'peux pas mourir, je peux pas, je peux pas. Putain, putain, Aecha...
Putain,
MERDE !
Plus je me sentais partir, plus l'angoisse me prenait aux tripes mais y'a Niran qui m'a retenu par le bras et il m'a sauvé.
J'ai appris par la suite qu'il m'avait suivi à la trace tout le long du « jeu » pour me v'nir en aide si jamais j'merdais. Je lui en ai tellement voulu à cet enculé qu'on s'est battu dès qu'ils ont eu le malheur de me délivrer.
Après que j'me sois calmé, ils m'ont avoué que tout ça ça avait été rien d'autre qu'un rite de passage pour entrer dans le gang.
Bande d'enfoirés... Par contre ce qu'ils ont oublié de transmettre à Niran c'est qu'ils m'avaient grave défoncé la gueule juste avant leur rite de merde ( il était arrivé plus tard, juste pour l'truc du bandeau. )
Mais c'était même pas la faute aux autres mecs, c'était celle de Hyun Jin, le « second du chef. » Qui aujourd'hui est en taule grâce à moi, l'gang voulait plus l'voir. Je nous en ai débarrassé avec Niran puis d'un commun accord, j'ai pris la tête du réseau.
Qu'est-ce que je disais ?
Qu'il pourrait plus jamais croiser ma route ? Ni même me regarder dans les yeux ?
De là où il est, sa route et la mienne risque pas de se croiser beaucoup.
Quant à ses yeux c'est con hein, mais il en a plus.
JE DOIS RÉECRIRE LA PARTIE EN ITALIQUE ANNA TKT
SUICIDE NOTE,
26/09/16
1:17:08
26/09/16
1:17:08
Y'a très peu de circulation par ici, parfois y'en a une qui vient m'éblouir avec ses phares mais elle repart aussitôt, tout comme cette ville qui se dessine, la nôtre, celle d'Ae et la mienne. Y'avait notre école, mon enfer, notre apart, ma prison, mon frère, mon rival et ma mère.
13/03/2005
15:34:00
À la maison.
15:34:00
À la maison.
La télé fonctionne plus mais ça ne l'empêche pas de la regarder. Elle la fixe avec toute le blasance du monde et moi, c'est elle que j'observe. J'suis malade et j'ai eu interdiction d'aller à l'école pour les trois prochains jours au risque de contaminer les autres élèves. Hyun Ki ça l'inquiète ( comme tout ) Ae Cha ça la bouffe ( comme tout ) et ma mère ça la saoule ( comme tout aussi mais surtout à cause de son pote Jack Daniel . ) « Arrête de m'fixer. » Je baisse les yeux, elle soupire puis jette un coup d'oeil au vieux magazine qui traine sur la table basse. J'sais qu'elle le veut mais qu'elle a trop la flemme de tendre le bras pour l'attraper alors j'me lève pour lui donner et ensuite j'me rassois le regard toujours tourné vers le sol. « Merci. » J'attends sagement qu'elle finisse sa rubrique sur les potins mondains en toussant entre deux bruits de page qui se tournent ( des fois j'essaie d'étouffer ma toux pour ne pas la déranger mais ça ne fonctionne pas. J'vois bien qu'elle a qu'une envie, celle d'me demander d'aller dans ma chambre mais y'a sa conscience de mère qui lui souffle que ça serait pas cool de laisser sa progéniture à l'agonie tout seul dans sa piaule. ) « Bon Wei, tu sais réparer une télé ? » On m'a jamais appris alors je réponds que non, elle soupire. « Ton frère sait lui. » J'voudrais lui répondre qu'il est pas là, qu'elle devra se contenter du fils qui sait rien faire mais je le fais pas parce qu'Aecha aimerait pas que je froisse maman. « Il devrait t'apprendre. » Je tire sur les manches de mon pyjama anxieusement avant de lui souffler. « J'aime bien quand la télé est éteinte parce qu'on peut se parler. » On se regarde sans savoir ce qu'on cherche dans le regard de l'autre, c'est perturbant, comme si là elle venait de me confier : « on se comprendra jamais. »
« C'est bien l'école ? » Elle essaie... « Ça va. » J'ai encore les vestiges d'une bagarre sur le visage, une lèvre fendue et une pommette mauve qui commence à virer au jaune. Elle n'est pas stupide mais elle ne sait pas comment gérer ça alors, elle l'ignore. « C'est pour l'année prochaine le collège mon grand ? » J'me pince la cuisse en essayant de prendre un air neutre. « J'ai douze ans, j'suis déjà au collège. » Elle se recale contre le canapé pour se réapproprier la même position, signe qu'elle cherche quoi dire, qu'elle essaie de gratter du temps pour trouver un truc qui risque de ne pas trop me vexer à nouveau. « Et sinon avec les copains du foot ça va bien ? » Le foot c'était le truc de Hyun Ki, j'en ai jamais fait. Sauf avec lui quand j'étais tout petit et que j'ignorais encore que je vivrai dans son ombre jusqu'à la fin des temps. Même après sa mort j'suis sûr qu'il continuerait de briller plus que moi. « J'apprendrai à réparer la télé, promis. » Au moins on pourra continuer de faire semblant que j'suis ton fils préféré et toi la mère aimante qui existe que dans les bouquins.
SUICIDE NOTE,
26/09/16
1:22:02
Le vent siffle, s'infiltre dans mes vêtements qui s'animent comme dans un film au ralenti. Mes mains ankylosées par le froid tâte la barrière, celle qui me sépare de moi, qui me sépare du vide. L'esprit sans visage qui m'habitait a désormais aussi perdu sa voix, il n'y a plus que moi. 26/09/16
1:22:02
C'est étrange à dire mais ça fait peur d'se retrouver seul dans sa tête.
Il est plus là pour fermer mes yeux sur c'qu'on a fait.
J'me souviens d'tout maintenant, j'ressens tout.
C'est horrible de... Ressentir. D'réaliser, d'avoir une conscience.
C'est horrible d'être humain.
02/12/2015
12:32:11
Du sang à l'encre.
12:32:11
Du sang à l'encre.
« Ça va passer, elle va revenir. » J'coince le stylo à plume entre mes doigts, un des rares trucs que j'ai pu récupérer d'ma sœur. Elle l'utilisait pour ses mots trashs qui fendaient l'papier. Ils étaient si puissants ses mots qu'j'ai toujours cru qu'ils avaient une âme. Mais elle l'a oublié, c'était par terre dans sa chambre. Elle a dû le laisser tomber dans son sillage parce que j'suis certain que jamais de la vie elle aurait pensé à m'donner un truc avant d'partir. La seule chose qu'elle m'a légué c'est une déchirure béante qui ne cesse de saigner... À force j'vais m'vider d'mon sang, ça d'vait être son plan.
J'réponds pas, j'dessine. Niran a pigé, il récupère ses clés. « Quand tu voudras qu'on parle, tu m'appelles d'accord ? » Il m'regarde dans l'attente d'un « ok » qui ne vient finalement jamais. Il prend la porte, m'laisse seul face à moi-même, le stylo d'Aecha et Nuo.
Elle m'a quitté. J'ai eu mal, plus mal que je l'aurais imaginé. Elle m'faisait m'sentir mieux et j'crois que je l'aidais aussi, personne comprenait c'qu'on foutait ensemble mais j'm'en foutais. Elle était envahissante mais pas comme les autres, elle était différente. À elle j'ai tout donné : mon temps, ma voix, mes clés. Elle a tout eu très vite sans que j'puisse expliquer pourquoi. J'ai jamais pu non plus définir c'qu'on était mais elle si, elle a été plus rapide que moi là-dessus et c'est pour ça qu'elle est plus là, je lui ai laissé penser qu'elle était qu'une fille comme les autres alors que c'était... C'est la fille. J'aurais dû la retenir mais j'ai pas eu la force. J'voulais la protéger d'moi, du gars qu'elle connait pas. Si elle avait pas rompu, je l'aurai sûrement fait un jour ou l'autre. Je l'aurai dégouté de qui j'suis jusqu'à ce qu'elle me déteste, qu'elle nourrisse un tel sentiment de dégoût à mon égard qu'elle finisse par en souhaiter ma mort.
☽☽☽
« Tout ce temps… tout ce temps, tu m’as putain de menti ! Et moi parfois, j’te regardais dormir, et j’me demandais, qu’est-ce qu’il me cache ? J’imaginais des trucs, c’était horrible d’avoir que ça, juste l’imagination, mais tu voulais rien cracher et j’me disais que c’était pour le mieux. Comment t’as pu… comment t’as pu ? »
☽☽☽
Si j'avais dû rompre avec elle, j'aurais ravalé le peu d'trucs qu'elle est capable de réveiller en moi, les trucs bien j'veux dire. C'est la seule ici capable d'm'arracher un sourire quand tout s'casse la gueule, la seule qui comble mes silences sans avoir à émettre un seul son... T'es la seule pour moi. Capter tout ça chez une meuf qu'on a fréquenté que quelques mois c'est hors du commun. Fin j'imagine, j'y connais rien en relation humaine mais elle, j'avais l'impression de la connaître, de la comprendre sans même rien savoir de son histoire. Au bout de deux semaines j'en savais pas plus sur elle que le premier jour et pourtant on agissait comme un couple, c'était naturel, instinctif.
Comme si on avait toujours été un nous.
☽☽☽
« Pas de remords, pas de remords, j’espère que t’en auras et que t’en crèveras.»
☽☽☽
Parce que j't'aime tellement Nuo, que j'préfère un monde sans moi, qu'un monde avec toi et moi.
J'appuie la plume contre le papier, des traits réguliers d'un noir de jais en jaillissent. J'dessine comme ça un bon quart d'heure jusqu'à c'que ma main tremble trop. Le stress, le manque, la fatigue, la détresse, l'envie de rien... Sauf de sa présence peut-être mais c'est égoïste, j'suis qu'un putain d'attardé qui pense qu'à sa gueule. C'est pour ça qu'Aecha s'est barrée et que Nuo a suivi l'même chemin. Je m'empare de la bouteille en plastique qui contient mes anti-dépresseurs, en avale deux de plus que d'habitude avant de reprendre la scène fictive qui baigne dans l'encre. J'essuie mes mains tachées de cette substance aqueuse colorée, m'en étale sur les poignets en remontant mes manches puis j'fais une pause.
Certaines personnes écrivent des lettres avec tous leurs ressentiments puis les réduisent en cendres ou en confettis. Parfois j'conserve les dessins, parfois j'y mets le feu. C'est un sentiment assez satisfaisant de voir ça se consumer, je le fais pas dans un but thérapeutique parce que j'crois pas qu'en faisant cramer un papelard ça puisse résoudre quoique ce soit, j'le fais parce que ça m'soulage. Mais ça reste une sensation trop éphémère, quand tout est dissous, c'est presque pire qu'avant. Toutes ces heures à dessiner pour qu'au final ça se mange des flammes. Tout ce temps perdu, ce mal être concentré qui n'existe plus du moins visuellement, physiquement. Y'a personne pour le voir, pourtant il est toujours là.
C'est peut-être pour ça qu'après j'me sens toujours mal, y'a plus d'autres yeux que les miens pour voir ma déchéance.
Peut-être qu'au fond, j'voulais que quelqu'un ait le pouvoir de ressusciter ces cendres pour voir,
SUICIDE NOTE,
26/09/16
1:24:44
26/09/16
1:24:44
J'passe par-dessus la barrière de sécurité, mes doigts s'agrippent encore à elle, pas que j'veuille changer d'avis loin de-là car c'est triste à dire mais j'ai toujours su que j'en arriverai là. La vie est pas faite pour moi, j'suis pas fabriqué pour elle non plus, tous les deux on a cohabité jusqu'à maintenant pour m'porter jusqu'à ce moment. J'devrais avoir peur de mourir mais c'est pas l'cas, ça va faire comme les dessins brûlés sauf que cette fois-ci j'serai plus là pour voir les miettes qui reste de moi. J'savais pas trop à quoi j'm'attendais, peut-être à avoir des jolis flashback d'ma vie, comme dans tous ces films mais y'a que le mauvais qui ressort.
Ma dépendance aux medocs, à l'auto-destruction...
L'abandon, la solitude, ces souvenirs du noir, de cette nuit à la casse dans cette voiture en ruines. Les coups, les humiliations, les injures. J'ai encore leurs échos en tête, ça sonne comme dans un chaos. Ils hurlent tous que j'suis rien, que j'mérite pas d'être là. J'suis rien, j'suis rien, faut que j'disparaisse. Ça gueule, ils tapent tous contre cette porte qui me séparent d'eux, ils proférent des menaces insensées qu'ils sont incapables de pouvoir appliquer, j'y croyais pas pourtant ça m'empêchait pas de flipper. J'étais seul, courbaturé et j'avais entendu ces intimidations tellement de fois... Puis un jour j'ai eu un blackout, j'avais arrêté de pleurer, de réagir, j'avais même cesser de parler. J'étais devenu ma propre ombre et c'est sûrement là que j'me suis scindé en deux et qu'il en a profité pour s'pointer. L'monstre, celui qui depuis que j'suis sur ce pont a cessé d'se manifester. Il doit avoir la trouille, pour une fois c'est moi le plus fort des deux. Pas de beaux souvenirs d'enfance pour moi donc, j'arrive pas à remonter au bonheur tellement c'est noir ici, puis l'obscurité a fini par devenir un endroit où j'trouve du réconfort c'est pour ça que j'sais que dans la mort j'serai dans mon élément. J'y cherche même pas le bonheur, juste la paix.
Mes yeux embrassent le vide un instant, je clos les paupières et dis adieu. À Niran, Aecha, Nuo. Adieu.
Mes doigts desserrent leur emprise, mon corps bascule vers l'avant un court moment avant de percuter l'eau. Elle est glacée, mon souffle se coupe, je m'y enlise, m'y noie.
Adieu.
junne.
- PS ︎:
- Les citations en bleu c'est le dialogue de Nuo dans un autre RP. Celui-ci bam ! c'est le rp où ils se "séparent" ensuite il va voir Aecha au cimetière puis... Il va au pont. Je t'en avais déjà parlé mais cas où